J'avais vu les serpillères, les abrutis, les repose-pied, les utiles, les tarés, les importants et les protégés.
J'avais fait le tour de l'enfer depuis mon réveil mais j'avais pris soin d'une chose. Ou de deux, plutôt.
Surveiller de loin, un démon qui n'a jamais eu le privilège de devenir un de mes bras droits et qui a décidé de se venger et de voler ma place.
Et justement, la seconde chose était de ne pas aller voir ce démon avant d'avoir fait tout le tour des enfers.

Juste pour le faire enrager. Juste pour qu'il se sente oublié. Juste pour qu'il se pense si peu important qu'il n'avait d'autre choix que de maugréer dans son coin. Ou bien pour qu’il croit que je ne lui accordais aucune importance et qu’il pouvait me faire n’importe quel coup dans mon dos, alors que c’était faux.
Mais je devais faire face à Paimon. Tous les deux ont savait très bien ce qu'il voulait. Et je savais que cette rencontré serait particulièrement attrayante parce qu'il allait devoir rester devant moi.

Sans pouvoir faire grand-chose. Ou s'il essayait....Je riposterais avec plus de force que lui et je l'écraserais. Son petit pouvoir ne m'impressionnait pas.
Et puis, il y avait aussi une chose que j'avais en tête, qui m’amusait beaucoup. Le fait d'avoir pu rencontrer sa progéniture. En plus, j'avais rencontré deux de ses enfants. Et les deux me détestaient. Comme c'était amusant.
Je finis par arriver devant lui :

- Tu as toujours ta tête de petite teigne. Les gens ont vraiment peur de toi ?

Je le regardais, mais c'est comme si j'étais complètement désintéressé de lui. Comme si je venais presque par obligation. Il fut un temps, il m'avait été utile. Mais à présent, il jouait à l'imbécile.

- Au fait. J'ai vu ton fils. Apparemment la bêtise est héréditaire. Et je ne parle pas de ta « fille ». Je te laisse deviner desquels je parle. Juste pour voir si tu es un minimum intelligent.

Je souriais et l'observais, finalement un peu, comme si je portais un tant soit peu d'importance à son existence.  

Je ne pensais pas que les nouvelles iraient aussi vite, mais je m'efforçais de ne rien dire la dessus. De ne pas réagir. Maintenant, Ray se taisais. Et cela faisait la paix dans mes oreilles.
Je me contentais de sourire, sans rien laisser montrer, l'observant simplement. Lui et son service à thé. Sait-il qu'il n'y a pas lieu de boire du thé en enfer ?

- Me les foutre ou tu le penses ? Oh allons, je savais que tu voulais de moi à ce point, mais au point de vouloir le faire avec mes opinions…

Je ne faisais aucune utilisation de mes pouvoirs. Sinon de celui qui consistait à sonder son esprit

- Hm.... si moi je suis un démon comme les autres, alors toi, qu'est-ce que tu es ? Une sous merde des enfers ? Je veux dire, tu es un peu limité quoi....

J'observais autour de moi, faisant une légère moue

- Tu n'arrives même pas à faire assez de bruit pour que je doive te corriger. Tu n'arrives à rien. Enfin, ce n'est pas surprenant de ta part.

J'étais décidé à ne pas lui donner trop d'importance, et là, je lui en donnais un peu, mais si peu. Je préférais enchainer :

- Bon. Je suppose que tu ne me seras pas fidèle tout ça tout ça....

Je faisais comme si je n'en avais cure....et je n'en avais cure en fait. Je restais toujours sur mes gardes vis à vis de lui mais je préférais jouer celui qui s'en foutait.

- Oh, tu es triste pour moi ?

Il est vrai que ce vaisseau n'est pas le mieux du monde mais à force on s'y fait... et puis je sais en tirer parti autant que je peux.
Je le laisse me toucher, un sourire en coin. Je ne le toucherais pas, ça serait trop lui accorder d'attention.

