Entre son boulot de femme de ménage au sein de l'institut Parker, son travail d'étudiante dans le même établissement, ses révisions ainsi que ses devoirs supplémentaires, Lydia n'avait pas consacré beaucoup de temps à autre chose. Elle ne s'était jamais demandée ce qu'elle pourrait faire si elle venait à avoir un moment de calme dans son emploi du temps. Aussi, lorsqu'aujourd'hui, dans son dortoir, elle s'était retrouvée couchée sur le dos à regarder longuement son plafond sans une seule occupation, elle sentit tout l'ennui monter en elle. N'aimant pas ne rien faire de productif, elle s'était levée pour apprendre de nouveaux sorts, mais rien dans sa chambre n'apparaissait comme innovant. Après s'être lavée, et habillée, la jeune fille prit alors l'initiative de s'engouffrer dans les allées de la bibliothèque pour y trouver quelques bouquins sur la sorcellerie qu'elle n'avait pas encore parcouru des yeux. Dans son sac à bandoulière, elle rentra son grimoire, quelques ingrédients indispensable au cas où il y aurait quelque chose à essayer, et ne retira pas les potions qu'elle avait préparé la veille. On ne sait jamais, peut-être aurait-elle envie de les tester. Elles se reposaient en attendant leur heure, si la plupart devait se boire, celles-ci, à l'inverse, devait se jeter par terre pour s'actionner.
Marchant jusqu'à cette salle remplie de livre, la jeune fille se retrouva malheureusement confrontée à une porte close. Mince, le lieu n'était pas ouvert.
Bredouille, et ne sachant que faire, elle sortie du bâtiment. Puisque le temps semblait favorable à une petite balade, elle se laissa le droit d'aller visiter cette ville, dont elle n'avait pas encore prêté beaucoup d'attention. A vrai dire, en dehors de l'institut, elle ne connaissait pas grand chose des alentours. Après avoir pris quelques transports, Lydia se retrouva au port de Jacksonville. S'y baladant sans pour autant chasser de sa pensée le moindre cours qu'elle se repassait en boucle, elle remarqua au loin une silhouette qui lui était familière. Layla !
Le sourire aux lèvres elle pressa le pas vers elle. Cela faisait un moment qu'elle ne l'avait pas vu, d'ailleurs plus le temps passait, plus leur rencontre se faisait irrégulière. C'était dommage, elle avait apprécié chaque moment passé à ses côtés, et ne souhaitait vraiment pas que leur amitié ne se perde à cause de trop peu de nouvelles. Ni l'une, ni l'autre ne s'en donnait. Avant cela était inutile, elles se croisaient dans l'institut, se disaient bonjour, papotaient, mais depuis quelques temps, ce n'était plus ainsi.
Arrivée à proximité de son amie, la sorcière lui adressa un signe de la main, accompagnée de son habituel sourire.

- Salut ! Comment tu vas ? Lâcha-t-elle tout simplement.

Elle se souvint, la dernière fois qu'elles s'étaient parlée, c'était chez la jolie blonde. Cette-dernière était dans un mauvais été, et n'arrivait plus à contrôler sa magie. Après avoir discuté quelques heures, Layla avait fini par se montrer plus décontractée, et la demoiselle s'en était allée la conscience presque sereine. Laissant derrière elle sa camarade et quelques sachets de bonbons qu'elle lui avait abandonné. C'était toujours bien, les gourmandises, lorsqu'on avait pas le moral. Elle n'avait pas eu d'autre choix que de s'en aller, mais si son emploi lui en avait donné la possibilité, elle serait bien restée plus longtemps.  

