Autumn Je n'avais pas cours cet après-midi, mes devoirs étaient terminés, et mon sac de cours fin prêt pour le lendemain. Le soleil était au rendez-vous, et la chaleur printanière réchauffait les coeurs les plus durcis par l'hiver. Je sentais les beaux jours venir.

Cependant, je me sentais comme le temps d'un automne, quand le bonheur de l'été disparait au même rythme que les feuilles mortes se décrochaient des enchevêtrements merveilleux des branches. Je me sentais toujours seule, je n'avais pas vraiment d'amis, et l'amour ne faisait pas non plus parti de mon existence. C'était comme s'il m'avait abandonné. Et voir les couples à l'Institut me renforçait encore plus dans l'idée que je m'étais faite de moi-même : le petit être asocial et dénué de charme. Et pourtant, je savais, que je n'étais pas disgracieuse, et que j'avais tout de même, une certaine beauté qu'on ne pouvait nier. J'étais la fille mignonne que les gens aimaient regarder, mais je n'étais pas la femme sexy que les hommes voulaient garder.

Et ainsi donc, avec cette réflexion en tête, je décidais de m'aventurer pour la première fois, au delà des murs de l'établissements, qui me protégeait moi, et mon pouvoir si incommodant.

Mes pas me menèrent alors dans un parc, où la vie semblait paisible, et l'atmosphère reposante. De loin, j'observais les gens marcher, les couples se câliner dans l'herbe, et les enfants enlacer leurs parents entre deux parties de jeux inexplicables. Je me mise à sourire alors, envieuse de ce genre de relation et de situation. Un petit halo de lumière entoura alors ma tête, ainsi que tout mon corps, comme si j'avais hérité d'une auréole.  Je me dissimulais alors derrière un arbre vieux de plusieurs centaines d'années, et chercha à calmer mon désir de bonheur.

Les gens ne devaient pas comprendre de quoi j'étais capable, je devais apprendre à contrôler cela. Mais comment faire lorsque le pouvoir dont on était doté, était rattaché irrévocablement aux émotions les plus vives, et les plus fortes que nous avions ?

Et alors que j'arrivais enfin à me calmer, une chose inattendue se produisit. Alors que je détournais le regard,  un garçon vint à ma rencontre. Il avait le regard dur de ceux qui désiraient faire du mal à autrui. Il s'approcha de moi si vite que je n'eu pas le temps de me déplacer. Adossée contre l'arbre, raide comme un piquet, je regardais les yeux bruns de celui qui était l'objet de mon mal être. Il était si proche que je sentais son souffle putride caresser mon visage avec impudence, j'entendais sa respiration excessivement bruyante au creux de mon oreille, et je sentais son regard vagabonder le long de mes courbes, dissimulée sous mes vêtements.

"Alors, on se balade ?
- J'aimerais partir.
- Oh j'suis sympa avec toi là ?! Pourquoi tu m'agresses comme ça ?"

Sa voix nasillarde résonnait à l'intérieur de ma tête comme un tambour de guerre. Mes sens en éveil, je sentais le danger venir comme s'il était palpable, comme si une alarme résonnait en moi, m'incitant à partir aussi vite que je le pouvais. Mais alors que je pensais cela, l'homme m'emprisonna de ses mains puissantes, resserra toujours plus son étreinte autour de mon poignet.

Et alors que je me sentais partir en un stress incontrôlable, le nuage au dessus de ma tête apparut, laissant apparaître alors un ouragan de vent.

" Ah parce qu'en plus tu es comme ça ! "

Je ne savais pas ce qu'il voulait dire par "comme ça", mais tout ce que j'avais compris, et tout ce que j'avais à comprendre était ainsi, il y avait là, un jeune homme qui ne me voulait pas du bien. Et actuellement, j'avais bien besoin d'un prince charmant.

Autumn Je fermais les yeux alors que je pensais arriver l'heure du trépas de ma pureté. Mais alors, une chose que je n'avais une fois de plus, pas prévu arriva. Soudainement, mon assaillant sembla relâcher son emprise sur moi, et une nouvelle voix s'éleva dans les airs.

J'ouvris les yeux et découvris un jeune homme, plus âgé que moi sans aucune ombre d'un doute. Il avait attrapé le poignet de l'homme qui m'avait accosté avec si peu de pudeur, et le menaçait avec une prestance qui semblait venir d'ailleurs. Je me collais de nouveau à mon tronc d'arbre en attendant que ça se passe. La plupart des garçons s'étaient enfuis les jambes à leur cou, et à présent, ne demeurait que celui qui était face à face à celui qui était venu me protéger.

L'homme ne disait rien face à mon sauveur, mais son regard, noirci par la haine, montrait à quel point il en voulait à cet homme de l'avoir interrompu dans sa démarche. Il dégagea son poignet de l'emprise de garçon, puis cracha au sol.

"Tiens j'te la laisse ta meuf"

Puis il tourna les talons afin de s'enfuir avec les autres. Je soufflais longuement. Les yeux rivés sur le jeune homme. Il avait un visage particulier, un visage qui retenait le regard, une douceur presque palpable, et une souffrance inexplicable dans les yeux. Je sentais la douleur dans son être, un grand vide étrange qui stagnait autour de lui. Je m'avançais lentement afin de planter mes yeux clairs dans les siens, ils avaient une certaine luminosité électrisante qui me subjuguait.

" Merci de m'avoir aidée. C'est très aimable. "

Avec timidité, je lui tendais la main.