Théophile était assez amusé par l’enfant face à lui. Il devait réellement avouer, que les enfants étaient une constante source de fraicheur et de rire. Surtout Derek, en tout cas. Théophile se remémorait un peu les moments où il faisait quelques quatre cents coups avec Terry.
Mais cette époque était révolue, et en prime, dans l’histoire, c’était Théo, le petit frère. Pas ici.

- Ca ne me dérange pas, d’avoir une glue collé à moi tout un après midi

Plaisanterie lancé gentiment, il ne pensait clairement pas à mal. Théophile avait l’habitude d’être abordé par des oiseaux randoms, et de passer ses journées avec eux. Donc pourquoi ne pas passer son après-midi avec un enfant ?

Ok, les humains et les oiseaux n’étaient pas tout à fait pareil, mais tout de même.
Il proposa donc ses idées, et Derek fut bien évidemment très intéressé par le vol. Parfait. Théophile aimait partager cette passion. Surtout si cela pouvait énerver un peu son collègue de l’underground et professeur attitré. Tomi.

- Oh tu sais, « monsieur Hicks » il s’inquiète peut-être beaucoup trop, mais ça lui fera les pieds, s’il nous voit voler.

Théophile avait presque l’impression d’avoir un bébé oiseau encore débutant à ses côtés, et à qui il devait apprendre à voler. L’image était purement adorable. Il songea à en parler à Antonella. Cela lui plairait peut-être.
Légèrement perdu dans ses pensées, il a un instant de pause avant de comprendre de qui parle son ami.

- Un gros ?.... Ah ! Lui ! Haha. Tu verras, un jour, tu seras tellement rapide qu’il saura même pas que c’est toi.

L’avantage du vent. Filer plus vite que l’air, ne jamais se faire attraper, ou bien simplement s’enfuir par la fenêtre et ne plus être attrapable.

- Bien ! Ready, kiddo ?

Théophile imagina qu’à force de porter pas mal de gens avec le vent, ces temps ci, porter un enfant serait un jeu d’enfant.
Se concentrant, il concentra de l’air. Pour être sûr d’avoir tout l’air nécessaire, il préféra être plus prudent et lança une incantation :

- Mon pouvoir vient du ciel et envahi l’espace

L’air se concentra autour d’eux, et Théophile sourit :

- Ca, tu peux pas le faire, mais c’est pas bien grave. C’est juste pour moi. Pour être sûr qu’ils ne nous arrivent rien. Ca serait dommage que le bébé oiseau rate son décollage et s’écrase par terre non ?  

Oh, pas que Théophile voulait l’effrayer, juste l’embêter un peu. Il commença donc à léviter dans les airs, porté par ceux-ci, laissant d’ailleurs l’air porter aussi Derek, doucement, d’abord, à quelques centimètres, puis à deux mètres. D’abord, commencer lentement, juste au cas où :

- Nous voici en l’air. Pas trop peur ? Je peux encore monter ? Après, on verra pour que tu le fasses toi.

En fait, finalement, Derek ne fut pas effrayé de pouvoir voler, au contraire, il parut si content, qu’il s’extasiait tout seul, faisant une remarque assez logique : il ne touchait plus le sol. Théophile eut un petit sourire amusé, trouvant l’enfant assez mignon.

Il maintenait bien le vent autour d’eux, pour les porter, et se concentrait à peine plus que d’habitude, quand il volait naturellement sans même réfléchir.
Amusé par la demande de Derek, il ne put s’empêcher d’y répondre, et bientôt, les deux élèves étaient assez hauts voir un bon bout de la ville. Au moins, l’enfant n’avait-il pas le vertige. Théophile fit attention à ne pas monter trop haut, dans le doute que la montée fut trop effrayante pour Derek, qui pour le moment, semblait plus extasié que terrorisé par la hauteur.
Ca faisait plaisir au sorcier qui avait envie de lui faire découvrir encore plus de choses.

- On est un peu comme des oiseaux, oui.

D’ailleurs, les oiseaux n’étaient pas ses amis pour rien. Il passait son temps avec eux, devenant presque comme eux. Presque. Parce que Théophile restait un être humain, quand même.

