Assis à ton bureau, tu lisais un manuscrit. C'était ton quatrième de la journée. Tes stylos, surligneurs, post-it, trombones, correcteur trônaient autour de toi. À chaque faute d'orthographe, tu surlignais et inscrivais la bonne mise en forme du mot. À chaque maladresse de style, tu soulignais la phrase d'une vague avec un stylo, apposait un post-it avec plusieurs possibilités de corrections. Tu progressais bien dans l'histoire. Les nœuds dans ton estomac dormaient te laissant tranquille. Tu ne repensais plus à ton passé maladif. Tu respirais. Tu existais. Tu soupiras en voyant ton supérieur rentrer dans ton bureau sans même cogner. Ton cœur ne fit qu'un bond tandis que tu posais ton regard froid sur lui. Il te regardait de haut. Tu t'en foutais. Il te tendait un nouveau manuscrit.

-Est-ce que tu peux aller rencontrer l'auteur. C'est une perle! On veut l'éditer, mais l'éditeur en chef est pas là.

Était-il sérieux? Il devait se foutre de ta gueule? Tu te retenais à deux doigts de lui cracher d'aller se faire foutre. Tu respirais du mieux que tu pouvais en te contentant de hocher la tête. Il pivota et quitta la pièce d'un air solennel. Tu observais l'adresse, le nom de l'écrivain en jurant… Putain de merde! Il fallait être débile pour m'accorder ce genre de travail!Tu passais une main nerveuse dans tes cheveux noirs avant de te lever. Tu enfilais ton long manteau noir et ramassais dans tes mains le dossier.

Tu te dépêchas de caller un taxi et de te rendre à l'adresse. Tu espérais que la rencontre se passerait vite, que le client ne serait pas chiant, qu'il se contenterait de signer pour être éditer et de repartir aussi vite.

Tu débarquais du taxi les tripes à l'envers, les mains tremblantes. Tu respirais du mieux que tu pouvais en sonnant. Tu entendis quelques minutes avant de voir la porte s'ouvrir sur un homme qui dégageait quelque chose d'étrange.

-Monsieur… Rickard Rosenbach? J'ai… la bonne… nouvelle que nous allons édité votre roman… Mais, il faut signer… le contrat….

Tu prononçais ses mots en regardant le sol. Tu fuyais son regard en tentant de calmer ton stresse. Tu croisais les doigts qu'il te dise d'aller te faire foutre, qui referme la porte et toi, tu repartes à ton travail.  

Tu te crispas en entendant l'homme à la porte crier le nom d'une personne. Son fils peut-être? Ark non, pas un père...Tu détestais les « pères » à cause du tiens, du monstre qu'il était. Ton cœurs s'arrêta presque de battre. Tu fixais toujours le sol dans l'espoir qu'il te ferme la porte au nez. Ton ventre se contracta aux paroles de l'homme. Bien sûr. Il n'avait jamais écrit de roman et avait une piètre opinons du monde littéraire. Joie. Tu faillis t'étouffer avec ta propre bave lorsqu'il te proposa d'entrer. Tu serras le manuscrit contre ta poitrine et hocha la tête en entrant dans la belle bâtisse. Tu t'installas sur une chaise en respirant difficilement. Tu lui tends malgré toi le manuscrit en te grattant le bras où tes mutilations.

-Tenez… Peut-être que vous allez savoir qui est… Le coupable en lisant..?

Tu soupiras en regardant le sol. Tu espérais que la rencontre ne s'éterniserait pas. Tu te sentais mal. Tu venais d'entrer chez un parfait inconnu qui venait de dire que ce n'était pas à lui le manuscrit. Bon prétexte pour prendre les jambes à son cou ?

-Malheureusement… Des imbéciles… Il y a en partout… Je peux vous laisser tranquille… Pas de soucis… Vous… Semblez occupé…

Tu croisais les doigts qu'il te foute la paix après ces paroles. Tu déposas le contrat à côté du manuscrit. Il pouvait le jeter, tu t'en foutais. Tu te grattais à nouveau le bras. Malgré la douleur qui irradiait de ton membre, l'angoisse persistait à te torturer. Tu espérais que le « coupable » se pointerait le bout de son nez. La patience n'était pas ta vertu… Tu inspirais pour tenter de te calmer en regardant le carrelage, silencieusement.

