Homéninja et Percynateur

Alors que Patrick s'activait à faire un coup bas - mais néanmoins sympathique et drôle - à une personne par pur plaisir, Homélie, elle, qui se contentait de tapoter sur son clavier, toute cette histoire de son personnage, attachait aussi ses cheveux.
Rien de plus que quelque chose d'anodin dans sa vie. Faire un rp juste avant de sortir un peu. Elle devait aller voir pour s'acheter un nouveau sac, le sien commençant largement à vieillir. Enfin. Vieillir. Tout autant que peux vieillir un sac dans le monde merveilleux des médias et de l'apparence. Mais Homélie, humble stagiaire, se pliait non seulement à ces règles - que son papa Timothy jugeait un peu sévères et désuètes - mais avait l'avantage de ne pas avoir à se payer des sacs aux pris exorbitants. Et puis, cela allait quand même. Simplement que Homélie devait toujours s'assurer d'avoir un stock de sac suffisants.

Ainsi, après avoir fini son rp et l'avoir posté, elle partit de son appartement, et se dirigea vers le magasin qu'elle désirait passant d'abord par le parc.
Quel grand bien lui pris, puisqu'à peine en était elle a milieu de trajet, observant simplement les gens, la main posée sur son téléphone, les mains dans les poches, qu'elle fit un peu attention à un jeune homme qui dessinait.

Homélie, ne sachant absolument pas dessiner, sinon un bonhomme bâton fille la représentant, entouré de deux bonhommes bâtons garçons, ses papas, elle admirait facilement ceux qui dessinaient.
Souriante, elle comptait simplement se contenter de passer à côté de lui en jetant un coup d'oeil rapide à son oeuvre.
Quand soudain la réalité de ce monde cruel la frappa. Ou le frappa plutôt lui, en un sens.
Des vilains garnements, sûrement atteint d'une maladie grave appelé la bêtise, arrachèrent le carnet des mains de ce pauvre garçon et comptaient s'en sortir avec leur larcin, en courant aussi vite que possible.
Franchement. Voler un carnet à dessin.

A quel point leur estime de la valeur de ce qui pouvait être vendu pouvait il être aussi bas ? A moins que ce carnet coûta cher pour la qualité de son papier. Mais en ce cas, il fallait être un spécialiste pour le savoir, et eux, ne semblaient pas posséder plus de 40 mots de vocabulaire au bas mot.

Toujours est il, que Homélie voyant ce qui arrivait, eut ce merveilleux et non moins miraculeux, réflexe de se mettre à courir après eux.
Courant parfois le matin pour se vider l'esprit, et pour s'entretenir, elle avait l'energie et l'endurance nécessaire, donc elle les rattrapa assez vite, attrapa celui qui avait le carnet, et le mit au sol en oubliant de réfléchir.
Ce fut quand elle prit conscience de ce qu'elle venait de faire, qu'un petit "oups" traversa ses pensées.
D'abord parce qu'utiliser ce qu'on savait faire au judo n'était pas forcément recommandé - quoiqu'ici la situation le nécessitait - et ensuite parce que Homélie était de base une personne timide, qui certes, donnait extérieurement l'impression d'être l'inverse mais en vérité...C'était tout autre.

Du coup, se rendant compte de ce qu'elle venait de faire, piégée dans son héroïsme, elle fut obligée de continuer, arrachant le butin de ces maudits brigands - en faisant néanmoins attention à ne rien arracher littéralement à ce carnet -. Et en les sommant de s'en aller.
Les voleurs, peu aventureux surtout après s'être fait battre par une fille - waouh, quel miracle extraordinaire, une fille peut être aussi forte qu'un homme, oooh que c'est terrifiant -, deguerpirent sans demander leur reste.

Homélie, faisant fi de l'éventuelle foule en délire la proclamant comme un héros - en vérité ça devait olus ressembler à deux trois passants subjugués et souriant ou applaudissant un peu - s'approcha à nouveau du jeune homme - qui devait avoir sensiblement le même âge qu'elle - avant de lui tendre son carnet, légèrement rougissante, mais suffisamment pour que ça se voit peu.

- Tiens.... je l'ai récupéré. Je peux voir ce que tu dessines ?

Se rendant compte de sa question indiscrète, Homélie tenta de se rattraper

- Enfin.... Si tu as envie. Je suis déjà contente que tu aies retrouve ton carnet.

Parce qu'elle tenait en estime n'importe quel artiste. Jugeant qu'il sera toujours moins médiocre qu'elle.