Layla avait mis un peu de temps à percuter sa présence, d'ailleurs, elle semblait vraiment très pensive. Néanmoins, à vu d’œil, on aurait également dit qu'elle s'était remise de sa petite déprime passagère, tant mieux ! Elle donnait l'impression d'être remise sur pieds, confiante, vivante. Avait-elle enfin appris à contrôler son pouvoir ? Lydia n'allait pas remettre le sujet sur le tapis, si son amie souhaitait en parler, elle saurait amener la discussion d'elle-même. Mais cela lui faisait réellement plaisir de la voir se balader ainsi, ça changeait de la jolie blonde qui restait enfermée chez elle par peur de blesser. L'idée que la sorcière aille mieux, ne fit que grandir un peu plus le sourire sur le visage de la demoiselle. Elle ne pouvait espérer mieux comme retrouvaille ! Certes, de nature envieuse, elle était aussi de celles qui se réjouissaient du bonheur des autres.
Néanmoins la joie sur son visage s'estompa rapidement lorsqu'elle eut une réponse. Sur le coup, elle fut surprise par cette réaction qu'elle comprenait de toute façon. En effet, Layla lui confia aller bien et ne put s'empêcher de lui lancer un pique sur le fait qu'elle était encore trop occupée par ses devoirs pour lui rendre visite. Du moins, c'était ainsi qu'elle l'avait interprété son reproche. Gênée, l'étudiante passa sa main dans ses cheveux noires avant de baisser la tête. Elle ne lui en voulait pas de penser ainsi, c'est vrai qu'elle n'était pas du genre à assurer lorsqu'il s'agissait d'amitié. Il lui fallait revoir ses priorités. Mais, elle se souvenait également avoir déjà eu ce genre de conversation avec son amie, lorsque celle-ci voulait partir de l'institut malgré le couvre-feu. Par la suite, il lui semblait pourtant qu'elle avait compris que chacun avait ses passes-temps, ses passions.
Mais, étant donné qu'elle venait de traverser une mauvaise passe, elle ne pouvait lui en vouloir de penser ainsi.

- Non, j'ai aussi un emploi tu sais... Elle soupira, mal à l'aise. Je suis désolée.

Elle ne sut quoi dire d'autre, après tout elle se sentait fautive, et était intimement persuadée de l'être. Layla avait des raisons de lui en vouloir, mais la connaissant, elle comprendrait également la position de Lydia. Elle était ce genre de fille, compréhensive, ouverte aux personnes qui n'avaient pas la même façon de vivre et de voir le monde qu'elle. C'était l'une des choses qui lui plaisait le plus dans cette amitié, d'ailleurs.
Ne voulant jeter un froid sur la discussion, elle redressa la tête en reprenant un petit sourire.

- Mais, tu as l'air d'aller mieux, tu es sortie de chez toi. C'est une bonne chose, j'en suis contente ! Elle était également très rassurée. En effet si Layla avait commis une grosse bêtise car elle était très mal et que la jeune fille n'avait pas été là pour lui empêcher de faire une quelconque idiotie, elle s'en serait beaucoup voulu, et sûrement jamais ne se serait pardonnée une telle négligence envers elle. Ce serait un peu comme trahir une amitié, dans laquelle chacun doit être là pour l'autre. Si la jolie blonde essayait toujours de conseiller la sorcière, il était normal, par principe de réciprocité, de lui rendre cette attention.
 

Lydia avait toujours été une personne pleine d'humilité, jamais elle ne se sentait au-dessus de quelqu'un, au contraire, elle avait davantage tendance à nourrir un complexe d'infériorité, et à ne jamais être satisfaite de ce qu'elle donnait. Assez sensible à son entourage, elle se sentait souvent concernée par les problèmes d'autrui. Aussi, lorsque Layla était au plus mal, elle essayait d'avoir toujours une petite pensée pour elle. Néanmoins elle avait également un gros défaut : son obsession pour la puissance. Pour la savoir. Une quête permanente et insatiable de nouvelles connaissances. Malheureusement, entre cela et le fait de travailler en tant que femme de ménage pour pouvoir financer ses études, elle oubliait les autres. Elle demeurait un peu dans son monde, peu sociale. Et si parfois il lui revenait en tête l'envie de revoir son amie, celle-ci s'évaporait rapidement lorsqu'un autre devoir l'appelait. Elle se disait alors "demain, demain c'est certain je lui parle". Et chaque jour suivait cette routine. Par chance, elle n'avait jamais eu à confronter le courroux de son amie, qui elle-même ne lui parlait pas tous les jours. Mais aujourd'hui qu'elle allait mal, c'était effectivement plus juste que ce soit à Lydia de faire le premier pas. Elle l'avait d'ailleurs fait lorsqu'elle s'était rendue chez elle, et lui avait quelque peu remonté le moral. Néanmoins le train-train habituel avait repris aussitôt était-elle rentrée dans son dortoir, et bientôt elle montra un manque d'intérêt pour Layla. Ce n'était pas tant la réalité, il s'agissait davantage d'oublie, de manque de temps. Bien sûr, si la jolie blonde l'avait contactée en lui disant que ça n'allait vraiment pas, la sorcière aurait accouru.
La jeune femme semblait agacée, elle devait vraiment lui en vouloir... Mais ses mots étaient blessants et provocants. Au final, ce n'était plus du fait qu'elle ne l'avait pas vu qu'il était question, c'était une attaque directe sur son quotidien, ses passions, ses envies, ses centres d'intérêt.
Fronçant les sourcils, elle encaissait les reproches qui lui tombaient dessus. Elle avait réellement l'air hautain aujourd'hui...
Lors qu'elle eut enfin fini de l'assommer de critiques, Lydia reprit un air neutre et soupira pour se calmer.

