Murmurer à l’oreille d’une pauvre âme en peine, est ce qu’il y avait de plus fascinant chez ces imbéciles. J’avais tellement eut raison de dire à Papy que je n’avais pas envie d’eux. Ils n’étaient que des êtres faibles, si influençables, et si crétins. A toujours m’écouter, à ne jamais se remettre en question. Il suffisait de trouver le bon filon pour les exploiter jusqu’à la moelle, les voyant se décimer entre eux, ou tout seul. S’envoyant en l’air, sexuellement ou violemment parlant.
Mais le plus amusant, était qu’il arrivait parfois que certains des endroits de là où ils pouvaient se regrouper, étaient parfois envahi d’êtres encore plus facile à manipuler. Ceux là, je n’avais presque plus besoin d’insister pour les pousser à l’acte. « Tu as envie de ta dose. Va donc voler cette personne » ce genre de chose. Je n’avais parfois même pas besoin de donner de raison « Pose une bombe » et cela arrivait sous mes yeux ébarouis par tant de stupidité.

Parfois je ne me contentais pas de murmurer. Je participais. Je tuais. Je blessais. Je m’amusais comme je pouvais.
J’avançais dans les rues, et sans mal, savait où j’allais. Je savais qu’il était là. Je savais qu’il n’était pas loin. Et de toute manière, il ne se cachait absolument pas. Heureusement pour lui, parce que je l’aurais quand même senti, et je n’aurais guère apprécier qu’il se cache de moi.

Je le vis. Sous cette apparence humaine plutôt agréable au regard. Il s’adressa à moi le premier, tandis que je souriais en silence. Léviathan. Cela faisait longtemps que je ne l’avais pas vu. Enfin, pas tant, puisque je n’avais pas l’impression d’avoir dormi.
Je l’observais. Avait-il tenté d’aider à mon réveil ? Je me le demandais. J’en doutais. Je m’en fichais. Presque.
Quand il s’adressa à moi par ce surnom que j’avais réellement du mal à supporter, je brisais tout espace personnel qui puisse subsisté entre nous deux, me rapprochant très vite de lui.

- Tu avais plutôt intérêt, Lévichou.

Au fond, seul lui, et peut-être Claunech, avaient le droit d’oser prononcer ce surnom. Et encore, je pouvais parfaitement leur faire comprendre qu'ils n'avaient pas intérêt à recommencer. Le reste de tous les êtres qui pouvaient subsister sur Terre ou en Enfer, ne méritaient que la mort en osant me surnommer de pareille façon.

Et puis, de toute façon, en échange, je lui donnais un surnom d’autant plus « mièvre ».

- Dis-moi donc, tu n’es pas venu me réveiller ? J’aurais pensé que tu aurais pu. Toi qui est si différent des autres. C’est presque décevant.

C’était décevant.
Je le fixais, mes yeux luisant d’une façon malsaine, comme chaque fois que je me retrouvais en présence de démons et pas d’humains abrutis avec qui je devais mentir.

Je regardais Léviathan, qui avait ce mérite, ce privilège d'être un allié plus qu'un esclave. Nous venions du même sale type de créateur.
C'est vrai que je me relachais un peu, mais me trouver dans le corps d'un jeune adulte rajeunissait peut être mon esprit plus vieux que le reste du monde.

- Il s'appelait Ray. Je dis m'appeler Luciano Goodman. J'ai trouvé le nom très amusant.

Et comme j'aimais l'humour - plus que vous ne le pensez. C'est juste qu'il faut éviter de se moquer de ma personne voilà tout - j'avais trouvé qu'avoir un nom très ironique serait parfait.

Je l'entendis en faire - de l'humour suivez donc un peu - et même si de fait cette phrase faisant écho aux contes humains me décrocha un sourire je sus sans mal qu'il ne mentait pas vraiment. Il avait au moins essayer quelque chose, lui .

A sa dernière remarque je souriais encore, amusé et me penchais vers lui

- Presque ? Tu me flattes, dis donc. Mais regarde, je suis de retour. Nous allons pouvoir bien nous amuser tous les deux.

Léviathan était un des rares que je considérais comme "mon egal". Et pour cause, c'est un peu ce que nous étions.

- Nous allons pouvoir vivre heureux pour la fin des temps et tout ce qui va avec.