Homéninja et Percynateur

Homélie n’eut aucun mal à reconnaître les signes faciles à voir d’une timidité maladive. Peut-être parce qu’elle avait eu les mêmes. Simplement, qu’elle s’efforçait à les faire disparaître, du mieux qu’elle pouvait. C’était parfois difficile, mais… Elle y arrivait. Beaucoup plus qu’elle ne le pensait d’ailleurs. Elle entendit le garçon s’exprimer.
Il avait un regard particulièrement hostile, ce qui la poussait à se sentir un peu mal à l’aise, et à douter du fait qu’elle aurait dû demander pour les dessins… Surtout quand il la remballa en mâchant à moitié ses mots.
Elle ne voulait pas le déranger, et avait juste laissé les mots s’échapper de sa bouche. Elle se sentit un peu mal, et encore plus quand elle le vit reculer :

- Ah euh…Je suis désolée.

C’est de cette façon qu’on pouvait voir qu’Homélie n’avait pas autant de force qu’on pouvait le penser. Après tout, elle n’insistait pas, ne s’agaçait pas sur le fait qu’il paraissait la traiter vraiment froidement alors qu’elle avait sauvé son carnet… Après ça c’était plutôt de l’ordre du mauvais caractère.

Alors qu’elle comptait repartir, pour ne pas le déranger plus, elle entendit sa question, et l’observa, un peu surprise, et à la fois contente, qu’il ne soit pas si « froid » malgré son air pourtant décrivant ce trait de caractère.
Elle se radoucit, se décrispa un peu, et cessa de serrer ses deux mains contre elle, chose qu’elle faisait depuis qu’elle avait vu son regard. Enfin. Pas totalement. Ses doigts restaient quand même légèrement emmêlés.

- Plutôt oui. Je ne sais pas dessiner, alors…
-Per..cy.. et toi?

C’était une façon un peu incongrue de se présenter, assez maladroite. Mais Homélie se radoucit un peu plus. Ce garçon ne semblait pas méchant. Simplement…Peut-être qu’il était aussi timide qu’elle le fut à un moment ? Sûrement un peu plus qu’elle.

- Homélie. Je m’appelle Homélie. Enchantée.

D’un naturel assez énergique tout de même, la demoiselle tendit sa main, avant de se dire que peut-être que Percy ne voudrait peut-être pas la serrer. Elle garda pourtant sa main en l’air.

- Et ça va aller. Si un voleur s’approche, je le mettrais au sol pour toi.

Homélie avait encore une fois parler trop vite avant de réfléchir, et se demanda si ça n’allait pas vexer le garçon d’abord, parce que ça sous entendait qu’elle disait que Percy n’aurait pas la force pour ça, et ensuite…Qu’est ce qui lui disait qu’elle pourrait mettre tous les voleurs au sol ? Pas grand-chose.
Mais c’était dit. Et elle voulait juste…Le rassurer. Imaginant qu’en lui disant ça, peut-être qu’il serait plus à l’aise.

Homéninja et Percynateur

Homélie remarqua le sourire. Peut-être parce que ça changeait un peu du visage froid qu’arborait Percy. Mais elle vit ce sourire qu’il vit, même très légèrement, même si peu de temps, et cela la fit sourire à son tour. Elle préférait quand les gens se sentaient bien.
Elle se rendit compte que tendre sa main n’était pas vraiment très utile, vu qu’il n’essaya pas de la prendre. Elle la reposa. Ca ne faisait rien. Homélie ne lui en tiendrait pas rigueur.

Homélie fut simplement surprise de l’entendre lui demander pour son prénom. Ca l’amusait toujours de constater que certaines personnes en ce monde, savait que son nom avait un sens. Elle hocha la tête, joyeusement.

- Oui. C’est français. C’est le nom des sermons des prêtres. Entre autre.

Elle songea à Percy. Est-ce que ça venait de Persée ? D’ailleurs ? Ou simplement qu’il s’appelait Percy et puis voilà ?
Elle n’oserait pas lui demander. Il semblait vraiment timide, elle ne voulait pas le brusquer. Percy lui demanda pour un café, et elle en fut tout aussi étonnée que l’instant où il lui avait demandé pour son nom.
Il était plutôt sympa, comme garçon. Il semblait avoir des difficultés pour parler, mais sinon… Elle le trouvait gentil.
Homélie se sentit légèrement gênée par l’invitation, néanmoins. Elle supposa que c’était pour la remercier de ce qu’elle avait fait, mais… Elle était beaucoup trop humble, pour ne pas se mettre à jouer avec ses doigts.

