C'est une soirée normale... Une soirée où je veux oublier alors je bois comme un trou. Je bois sans arrêt. Dès que mon verre est vide, j'en commande un nouveau. Je suis probablement à mon vingtième verres et je suis déjà bien amoché. Et pourtant je continue. Parce que j'ai eu une journée de merde et je veux oublier. Ce n'est probablement pas la meilleure manière pour oublier, je pourrais utiliser un sort ou une potion, n'importe quoi. Mais... je ne sais pas pourquoi, aujourd'hui, j'ai envie d'être normal. De simplement boire comme une personne normale, comme un humain qui veut noyer ses problèmes dans la boisson. C'est rare, mais ça m'arrive. Ça m'arrive quand c'est cette date précise. Chaque gorgée que je bois me permets d'oublier un peu plus la raison qui m'a amené ici, un triste anniversaire que j'aurais préféré n'avoir jamais à vivre... Je soupire longuement et lève mon verre au fantôme pour qui je fête avant de boire de cul sec. Le geste se répète tout le long de la soirée jusqu'à ce que je vois, ou plutôt entends, une voix familière. Pendant un moment, je crois halluciner, mais je remarque bien que ce n'est pas le cas. Il est là, dans le même club que moi. De tous les club qui existent dans cette ville, le petit moineau décide de venir dans celui-ci la même soirée que moi. Sérieusement? Génial... Comme si j'avais besoin de ça! Et pourtant... je ne sais pas si c'est l'effet de l'alcool ou simplement mon état émotionnel, mais je n'arrive pas à détacher mes yeux de lui. J'ai besoin de quelque chose de plus puissant que la boisson pour oublier... peut-être que mon homme de ménage pourrait être la solution?

Il semble m'avoir repérer puisqu'il s'approche de moi en chantonnant. Je vois bien qu'il a beaucoup trop consommer. Moi aussi d'ailleurs. Je ne sais pas pourquoi, mais je n'arrive pas à être énerver par sa chanson. Tout ce que j'arrive à faire, c'est rire, faiblement et probablement pas très joyeux, mais je ris tout de même. Je ne sais pas pourquoi, je suis probablement trop soûl pour agir autrement. Je me sens étrangement attirer vers lui, même si c'est léger, j'ai envie de lui d'une manière complètement animal. J'ai besoin d'oublier et ce besoin est si intense que je serais prêt à tout pour y parvenir. J'arrive malgré tout à me contrôler, péniblement, mais j'y arrive, et joue les gentlemen en lui achetant un verre. J'en profite pour boire le mien un peu plus lentement que mes précédents et observer Théophile sans un mot. J'essaie de voir comment il a pu entrer ici. Il n'a pas l'air d'avoir la majorité... peut-être que le doorman n'a pas vérifié ses cartes.

-Tiens, tiens... Voilà qu'un oiseau se pose près de moi. Que fais-tu ici, hm? Tu es seul? Voilà un bien drôle d'endroit pour économiser son argent... Crois-moi, ici, c'est un puit sans fond qui va prendre tout ton argent avant de te mettre dehors un coup de pied au cul. Et je dois te dire... tu as une voix de corneille. J'espère que tu chanteras moins faux quand tu vas venir travailler...

Je finis mon verre et en commande un nouveau que je bois un peu plus lentement. Enfin, j'essaie, mais j'ai l'impression qu'il se vide tout aussi rapidement. Je sens que ma tête tourne et mon jugement se réduit de plus en plus. Je ferme les yeux quelques secondes, essayant de me ressaisir. Je ne peux pas paraître aussi faible en public. Montrer à quel point je suis soûl... c'est une mauvaise idée.

J'écoute le charabia de Théophile qui semble tout aussi bien avancer dans sa consommation d'alcool que moi. Pourtant... pourtant je ne suis pas ennuyé par cela. Je trouve ça même rassurant. Il n'est pas seul. Moi aussi, j'étais seul. Seul et pourtant entouré de gens. Tout le monde nous voit sans réellement faire attention. C'est ainsi les bars. Ça donne l'impression d'être entouré alors que ce n'est pas le cas. Nous sommes seuls... mais on est pas obligé de finir la soirée seul. Je lui paye un nouveau verre quand il finit le sien et en prends un aussi avant de lever dans sa direction

-À notre solitude. Puisse-t-elle finir!

Je vide mon verre rapidement et en commande encore un. J'ai la tête qui tourne et je me sens un peu mal, mais je m'en fiche. Je commence enfin à oublier la raison qui m'a conduit ici. C'est ce que je veux, tout ce que je désirs. Alors je bois encore et encore, essayant de ne pas parler en charabia comme le petit oiseau à mes côtés.

-Tu sais... Tu as un foutu potentiel. Tu perds ton temps dans cette école. Je vais t'enseigner moi... Je vais te montrer ce que tu peux faire et tu vas voir. Tu vas être une vraie magical girl.

Je ris un peu, un rire de gars soûl. Un rire un peu vide, mais qui me vide. Qui me permet d'oublier, de penser à autre chose. Tout sauf la raison qui m'amène là. Je regarde un instant Théophile avant de chantonner. Probablement pas très juste à cause de l'alcool, mais assez bien pour pas écorcher les oreilles des gens autour de nous.