- Ok, je n'ai pas été beaucoup présente, mais tu n'as pas le droit de juger mes activités et ce que je souhaite faire de ma vie. Je suis sincèrement désolée d'être occupée, mais je t'ai laissé faire lorsque toi, tu préférais louper les cours pour faire autre chose. Et tu sais quoi ? Je ne te juge pas pour ça, chacun est libre de vouloir forger son avenir comme il le souhaite. Soit un peu plus tolérante, et arrête ton sarcasme aussi futiles. Prononça-t-elle en gardant un air détendu.

Intérieurement, elle n'en revenait pas de ce comportement si enfantin. Elle acceptait que son amie lui en veuille, elle comprenait qu'elle ne soit pas de bonne humeur à cause d'elle, néanmoins ces agissements n'étaient pas digne d'une jeune femme. Elle avait l'impression de se retrouver quelques années plus tôt. Layla n'avait jamais été comme ça, au contraire, c'était le genre de personne mature, qui faisant en sorte de comprendre et de discuter en adulte.
Pour finir, Lydia recula d'un pas pour la laisser partir si elle le souhaitait, ne voulant pas rentrer dans une joute verbale totalement stérile, elle était d'accord pour écourter la conversation maintenant qu'elle avait eu le temps de rétorquer.

Bien vite, heureusement, Lydia comprit que son amie ne lâchait des paroles seulement dans le but de provoquer, et de blesser. Si elle avait pu être surprise par cela, elle garda néanmoins une distance vis à vis de ce que racontait Layla, et n'en fit pas une affaire personnelle. C'était ça la clef. Néanmoins, son complexe d'infériorité n'allait pas dans son sens, et ne l'aidait donc pas à se forger une barrière contre ces dires totalement faux, parasitaires. Sa raison, quant à elle, avait pris le dessus, non sans mal. Mais à présent qu'elle sut trier le vrai du faux, elle la regardait droit dans les yeux, sans montrer un millième de négativité. C'était après tout ce que la jolie blonde semblait chercher, des pleures, des sourcils froncés. La sorcière lui sortait de grandes théories, tout en souhaitant lui faire croire qu'il ne s'agissait que d'une vérité générale et qu'elle seule était dans le vrai. Ce qui sautait aux yeux, par contre, était que la jeune femme s'agaçait de minutes en minutes. Lorsque Lydia cru bon de partir, et avait donc entrepris une marche arrière, pensant que c'était ce que souhaitait Layla, d'une part, elle reçut de la glace autour des pieds pour l'encercler, d'autre part, elle ne se fit que provoquer de plus belle. Avait-elle mal interpréter les signes ? Si elle voulait réellement que "Miss Parfaite" s'en aille, ne lui aurait-elle pas laisser la voie libre ?
La demoiselle ne comprenait pas trop ses agissements, ils n'étaient pas logiques, pas rationnels. Mais cette magie retournée contre elle ne lui plaisait pas pour autant.
Donnant un grand coup de pied dans sa prison gelée, elle la brisa ainsi et se fraya un passage. La fixant toujours droit dans les yeux avec le plus grand calme, elle haussa les épaules.
Bien, il fallait garder toute sa sérénité. Ce n'était pas le moment de comprendre ce que signifiait les agissements de cette personne. Quant à cette attaque ? Il fallait l'ignorer, elle n'avait pas eu grande importance, et ne l'avait pas blessée. Quoiqu'il en avait fallu, de la force, pour casser cette glace. Mais n'étant pas égratignée, elle préférait essayer de ne pas en vouloir à son amie. Oui, essayer.... Car sa façon d'être ne lui ressemblait pas, et n'était qu'enfantillage. Elle leva les deux mains à la hauteur de ses épaules à peu près, pour lui montrer qu'il fallait calmer le jeu et cesser un peu cela.