Ce fut pire encore, quand le garçon lui proposa même de dessiner pour elle, alors qu’il n’avait pas voulu lui montrer ses dessins. Elle se sentit finalement piquer un fard quand Percy la désigna comme forte. Elle n’était pas si forte que ça…
Homélie se reprit, et serra ses doigts :

- Ah euh…Merci. Je ne sais pas si je suis si forte que ça… Mais c’est vrai que je peux mettre des gens à terre, hahaha.

Elle se sentit rire nerveusement, passant une main dans ses cheveux, calmant ses rougeurs, mais gênée tout de même, bien qu’elle fut heureuse qu’on la désignait comme forte.

- Et pour le dessin, tu n’es pas obligé. Je ne voudrais pas te déranger… Mais je ne dis pas non pour un café, c’est gentil.

Homélie s’était reprise, souriant simplement, bien que ses doigts restaient emmêlés entre eux. Elle observa Percy :

- Tu as une idée d’où on pourrait aller ?

Et bien sûr elle n’avait pas oublié une autre des questions qu’il avait posées.

- On pourra discuter de ce qu’on aime dans la vie chacun, sur le chemin et autour d’une tasse. Ca te va ?

Elle était rasséréné par rapport à la première approche de Percy. De fait, cela venait sûrement du fait qu’au final, Percy n’était pas si froid qu’il ne le paraissait, et qu’il semblait surtout timide.

Homéninja et Percynateur

Homélie n’eut pas réellement de réponse de Percy, qui sans prévenir, se mit soudain à dessiner. Elle l’observa, surprise, avant d’esquisser un doux sourire, un peu aussi amusée de le voir comme ça.
Elle tenta de regarder ce qu’il faisait, mais il semblait tellement concentré, qu’il avait le dessin complètement tourné vers lui. Elle l’observa pourtant, se disant qu’il semblait vraiment être une bonne personne, et se rappelant soudain de son exploit contre les voleurs. Homélie se sentit légèrement rougissante. Elle avait tellement agi sans réfléchir… Un peu comme Gabriela, en fait.

Songeant à ça, Homélie prit son verre, sans oser interrompre le dessinateur qui semblait parfaitement concentré. Elle s’aperçu même que son visage semblait plus détendu, complètement poussé dans le dessin.
Elle se demanda un instant à quoi elle pouvait ressembler quand elle écrivait…Peut-être à ça aussi ?

Homélie s’aperçu que Percy semblait avoir fini, et fut curieuse de voir à quoi ça ressemblait.
Elle vit la feuille arriver vers elle, et écarquilla les yeux. Il l’avait dessiné elle. Au fond, c’était logique, de faire le portrait d’une personne quand on ne savait pas quoi faire, mais… Elle ne s’y était pas attendue.
En plus, le dessin, bien que rapide, avait tout de même une large ressemblance avec elle-même.
C’était beau. Tout simplement.

- Wow. Je veux dire…C’est moi…C’est… Oh. C’est très beau.

Surtout pour quelqu’un comme elle qui dépassait à peine le stade des bonhommes bâtons niveau dessin.

- C’est ton métier ? Enfin je veux dire, tu…Tu es illustrateur ? En tout cas, si tu dessines aussi bien que tu écris, tes textes doivent être des chefs d’œuvre !

Se rendant compte de ce qu’elle venait dire, Homélie espéra ne pas trop gêner Percy, et bu un peu de son verre qui était déjà vide à moitié.

- Merci beaucoup en tout cas. Et aussi merci de me payer, tu n’étais pas obligé, mais c’est sympa.

Elle regarda le dessin, les yeux brillants de joie :

- Je crois que je vais le faire encadrer !

Au moins s’extasiait elle.

Homéninja et Percynateur

Homélie se sens curieuse d’en savoir plus sur Percy. Il semble vraiment quelque de bien. Et talentueux avec ça. Elle serre un peu le dessin, et souris grandement. Elle le laisse boire, songe à sa propre boisson, pose enfin le dessin sur la table et bois de son breuvage, appréciant le goût du citron.
Et là, il répond, parlant de son travail, qu’elle trouve intéressant. Travailler dans une maison d’édition, aurait pu lui plaire à elle aussi, vu comment elle aimait la lecture. Mais parce qu’elle avait déjà d’autre idées en tête, elle s’intéressait surtout au journalisme.