- Je ne pense pas qu’il soit si interdit que ça de partir de l’Institut. Surtout pour moi qui suis majeur. Mais je vais t’avouer un truc : depuis que je suis arrivé ici, j’ai passé mon temps à aller ailleurs.

Après tout, on ne pouvait pas garder le sorcier enfermé. Déjà parce qu’il était claustrophobe, et ensuite, parce qu’il aimait plus que tout rester dans les airs, et avoir le ciel presque à lui tout seul.

- Je peux encore monter plus haut. Un jour je suis monté aussi haut que les avions. Mais je n’ai pas pu rester très longtemps.

Bien évidemment, avec un pouvoir pareil, Théophile avait déjà testé toutes sortes de choses. Il se rappela qu’à cette hauteur, les gens pouvaient encore les voir, et dans le doute, il lança une autre incantation :

- Don’t let them mean, don’t let them see.

A nouveau, il avait chanté doucement.

- Avec ça, seuls les gens « comme nous » pourront nous voir. Il ne faut pas effrayer ceux qui ne savent rien. C’est peut-être pour ça que les petits moineaux comme toi doivent rester à l’Institut. Parce que tu n’es pas encore assez fort pour te cacher. Mais le jour où tu contrôleras un peu mieux ton pouvoir, et que tu pourras aller « vite sans que personne ne te voit » ça devrait aller.

Il eut un sourire.

- Si je te tiens dans les airs, tu veux essayer d’avancer tout seul dans les airs ? Je te garder en hauteur, mais tu dois tenter d’avancer en longueur. Comme si tu marchais, tu comprends ?

Théophile voulait voir ce dont était capable le petit, avant de le lâcher n’importe comment dans les airs.

Théophile se rendit tout de suite compte qu'en vérité, Derek n'était pas très content de cet aveu. En vrai, le sorcier ne le cachait pas vraiment. Et si Derek désirait s'envoler avec lui, pour sortir, il pourrait toujours l'emmener.
Théophile n'avait pas vraiment peur des conséquences.
Il eut grand sourire quand l'enfant parla de faire la course avec les avions. Théophile lui même y avait pensé mais vu le froid, il avait préfère redescendre.
Mais il n'allait pas briser ses rêves. L'enfant découvrait les difficultés à une telle hauteur, de lui même.

- Tu me raconteras comment c'était.

Théophile secoua la tête quand Derek lui demanda de pas le lacher :

- Je n'ai pas envie de ramener une crêpe de Derek à l'Institut.

Ça serait un peu dommage et il serait accusé de meurtre ce qui serait réellement dommage.
Il l'observa attentivement. Le petit oisillon ne perdit pas de temps à tester son pouvoir et à avancer dans les airs.
Il se débrouillait plutôt pour le moment. Bon il n'avait pas l'air de savoir tourner mais c'était mieux que rien.
Théophile le regarda avec un petit sourire, le suivant par la même occasion, sans difficulté aucune, allant même plus vite, habitué à jouer avec l'air.
Le sorcier eut un léger rire en le voyant battre des bras comme les ailes.
Et à sa demande, il le fit aller un peu plus haut. Il ne testait pas encore la verticalité du contrôle de l'air, voulant d'abord que Derek s'amuse en avançant horizontalement.

Il le laissa avancer, le guettant. Sentant l'air commencer à s'éloigner il eut un doute.
Et s'il le laissait continuer ? Peut être qu'il tiendrait dans l'air.
Restant à une distance tout de même raisonnable pour le rattraper si jamais, Théophile attendit. Avant de constater de lui même que le petit oisillon ne pourrait pas s'envoler aujourd'hui.
Comprenant ce fait par la simple pratique, il laissa cette pensée passer et fonça rapidement dans les airs pour envoyer une vague d'air aller cueillir Derek avant qu'il ne tombe trop.

S'avançant toujours aussi vite vers lui, il l'observa.

- Ça va aller ? On dirait que l'oiseau peut avancer mais pas vraiment voler.

Théophile ne voulait pas décevoir Derek. Après, il était sur que Derek y arriverait. Lui même ne se rappelait plus comment c'était arrivé, comme il n'avait que deux ans. Simplement qu'apparemment, il poursuivait plus ou moins un papillon quand ses parents l'avaient récupérés.

