Depuis le temps, ce parc avait pour habitude d'être piétiné par Luciana. Que ce soit lors de ses footings, de ses séances de flemmardise intense, ou durant ces quelques jours de dog-sitting qu'elle s'était coltinée lors des premiers mois dans son appartement où elle prenant le fait de payer à temps son loyer très au sérieux. Rien n'avait changé depuis, ni son sport habituel, ni ses promenades, juste la répartition de son temps qu'elle ne passait plus à bosser mais à ne rien faire. C'était déjà pas mal. Le propriétaire était très remonté contre sa négligence, son manque ponctualité dans les paiements, mais il lui semblait que le vieil homme adoptait une certaine lassitude à se battre contre une jeune femme sans emploi. Pour ne cependant pas risquer de ranimer la flamme de sa colère, Luciana s'absentait les journées, fuyant son logement jusqu'à ce qu'elle puisse enfin passer d'une main à l'autre l'argent demandé. Elle possédait beaucoup de bonne volonté, c'était certain. Mais sa motivation avait des limites, et son enquête interminable sur le monde surnaturel l'appelait le rejoindre. C'est pourquoi il n'était pas surprenant qu'en deux CV à distribuer par-ci et par-là, le parc reçoive une visite de sa part. Elle se couchait dans l'herbe, grimpait aux arbres, ou bien se nichait entre deux buissons pour être tranquille. D'ailleurs, c'est cette-dernière possibilité qu'elle avait entrepris aujourd'hui.
Entre deux feuillages, Luci s'était faufilée, se retrouvant derrière eux dans un petit coin entouré par une muraille de plantes et d'arbustes. Ses barrières contre autrui n'étaient guère sans faille, en effet, des trous le parsemaient, causés par l'écart entre deux feuilles. Ainsi, elle pouvait surveiller le "monde extérieur" sans trop risquée de se faire repérer étant donné que personne n'irait soupçonner une présence. Quoique, si l'idée de passer cette frontière verte lui était venue à l'esprit, pourquoi pas à quelqu'un d'autre ?
Sortant son épais livre contenant chaque suppositions, indices, que la demoiselle avait put faire sur le monde surnaturel qui l’intéressait tant, elle feuilletait ses pages encore et encore, avant de le refermer quelques minutes plus tard, blasée par ce manque de preuve. Qui allait la prendre au sérieux avec un si maigre contenu ? Comment pousser les gens à croire que la magie pouvait exister ? C'était d'une telle évidence pour elle. Luciana n'avait pas eu besoin de preuve pour être persuadée que cela était présent, quelque part en ce monde, la réponse lui était apparue depuis sa tendre enfance et jamais ne l'avait quitté. Ce fait ne s'expliquait pas, elle le savait, c'était tout.