Homélie se demanda si Percy avait raison quand il disait écrire mal. Elle connaissait beaucoup de rpgistes talentueux qui écrivaient bien, sûrement mieux qu’elle, et qu’elle aimait complimenter avec enthousiasme.
D’ailleurs, de toute façon, elle-même, même si elle aimait écrire, la demoiselle ne se voyait pas écrire de livre et encore moins être publiée. Elle estimait que sa plume n’était certainement pas assez suffisante pour ça.
Et pour avoir déjà essayé un texte « long » - donc de plus d’une vingtaine de pages – elle n’était pas forcément douée pour raconter une si longue histoire.

- Ah moi ? Je suis étudiante en journalisme. Après… J’écris aussi, mais disons que c’est assez spécial… Je n’écris pas de livres ou quoi…

Homélie n’aimait pas trop parler du RPG, alors qu’elle adorait ça. Mais elle avait toujours peur du jugement.

- Et je ne suis même pas sûre d’écrire très bien…

Se rendant compte de ce qu’elle venait de dire, elle se rattrapa en buvant un peu de son diabolo.

- Mais ça doit être intéressant de travailler en maison d’édition ! Surtout si tu aimes la lecture.

Elle souriait gentiment. Sincèrement, elle trouvait Percy intéressant. Elle avait vraiment envie d’en savoir plus sur lui, finalement. De l’aider à se sentir bien, aussi, même si elle ne savait pas que plus elle lui poserait des questions, moins ça irait pour lui.

- Au final, les journalistes interviewent les écrivains, des fois, donc peut-être qu’un jour je rencontrerais un des écrivains de ta maison !

Homélie venait d’y penser, et semblait en être amusée.

- C’est quelle maison ? Peut-être que je connais. Ca m’intéresse toujours, de connaître de nouvelles maisons en plus.

Se rendant compte, que peut-être, qu’elle était trop enthousiaste et bavarde, Homélie se demanda si elle devait se calmer, ou pas.

Homéninja et Percynateur

Homélie commençait à remarquer que Percy ne semblait pas bien, peut-être pour cette raison, qu’elle ne savait pas si c’était une bonne chose à être trop enthousiaste. Elle se sentait presque mal à l’aise, ignorant que cela devait être l’empathie.
A force d’être une bonne personne, il fallait croire, que même sans avoir de pouvoirs, elle avait « acquis » cette chose. L’empathie. Elle ressentait l’angoisse de Percy d’une façon ou d’une autre, mais ne savait pas si c’était normal ou pas.
Alors qu’elle entendit la question de Percy, elle s’aperçevait qu’il n’allait pas bien, et au lieu de répondre à sa question, avait très fortement envie de lui demander plutôt s’il allait bien.

Elle l’imagina, un instant, atteint d’une maladie et qu’elle n’allait pas pouvoir l’aider. Fronçant les sourcils, elle le vit sortir de l’argent, avant de noter quelque chose :

- Ca va aller ?

Finalement c’est ce qu’elle demandait. Elle ne pouvait pas s’en empêcher. Elle voulait savoir, elle voulait l’aider, s’il fallait.
Mais à la place, elle reçu juste un papier, et vit Percy s’en aller soudainement sans prévenir, sans rien dire, juste…Dans un état étrange, comme s’il allait réellement mal.
Elle se leva tout aussi brusquement, Homélie se demandant ce qui lui arrivait soudainement, presque paniquée elle-même.
Mais quand elle essaye de le suivre, c’était trop tard. Il était déjà loin. Elle le voyait, au loin, alors qu’elle sortais du café.

Elle, debout, un dessin et un papier dans une main, le reste de ses affaires dans l’autre. Elle fronça un peu plus les sourcils et regarda ce qu’il y avait sur le papier. Un numéro.
Homélie réfléchissait à ce qui avait pu se passer, mais ne comprenait pas. Alors, sans rien dire, elle supposa qu’elle devait reprendre sa journée.
Maintenant qu’elle y pensait, c’était une rencontre étrange, mais Homélie n’en était pas déçue, malgré la conclusion abrupt.
Elle regarda le papier avec le numéro de Percy, et prenant son courage à deux mains, elle fini par lui envoyer un SMS, espérant que c’était bien son numéro. Lui envoyant juste un « Je n’ai pas tout compris, mais merci pour le café et le dessin. A bientôt, si tu veux bien. Ca va aller ? »
Si tu veux bien. Parce qu’il était parti tellement précipitamment... Et c’est aussi pour cela qu’elle posait la question. Au cas où.

[Finish]