- Oh, Layla. Commença-t-elle en ignorant tout ce qu'elle avait plus lui dire précédemment. Je n'ai aucune envie de me prendre la tête avec toi, et si la seule chose que tu souhaites c'est me voir partir, ce que d'ailleurs j'allais faire avant que tu ne me coupes le chemin, grand bien te fasse, trace ta route, je ferais de même. Mais arrête ces gamineries, ça ne te ressemble pas. Tu es une femme d'accord, pas une collégienne. Tout en disant ça, elle avait fait un geste vers la direction que prenait Layla jusque là, afin de l'inciter à continuer.

Ca ne lui plaisait vraiment pas de la laisser partir, et même si elle restait calme, ce qui était la réaction la plus mature à son goût, cette situation l'agaçait. Elle se disait qu'elle pourrait avoir une discussion sur ce qu'il se passait plus tard, à tête reposée.

Malheureusement, son amie ne souhaitait pas entendre raison. Et à en juger par son comportement, elle ne quémandait que l'affrontement. Mais ce désir était loin d'être partagé. Layla continuait ses provocations, c'était à n'en plus finir. Elle usait toujours de sobriquets à son égard, et cela devenait vraiment agaçant. Cette jeune femme en face d'elle, n'était pas la personne qu'elle connaissait. Elle se rendit compte alors que son opinion sur elle était totalement faux et éloigné de la réalité. Oui, cette blonde, bien que très jolie, s'apparentait surtout à une gamine immature et stupide. Elle ne faisait rien d'autre que provoquer, et ces enfantillages ne plaisaient pas à Lydia, qui ne jouait plus à ça depuis bien longtemps.
La sorcière soupirant en regardant un panneau, intriguée, la demoiselle fit de même, il s'agissait d'une boutique de magie, avait-elle quelque chose à faire là-bas ?
Alors qu'elle ne faisait plus attention à elle, Layla essaya de faire une étude de son comportement et en jugea que malgré ses paroles, ses intentions étaient autres et dont que la jeune fille souhaitait se battre avec elle. Cette-dernière eut à peine le temps de regarder à nouveau sa camarade que ses pieds, jusqu'à ses genoux, étaient recouverts de glace. Surprise, et blasée par ce comportement, Lydia écarquilla les yeux. Mais que voulait-elle à la fin ? Pourquoi agissait-elle ainsi ? Pourquoi à tout prix chercher la confrontation ?
Cette situation inquiétait l'étudiante qui ne voulait pas que son pouvoir secondaire ne se déchaîne. En effet, si en sorcellerie elle excellait, si les potions, incantations et localisations ne lui posaient pas de difficulté, sa foudre en était tout autre. Celle-ci était un être totalement à part d'elle, elle agissait à sa guise, et la sorcière n'avait pas encore appris à la contrôler. Elle craignait qu'un éclair ne touche la jolie blonde, et la blesse. Elle-même absorbait totalement l'électricité, qui ne lui faisait donc rien, de ce fait toute la crainte ne concernait que Layla.
Faisant de son mieux pour garder son calme, car sa magie était liée à ses émotions, elle tenta de relativiser dans sa tête. Mais cela ne dura pas longtemps, la seule "personne" qu'elle "connaissait" à ce jour qui avait contrôlé ce pouvoir, c'était Zeus. Autant dire qu'entre cette divinité et elle, il y avait tout un monde.

Les jambes piégées, Lydia questionna son "amie" du regard.

- Je ne comprends pas ton attitude. Et, non, je ne veux pas me battre.

Néanmoins, il fallait s'échapper de cette situation. La sorcière ne semblait pas très ouverte à l'idée de la délivrer. Fouillant dans les recoins de sa mémoire, la demoiselle prise au piège se souvint d'une incantation. Cette-dernière ne pouvait pas rompre la glace, mais faisait une pellicule de chaleur autour d'une personne. Sa grand-mère lui avait appris cela en hiver. Récitant la formule, elle parvint à réchauffer l'ambiance, littéralement parlant. Cependant, n'ayant pas utilisé ce charme très souvent, n'en voyant pas l'utilité, il ne dura pas longtemps. Le peu qu'elle put l'actionner fut cela dit suffisant pour faire fondre un peu la glace, la rendant ainsi moins résistante et lui permettant de s'échapper.

- Layla, arrête ça. Qu'est ce qu'il te prend ? T'as foiré un sortilège et t'es retournée en enfance ou quoi ? Demanda-t-elle ennuyée par ce comportement.

