Ca n’était plus possible. Je me doutais qu’à mon réveil, je retrouverais les choses sens dessus-dessous. Je savais que j’allais devoir réparer certaines choses, rétablir l’ordre perdu. Je m’y étais attendu, et avait réglé tout seuls les problèmes, comme un grand.
Quelques démons tués, d’autres rééduqués, d’autres torturés, et j’étais à nouveau à ma place.
Seulement, une chose m’irritait plus que les autres. Mon crétin de « fils », cette progéniture que j’avais conçue un peu par erreur, était l’une des causes principales du désordre que j’avais rencontré. Il s’en était vanté en plus. Cet imbécile.

Il était temps que je refasse son éducation. Il était hors de question que je le laisse agir comme bon lui souhaite. D’autant que j’avais la vague impression qu’il s’attachait aux humains. Eurk. Comment avais-je pu rater autant ma descendance ?
Enfin. J’allais m’amuser à l’éduquer à nouveau, et s’il osait se plaindre, je pourrais toujours voir pour me débarrasser de lui.

Je le trouvais donc, et m’approchais à toute vitesse de lui, le plaquant contre le mur, le saisissant dans son dos.

- Bonjour, « fiston ». Cela te dirait qu’on discute tous les deux ?

Je lui susurrais à l’oreille, et ce, même s’il était plus grand que moi, dû à nos deux apparences « humaines » respectives.

- J’ai tant de choses à te réapprendre. Tu me déçois tellement. Aurais-je tant que ça raté ton éducation ? C’est navrant que tu sois devenu comme les autres déchets.

Ma voix était froide, et pleine de sarcasme.  Je n’étais pas content. Et je ne comptais pas le cacher.

J'entendis ce que j'étais censé appelé "mon fils" geindre inutilement comme quoi il n'étais pas mon fils, blablabla. Je n'étais rien pour lui, tout ça. Je me demandais sincèrement s'il avait ses trois millénaires. On aurait dit un gamin humain en pleine crise d'adolescence. Et comme si ça allait me faire quelque chose qu'il geigne de cette façon. Comme si ça allait changer le fait que je comptais bien refaire son éducation, quitte à passer un coup de serpillère dans sa tête d'imbécile.
Alors qu'il me repoussait, j'arrêtais ma course avant d'atteindre la prochaine surface atteignable, et revenait en vitesse vers lui, enflammant à mon tour mon corps, de flammes noires comme les ténèbres - tout ce que j'aime - et de lui décocher un coup de poing bien placé au visage. Quel dommage qu'il guérirait sûrement rapidement. Enfin, je ferais avec.

- Malheureusement pour toi, il se trouve qu'apparemment nous partageons le même sang.

J'attrapais sa tête, et allait la cogner contre le mur le plus proche, plusieurs fois, sans lésiner sur ma force :

- Et il se trouve... Je donnais un coup. Que je n 'ai pas envie... Puis un autre. Qu'on rit de moi parce que ma progéniture est un idiot s'acoquinant avec des êtres aussi inutiles que les humains.

Je le relâchais finalement, me frottant les mains, comme face à du joli travail.

- Et si tu crois pouvoir m'impressionner avec tes airs insolents, et tes pauvres petites attaques minables, crois moi, tu te fous le doigt dans le cul, bien profondément.

Quand on savait que j'étais la première - ou au moins une des premières - à avoir fait quelque chose à l'encontre de mon propre Père en l'envoyant bouler quitte à me recevoir une correction... Comparé à cette minable progéniture qui n'avait certainement pas le tiers de ma puissance, ce n'était rien.

Je ne retenais pas ma force parce que je me fichais bien qu'un doit mon fils ou non. Il méritait d'être puni pour sa bêtise et son insubordination. En plus je pouvais frapper autant que je voulais, il guérissait aussitôt.
Je n'aimais ni son ton ni sa façon de parler. Je compris que j'allais devoir passer au niveau supérieur.
Je le vis s'enflammer. Était ce censé m'impressionner? Si c'était le cas ça ne marchait pas.

- J'adore le fait que tu guérisses tout seul. C'est parfait.

Ça n'empêchait pas la douleur. Je fis apparaître des griffes animales au bout de ma main et les enfonçait dans son ventre, y déposant un poison, pas mortel bien sûr, cela aurait été trop dommage.
Je murmurait à son oreille, brûlant en même temps que lui.

- Je vais te faire souffrir jusqu'à ce que tu sois aussi docile et sage qu'une huitre.

Je retirais ma main brûlée.

- Mais c'est vrai que tu ne t'acoquines pas avec ces insectes. Tu deviens comme eux. Minable, faible et stupide.

Je le frappait avec ma main griffue

- Mon éducation te feras devenir digne de ce que j'attends de ce que je dois appeler un "fils"...

A défaut de parvenir à le rendre docile par la violence, je pouvais au moins m’amuser un peu en le faisant suffisamment souffrir pour me délecter de cela. Me défouler en somme. Roch avait beau guérir, il n’avait pas l’air d’aimer ce que je lui assénais comme blessures, et c’était tant mieux.
Il insista, répétant qu’il ne deviendrait jamais mon fils. C’était laid, que de lutter contre sa propre nature. D’accord, qu’est-ce que je pouvais dire de moi, quand on savait que mon histoire se basait sur le fait que mon propre père ne m’avait jamais pardonné mes erreurs ? Mais Dieu était Dieu, et j’étais moi. Ce n’était pas du tout pareil, cela ne marchait pas de la même façon.
Et si j’étais décidé à éduquer cet abruti, j’irais jusqu’au bout.

- C’est ça, c’est ça.

