Voler. S'enfuir. Se cacher. Et on recommence. Ainsi est ma vie depuis que je suis arrivé à Jacksonville. Oh bien sûr, je peux m'abstenir de la faire car j'ai des revenus plus que corrects mais, que voulez-vous, les mauvaises habitudes sont tenaces. Chasser le naturel et il revient au galop. Je suis un chat de gouttières, les toits de la ville song ma maison, pourquoi devrais-je refouler ma vraie nature ? Au point où j'en suis, je n'en vois pas l'intérêt. Bref... J'aurais beau essayer de changer, ça ne marchera pas. J'ai ce besoin irrépressible de prendre les choses que je convoite, sans payer. Et aujourd'hui, je cherche de quoi manger. J'ai plusieurs options qui s'offrent à moi. La première option serait de voler sur un étalage. La seconde option serait de faire des yeux de chaton à une vieille femme pour qu'elle m'offre son pain. Et la dernière option c'est tout simplement d'aller me servir dans la cuisine de l'Institut. Choix difficile. Mais j'y pense, pourquoi choisir ? Faisons les trois !

Le centre ville n'est pas bien grand et il me semble qu'aujourd'hui c'est jour de marché. Je trouverais aisément quelque chose à me mettre sous les crocs. Et comme je le pensais, les marchands sont bien là. Je m'avance dans les allées, minant de regarder les marchandises. Du poisson ? Des pâtisseries ? Du poulet ? Choix difficile là encore. Je vais prendre un peu de chaque. Crevettes, chocolatine, cuisse de poulet. Reviens ici petit chapardeur ! Le moment que je préfère : on joue à l'attrape et j'ai gagné évidemment. Je savoure mes trouvailles loin des regards. J'ai même aidé une vieille dame à traverser et en échange, je lui ai seulement demandé un peu de pain. Elle m'a donné toute une baguette. Méfaits accomplis !

Me voilà dans la cour de l'Institut et j'ai encore faim. En fait, j'ai tout le temps faim sauf quand je dessine ou que je dors. J'entre dans la bâtisse et furète dans les couloirs, toujours dissimulé sous mon gros sweat à capuche. Personne ne sait vraiment à quoi je ressemble car, personne ne m'a vu nu ou en pyjama. Ils savent juste que je vois très bien la nuit et que, quand je mord, ça fait mal. J'arrive enfin à destination et tends l'oreille. Il y a du bruit et une bonne odeur de cuisine. Je me faufile à l'intérieur, agile et silencieux. Le spectacle qui s'offre à moi est vraiment très bizarre en fait... Et c'est là que je le vois. Mon butin me tend les bras : un beau poisson bien doré. Je m'approche furtivement et chipe le poisson avant de me planquer sous la table pour le déguster. Ni vu, ni connu. Je suis un Ninja.