Tu acceptes ce verre sans rien comprendre à ce qui t’arrive. Tu tentes même de faire apparaître dans ton esprit tes pires cauchemars. Rien à faire. Un soudain bonheur vibre dans tes veines, pompe ton cœur d’un nectar divin. Tu observes silencieuse le bel écrivain, bouteille en main. Son mari con semblait toujours aussi heureux… Quelque chose cloche, tu le sais, mais n’arrive pas à trouver. Peut-être est-ce simplement ton imagination fertile qui te joue des tours ? Qu’est-ce qui pourrait expliquer que tu sois heureux soudainement ? Rien. Malheureusement, la magie n’existe pas. Ce monde pourri croupissait dans des mentalités merdiques, des inégalités qui servaient aux mieux gradés. Une vie à vivre dans de la pure merde. Toi. Toi, tu te retrouves dans cette bulle d’étrangeté à côté de la plaque. Bandeau sur les yeux, tu caches la partie dégueulasse de cet univers pour survivre. Survire dans cette jungle infernale. À la coupe qu’il te tend, tu la prend hésitant. Évitant soigneusement tout contact physique avec lui. Il s’assit coupe en main sur le divan à côté de son mari, sourire aux lèvres. Couple étrange. Le Rickard te semble possessif à toujours palper les mains de son mari… Ça devait être chiant. « Ta gueule, pas de tes affaires ». Tu soupires en prenant une petite gorgée. Tu te retiens de rire au surnom donné « mon tigre » assez ridicule. L’amour ne sonnerait jamais à tes portes de toute façon. Qui voudrait un imbécile qui refusait tout toucher ? Hum ? Tu secoues la tête en reprenant une gorgée espérant te libérer rapidement de cette situation étrange. Un pâle sourire se dessina sur ton visage juvénile à sa question.

-J’en sais rien… Ça dépend de plusieurs facteurs. Nous sommes pas tous J. K. Rowling ou Stephen King. Les plus grands auteurs crevaient de faims dans leur vie… Baudelaire, Flaubert. Et dire que maintenant des tas de gens font de l’argent avec leurs œuvrent… Ironie…Il...a quand même des chances….

Étrange. Tu ne sens plus les sangsues d’angoisses se tortiller en toi. Nada. Une simple lumière chaude en toi. Doré.

L’écrivain étira un large sourire.

-L’argent, je m’en fiche. Cachet symbolique plus intéressant. Vous ne devez pas rouler sur l’or en pratiquant ce genre de métier. Les fins de mois pas trop dure ?

Tes sourcils se froncent à sa question.Tu hausses les épaules.

-Ça va… On commence à avoir de bons auteurs dans la boîte.

Tu te forces à boire un peu plus vite pour t’enfuir. Tu n’aimes pas cette attirance étrange avec cet écrivain.

-Rickard a son propre business et on aurait besoin de gens talentueux comme toi. N’est-ce pas Rick’ ?

Il lui lance un regard brillant avant de te regarder. Tu sens un déchirement à toi. Tu veux t’en foutre, dire non et partir. Mais…. Ton coeur, ta tête disent autres choses. Un goût sucré allume ta langue, tu te sens bien. Tu as envie de savoir plus, mais… Non merde…. Tu veux partir! Tu…. Non.. Tu écoutes.

-Vous cherchez…. Quoi ?

-Rickard va t’expliquer. Il explique beaucoup mieux que moi.

Il prend une gorgée de son vin en se mordillant les lèvres. Son regard reste collé à son mari timbré. Toi. Tu entends soudainement intéressée. Au fond de toi, tu trouves ta réaction anormale, mais ne comprend rien.