Le moment fatidique arriva, quelle était cette demande que Layla voulait lui faire ? Lydia avait appréhendé certains scénarios, mais à dire vrai, aucun de ceux qu'elle n'avait imaginé serait bien accueilli, en effet, elle aura été incapable d’être témoin à un mariage. Et pourtant... Voilà que c'est ce qu'on lui réclama qu'on lui réclama.
Le bébé devait d'abord naître, et son amie allait s'assurer la stabilité de la famille avant la cérémonie de l'heureux événement. A la suite de ses explications, elle avoua à la sorcière à quel point elle tenait à elle avec un discours touchant, même pour le cœur rempli de haine qu'elle possédait actuellement.
D'abord, l'étudiante garda le silence, et semblait réfléchir tandis qu'elle fixait la bague de Layla. Puis, soudainement, elle se leva. Comme indécise, elle décida de se rasseoir au côté de son amie, puis finalement se percha de nouveau en haut de ses jambes. Elle soupira en haussant les épaules...

Lorsqu'elle eut commencé à m'annoncer qu'elle allait avoir besoin de moi, je savais déjà quel catastrophe aurait pu m'attendre, et j'espérais un coup du destin pour l'éviter. Mais ce dernier ne continua pas en ma faveur, et voilà que d'une seconde à l'autre, j'étais sollicitée au poste de témoin. Je ne sut comment répondre à ce moment précis, et un enchaînement de pensées, rapides, fusaient dans ma tête. Il était clair que je ne pouvais assurer ce rôle, quand bien même le mariage n'allait pas être tout de suite. Je n'étais plus digne de cela. Et celle déclaration que Layla venait de me faire penchait davantage dans la difficulté de devoir refuser une telle offre. Je ne voulais pas gâcher son mariage, je ne voulais non plus manquer un moment qui serait si heureux pour une personne qui a souvent été là pour moi, et qui comptait sur ma personne. Mais c'était un terrain trop dangereux, il aurait fallu que quelque chose me contrarie durant ce mariage pour que je fasse un scandale. Ma personnalité était devenue ainsi, et je ne comptais, ni ne voulais changer. Je me plaisais ainsi. C'était ce que j'avais choisi d'être, quand bien même la quête de soi s'avère être longue et bouleversante. Je n'écartais pas la possibilité de me calmer un jour, mais je ne voulais pas retrouver cette Lydia douce et gentille, je préférais davantage le monde de la cruauté. Mon amie était l'une des exceptions à ce trait de mon caractère, elle ne m'avait jamais fait intentionnellement du tort, et je ne pouvais que la remercier d'avoir été l'une des seules à être restée à mes côtés, alors, je ne pouvais pas me montrer volontairement méchante envers elle. C'est pourquoi, prendrait-elle se refus comme un exception à la règle ..?

- Je suis vraiment flattée, et tout ce que tu as dit est vraiment gentil. Mais je vais devoir refuser. Sincèrement, je ne fais pas ça contre toi, ou quoique ce soit, c'est pas pour moi tout ça. J'assisterais simplement à ça, dans mon coin, si bien sûr tu veux toujours de moi, mais je ne pourrais pas en faire plus. Je devrais peut-être y aller maintenant ? Ca doit être crevant de porter bébé dans son bide. Encore félicitations pour ton mariage et ta progéniture !

Pour la première fois depuis l'arrivée flagrante de son côté démoniaque, bien avant qu'elle ne se fasse "secourir" par sa famille, Lydia perdit pieds. Elle sentit que quelque chose lui échappait, qu'elle ne se contrôlait plus entièrement. La sorcière eut ce moment de panique, ressenti lorsqu'une situation ne se déroule pas comme prévue. Le fait est que Layla était un peu un symbole de son passé, l'incarnation de ses souvenirs, de ces moments qu'elle avait pu passer à l'institut lorsque toutes ces questions ne se posaient pas, lorsque tout était bien refoulé et qu'il n'y avait pas de doute quant à ses motivations et son soi intérieure. A ce moment là de sa vie, son quotidien était innocent, et tout ce négatif restait caché, bien sûr, il scrutait le moment où il allait s'échapper, mais elle ignorait tout cela, et ce moment d'ignorance était si paisible. Ce fut un brin de nostalgie qui put se lire sur son visage, comme une ancienne expression à présent perdu. Elle ne regrettait pas ce qu'elle était aujourd'hui, elle préférait son état actuel à l'ancien, puisque dans tous les cas il aurait bien fallu que tout sorte, mais elle ne pouvait pas s'empêcher de reconnaître que cette période était bien plus calme. Par moment, toute cette rage qu'elle cachait l'épuisée, oui, elle était fatiguée de ne pouvoir pas se défouler, de ne savoir plus pleurer. Elle avait besoin qu'on la soulage de cette haine, bien sûr, il n'était pas dit qu'après cela elle redeviendrait la Lydia d'antan, celle-ci était réellement perdue depuis le temps, elle serait toujours cette sorcière avec ce côté démoniaque, mais juste ce poids en moins rendrait son existence plus calme. Ce courroux brouillait ce qu'elle croyait être elle, cette quête de soi n'allait pas se finir, elle était peut-être condamnée à se chercher, et à s'enfoncer dans toutes sortes d'émotions parasitant le trajet jusqu'à l'arrivée de son épanouissement.

L'étudiante fut comme émue, triste, et gardait cet air en colère qui menaçait d'exploser. C'était une corde sensible que son amie commençait à toucher, et sa compréhension n'en était que plus insupportable. Pourquoi ne pouvait-elle pas tout simplement lui crier dessus ? La frapper ? La combattre ? Pourquoi devait-elle se montrer aussi gentille envers ceux qui ne le méritent plus ?
Lydia recula d'un pas, et inspira en elle chaque trace de tristesse qui pouvait être apparue entre temps, elle reprit vite le contrôle d'elle même, et se montre plus froide. Il était hors de question de montrer un peu plus ses faiblesses.

- A plus. Lâcha-t-elle cette boule dérangeante dans sa gorge, et cette sensation d'oppression au niveau de sa poitrine.
Après quoi, elle s'en alla sans attendre de réponse avec ce besoin vital de prendre l'air et de s'éloigner.