- Mais ça va venir. C'était bien quand même non ? Tu as senti comme l'air s'amusait tout autant que toi ?

Bon pour le coup, cette chose, Théophile était peut être le seul à voir ça comme ça. Il eut un sourire

- Tu pourras déjà faire la course avec des gens sans te fatiguer. Si tu apprends à tourner.

Que l'enfant ne puisse pas voler tout seul avait un côté assez triste. Théophile savait qu'il ne pourrait pas se contenter lui même de se déplacer aussi vite que le vent.
Il lui faudrait voler. Mais ça, il savait le faire depuis l'enfance.

Mais passons. Théophile regarda Derek tenter de tourner avec un léger sourire amusé au coin des lèvres. Cela se voyait combien l'enfant avait des difficultés, et son aîné ne tentait pas de l'aider. Il voulait voir jusqu'où il pouvait aller. Tout simplement.
Néanmoins, quand il le vit atterrir dans l'arbre, il s'assura d'avoir de l'air pour l'amortir s'il venait à tomber.

Théophile se rapprocha de l'arbre et observa l'enfant, voir s'il pouvait quand même lui venir en aide.
Il entendit son appel au secours et rentra dans l'arbre.
Il vit le petit dans une position de difficulté et se concentra pour laisser le vent soulever l'enfant.

- Approche toi de moi. Je te retiens avec le vent donc tu peux te tenir à n'importe quelle branche elle te soutiendra. Et si jamais tu tombes, y a de l'air un peu plus bas qui t'amortiras.

Il parlait très sérieusement, mais craignait que l'enfant eut même juste un peu peur et se devait bien de le rassurer pour s'assurer qu'il n'allait pas paniquer.

- Une fois que tu seras près de moi, laisse toi tomber.

L'air le rattraperait.
Théophile l'observa en sortant légèrement de l'arbre pour lui faire signe de venir. Il l'aidait mais pas complètement. Il aurait pu le soulever et l'emmener hors de l'arbre. Mais quitte à faire....

Bon. Finalement, l’atterrissage de l’enfant ne se passait pas très bien. Il voulu essayer de se débattre tout seul, et ne s’en sortit pas bien du tout : il chuta un peu plus qu’il ne l’aurait du. Même s’il fini par être réceptionné par l’air de Théo qui lui permit de ne pas atterrir trop brusquement au sol, le sorcier l’observa avec une légère inquiétude.
D’autant qu’il semblait que Derek avait rencontré, sur son chemin, un  autre petit garçon, qui n’avait rien demandé à personne. Théophile espérait au moins que l’autre enfant n’avait rien eut non plus. Sinon ça aurait été dommage, et Théophile s’en serait voulu, puisque c’est tout de même lui qui contrôlait un bout de l’atterrissage malgré tout.

Il entendit le surveillant arriver, et réprimander l’enfant, et le voyant galérer pour trouver des excuses, Théophile arriva rapidement au sol.
Il atterrit au moment où Derek s’excusait, et regarda le surveillant, qui sembla le voir d’un sale œil. Il fallait dire qu’au bout de presque une dizaine d’années à l’Institut, Théophile était bien connu pour les bêtises qu’il avait faites. Ainsi donc, il n’était guère surpris de la réaction du surveillant, et se contenta d’un air détaché pour réponse.
Le sorcier était spécialiste de l’air nonchalant, et qui se fichait de tout. Ca ne voulait pas dire qu’il se fichait réellement des choses. Simplement qu’il aimait prendre ce genre de posture, disons.

Il regarda le surveillant, et croisa les bras, avant de finir par enfin prendre la défense à Derek, sans même hésiter un seul instant.

- Ce n'est pas de la faute de Derek, d'avoir atterrit sur l'autre enfant. C'est à cause de moi.

Le surveillant semblait, à son regard, attendre des explications un peu plus amples, et qui pourrait lui permettre de déterminer si oui ou non il devait punir, et surtout qui, et Théophile poursuivit son discours.

