Dans la vie, il y a un moment pour tout. Que ce soit simplement pour enfin changer de style vestimentaire à… Eh bien, changer un peu ses fréquentations habituelles et fréquenter des lieux encore peu connus ! Quelques semaines auparavant, si vous aviez annoncé à Lilou qu’elle ne fréquenterait plus l’underground les soirs où elle s’en allait faire la fête, vous auriez sûrement été reçu avec un rire étrange et un verre d’eau en pleine tronche afin de vous ouvrir les yeux. Peu de bars arrivent à la cheville de ce bâtiment mythique.
Et pourtant… Un soir, alors que la miss flânait une nouvelle fois au hasard dans la ville, Lilou avait découvert un nouveau bar : « L’antre de l'ours ». La porte de cet étrange bâtiment avait alors été franchie. Et le coup de foudre pour cet endroit avait eu lieu… Ou bien le serveur sexy avait contribué à rendre ce lieu plus charmant ? Allez savoir. A présent, ce serveur sexy était catégorisé dans sa liste d’amis. Il a même un nom : Sven. Ouais, ce n’est pas très original, mais ses parents devaient peut-être avoir bu lorsqu’ils lui avaient choisis ce nom… Ou ils venaient de regarder la reine des neiges…
Quoiqu’il en soit, cette soirée allait être dédiée à poser pleins de questions à son nouvel ami. Et si on ne pimentait pas les choses, cela ne serait pas drôle du tout. C’est donc un grand sourire sur les lèvres que la mutante prit place au bar – place juste en face de celle où se trouvait Sven – et lui déclara sans prévenir :
- Coucou toi ! Alors alors aujourd’hui, c’est la fête ! Euh, me demande pas pour quelle occasion, je n’en sais rien. Décrétons qu’on célèbre notre première semaine d’amitié ! J’trouve ça bien. Hum, oui, optons pour cette excuse bidon !
Son petit monologue finit, Lilou se fit plus sérieuse, et reprit en tendant un doigt vers les différentes boissons alcoolisées qui étaient exposées.
- Il parait que je parle toujours trop, et que je ne laisse pas beaucoup les autres s’exprimer… Soit, afin de régler ce problème, et vu qu’on fête notre première semaine d’amitié, aujourd’hui tu nous serviras tour à tour une boisson de ton choix. Je t’autorise à boire des softs. Je ne voudrais pas que tu meurs de honte en voyant que je tiens mieux l’alcool que toi.
Bon, la vraie raison était parce qu’il servait au bar, et que cela la dérangeait de le forcer à boire alors qu’il travaillait.
- Mais personnellement, je bois alcoolisé ce soir, hein ! La règle sera la suivante : une question égale à une réponse… Et à faire un à-fond ou au moins boire la moitié de ton verre. Bon, on peut peut-être élargir à deux-trois questions si ces dernières sont pas intéressantes. Et chacun à son tour, sinon je monopoliserais vite la parole et je serais par terre afin que tu aies pu dire ouf… Des questions ? Objections ? T’as peut-être quelqu’un à séduire ce soir, dans ce cas-là, je me ferai petite et j’irai boire toute seule !
Je regardai mon œuvre avec une pointe d’admiration dans les yeux, j’avais mis du cœur à l’ouvrage pour pouvoir rendre ce bar chaleureux tout en gardant son côté rustique. Nounours avait directement pris sa place sous le comptoir mais en sortant pour saluer toutes les personnes qui poussaient la porte de mon établissement. Mais sinon, il passait son temps à ronfler comme un bien heureux. Les clients pensaient d’abord à la saluer lui plutôt que moi, où que j’aille il me volera toujours la vedette décidément. Cela faisait en gros un mois que j’avais démangé et deux semaines que le bar était ouvert. Je ne roulais pas pour l’instant sur l’or mais ce que je faisais me plaisait. J’adorais surtout faire le psychologue avec les clients. J’aimais apprendre les ragots de cette ville que je n’avais pas encore eu le courage de visiter. Je le ferai de toute façon quand je promènerai Nounours.
Ce qui était aussi très amusant pour âme de fraiche expatrié, c’est les nouvelles têtes que je rencontrais. Cela me rendait bizarrement heureux. Cela troublait presque mon mal être d’être loin de mes proches et de là où ma femme se trouvait. Je pouvais clairement pas dire que j’étais parfaitement remis de cette aventure et prendre le large m’avait sûrement fait un bien fou. Je vis nounours lever une oreille, signe qu’il y avait quelqu’un derrière la porte. Une jolie brunette fit son entrée, les rares clients ne purent s’empêcher de la regarder. Je fis le pari mentalement dans ma tête pour savoir quel client avait la chance d’avoir un rendez-vous avec elle ou alors elle avait entendu parler de nounours. D’ailleurs, celui-ci n’avait pas bougé avant de s’étirer lentement et d’aller se poser aux pieds de l’inconnue qui se trouvait à présent en face de moi. Je lançai un sourire triomphant à Nounours, lui montrant que pour une fois, ce n’était pas lui la star !
Je la saluai et me préparai à prendre sa commande quand un flot de paroles continu sortit de sa bouche. Je pris un air surpris, je n’étais pas spécialement habitué à ce genre de caractère. Je ne notai même pas la familiarité avec laquelle elle s’adressait à moi, après tout, nous devions avoir le même âge en gros. Je croisai les bras sur mon torse en l’écoutant, un sourire présent sur mes lèvres. Je n’avais pas envie de l’interrompre dans ses élucubrations. Cela me rappelait étrangement un autre jeune homme qui lui s’était présent la semaine dernière. Je fis signe que j’avais bien compris sa demande. Je me retournai pour me saisir de la bouteille de Tequila dans le but de lui faire un tequila sunrise à la jeune fille. Je me permis de lui dire avec un sourire au coin des lèvres.
« Vous êtes tous comme ça dans cette ville à parler tout le temps ? Je dois te prévenir que le dernier qui m’a parlé comme tu le fais a fini dans mon lit. »
Je lui glissai son verre devant ses mains en gardant un sourire malicieux. Je me servis un verre de jus d’orange avant d’accouder au comptoir. Je pris quand même le temp de vérifier que les quelques clients n’avaient pas besoin d’autres choses.
« Honneur au dame, je m’en voudrais de te poser une question en premier et tu as l’air d’avoir plus d’imagination que moi pour le coup. Ou alors on t’a parlé de moi ? »
C’était très prétentieux, mon sourire s’élargit alors que je rapprochais mon visage du sien en la regardant droit dans les yeux. Je me permis de faire pencher légèrement ma tête sur le côté dans une vaine tentative d’être charmeur puis je lâchai un rire franc en me relevant.
« Je rigole, je sais que tout le monde vient pour Nounours. »
Je pointai la boule de poils qui paraissait contrarié que la brune l’ignore alors qu’il remuait de la queue à ses pieds depuis 3 minutes. Il tourna même la tête, boudeur à l’évocation de son nom. Non mais quel comédien celui-là !