La musique battait son plein au sein de l'édifice. Le piano-bar du Downtown Core était l'un des plus prisés le jeudi soir pour sa scène libre. Les rebonds des percussions frappaient en plein dans ma poitrine, me transportant dans cet univers musical si affriolant. La foule mouvante ne m'aspirait pas, je m'y fondais en son sein. Comme une unité où plus rien n'existait d'autre que la musique que nous partagions. La scène libre permettait à tout un chacun de pouvoir exprimer sa fibre musicale, musiciens ou chanteurs. La salle participait également, en chantant sur des airs connus ou en fredonnant pour d'autres plus timides. Certains battaient la mesure du pied, des mains, ou se contentaient de discuter tranquillement, la musique couvrant leurs voix.
Depuis que j'avais découvert cet endroit, j'en étais tombée littéralement amoureuse. Je me fichais bien qu'il s'agisse d'un bar où l'on vendait de l'alcool, surtout qu'ici je n'étais même pas majeure. Ce qui m'importait, c'était l'ambiance musicale qui vibrait entre les murs. Il y avait même un endroit dégagé où il était possible de danser. Lorsque l'animateur de la soirée vint annoncer qu'il y avait une place libre pour la catégorie Jazz. Mon frère se leva, empoignant son saxo de la main gauche et m'attrapant de la droite.

Sur scène, plusieurs musiciens s'étaient portés volontaires eux aussi, créant un petit groupe. En moins de cinq minutes, ils s'accordèrent sur une chanson. Kyle récupéra la partition pour s'accorder avec le saxo qui n'y existait pas et enfin nous avons pu commencer à battre la mesure par quelques notes de piano lancée par Pierrick, qui se mit à chanter en premier.

♫

Une fois la performance terminée, un large sourire habitait mon visage. La musique me berçait continuellement et la partager était un moment de pur bonheur. Kyle était resté sur scène pour jouer encore du saxo, tandis que je m'étais retirée quelques instants. Me dirigeant vers les toilettes, je me débarbouillait quelque peu. Je vis une fille tentant de se frayer un chemin, tant bien que mal. Je me poussai.

- Pardon, je prenais toute la place !

Je lui souris. Voyant qu'elle était plutôt réceptive à mes apostrophes, je profitai pour tenter une mise en approche... Après tout, pourquoi pas ?

- Je m'appelle Kirsten. Et vous ?