Se faire réveiller par son majordome est vraiment, vraiment désagréable. Surtout pour un samedi matin où j'avais prévu me prélasser calmement. On dirait que je n'allais pas pouvoir parce que ''papa'' avait décidé de me pourrir la journée Oh, yeah. Comme si j'avais besoin de ça. Je me lève lentement, décidé à prendre mon temps pour bien l'énerver. S'il pense qu'il peut se présenter ici quand il veut sans même prévenir, il se trompe lourdement. Il se croit tout permis parce que c'est mon géniteur ou quoi? C'est une vraie blague. Je ne prends même pas la peine de mettre un bel habit. Un simple t-shirt blanc et des jeans délavés. Peut-être que s'il comprend pas le message oral, il pourra comprendre mon message subtile de ''laisse moi tranquille et téléphone avant''. Au bout de plusieurs minutes, je descends au salon et le fixe avec un air ennuyé. Ouais, c'est bien lui. Génial. J'aurais préféré que mon majordome soit devenu sénile. Je soupire et demande à une servante une tasse de thé avant de m'assoir dans mon fauteuil. Je regarde mon père, ne cachant aucunement mon agacement.

-Qu'est-ce que tu fou ici? C'est pas assez clair que je n'aime pas que tu t'incrustes chez moi? On dirait une maladie... C'est comme ça chez tout les démons? Venir gâcher ma journée? Parce que, sérieusement, j'ai l'impression que c'est le cas. Vous vous passez le mot ou quoi? Celui qui va le plus me faire chier gagne quoi? Mon coup de pied au cul, ça serait un bon prix.

Quoi? Non, il est sérieux là? IL me sort de l'attitude dans ma propre demeure?! SÉRIEUSEMENT?! Il ose prétendre que je n'ai pas de manière alors que c'est LUI qui s'invite chez moi et me gâche mon existence?! Je n'y crois pas. C'est une foutue blague. Il se prend pour qui? Dieu, le plus grand et le plus beau de tout l'univers?! Je le regarde avec haine avant de tourner les talons. Oui. J'ai mieux à faire que de me faire critiquer par un ''inconnu'' qui vient gâcher ma vie que quand bon lui semble. L'enfer, c'est ici, sur Terre, avec tous ces crétins qui vont et viennent me gâcher l'existence

-Je connais beaucoup trop de démons qui font mumuse avec moi pour en vouloir un 3e dans le portrait. Et je te signal que tu viens chez moi sans y être invité. Je ne vois pas pourquoi je serais polie avec un être dans ton genre. Même les SDF sont plus respectueux que toi! Tu sais pourquoi, monsieur Je-suis-tellement-badass? PARCE QU'IL ENTRE PAS DANS LA MAISON DES AUTRES COMME SI C'ÉTAIT UN MOULIN! Alors tu vas descendre de tes grands chevaux. Tu es un étranger pour moi. Même si tu prétends être mon père, je connais rien de ta vie et je ne sais pas si j'ai envie d'en savoir. Il va falloir que tu apprennes une ou deux choses. Je ne suis pas ton jouet que tu peux venir voir quand tu t'ennuie. Et j'en ai rien à foutre des démons. Ils sont nuisibles et chiant.

Je ne peux m'empêcher de repenser à Edriss et ce qui lui ai arrivé pour avoir tenu tête à Lucifer. Si ce n'était que de moi, j'irais casser la gueule de ce crétin. Mais je suis loin d'être assez fort pour affronter Lucifer et je ne suis pas encore suicidaire.

Ma promesse? Ahaha! Il veut rire ou quoi? C'était loin d'être une promesse, c'était une obligation si je voulais avoir un minimum d'information! C'était un prix à payer, pas une promesse. Et puis, j'ai jamais rien foutu contre lui. Je vois pas pourquoi cette ''promesse'' serait brisée. Je gronde de rage et le laisse partir. J'ai plus rien à foutre avec lui. Il pense pouvoir tout décider à ma place, mais non. Je reste dans mon fauteuil, fixant devant moi avec cette rage sourde me brûlant l'estomac. Il n'aurait jamais dû rentré dans ma vie si c'était pour ça. Je le hais... Venir pour en ressortir aussitôt. Comme tout le monde. Ma rage se transforme en tristesse alors que je fixe devant moi et ramène mes jambes contre ma poitrine. Je regarde la pièce, vide et immense. Si seul... tellement seul. Toujours seul. Toujours abandonné. Toujours laissé derrière sans un dernier mot. Je ferme les yeux et me tiens l'estomac. Moi qui croyais que ma douleur était seulement émotionnel, on dirait pas. J'ai réellement l'impression que mon estomac brûle. Comme si de l'acide avait été versée. Ou plutôt... comme si on me poignardait avec des aiguilles. Minuscule, mais précise et douloureuse. Je m'agite un peu sous la douleur et gémis. Mais merde. Qu'est-ce qui m'arrive?! ...Le ''nouveau'' au bureau. Oh oui, je sais très bien ce qu'il m'arrive. Je gronde de rage et donne un violent coup de pied dans la table la plus proche. Oh, génial! Je pensais que les démons étaient... je sais pas, fervent du libre arbitre et toute cette merde et c'est pourquoi ils étaient démons! On dirait bien que je me suis trompé. Ils sont encore pire que les nonnes. J'hurle à mon majordome de ramener le cul de mon ''père'' avant de gronder. N'ais-je donc aucun choix dans ma vie? Je suis donc condamné à être le chien de l'un et de l'autre? Mr Parker, Mr Smith, la pseudo-boss, mon ''père''... tout le monde que je croise. Et moi qui espérait me rendre fort. Comment Edriss peut me considérer comme un allié alors que j'arrive même pas à contrôler ma propre vie. Je suis qu'un outil pour tous ceux qui me croise. Rien de plus. Un stupide chien! J'entends des pas dans le couloir et, peu à peu, ma douleur s'atténue. Il faudra que je m'occupe de ce que m'a donne le ''nouveau'' le plus rapidement possible...