-Un jour ma princesse viendra... Et elle sera magique comme toi.

Je pouffe de rire et finis un nouveau verre qui semble avoir apparu devant moi comme par magie. Aller. Encore un autre, juste un autre. J'ai presque oublié, je ne ressens pratiquement plus rien. Juste un autre. Aller, un autre. Et un autre. Et un autre! Les verres vides s'empilent à mesure que mon portefeuille se vide. Je sais pas si c'est lui ou moi, mais je remarque soudainement que j'ai une main sur celle de Théophile.

-Tu sais quoi...? On... on est peut-être pas si différent. Peut-être pas... si dif... Enfin... Il... où je m'en allais avec ça? Je... suis décidément trop soûl. Je... je devrais rentrer.

Je le regarde en silence alors qu'il me retient. Je fixe nos mains, incertain, avant de lever les yeux vers Théo. Il est beaucoup trop alcoolisé et moi aussi. Ce n'est pas une bonne idée. Ce n'est pas une bonne idée! Et pourtant... pourtant j'ai envie. J'ai envie d'oublier, peu importe le moyen. Et si mon homme de ménage peut y arrive, je serais satisfait. Je veux l'amener sur mon toboggan ou peu importe ce qu'il voulait dire. Je veux partir d'ici pour me changer les esprits. Je veux partir, retourner chez moi, mais pas seul. Je veux ramener ce petit oiseau avec moi. L'amener dans mon nid et le faire recouler. Je ne sais pas pourquoi... Probablement à cause de l'alcool. L'alcool qui nous fait oublier notre haine, l'alcool qui nous embrume l'esprit et nous rend différent et semblable à la fois. Et aussi du fait qu'il embarque dans mon jeu. Dans notre jeu qu'on s'invente au fur et à mesure. Dans ce jeu de prince charmant et princesse magical girl. Alors je me penche lentement vers lui, lentement, ne sachant pas vraiment ce que je veux. Je plonge mon regard dans le sien et dépose ma deuxième main sur les nôtre qui sont emmêler sur le bar. Je souffle longuement et souris un peu

-Alors... accompagne moi sur mon toboggan. De toute façon... on... on est deux tout seul alors... deux tout seul ça fait un accompagné, non? Ça ne marche pas comme ça? Tu peux... peux venir au manoir. Tu... ça serait mieux qu'être ici et... l'alcool est moins cher. Tu... tu veux bien venir? Je... n'ai pas envie d'être seul... j'ai besoin de quelqu'un, n'importe qui, je m'en fiche. J'ai... pas envie d'être seul. Je ne pourrais pas passer la nuit si je suis seul. Viens. S'il te plaît

Je ne sais pas trop comment réagir à sa réponse. Il veut réellement me suivre jusque chez moi? Alors qu'il n'arrête pas de dire à quel point je suis odieux? Je l'observe se lever plus ou moins bien et fais pareil. Vu qu'il semble décidé à partir avec moi... Je l'amène lentement à l'extérieur du bar tout en appelant tant bien que mal mon chauffeur pour qu'il vienne nous chercher. Je garde un œil sur Théophile, m'assurant qu'il ne vomi pas ou ne tombe pas, même si je suis dans un état aussi pitoyable que lui. Au bout de quelques minutes, la voiture arrive et je laisse Théophile monter avant de le rejoindre. Je soupire de soulagement en sentant un siège sous moi. Je n'aurais pas eu assez d'équilibre pour plus de temps passé debout. Je lance un coup d'œil à Théophile et nos mains, toujours lié. Je les observe en silence avant de lever les yeux vers Théo qui semble toujours sur son petit nuage. Pourquoi ne pas me laisser aller moi aussi? Me laisse abandonner à cette comédie complètement. Peut-être que ça va me faire du bien. Plus que l'alcool en tout cas... Je caresse faiblement la main de Théo avant de regarder par la fenêtre, ne voulant pas supporter son regard

-Tu vas voir... Tu seras bien à la maison. Mieux que dans ce bar idiot avec des amis idiots qui t'ignore complètement. Tu n'as... pas besoin d'amis comme ça, tu sais...? Les amis... c'est... c'est pas bon. Ça fait mal... toujours. C'est... pas bien. Ça fait plein de faiblesses et... et les faibles meurent. Tu voudrais pas... perdre tout ton... potentiel, hein? Ça serait stupide. Tu es pas stupide... Pas vrai, petit oiseau?