Tu n'aimais pas la façon que l'homme t'observait. Il te semblait étrange. Tu ne savais pas comment l'expliquer. Il te faisait penser aux psychopathes dans les romans d'horreur que tu adorais lire. L'homme trop sympathique au regard louche. RAH La ferme. Tu te fais des putains d'idées. Arrête de penser que tout le monde est dingue. Ça doit être juste un homme trop joyeux….Tu chassas ton pressentiment en grattant plus fort sur les traces de tes mutilations. La douleur augmenta d'un cran dénouant quelques intestins. Tu proposa de partir toute suite, mais il t'offrit un thé. Sale merde. Tu te retiens de pas courir vers la sortie. Ton cœur menace d'exploser, mais tu te rassures. Tu te faisais des idées comme d'habitude. Rien d'inquiétant. Mais, le fameux hôte avait remarquer ta manière de te protéger de ta panique…

-Merci… Mais, je peux partir… Aucun soucis… Je comprends… que vous...êtes très occuper… Ne vous en faites...pas…

Tu avais presque envie de l'envoyer péter juste pour qu'il te foute dehors, mais tu tenais à ton emplois. Tu te pinçais l'arrête du nez et osa lever ton regard dans la pièce lorsqu'il partit faire son fameux thé. Du thé. Qui pouvait apprécier ce goût répugnant ? Le café était bien meilleur. Surtout le Cappuccino. Décoration classique. Aucune photo étrange. Aucune trace de sang. Aucun bruit suspect. Tu respiras à fond. Lorsque tu le vit revenir, tu te força à étirer un faux sourire.

-Merci… Au fait, qui est… Sieghart ?

Tu supposais que ça devait être son fils. Nom anglais. Comme l'homme devant lui. Comme le tiens.


-Vous… êtes anglais ?

Tant à être forcer à rester ici…. Tant à se forcer à parler…. Tu te fichais un peu des réponses. Tu parlais pour te sentir moins mal à l'aise. Ça n'aidait pas très fort… Tu avais envie de mourir.

Tu le regardas poser le thé devant toi, tu te grattes de plus bel le bras espérant dissiper tes malaises. Tu te faisais des idées, tu le savais. Mais, tu comprenais pas pourquoi il t’empêchait de partir. Ça t’agaçait au plus haut point. Tu soupiras en te forçant de prendre une gorgée du thé. Tu saisis doucement la tasse en murmurant un petit « merci ». Goût amer. Tu avales d’un coup sec avant d’y mettre un peu de sucre. Le café bien meilleur. Tu hochas la tête à sa réponse. Le fait de savoir qu’il était gay ou marier ne lui faisait ni chaud ni froid. Par contre, savoir qu’il n’était pas un père, le déstressa un peu. Il hocha la tête avant de sentir son cœur et son sang se crisper dans son corps à sa question. Il déposa la tasse de thé doucement en évitant soigneusement son regard.

-Ne vous… en faites...pas… Je juges pas… Je me fous un peu de… la sexualité…

Plus que t’en fichais en fait, tu l’effaçais de ta mémoire. Le sexe. Torture, oui. Tu soupires avant de réfléchir à quel mensonge que tu pouvais lui balancer au nez. Croyait-il vraiment qu’il allait parler de ses « soucis » à un pur étranger ? Il pouvait aller au diable, oui. Tu étires biens tes manches pour être qu’il puisse rien voir de ce que tu camouflais. Tu posas ton regard froid sur lui, étiras un faible sourire.

-Eczéma. Aucun soucis, à part de peau Yep… Irlande… charmant.

Tu ne savais plus quoi dire ni quoi faire pour te sortir de ce mauvais pas. Tu te forçais à boire ce thé imbuvable, priant presque qu’il y ait du poison à l’intérieur.

-Ne vous en faites pas… pour le… manuscrit… Je peux partir… annulé tout ça… Ni vu..ni connu.

Tu te crispas avec l’envie de t’arracher la peau des bras, tu respirais difficilement, mais tenait bon. Comme toujours.

-Du coup… vous pensez faire quoi avec cette… situation?

Tu le fixes de ton regard bleuté dur. Tu soupires en te forçant de boire ce foutu thé dégueu. Il manque de goût. Tu as l’impression d’aspirer du jus de fruit qui goûte l’eau. Tu reposes la tasse sur la table basse, les mains tremblantes. Tu lui sors ton mensonge bien soigné. Tu le trouves un peu trop curieux. Pourquoi ton grattement l’intéresse-t-il ? Ton corps s’immobilise lorsqu’il te répond. Parler de toi. Ça résonne, tourbillonne dans ta tête. Ton alarme mentale hurle au danger. Quel mec normal va te parler comme ça ? Tu dois sortir de cette maison. Tu respires difficilement, mais conserve un visage dur comme de la pierre. Tu te rassures en disant qu’il ne pouvait pas être pire que ton géniteur. Tu te fâches en écoutant son deuxième discours.T’aider. Il ne savait même pas tout ce que tu avais vécu. Changer de métier ? Il devait se moquer de toi. Tu fronces les sourcils en décollant ton dos du siège sentant ton sang bouillonner.