-Vous me faites tous chier. Tous! J'ai rien demandé, moi. J'en ai marre d'être votre objet. Marre!

Je reste immobile dans mon fauteuil, essayant toujours de me ressaisir après cet épisode de douleur intense. C'est horrible de ne pouvoir être maître de rien, même pas ses propres choix. Je fixais mon soi-disant père avec ses belles paroles. Comment savoir s'il disait vrai? On m'a toujours menti, toujours mis de côté, toujours traité comme un moins que rien. Comment puis-je le croire maintenant? Lui qui est resté bien loin caché alors que j'aurais eu besoin de lui. Lui qui m'oblige un pacte idiot pour seulement avoir la chance de le connaître! Pourquoi je devrais le croire maintenant? Je restais en boule un long moment, tremblant comme un chien effrayé. J'avais juste envie de retourner dans mon lit et ne plus jamais en sortir. J'ai envie de me cacher et attendre que la vie passe pour être plus jamais déranger... déçu. Peu à peu, je me calme, je reprends le dessus. Je souffle doucement et cligne des yeux, essayant d'y voir plus clair. Je relâche ma tension et me permets de détendre mes jambes qui étaient toujours serré contre ma poitrine. Je regarde mon père sans un mot avant de murmurer faiblement, comme si je craignais que quelqu'un nous entende.

-Tout le monde est contre moi. J'ai jamais réussi dans ma foutu vie. Rien! J'échoue à chaque fois. À chaque fois que je crois enfin avoir un instant de bonheur, de satisfaction, de victoire, on me l'arrache. On me le détruit et piétine. Pourquoi tu ne serais pas différent? Pourquoi je devrais avoir foi en toi alors... alors que je n'ai aucune preuve que tout ira bien cette fois? Alors que j'ai tellement de preuves que tout peut aller mal. Je ne peux pas être le vainqueur, juste une toute petite fois? C'est tout ce que je veux! Juste... une fois...

Je ne sais pas quoi penser de lui, de ce père qui n’était jamais là quand j’avais le plus besoin de lui et qui maintenant semble vouloir me gâcher la vie à chaque instant. Mais, à cet instant, il semble réellement vouloir m’aider, se soucier de moi. Dois-je lui faire confiance? Comment peux-je être sûr de ses intentions? Ils sont tous pareils. Ils veulent tous faire de moi leur chien! Pourquoi… pourquoi lui ça serait différent? Pourquoi je devrais faire confiance à lui? Parier sur lui? Qu’est-ce qui me dit qu’il est vraiment un bon pari? Je ne veux plus perdre. J’en ai marre de perdre… Je veux seulement… la paix. Bientôt, ma souffrance n’est qu’un souvenir et je me sens de mieux en mieux. J’ai toujours l’impression d’être qu’un ramassis d’échecs, mais je ne pense pas que ça va pouvoir partir de sitôt. Je n’ose pas le regarde alors que je lui parle, toujours de cette voix basse, incertaine… effrayée… épuisée.

-Avec toi, trois. En tout cas, que je suis certain qu’ils sont démons. Et ils travaillent tous les deux avec moi… C’est une vraie blague… Il y a cette… pseudo-boss qui voulait me traiter comme un chien et me forcer à aller sur le terrain et l’autre… le nouveau… qui se pense tout permis et si cool et puissant! Je les déteste… je les voudrais mort, mais… je sais même pas si c’est possible de tuer un démon…

Je ferme les yeux, comme si le simple fait de parler était épuisant. Je reste un moment immobile et silencieux, profitant seulement des caresses de mon père avant de rouvrir lentement les yeux et fixer le mur devant moi.