- J'aidais Derek à apprendre à se servir de son pouvoir. Il a cru voir un chat dans l'arbre. J'ai tenté de l'aider à rester dans l'arbre, et le voyant tombé, j'ai essayé de le faire atterrir en douceur au sol.

Sa voix arborait un ton assez calme. Au fond, Théophile ne paniquait pas à l'idée de se taper une punition, parce qu'à force, il commençait à en avoir l'habitude. Entre ça et "montre un peu l'exemple" ou "tu es trop âgé pour ce genre de conneries", plus rien ne l'atteignait réellement.
Il tourna son regard vers l'enfant, inclus dans l'accident, le regardant avec une forme de bienveillance dans les yeux :

- J'espère que tu ne t'es pas fait mal gamin ?
- Avec vos bêtises, il aurait pu !
- Oui, ce pourquoi je veux m'excuser. J'ai compris. C'est bon.

Cette fois, son ton fut un peu plus agacé. Mais de fait, il s'excusa à l'enfant et se tourna vers Derek :

- Derek n'y est donc pour rien, et moi non plus, c'est une suite d'évènements malencontreux.

L'autre enfant ne semblait pas leur en tenir rigueur de toute façon.

- Donc on peut y aller ? demanda Théophile, les yeux rivés sur le surveillant, qui, finissant par rouler les yeux, les laissa partir.

Théophile se tourna vers Derek :

- On y va ? Tu veux faire d'autres choses ?

Attrapant l'enfant par l'épaule, un sourire amusé, caché des yeux du surveillant, éclairait tout son visage.

Théophile se laissa sourire, quand l'enfant paru ébahi par ce que Théophile avait bien pu dire au surveillant. Il le trouvait vraiment "mignon". D'une façon ou d'une autre. Théophile ne regrettait pas de connaître l'enfant. Cela lui apportait un peu de fraicheur, dans sa vie. D'autant qu'en ce moment, ça n'allait pas forcément totalement bien, alors c'était une bonne chose de passer du temps avec Derek. Il avait encore envie de lui caresser les cheveux pour lui exprimer son affection. Mais il ne savait pas si Derek apprécierait d'avoir sans cesse la tête secouée par des frottements. Alors il se retint, et il se contenta de le regarder avec ce sourire qui ne voulait pas le quitter.
Quand il lui demanda ce qu'il voulait faire, Derek paru vouloir encore sortir de l'Institut. En un sens, Théophile le comprenait. Il avait passé souvent son temps dehors. Et il le passait encore dehors, en fait...Maintenant qu'il y réfléchissait.
Il souriait encore.
Ca risquait de demander à Théophile un tout petit peu d'énergie de s'envoler plus haut que jamais, mais il faisait confiance au vent, et il avait envie que Derek passe une bonne journée.

- Va pour ça.

Se mettant en position, il attendit que l'enfant grimpe sur ses épaules, pour le soulever. C'était un peu lourd, et ça pouvait s'avérer dangereux s'il le lâchait, mais Théophile comptait bien faire attention à ce qu'il faisait. Se concentrant, il se laissa aller dans le vent, volant soudainement dans les airs. Mais il allait avoir besoin de plus de force pour aller plus haut.
Il se remit à chanter.

- Fly away on my Zephyr, I feel it more than ever, and in this perfect weather, we'll find a place together, fly on my wing.

Il avait improvisé pour le coup. Pas les paroles, parce que celles-ci venaient d'une chanson. Mais pour le reste. Mais cela sembla efficace, puisque le vent les souleva brusquement, les poussant en hauteur avec une force vertigineuse. Il retint bien Derek, et espéra qu'il n'aurait pas peur. Une fois dans les airs, ils étaient si haut, qu'ils pouvaient voir la ville du dessus. Il faisait froid, aussi. Ils étaient à la limite de ce qu'ils pouvaient respirer, mais Théophile tenait bon. Il laissa un bout d'air les entourer pour les aider à respirer. Pour provoquer un peu moins de pression que là où ils se trouvaient.

- Ca te plait ?

Il eut un sourire, et avança légèrement, dépassant alors l'école :

- Oh-o, je crois qu'on est sorti de l'école.

Il avait dit cela avec un sarcasme. Défier les règles était son petit plaisir.