-Écoutez. Je ne vois pas pourquoi on parlerait de moi. Tu ne peux pas m’aider avec mon Eczéma, c’est un problème de peau. Mon métier me va très bien, merci. On peut attendre ce fameux écrivain, mais je déteste qu’on fasse perdre mon temps! Je ne sais pas ce que vous avez en tête, mais mêlez-vous de vos affaires.

La colère te délie la langue, te permet de parler fluidement dévoilant ta force de caractère sans le remarquer. Tu soupires en te recollant sur le fauteuil en grimaçant. Ton regard se porte sur le sol. Ton cœur se démène en toi. Tu as envie de courir, de partir loin d’ici. Y a-t-il un vrai écrivain ? Toute cette histoire commence à tourner de manière étrange. Tes tripes rampaient dans ton estomac en gémissant. Tu te remets à te gratter tes cicatrices camouflées par tes manches longues. Tu lui jettes à nouveau un regard amer, glaciale.

-J’ai… averti… mes patrons d’où… je me trouvais en ce moment.

Tu lui montres que s’il voulait te faire du mal, tout le monde en serait au courant. Protection. Tu te mordilles les lèvres tentant de calmer ta rage et ton angoisse. Tu tires sur ton collet pour te permettre de mieux respirer.

 
Tu ne sais pas comment interpréter les regards qu’il porte sur toi. Le malaise gruge tes veines, envahit ton cerveau. Intérieurement, l’alarme « danger » sonnait à répétition sans comprendre d’où se pressentiment provenait. Tu tentes de te convaincre. «Du calme… Ce n’est pas parce qu’il parle bizarre… que c’est fou... » Tes pensées tourbillonnent dans ta tête augmentant ton rythme cardiaque. Tu croyais mourir sur ce siège. Tu prends une petite gorgée du thé pas terrible, dépose ta tasse ignorant son regard. Tu tires ton collet pour mieux respirer avant de te remettre à appuyer sur tes anciennes blessures. Ton corps se crispe en le voyant se lever et s’approcher de toi. Tes iris s’agrandirent, tu recules instinctivement. Avale de travers ta salive. Il tournait autour de toi comme un malade mentale. Merde! Pourquoi fallait que tu tombes sur un timbré! Tu secoues la tête en prenant sur toi. « Je suis ici pour accomplir mon travail… Les écrivains sont réputés pour être excentrique… Il ne peut pas être que le monstre de tes nuits… Non… Non...Tu as déjà vécu le pire...Relaxe » Tu colles tes bras sur tes jambes en serrant tes jeans de tes ongles. Ton regard glaciale se durcit. Tu sens ses mains sur le dossier. Un frisson attaque ta colonne vertébrale, mais tu restes de marbre en fixant le mur devant toi. Tu te retiens de pas l’envoyer chier. Tes sourcils se froncent à ses paroles. Comment devais-tu interpréter ça? Tu en étais pas sûr. Déjà que tu jonglais mal avec le social….Tu souhaiterais avoir un dictionnaire pour traduire les réactions des gens.

Tu retiens ton souffles lorsqu’il contourne le siège et vient se poster devant toi. Tu le fixe de tes yeux amères. Offrir la confiance en soi ? Faire tout ce qu’il désir? NON MAIS! Avait-il une secte ou quoi? Son discours te fait penser aux campagnes de sensibilisation contre l’endoctrinement pour pas tomber dans des sectes. Qu’est-ce qui lui disait que tu manquais de confiance en toi? La confiance en toi, tu l’as. Tu détestes seulement les gens et avec raison. Regardez ce connard qui tente d’embobiner le monde avec ses paroles ! Tu te lèves lentement de ton siège, la colère brûlant dans tes veines.

-Écoutez monsieur. J’en ai rien à foutre de ce que vous pourriez soi-disant offrir. Ma seule présence ici s’explique par ce foutu manuscrit. Mais, j’en ai ma claque, je me tires. Désolé pour vous, mais je suis parfaitement bien dans ma peau. Bonne soirée!

Tu te le contournes en t’avançant vers la sortie. Mais, pour qui se prenez ce déranger ?! Plus jamais, tu allais accepter de faire du remplacement !

Tu trouvais cet homme assez gonflé de ce comporter si bizarrement avec toi. Tu marches rapidement vers la sortie, le coeur battant. Tu espères pouvoir oublier cette drôle de situation. Au moment où tu arrives devant la porte, un homme y entre. Tu t’arrêtes surpris de ce qu’il dégageait. Ses yeux aussi bleus que les tiens se posent sur toi. Semblent pénétrer dans ta chair jusqu’à dans tes os. Ses lèvres pulpeuses forment une demi-lune teintée d’une assurance. Tu avales de travers la salive. Sa beauté te coupe le souffle malgré que tu as une forte réticences envers le sexe masculin. Tes entrailles se retournent, mais une chaleur t’envahit. Qu’est-ce qui se passait ?