-Ne me fais pas rire, tu veux? Mes cartes… ne valent rien si je ne joue qu’avec des tricheurs. Je pourrais avoir tous les jokers du monde que ça ne suffirait pas. Dis moi plutôt ce que tu as à me proposer…? Au lieu de… me faire des métaphores idiotes.

Il suffit qu’il m’amène? Je n’aimais pas vraiment cette idée. L’idée que… seulement un démon pouvait nous y amener. Ça voulait aussi dire que seul un démon pouvait m’en sortir. Et ça, ça ne me plaisait réellement pas. Savoir que je dépendais de lui pour sortir de l’enfer. Et pourtant, je ne sais pas pourquoi, je pose ma main dans la sienne. Voilà que je me condamne moi-même. Je ferme les yeux en soupirant alors que je nous sens bouger sans réellement bouger. Quand je rouvre les yeux, je me trouve dans le plus cliché des endroits. Un fleuve d’âme, une barque… J’ai l’impression que c’est une sorte de mauvaise blague. Vraiment. Je tourne la tête vers mon père alors qu’il parle de Poudlard. J’hausse un sourcil un bref instant. Il est sérieux de dire ça? J’ai décidément un drôle de père. Je secoue un peu la tête et continue de regarder autour de moi, essayant de noter tout ce qui m’entoure. Ce monde nouveau, ce monde si… étrange. J’essaie de tout me souvenir, de tout enregistrer. La terre sous mes pieds, l’air, l’environnement et même cet étrange fleuve. Je m’en approche lentement, intrigué. Je m’accroupie et tends lentement la main vers ce qui devrait être l’eau avant de la retirer rapidement quand des bras translucide se tendent avidement vers moi. Je gronde et me redresse rapidement avant de m’approcher de la barque. Je fronce les sourcils à sa nouvelle question et reste un moment incertain. Ce que je veux voir? Je sais même pas ce qu’il y a en enfer à part ce cliché de fleuve! Je finis par seulement hausser les épaules, montant lentement dans la barque.

-Je ne sais pas ce qu’il y a ici, comment puis-je dire ce que j’aimerais voir? Je… je te fais confiance. Je suis certain que tu vas pouvoir m’amener à des endroits intéressants. Après tout… c’est toi le spécialiste ici.

Je soupire un peu et lève les yeux vers mon père.

-Et tu n’arrêtes pas de dire que je dois te fais confiance… Aussi bien commencer maintenant, non?

Je regarde mon père alors qu'il me parle. Il parle beaucoup... Il semble vraiment vouloir que je participe, que je m'ouvre à lui. Mais je ne sais pas si je peux lui faire confiance. C'est un démon. Les démons que j'ai rencontré jusqu'à maintenant me donne pas très envie de m'étendre sur ma vie. De plus, ce père est encore étranger pour moi. Me confier aussi facilement pourrait être une très mauvaise idée... Surtout que je suis en enfer, son terrain de jeu. Je pourrais facilement en payer les frais. Je pèse sans arrêt le pour et le contre avant de finalement soupirer longuement, me sentant vaincu, avant de parler. Je fais attention à mes mots, mes paroles. Je n'ai pas envie de tout lui balancer et ne plus avoir aucun secret par la suite.

-Non merci pour les personnalités. Je ne suis pas du genre... grand fan de quoique ce soit. Mais s'il y a des chambres de tortures, je pourrais y apprendre deux ou trois trucs...

Je détourne la tête, fixant l'étrange eau fait de damnée avant de continuer de parler. Je n'aime pas ça. Je me sens mis à nu et c'est très désagréable comme sentiment.

-Tu sembles en connaître sur mon travail, je vois pas trop ce que je pourrais t'apprendre de plus. Je torture pour obtenir des informations, briser des gens, etc. Rien de bien exotique. C'est plutôt bien comme travail. Tranquille et bien payé. Sauf quand des stupides démons décident de me gâcher la journée, mais sinon, ça peut aller. Je ne pense pas avoir... d'envie particulière. Juste avoir une vie digne de ce nom. N'est-ce pas ce que tout le monde aspire? Et je ne vois pas de quoi tu parles avec ton fils de.

Je finis ma contemplation de l'eau en retournant mon regard sur mon père, complètement fermé. Pire qu'une huître. Je n'ai pas envie de parler d'Edriss. Pas à lui. Pas en sachant ce que le père de mon... allié lui fait toujours subir. Peut-être que Léviathan est comme ça? Peut-être même qu'il est pire. Je ne peux me permettre aucun risque. On semble enfin accoster et je débarque rapidement du navire. Je regarde autour de moi, intrigué par l'endroit où on est, avant d'entendre mon paternel parler de nouveau.

-De la chasse d'humain, hein? Et tu y participe, toi? À ce genre de jeu?