A faire souffrir ceux que je détestais. A faire souffrir ceux qui me répugnais et que Papy avait offert à la Terre.

[Désolé j'ai l'impression que ma rep est naze x_x]

On ne pouvait pas dire que le nom d’emprunt que je m’étais trouvé, était ma plus grande fierté, mais j’en étais satisfait. J’étais le Mal, et les gens se retrouvaient à m’appeler « Goodman ». C’était tellement sarcastique. Et puis, j’aurais pu prendre « Morningstar », mais les humains y avaient déjà pensé, dans les œuvres qu’ils pouvaient dépeindre de moi. Alors, j’avait eut envie d’originalité.
Je l’entendis me parler des gardiens, et me rendit compte que les nouvelles allaient vite. Bien que je n’étais pas si surpris que les gardiens aient vite fait de faire entendre parler d’eux, et mieux encore, que Léviathan soit au courant. Un rictus mauvais apparu sur mes lèvres au mot « cher papa ». Hum, c’est sûr, très cher papa. Papy effrayé qui avait besoin de se dire que des gardiens pourraient me remettre à ma place. Entre des clebs en feu, des clebs garous et des lampadaires, je doutais qu’il y avait de quoi me faire peur. Il s’était tellement raté. C’en était presque décevant.

Quand il me parla d’essayer de jouer avec les gardiens, mon rictus s’agrandit en un large sourire malsain. C’était déjà fait. J’avais déjà commencé à m’amuser de ces gardiens trop humains pour pouvoir me faire face. J’avais même mon toutou de compagnie. Cette imbécile naïve et rousse, persuadée que j’étais le gentil Luciano tralala.
Mais de cela, je ne raconta rien, profitant du baiser que m’arracha Léviathan, tandis que je le laissa faire, profitant de ses lèvres. Je le savais bon dans ce domaine. Je le savais, vu tout ce que nous avons partagé.

Je le fixais, tandis que nous étions l’un en face de l’autre, tandis qu’il ne baissait pas son regard, fait rare chez les « démons ». Parce qu’après tout, il n’était pas réellement un démon. Tout comme moi.
Je l’entendis me faire sa jérémiade sur le conte de la pucelle endormie, et pris un air faussement triste. Quel dommage, un mariage avec un serpent, cela aurait été tellement éclatant et original.
Enfin, si ce serpent n’avait pas changé. Pour le moment, cela semblait être le cas. Cela faisait des milliers d’années que l’on se connaissait, et heureusement pour lui qu’ainsi, un siècle n’avait réellement aucune importance par rapport à des millénaires. A sa question je répondis :

- Oui, j’y ai fait un tour, si nous parlons bien de la même chose. Plutôt pas mal, et digne de ces abrutis d’humains.

Et bien sûr qu’on parlait de la même chose. Nous nous comprenions suffisamment bien, pour savoir qu’on parlait de ce que celle qui m’avait réveillé, m’avait parlé : Le Projet Nousommesdescrétinshumainspratiques,nousnousentretuons. Ce n’était pas exactement le nom, mais j’aimais bien mon petit remix.

- Quand aux gardiens… J’ai déjà mon toutou de compagnie, tu te rends compte ? Papy a vraiment mal géré ses créations, pour le coup.

J’avais été le Plus Beau des Anges après tout. Comment pouvait-il surmonter cette création ? Surtout en ne proposant que des clebs stupides et des lampadaires pensant pouvoir m’illuminer plus que de raison. Tu parles.

- Quoique c’en est presque une insulte, quand on voit comment il nous sous-estime.

Ses gardiens étaient ridicules. Ridiculement humains.

- Maintenant que j’y pense cela me donnerais presque une idée. Je me demande ce qu’il se passerait, si les gardiens devaient faire face au « Projet » avant moi. Je suis sûr qu’on serait débarrassé des deux, que cela ferait un joli génocide, et hop, tranquille.

Je m’essuyais les mains comme si le travail était déjà fait. Mais il était vrai que cette idée me paraissait amusante. Si les gardiens voulaient tant protéger ces abrutis d’humains, de sorciers et de mutants, ils n’avaient qu’à faire face à ceux qui voulaient les tuer. Belle ironie, obligé de lutter contre ce qu’ils seraient censé protéger.