Je l'écoute me dire qu'apparemment je ne sais rien de lui. Mais j'entre vois tout ses plans. Je les anticipe. Je dois reconnaître qu'il y a un certain intérêt à porter sur eux, mais franchement.... il pensait vraiment que je ne ferais rien ?
Je l'entends me dire que si j'avais mieux agi, il serait toujours à mes côtés. Je me met à rire en m'enlevant de son contact très facilement.

- J'ai l'impression de t'entendre regretter. Ces moments qu'on a passé ensemble. Tu sais... que ça soit avec toi ou non ça n'aurait rien changé. Je n'ai pas besoin de toi ou de ton petit chien qui te suis partout.

On aurait pu penser que je serais affligé de perdre mon premier assassin, mais à vrai dire, je n'en avais rien à faire.

- Et ce n'est pas ma faute si tu n'es pas capable de comprendre que tu n'avais pas ta place parmi les privilégiés. Tu as toujours été incapable de comprendre ou étais ta place.

Je haussais les épaules, lui montrant une certaine indifférence.

Que son rêve est impossible. Lui, sur mon trône. Je voudrais voir ça. Voir combien de temps il tiendrait. Haha.
Je me fiche qu"il puisse être triste pour moi. A vrai dire, il ne cesse de me reprocher mon vaisseau, mais le sien n'est pas mieux. A peine beau. Embourbé. Et même s'il a cet avantage de pouvoir en changer, ça ne change rien pour moi.

- Oh tu sais, il n'y a pas que "mon cher frère" qui veut me toucher. Mais j'imagine que tu as du te boucher les oreilles, lors des cris que je fais sortir de la bouche de tous ses gens qui veulent de moi. Après tout, tu n'as que ta main droite et un chien pour compenser.

Par chien, je sous entendais mon assassin, mais vu ce que j'en avais fait, je me fichais bien de l'avoir perdu.
Je souriais. Il était amusant de constater que nos piques volaient dans tous les sens.

- Mais j'imagine qu'à vouloir l'impossible, il est même simplement difficile d'avoir quelque chose de bien. Et crois moi, ce n'est pas moi qui irait faire quelque chose de ton minable vaisseau à peine présentable.

Sinon, vu qu'on continuait sur ce point, on pourrait toujours jouer à qui a la plus grosse. Je gagnerais, je pouvais l'agrandir autant que je voulais.
De toute façon, si ce vaisseau ne plaisait pas j'avais toujours autre chose. J'avais toujours l'avantage de pouvoir changer d'apparence.

A cet instant j’aurais pu lui refaire la face sans même attendre. Je pouvais, mais je m’amusais trop de le voir se débattre.
Et puis, je reconnaissais qu’il avait une certaine force de continuer de se penser plus fort.
Mais de fait, qu’on me parle ainsi, n’avait rien d’appréciable. Seulement, je ne bougeais pas.

- Oh quel dommage pour toi. Je te rends visite en me disant que tu t’en ferais une joie, pour découvrir finalement que tu ne veux plus m’écouter.

Le sarcasme découlant de ma voix était même visible par quelqu’un qui ne comprenait rien au sarcasme.

- Dans choses plus importantes, il y a ton petit chien que tu prends tous les jours par derrière ? J’imagine. Nom de Dieu, ton sens des priorités est totalement pourrave. Enfin, j’imagine qu’il est normal que tu restes avec les faibles.

Je regardais mes ongles, avant de relever mon regard vers lui :

- Mais c’est bon, j’en ai assez vu. Tu es toujours aussi faible et trop sûr de toi, et tu n’as même pas confiance de combien j’ai des pions d’avance sur ton petit jeu. Alors vas-y, continue tes choses « importantes ». Et bave en bien.

Je ne prends même pas la peine de disparaître. Non, je commence à faire demi-tour simplement, pour partir. Je pars simplement en marchant, sifflotant presque, hésitant entre être déçu ou amusé de ce que je viens de voir.