-Bonjour! Désolé du retard, je suis le fameux écrivain. Mon manuscrit vous a plu alors ?

Le jeune homme te tend la main. Tu la regarde longuement. La chaleur enflait dans tes tripes. Comme si quelqu’un éclaire la noirceur qui t’habite. Rare que tu ressens ce genre d’émotion. Deviens-tu gay? Est-tu bi ? Tu secoues la tête en te forçant à sourire.

-Vous… Tombez au bon moment… J’allais partir….

-J’espère que mon mari ne vous a pas fait peur. Il aime déconner. Il faut l’excuser, il a une humour différente des autres. Assoyez-vous.

Tu hoches la tête. La chaleur se propageait dans tous tes muscles. Tu atteins ton bien-être utopique. Tu y arrives pas à y croire. Tu clignes des yeux en te réinstallant sur le siège observant le beau écrivain s’asseoir à côté de son mari. Un couple qui détonne. Il embrasse le fou sur la joue en enlevant sa veste de cuir. Ses yeux pétillant se posent sur toi à nouveau. Il se mordille les lèvres les humidifiant. Tu ne peux pas t’empêcher de le trouver captivant… Ton corps baignait dans une aura lumineuse. Ton cœur s’endort, tes tripes ronronnent. Il se penche vers toi.

-Hum… Oui, vous avez une super belle plume monsieur… Des idées fortes aussi… Nous aimerions donc vous publié.Voici le contrat…

Tu lui tends la feuille en le détaillant du regard. Beau gosse et génie… Un spécimen rare. Tu te donne une gifle mentale sans rien comprendre du sentiment qui t’habite. Pourtant, tu te sens si bien… Sans idée noir, un bonheur étrange…. Est-ce que… il y a une drogue dans le thé ? Peut-être juste cette personnalité forte qui te rend curieux. Rare de rencontrer ce genre de personne…

Il prend le contrat dans ses mains, le lit avant de jeter un regard sur le fou.

-Tu penses que je devrais accepter ?

Tu observes cet homme avec un regard nouveau. Tu ne comprends pas ce qui t’arrives. Chacun de ses gestes te captivent. La manière qu’il a lorsqu’il t’adresse la parole. Descend délicatement la tête sur le côté, ses yeux rivés sur toi. Ton cœur respire les odeurs sucrées mièvres de la paix. Cotonneux comme les nuages. Tu as l’impression de plané. Tu penses qu’une drogue a été déposé dans ton thé. Mais, pourtant, tes pensées sont très claires. Aucune confusion. Tu remarques les traits dures du fou et son geste. Il saisit la main de son amoureux en lui murmurant à l’oreille. Tu détournes la tête, cherches un point invisible à fixer. Quelque chose cloche, mais tu sais pas quoi exactement. Ça te titille. Le con se redresse en l’encourageant d’accepter cette opportunité. Tu étires un vague sourire sur tes lèvres avant de sentir une honte. Honte d’observer ardemment ce bel écrivain. Il était marié…. Tu descends ton regard vers leurs mains. Étrange. Aucune bague est affichée. Honte de leur statut ? L’écrivain sourit replace ses mèches avant de te répondre. Il signe le fameux contrat qu’il te redonne. Étrangement, il voulait t’offrir quelque chose à boire. Tu n’avais pas envie de rester plus que ça. Mais, en même temps, tu te sentais presque collée sur la chose. Tu te sentais atrocement bien, mais ce n’était pas toi. Incompréhension totale.

-Désolé…

-Ne t’excuse pas, aller un verre seulement. Ça ne vas pas te tuer~

Tu l’observes toujours avec ce sentiment étrange.

-d’accord….

Pourquoi acceptes-tu ? Tu veux dégager ! Pas rester ici. Encore moins avec des gens. Tu te mords les lèvres ne comprenant plus rien. Tu observes le « fou » suspicieux. Tu te sens irrité. Irrité qu,on trouve un moyen de te manipuler de t’obliger à rester assis là. Tu comprends pas. Ça t’énerve. Tu observes l’écrivain qui passe près de toi, reviens avec une bouteille de vin en main, souriant. Ils ressemblent à des gens normaux. Deviens-tu fous ? Comme ton géniteur ?

-Je me sens fatigué. Je ne resterais pas trop longtemps.

Tu te sens mieux en te consolant par cette déclaration. Un dernier verre et c’est tout. De toute façon, tu sembles être déjà sous l’effet de la drogue. Quoi de pire pourrait t’arriver?