- Enfin…Je pense, je pense, mais j’en oublie mon prince caché dans l’ombre.

Je souriais, l’observant :

- Vu que tu m’en as parlé, tu as déjà vu le Projet ? Ou des gardiens ?

Je voulais sonder ses avis, curieux de voir ce qu’il en pensait.

[Pour Morningstar, Lucifer Morningstar, c’est le nom de Luci dans la série Lucifer]

Il était vrai que je détestais gaspiller mon temps à me contenter d’observer sans agir. Alors quitte à faire, j’avais déjà apprivoisé un clébard, et s’il le fallait, je comptais bien tous les mettre sous mon joug qu’ils le veuillent ou non. Hey, ils se nommaient « chiens de l’enfer », il fallait bien qu’il y ait une raison pour ça non ? Si Papy ne voulait pas que j’y touche, il n’avait qu’à leur donner un nom différent.

Je souriais en entendant la comparaison que Léviathan fit avec une fourmilière. C’était tant mieux. Plus le monde serait agité, plus il serait paniqué, mieux ce sera, de fait. Je pourrais alors m’imposer sans crainte de cette panique qui ne faisait que m’amuser plus que m’envahir. J’allais exploiter la moindre faille provoqué par la surprise de mon retour.
Il me demanda si je comptais casser le projet. Mais pas du tout ! C’était une occasion propice de l’exploiter pour que les humains soient encore plus stupides. Je savais que tous ces imbéciles ne s’étaient même pas rendu compte de ce qui leur faisait face. Cela prouvait à quel point les humains pouvaient être naïfs. Ils avaient des démons en face d’eux, qu’ils ne s’en rendaient même pas compte…

J’écoutais ce que le serpent avait à me dire sur son emploi du temps. S’il faisait tomber les gardiens, c’est déjà qu’il n’était pas du côté des humains. Pas comme mon crétin de fils qui ne méritait que la mort. Comment avais-je pu engendrer une telle stupidité ? C’en était parfaitement navrant. Et vexant, en prime !
Enfin… Léviathan me demanda si je comptais m’occuper du projet. J’avais dans l’idée de le faire, oui. Mais j’attendais encore un peu de régler deux trois choses avant. Mais je comptais bien le faire tout de même.

- Commander lui va bien, c’est vrai. Elle a ce qu’il faut pour ça.

Un don pour la manipulation.

- Et comme elle m’est fidèle, ce n’est pas moi qui vais l’arrêter. Je compte intégrer ce projet, puisqu’il m’intéresse de par son utilité. Mais si jamais il s’avère que je m’en lasse, il ne fera pas long feu. Je n’y suis pas encore allé jeter un coup d’œil…

Cela ne saurait tarder.

- Dis-moi, « Levichou », de ton côté, mis à part t’occuper des gardiens… Que fais-tu donc d’autre ? Ca m’intéresse.

Pour savoir s’il reste toujours mon allié, ou si je dois songer à me débarrasser de lui.

Lui faire confiance ? Je pouvais, c’est vrai, tenter de lui faire confiance. Mais j’avais toujours des doutes, hum. C’est en se méfiant, qu’on était sûr que la personne ne nous percerait pas le dos à coup de couteau.
J’observais Léviathan, et l’entendis me dire que j’étais suspicieux. Un peu. Je voulais juste vérifier, et une fois que j’aurais vérifié, alors tout serait pour le mieux, n’est ce pas ?
Je le laissais caresser mon visage, l’écoutant me déclarer qu’en gros, il était mon allié. Je savais combien Léviathan était accroché à cette liberté, en un sens, je n’avais pas mon mot à dire là-dessus. J’avais moi-même voulu la liberté, et je comprenais qu’il ne veuille pas non plus être sous mon joug. Si quelqu’un venait à déclarer que je devais travailler pour lui, il allait comprendre sa douleur, et mon envie de liberté. Donc…

- C’est vrai… Je vérifiais juste. Tu sais, quand je vois qu’au réveil mon crétin de fils a perdu ce qui lui restait d’intelligence, je me méfie.