J’enfonçais à nouveau ma main griffue dans son ventre, plusieurs fois. Le tenant bien, je murmurais à son oreille :

- Mais dis-moi, pour quelle raison t’obstines-tu à me désobéir ? Je sais qu’au fond de toi, tu aimes ça…Être un démon, ne pas être n’importe lequel… Exterminer sans penser au reste… Bien t’amuser…

Après tout, quoi qu’il fasse, j’avais créé les démons pour qu’ils soient non pas à mon image – quoique -, mais bien des êtres permettant de faire régner le mal. Et en prime, Roch venait de moi doublement. Nous partagions le même sang.
Ce pourquoi c’en était doublement navrant de voir qu’il n’était qu’un raté.

Qu’il était pathétique. Pourquoi s’obstinait-il à lutter ? Je lui redonnais un coup, cette fois en y imposant un peu de ténèbres. De quoi raviver sa véritable nature, de quoi la forcer à apparaître. Qu’il était à lutter contre ce qu’il était. Il avait ce privilège d’être mon fils, et n’en profitait même pas, gâchant ce fait, faisant n’importe quoi.
Je l’empoignais à nouveau, laissant glisser au bout de mes doigts les quelques sentiments néfastes que je savais inculquer même sans murmurer à l’oreille.

- Cela me fait, que te vois réagir de cette façon me donne envie de vomir. Tu gâches ce dont tu pourrais profiter. Et regarde-toi… A vouloir rester si « bon » si « gentil »… Tu te retrouves à devoir faire face à un mur bien trop grand pour toi…

Je souriais doucement, impulsant toujours plus de sentiments négatifs contre lui :

- Tu ne peux pas résister si longtemps, voyons…Et puis à quoi bon ? Tu t’attaches, et regarde, personne n’est là pour t’aider. Où sont ceux que tu apprécies tant ? Ils ne sont même pas là pour essayer de m’arrêter. Tu n’as pas besoin d’eux… Ils sont si faibles, comparé à toi…Comparé à moi… Comparé à nous…

Je murmurais à son oreille :

- Laisse toi aller…N’écoute que moi. Que ma voix…Ne pense à rien d’autre…

Il rêvait, pour me dire que je n’arriverais jamais à le corrompre. J’étais Lucifer, j’étais le roi de la corruption. J’étais celui qui parvenait à faire tourner n’importe qui dans le mal. Même le plus juste des hommes. Il croyait que j’allais laisser tomber ? Jamais. J’allais l’éduquer, une bonne fois pour tout. Je le sentis arrêter de respirer, et me demandais un instant si son but était de se suicider ou quoi.
Soudain, je le vis me regarder. Je répondais à son regard, par mes yeux noirs ténèbres, le visage dur. Je ne plaisantais pas. Il allait finir par se plier devant moi.
J’éclatais pourtant de rire, quand il précisa qu’il ne serait jamais comme moi, insistant bien sur le mot « jamais ».

- Quelle bonne blague.

J’allongeais mes griffes, les faisant traverser un peu plus sa peau, je tournais mon poignet pour atteindre plus d’endroit dans son corps.

- Quel imbécile tu fais. Résister comme ça.

Je commençais sincèrement à perdre patience. S’il continuait, ce serait simple. J’en finirais avec lui.

- Tu es un démon, imbécile. Tu es fait pour le mal. Cesse tes simagrées, idiot. Arrête de geindre, de répéter les mêmes choses. Tu te sentiras beaucoup mieux ensuite. Laisse toi faire.

Je laissais ma dentition se métamorphoser pour devenir coupante, et le mordait violemment à l’épaule, enfonçant mes dents dans sa peau, le plus profondément possible. Quand je me retirais, les dents redevenant normal je l’observais :

- Et puis tu n’as pas vraiment le choix. Soit tu te laisses faire, soit…

Je retirais ma main, rétrécissant un peu mes griffes, les posant au niveau de son cœur , prêt à enfoncer ma main :

- Je te tuerais. Purement et simplement. Je n’ai pas besoin de déchets ici.

Pourquoi me provoquait-il moi, quand il aurait du provoquer le reste du monde ? C’était tellement décevant.
Je l’entendis me dire de le tuer. C’était si gentiment demandé. Seulement, quand je voulu arracher son cœur, je le sentis comme entrain d’agir je ne sais comment. Alors que je tenais mon cœur entre ses mains, je le sentis s’arrêter, et fronçais les sourcils, observant le corps tomber.
Mais qu’est ce qu’il venait de faire, cet abruti ? Je sentais encore son âme. Elle était encore là.
Je pouvais le tuer là maintenant, sans même me forcer.
Je l’écrasais d’un coup de pied brutal, et lui donnait plusieurs coups. Ca n’était pas amusant, si je ne le tuais pas moi-même. Il devait mourir de mes mains, merde.
Je tentait de le pousser à refaire battre son putain de cœur, sans y parvenir. Finalement, j’eus une idée.
Il ne voulait plus être un démon ? Il ne voulais pas devenir comme moi ? Très bien. J’allais exaucer son vœu.
J’utilisais ma puissance, et commença à prendre ce qui faisait de lui un démon. Je sentis que cela risquait d’être malgré moi, laborieux. Agacé, je décidais de lui bloquer ses pouvoirs autant que je pouvais, sans être sûr d’à quel point cela fonctionnerait.
Il serait obligé de me lécher les pieds pour les récupérer à leur pleine puissance.
Puis, je lui donnais un dernier coup, avant de partir, le laissant trainer là.

[A toi de voir si ce que je fais, te va ou non. Tu as le droit de te plaindre xD Fini de mon côté, je suppose]