Décidément, Layla ne voulait pas entendre raison, et accusait, à tort bien entendu, son amie de choses, de gestes, et d'intentions qui n'étaient pas les siennes. C'était un défi de taille de garder son calme après tout cela. Et bien que d'une volonté d'acier, Lydia se retrouvait confrontée à une perte de contrôle. Jamais elle n'avait souhaité se pavaner, jamais elle n'avait voulu se faire passer pour plus puissante que les autres. Cela l'attristait un peu que sa propre amie pense ainsi, et lui croit capable ce genre de chose. Mais en l'entendant parler, il était clair que ce n'était pas elle. Ce n'était pas elle dans le sens où elle devait sûrement être préoccupée par une chose extérieure, qui n'avait rien de personnel avec la demoiselle. Elle se sentait un peu comme son défouloir. Au départ, elle l'acceptait, c'était un peu sa façon de se faire pardonner de sa négligence. Layla devait sûrement vivre une épreuve très dure qui la mettait hors d-elle-même, et la jeune femme voulait comprendre cela, elle montrait beaucoup de tolérance à l'égard de son comportement pourtant inadmissible.
Mais malgré toutes ces bonnes intentions, sans comprendre ce qui lui arrivait, elle se sentit se miniaturiser. Sa vision changea et devenue en quelque sorte plus performante. Regardant le sol, elle remarqua... Des petites pattes. D'adorables petites pattes de félin. Non ? Elle n'avait pas fait ça ?! L'animal secoua la tête, sentant ses oreilles bouger en même temps. Passant ses coussinet sur son visage, elle sentit le contact doux d'un pelage soyeux. Bien, la voilà transformer en chat. Étrangement, elle avait toujours souhaité voir ce que cela faisait, d'être cette petite créature. Mais bien entendu, pas dans ces conditions là !
Lorsqu'elle reprit son corps d'humaine, elle était par terre, sur les fesses. Ses mains se refermèrent sur le sol, laissant ses longs ongles le griffer. Elle se concentrait sur son souffle, mais la perte de contrôle se faisait sentir. Une multitude de fils bleutés, blancs, et violets se baladaient sur son corps. Bientôt sa carcasse entière se faisaient parcourir par cette magie, qui la rendait alors des plus... électrique.
Elle se sentait dépossédée d'elle-même, se levant brusquement, elle frappa le visage de Layla, une baffe avec le dos de la main, violemment, la faisant ainsi bouger. Ses membres chargés, cela aurait put l'électrocuter, mais le coup fut rapide, de ce fait, elle n'eut pas le temps de sentir son pouvoir.
Surprise par son propre geste, Lydia revint à elle presque instantanément, et bientôt son apparence revenu à la normal. Elle regarda la joue rougeâtre de son amie, et se cacha la bouche avec sa paume. Elle n'avait pas souhaité ce geste, jamais elle n'avait prémédité cela. Frapper son amie, c'était un peu une déclaration de guerre, c'était avant tout une acte qu'elle ne saurait se pardonner. Elle n'était pas de nature violente, et n'avait jamais usé de la force même face aux pires idiots de la planète. Elle regrettait déjà ce mouvement qui lui avait échappé. Des excuses ne serviraient à rien, mais elle tenait tout de même à les lui présenter.

- Pardon, je ne voulais pas ça... Elle savait néanmoins qu'après ça, une bagarre serait inévitable, et ne ferait qu' accroître la colère de Layla.

Comme elle s'en doutait, la prévisible Layla s'énerva de plus belle, et la gifla à son tour, cette fois-ci en utilisant pleinement son pouvoir. Sous le choc, le cou de Lydia se tordit sur le côté, et sa joue fut tâcher d'une marque bien rouge. Levant la tête, elle prit une grande inspiration et se mise à sourire, tout en regardant le ciel, puis la jolie blonde.

- Ok... Lâcha-t-elle en faisant un peu durer les sons.