Je n’avais pas envie de me retrouver avec un Léviathan prétendant être de mon côté alors qu’il préférait être fidèle à des humains inspides et inutiles. Mais je comprenais que le serpent m’était loyal, et je ne pouvais nier le fait que j’appréciais cela. Il avait plutôt intérêt, de toute façon. Tout aussi puissant qu’il pouvait être, je n’étais pas sûr qu’il fasse le poids contre moi.

- Je crois aux bénéfices de la mer et de ses vagues impitoyables, mais je vérifiais juste que ses abysses ne se soient pas retournés vers le camp des faibles.

Depuis mon réveil, j’avais des doutes sur tout le monde, et de fait, je pensais que c’était normal, quand on était moi.
Je rapprochais mon visage du sien :

- Mais si la mer malgré sa liberté est toujours mon alliée, alors c’est que j’ai encore dans ma main, un atout majeur pour l’avenir.

Et pour ce que je comptais faire, bientôt.

Là où Léviathan se trompait, c’est que j’étais persuadé de ne jamais avoir eut d’autres enfants. Ou bien, je n’avais jamais appris leur existence, et ils étaient soient morts, soient ils ne s’étaient jamais manifestés. Mais j’avais toujours fait bien attention à ne jamais réitérer mon erreur, et en trois milles ans, j’avais su me tenir avec brio.

- Je n’ai pas eut d’autres gosses. Pas que je sache en tout cas. Heureusement.

Et tant mieux, je n’en avais pas besoin d’autre. J’eus tout de même un léger sourire en me rappelant ce qui était arrivé à l’Eden, puis écouta ce que Léviathan dit à propos de ce que je lui avait dit. J’aimais ce jeu de mots dérivés de la vérité, d’indirection menant à des métaphores qui lui faisait clairement dire que je ne devais pas croire qu’il briserait ce qui nous liait.
Je n’avais pas besoin de plus pour comprendre ce serpent. Cela faisait des millénaires qu’on se connaissait, alors à force.

Je sondais néanmoins son regard, tentant d’y capturer le moindre doute, mais je n’y trouvais rien d’autre qu’une mer paisible, et sans vagues s’éloignant trop étrangement. Je l’écoutais me parler de mon retour, et répéter ce dont je me doutais. Je savais que durant mon sommeil, il y aurait des traitres. Dès mon réveil, je savais que j’allais devoir secouer les bretelles de certains, et leur faire comprendre qui était le maître.

- Je sais. Je m’en doutais. Je crois que c’est la dernière chose à laquelle j’ai pensé, d’ailleurs, avant de me retrouver à dormir. Je ne suis pas dupe, je me doute que dès l’instant où j’aurais le dos tourné trop longtemps, des imbéciles oseraient briser leur loyauté envers moi.

Je fis un grand sourire mauvais :

- Je compte bien m’en occuper, de ceux là.

J’entendis Léviathan m’expliquer ce qu’il faisait actuellement. Lui, un pompier ? Ironique, ce choix. Bien étrange aussi. Sauvait-il des humains ? Je l’ignorais, sûrement. Quelle perte de temps. Valait mieux les observer mourir sous le feu que les sauver.
Mais cela lui permit de me donner un moyen de le contacter. Je fis un petit sourire pour la bouteille à la mer. Je pouvais toujours voir pour faire ça oui. Cela m’amuserait un peu après tout.

Il comptait me laisser…Je m’approchais une dernière fois, toujours si proche de lui :

- Sûrement. Mais maintenant je sais que ce vieil ami est toujours un vieil ami, je peux partir sans mal. Mais ça ne veut pas dire que je vais t’oublier…Je vais sûrement avoir besoin de toi bientôt. Je te ferais signe en temps voulu.

J’avais encore beaucoup de chose à réfléchir avant de réellement pouvoir lui demander son implication dans mes plans. Je lui faisais néanmoins confiance dans la mesure du possible, ce qui pour quelqu’un comme moi…Tenait du miracle, ironiquement. Je fini par lui délivrer un baiser langoureux aux lèvres, avant de m’échapper en disparaissant dans un sourire amusé. Repensant à son histoire de grenouille et à la comparaison aux contes.
Dire que je n’avais pas aimé cette rencontre, aurait été mentir, parce que Léviathan était l’un des seuls démons sur lequel je pouvais compter. J’allais sûrement bientôt le retrouver.

[Fini !]