Novembre 2020. Vous étiez peut être chez vous, installés devant la télévision, anxieux à l'idée de ce qui allait suivre ou ignorant encore tout du rôle que vous auriez à jouer dans cette histoire. Vous étiez peut être sur place, mêlés à une foule hystérique, vindicative et colérique, inquiets à l'idée qu'on vous remarque ou persuadés que les mutants étaient l'engeance du Diable, sans savoir que vous aussi, vous étiez l'un d'entre eux. Vous étiez peut-être au supermarché, face à ces gigantesques écrans qui diffusent continuellement des informations, ou bien dans un bar, occupés à siroter un verre ou boire un café. En voyant défiler les images, on a monté le son, la foule s'est accumulée tout autour de vous et des avis contraires ont fusé. Vous avez écouté Tamora Kant exprimer sa déception, apporter son soutien à ceux que cette élection allait brimer, discriminer. Vous avez peut être protesté, ou vous êtes sentis touchés par le désarroi de cette femme qui n'était pourtant pas l'une d'entre vous. Mais que vous ayez exprimé ou non votre avis, l'image a changé. Sur l'écran sali par les traces de doigts des enfants ou celles des adultes, le visage d'un jeune homme blond, le regard perçant et déterminé a rempli tout l'espace. Lorsqu'il a ouvert la bouche, tout le monde s'est tu, dans cet espèce de silence religieux qui précède toujours les allocutions des personnes charismatiques. Alors, les mots ont coulé. Et peu importe votre camp, vos convictions ou vos rêves, ceux-ci ont bouleversé votre destin à tout jamais.

« Mes chers compatriotes, je vous remercie. Je vous remercie de m'accorder votre confiance et de me permettre, aujourd'hui, de me retrouver ici, face à vous, VOUS qui m'avez élu, vous qui croyez en moi, en cette sécurité que je vous promets ! Car j'entends vos peurs, je les partage, j'entends vos craintes lorsque vos femmes marchent seules, le soir, pour rentrer chez elles, j'entends votre terreur lorsque vous vous dites que vous ne pourrez peut-être plus protéger votre famille, je vous comprends, parce que MOI AUSSI, j'ai ces craintes et JE vous considère légitimes ! Les mutants sont une menace à laquelle nous devrons faire face ensemble. Nous allons travailler main dans la main afin que vous ne soyez plus ceux qui craignent de sortir de chez eux. Nous n'avons pas à avoir peur, nous n'avons pas à nous sentir diminués face à ceux qui se découvrent des habilités inhumaines ! Il est inadmissible que NOUS soyons dans l'angoisse. La peur ne se trouve pas du bon côté et je la ferai disparaître ! Mes chers compatriotes, je vous ai compris. »

Septembre 2021. Il n'aura pas fallu longtemps à la peur pour changer de camp et sur ce point, Matthew D. Kennedy n'avait pas menti. Que vous soyez confrontés à la mutation depuis des années ou depuis hier, cela fait désormais bien des mois que les faits divers se multiplient, relatant des attaques haineuses, presque raciales selon certains spécialistes, à l'encontre des mutants. Ce ne sont que des cas isolés, ce sont des histoires dont personne n'est sûr, perdues dans les localités, jamais relayées par le gouvernement, parfois même condamnées, mais les murmures résonnent et vous ne sauriez les ignorer. Certains ont peur, certains racontent, certains ont vu, certains relatent que le président nourrit de biens sombres desseins, teintés par la couleur du sang et marqués par la douleur. Dans les allées les plus obscures de New York, le bruit court, se répand, glisse entre les lampadaires et dérive entre les caniveaux. Matthew D. Kennedy prévoirait un génocide, Matthew D. Kennedy voudrait supprimer tous les mutants. Dans une ambiance où la mort susurre à votre oreille de doux mots d'amour, où la tension grimpe sans jamais retomber, où les rumeurs vont bon train et où les persécutions s'accélèrent, l'institut Xavier a rouvert ses portes et vous invite à trouver la sécurité et l'acceptation. Car vous êtes ici chez vous, entourés des vôtres et certains d'être à votre place, loin des tourments de ce monde qui vous rejette. Bienvenue à l'institut Xavier, là où tout est possible et où vous pourrez espérer retrouver la tranquillité qui vous a tant manqué. Au moins pour un temps.
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