Son sang-froid était bien difficile à garder, mais elle ne souhaitait pas qu'un autre accident de la sorte ne se produise. Elle expira enfin, de manière détendue. "Ne pas rentrer dans son jeu. Ne pas rentrer dans son jeu." se répéta-t-elle. Cette baffe, elle l'avait sentie venir, et s'était donc préparée à une telle violence.
Une fois son calme revenue, elle effaça petit à petit son sourire, bien que, étrangement, cette situation était assez amusante. Elle pouvait sentir en elle, toute une excitation encore inconnue, et l'envie de poursuivre un combat des plus violents. Cette partie de sa personnalité, allait de pair avec celle qui cherchait à tout pris la puissance quitte à y laisser sa santé, ou l'un de ses membres. C'était un côté d'elle-même qu'elle ne souhaitait pourtant pas connaître davantage, le refoulant, elle avait nourri sans le vouloir une rage, de tout ce qu'elle avait pu garder pour elle sans jamais exploser.
Non, impossible de retenir un rire. Elle ne sut s'il était nerveux ou sincère. Mais elle se mise à rire. Une fois que celui-ci se calma, elle reprit de nouveau un calme tout aussi glaciale que son amie.

- Tu sais quoi Layla ? Tu m’indiffères totalement. De toutes les fois où j'ai pu te parler, j'ai l'impression que la discussion tournait principalement autour de toi, et toi seule. La malheureuse Layla, au mille et un soucis. La triste Layla qui pense vivre "sa vie à fond". Fais ce que tu veux, je m'en fous, et ce royalement. Tu veux te battre ? Pas moi. Tu as besoin de prouver ta puissance ? Fais donc ! Mais ne compte pas sur moi pour tester la mienne. Je n'ai pas besoin de ça. Tu aimes quand je te parle comme ça ? Avec un air hautain que tu connais tellement bien ? Oh, tu vas me frapper, me jeter un sort, une potion ? Ce serait tellement prévisible, j'attends, lance toi.

Lydia était énervée, mais gardait un sang froid exemplaire.

Comme prévu, ayant un peu cerné le personnage de Layla, ou du moins celui qu'elle montrait présentement, ses paroles eurent l'impact souhaitées sur la jolie blonde. En effet, hautaine, cette sorcière voulait, semblerait-il avoir la dernier mot, la dernière attaque, et être celle qui partirait la tête haute. En la provoquant ainsi, et lui tendant une perche vers une sortie des plus matures, entre autre l'indifférence, la jeune femme s'était accaparée les dires de Lydia pour les mettre à exécution elle-même. Entre autre, en l'ignorant. Démontrant à quel point elle était prévisible, elle savait également qu'elle ferait tout pour contredire sa science, et s'en aller de façon à la contrarier, c'est pourquoi elle ne lança aucune autre attaque, et se contenta de continuer son chemin en se croyant la plus maline.
Il avait été très difficile pour la demoiselle de sortir de tels propos à son amie, car ces-derniers ne lui ressemblaient tellement pas et étaient loin de ce qu'elle pensait. Mais il fallait ruser, user de manipulation pour que cette peste s'en aille finalement, et la laisse tranquille. Un autre objectif, était de ne pas se servir de sa magie non plus, ne souhaitant pas la blesser. Elle eut quelque peu échouée à ce niveau-là, l'ayant baffée. Mais c'était un geste hors de contrôle, qui, à partir de là, lui avait faire reprendre ses esprits. Le reste n'était que jeu de scène.
Bien entendu, Layla ne l'indifférait pas, et tous les reproches faits, elle ne les pensait pas. Malgré cette malheureuse rencontre, Lydia pensait toujours du bien de cette jeune femme, et pourtant aujourd'hui son comportement était des plus étranges et ne lui ressemblait tellement pas.
Ce qu'elle n'avait pas prévu, néanmoins, c'était de se retrouver les pieds gelés. Lorsqu'elle eut dit " Oh, tu vas me frapper, me jeter un sort, une potion ?" elle avait bien fait en sorte de préciser toutes ces éventualités pour que, dans le simple but de la contredire, elle ne fasse rien de ce qu'il y avait dans la liste. Techniquement, ce n'était pas à propre parlé un sort dans le sens d'une incantation, ni une attaque, ni une potion, donc elle avait su berner et trouver autre chose à faire. Mais bon, cela devait être sa façon à elle de partir la tête haute.
De la même manière qu'elle s'en était sortie une fois, Lydia prononça une incantation qui fit fondre assez la glace pour s'en extraire. Regardant la sorcière s'éloigner au loin, elle haussa les épaules et lâcha un long soupire avant de faire de même, et partir de son côté.
Le trajet fut le même que l'allée : transports en commun, et marche. Se retrouvant enfin au dortoir, elle se coucha sur son lit en regardant le plafond, la boucle était bouclée, la voilà au même endroit que le début de la journée. Ses pensées étaient toutes dirigées vers Layla.
Ma pauvre... Que t'est-il arrivée ?