Je laissais Bélial faire ce qu’il voulait, quand il m’embrassa ou me caressa les cheveux. Je crois qu’il aimait bien faire ça. Plus que simplement pendant qu’on baisais dans un coin, en fait. Il était vraiment plus tendre que moi. J’avais parfois du mal à saisir comment il faisait.
Je le laissais me serrer, tenant encore le machin geignard et minuscules dans mes bras. Enfin, Eleazar se taisait.
Je n’avais aucune envie d’être un bon père. Je n’avais aucune envie d’être un père tout seul.

- Il a pas besoin de pioncer en enfer.

Ce fut les premiers mots qui sortirent de ma bouche, alors que je me détachais. Cette situation me donnait trop de tension, et j’avais horreur de ça. J’étais sur les nerfs, et j’aurais réellement préféré étrangler Eleazar que de le laisser vivre, mais apparemment, cela aurait été encore plus d’emmerdes que prévu.

- Pour le reste, t’auras qu’à être sa baby sitter officiel. Ca m’arrange, j’ai pas envie de me faire chier à le garder. De toute façon je comptais le refiler à d’autres démons.

Je soupirais. Je regardais ce bébé minuscule et minable.

- Il aura pas besoin d’une chambre en enfer, il aura pas besoin de jouets.

Comme si j’allais le laisser s’amuser. Je n’étais pas comme ça.

- Et il a intérêt à bien suivre ce que je lui dirais. En attendant, ca ne change pas que pour le moment il sert à rien. T’étonnes pas s’il grandit d’un coup. C’est que j’aurais craqué. Merde, je suis pas fait pour garder un bébé

Je me rendis bien compte que tout ce que je venais de dire, n’était pas franchement au goût de Bélial. Mais je n’en avais rien à foutre, en fait. Il devait déjà s’estimer heureux que je laisse le machin vivant. Je le fixais alors qu’il me pris contre lui.
Mais quand il me demanda de l’écouter, je laissais échapper un soupir, avant d’hocher vaguement la tête. Très bien. Vu qu’il semblait si sérieux et solennel.
Je compris son sous-entendu, comme je savais ce que cela signifiait. Je tournais un peu mon regard vers lui, et sûrement que j’avais un air blasé. Mais merde, j’avais un gosse que je n’avais jamais voulu, et si je le gardais en vie, cela faisait comme si j’avais une bombe dans les mains.
Pas une bombe très explosive pour me faire super peur, parce que je savais que je n’étais pas du genre à avoir peur. Mais une bombe dont je devais quand même me méfier pour les dégâts que ce gamin pourrait faire.

- Je sais. Sinon je ne viendrais pas te voir, si je l’ignorais. Mais de mon côté, je sais que tu sais que je ne supporte pas les gosses, mais pas que. Tu sais parfaitement ce que ça peut entrainer ces machins.

Y avait qu’à voir Roch qui faisait le beau vers les humains.

- Même si je suis puissant, j’ai une réputation à tenir. J’ai pas envie qu’elle soit anéanti parce que j’aurais une progéniture de merde. Déjà que les démons doutent de moi parce que je me suis endormi un bon gros siècle…

Disons que cette naissance tombait réellement mal, et que de toute façon, je n’étais pas empathique. Je crois même, que je ne l’ai jamais été. Même au Ciel. Sauf peut-être envers mon crétin de Père.

- Toi t’auras qu’à l’amuser, mais moi, même si je le voulais, le seul jeu que j’aime, c’est la torture. Mais je refuse de te le donner quand même.

Pour ne pas avoir à revoir cette espèce de Bélial guimauve qui m’était apparu quelques instants plus tôt.

- Je compte juste éviter de répéter les erreurs commises avec Roch, c’est tout.

Quelles erreurs aurais-je pu commettre avec Roch, franchement ? C’était parce que c’était un idiot fini, que ça avait terminé par une simple et brève connerie de sa part.
Je comptais bien faire en sorte que le morveux nouveau-né ne fasse pas la même chose.

- J’espère bien qu’elle ne reviendra pas une troisième fois, où je te jure que le prochain, je le crame sans même te demander ton avis.

C’était déjà un miracle – ce qui est putain d’ironique – que je garde envie Eleazar. Je le regardais, comme Bélial me l’avait demandé, et eut un mauvais sourire sur la face, imaginant déjà quelque chose d’utile à faire de ce gosse.

- Ouais, il a plutôt intérêt.

Je regardais finalement Bélial :

- Très bien, je vais ramener ce mac…morveux avec moi en enfer. Tu crois que Claunech ou Aguarès serait apte pour le garder aussi ? Non parce que ça va vite me saouler de l’avoir dans les pattes. Ou Léviathan… Bref, au pire, vu comment tu sembles à fond sur ce…gosse, j’imagine que te le laisser te ravira. En attendant, je le garde.

Ma dernière phrase sonnait comme un ordre, parce que vraiment, Bélial et ses réactions vis-à-vis du gamin n’avaient rien de rassurantes.

Moi, voir le négatif partout ? Je n’étais pas le mal pour rien au moins. Je ne voyais pas le négatif partout, je prévoyais juste les éventuelles erreurs de parcours de ce bébé. Je doutais que Bélial avait raison, parce que cet enfant ne me donnerait sûrement pas la foi.
Mais si c’est ce qu’il voulait croire…

- Je sais. De ton côté…

Je rapprochais mon visage de lui, jusqu’à être si proche, que je pouvais voir ses yeux, plus que le reste de son visage :

- Malgré tout ce qui a pu t’arriver, je n’apprécierais pas que tu deviennes un truc niais et guimauve. Ressaisis toi, Bel.

Après ces derniers mots, je disparu avec l’enfant. L’enfant. Beurk. Enfin, j’allais devoir faire avec. Je regardais Eleazar.

- Tu as intérêt à ne pas me décevoir, toi.

Avant de l’entrainer plus profondément en enfer.