Je l'écoute attentivement, enviant sa naïveté. Je ne sais pas si c'est à cause de son état ou parce que c'est ce qu'il pense réellement de ses amis et de son potentiel. Il veut vraiment rien développer? Il se fiche vraiment de ses faiblesses? Il pourrait faire tellement de choses... Avoir le monde à ses pieds s'il y mettait les efforts, mais il préfère pas. Je trouve ça un peu stupide. En fait... je trouve que c'est du gâchis. Mais que puis-je faire? S'il ne veut pas... je ne peux pas l'obliger à quoique se soit. Alors je garde un œil sur lui, un peu tendu depuis qu'il a la tête sur mon épaule. J'ai beau me dire que c'est seulement à cause de l'alcool, mais... peut-être qu'il ne me déteste pas si profondément, au fond. Non, je me fais des idées, c'est idiot. Demain matin, il va se rappeler et il va se détester pour ça. Il va même peut-être vouloir quitter son emploie. Pour l'heure, je ne veux pas penser à demain. Je veux vivre maintenant et profiter de cette soirée pour oublier. Je pousser alors tous mes soucies au plus profond de mon esprit et observe ce petit oiseau qui c'est poser sur mon épaule et souris... Oui, je souris, faiblement, léger, mais... j'ose espérer, serein. Rapidement, nous arrivons au manoir et je guide Théophile jusqu'au salon et m'assoie avec lui dans le sofa.

-Voilà... On est mieux ici, non? Tu as soif peut-être? Ou bien faim? Je peux demander à un domestique... de... c'est quoi le mot... Bref... Je.. on est bien, non? Je... Où je m'en allais avec ça...? Ça ne devait pas être important. Dis, Théophile... tu... ne trouves pas ça étrange qu'on s'entende pas pire nous deux? Je veux dire... mieux que... quand on est pas soûl... Je... tu... tu vas vraiment rester avec moi pour cette nuit...?

Je me fige un peu en le voyant mettre sa tête sur mes cuisses, mais ne le déloge pas. Pourquoi? Je ne saurais dire. Je suis un peu soulager de savoir qu'il va rester ce soir. Je ne voulais pas être seul, pas ce soir. Ma main se pose maladroitement dans ses cheveux que je caresse d'une main distraite. Puis, s'en savoir comment ni pourquoi, je me penche vers ce petit oiseau qui c'est niché sur moi et dépose mes lèvres sur les siennes. Quelque chose de chaste, volage, incertain. Je me redresse vivement en me rendant compte de mon geste et détourne rapidement la tête, un peu mal à l'aise. Mais rapidement, trop rapidement même, l'alcool revient en force et ma tête se tourne vers Théophile, toujours là, la tête sur mes genoux. Et je me penche de nouveau, plus sûr de moi. Enfin... aussi sûr que c'est humainement possible pour une personne soûle. Et je garde mes lèvres contre les siennes plus longtemps. Un baiser plus vrai, plus avide, plus désireux. J'ai besoin d'oublier. J'ai besoin de ne plus penser à rien et n'importe quoi pour me changer les idées sera accepté. Même si je dois faire quelque chose d'impensable avec... ce gamin. Je recule un peu pour reprendre mon souffle avant de continuer mon traitement sur ma chère magical girl. Je laisse mes mains se balader lentement sur lui, sans jamais aller trop bas ou être trop insistant. Je le laisse l'espace nécessaire, le temps nécessaire pour me repousser et me crier des imbécilités. Je ne sais pas ce que je ferais s'il me repousse... S'il veut finalement partir parce que j'ai été trop loin. Vais-je le retenir? L'obliger? Ou le laisser partir et rester seul dans mon grand manoir... si grand, trop grand... Seul avec mes pensées et souvenirs qui me hantent de manière si tenace.

-Si tu ne veux pas rester, c'est le moment de te lever et partir en courant, petit oiseau..., dis-je au creux de son oreille

Je lui rends son baiser alors qu'il pose ses lèvres contre moi. Il ne veut donc pas partir? Oh? Il veut rester... Je vois. Si jamais il lui arrive quelque chose, il sera le seul à blâmer. Moi, je l'aurais prévenu. J'ai fait ma part. Alors, maintenant, je ne fais que profiter de lui et de notre état d'ébriété avancé. Je glisse mes mains dans son dos et retire son chandail d'un geste rapide et un peu maladroit à cause de l'alcool. Je le regarde et le détail alors qu'il se retrouve torse nu devant moi, sur moi. Je passe mes mains sur son corps avant de le presser contre moi pour joindre nos lèvres dans un nouveau baiser. Je ne pense plus aux conséquences ou au lendemain. Je pense seulement à l'instant présent et le corps de ce garçon à ma porté. Mes lèvres descendent dans son cou pour remplacer mes mains qui elles s'occupent de nous mettre nu. Mais avant... il faut changer d'endroit. Le salon... ce n'est pas un endroit pour ça. Je me lève lentement et entraîne Théo dans les pièces de la maison sans cesser mes caresses et mes baisers. Nous arrivons finalement dans ma chambre et je le pousse sur le lit avant de me mettre au dessus de lui, plongeant mon regard dans le sien. Mon esprit est embrumé d'alcool et les souvenirs se mélangent au présent donnant à Théophile l'aspect d'un de mes démons du passé. Un démon qui m'avait manqué, il faut le dire... J'encadre le visage du jeune sorcier entre mes mains avant de souffler lentement

-...Tu risque d'avoir encore plus chaud, tu le sais...? Tu aurais dû partir, petit oiseau... Tu aurais dû t'envoler loin, loin... Il est trop tard maintenant, n'est-ce pas? Trop tard pour nous deux. Trop tard pour tout...