Il y avait ces fois, où la moindre chose insupportait. Qu'elle se manifeste sous la forme d'un son trop présent, d'un paysage trop barbant, ou d'un jour un peu trop lent. Et dans ces périodes-là, il valait mieux ne pas s'approcher de la personne qui subissait ces temps lassants. Malheureusement pour les autres, c'était dans une journée comme celle-ci que Lydia se trouvait. Elle n'avait goût à rien, la population entière ne lui apportait plus indifférence mais irritation, les minutes semblaient des heures, et les secondes des minutes. Afin de faire tourner l'aiguille de sa montre plus vite, en impression seulement bien sûr, la sorcière n'eut que l'idée d'une promenade. Mais rien n'y faisait, et cette pseudo solution n'engendra que davantage d'agacement. En effet, le bruit ne cessait pas de jaillir autour d'elle, voiture comme citoyen. Puisqu'elle ne pouvait s'en prendre à tout le monde, la jeune fille préféra s'isoler en continuant son chemin dans un endroit moins bombé. En effet, le silence était de nouveau là, quoiqu'un peu perturber par des pas. Elle n'était pas seule, mais en ces lieux, on ne pouvait compter qu'un nombre restreint de personnes, peut-être cinq grand maximum, et sûrement que la plupart était humain. Il y avait donc assez de place pour que chacun circule comme bon lui semble, suivant sa trajectoire sans risquer d'en bousculer un autre. Et pourtant... Devant elle arrivait une personne à contre sens, qui ne semblait pas vouloir se décaler à l'idée de son arrivée. En effet, l'oreille occupée à un appel, il était bien trop absorbé par cela que par la vision des alentours. Or, marchant près d'un mur, il était clair que ce n'était pas à Lydia de se déranger. Pourtant, cela ne suffit pas comme argument pour que l'homme ne se décale d'un pas. En effet, sans faire attention leur épaule se frôlèrent poussant un peu plus la demoiselle dans le mur. Tout de suite après, l'inconnu embêté, enleva son cellulaire de son visage, et s'excusa, d'un air confus. Mais cela ne suffisait pas. Elle aurait pu le pardonner, passer à autre chose, se prêtait à d'autres divertissement. Cependant, la journée avait déjà si mal commencée, et peut-être bien que si la bonne humeur avait été au rendez-vous les choses se seraient déroulées autrement. Mais sans explication, l'étudiante lui cria dessus.

- Mais putain, t'es pas fichu de faire gaffe ?! C'est trop te d'mander que de dégager d'un pas ?

Étonné par cette réaction abusive, l'humain ne put que lui demander de se calmer, de baisser d'un ton, et de ne pas lui manquer de respect de la sorte. Il n'avait pas tort, dans les faits, mais ne supportant pas de paraître invisible, la sorcière n'hésita pas à lui envoyer une décharge électrique, profitant de son déséquilibre pour le dégager violemment. Le corps raide, l'homme tomba au sol facilement. Elle en profita alors pour lui donner quelques coups de pieds.

- Me. Fais. Pas. Chier ! Prononça-t-elle, espaçant chaque mot par un coups.
 

Après quelques coups de pied consécutifs, Lydia eut enfin fini de passer ses nerfs sur cet humain, pas assez chanceux pour avoir su éviter sa route en ce jour. Bien entendu, ce n'était pas encore assez, la sorcière sentait toujours cette colère bouillonnante en elle. Prête à s'écarter de sa victime pour expédier d'une autre manière sa rage, un second inconnu vint s'incruster dans leur duo, et se permit de remettre en état cet individu électrocuté. Cette action avait, semblerait-il, usé de sa magie et essoufflé de ce fait cette personne. S'il subissait les conséquences de ses actes, tant mieux, cela lui apprendra de venir se mêler d'une affaire qui ne le regardait en rien. Les talons tournées, elle s'arrêta subitement lorsque l'homme osa lui parler sur un ton qui ne lui déplu que davantage. Fronçant les sourcils, Lydia se retourna, le fusillant du regard.

- "J'ai assez subi de violence" ?! Tu es tellement égocentrique que tu ramènes ça à ta petite personne ? Je n'ai rien dit sur le fait que tu prennes la défense de ce mec, mais ne vient certainement pas me donner des ordres, ni te poser en victime d'une situation dont tu n'as rien à voir. J'espère que t'as compris ! Lui cria-t-elle avec la même agressivité dont elle fit preuve plus tôt.

Parce qu'elle, elle n'avait jamais eu a faire à la violence ? Parce que cela ne lui était qu'exclusivement réservé ? De quel droit osait-il intervenir, de quel droit osait-il ramener ce conflit qui ne concernait qu'eux à ses problèmes personnels ?
Lydia avait connu la violence, la trahison, la tristesse, elle avait connu l'épuisement, et ce combat perdu d'avance contre ses propres démons. De ce fait, la jeune fille n'avait sûrement pas besoin qu'un inconnu vienne évoquer son propre parcours, posant ses problèmes comme des lignes directives de règles de vie générales. Parce qu'un inconnu extérieur à cet événement avait déjà été frappé, ne pouvait-elle pas, elle, se défendre d'un homme qui n'en avait rien à faire de son entourage ? Pour elle, il était clair que son geste n'avait rien de déplacer, et elle ne comptait pas se laisser insulter de la sorte, ni prendre de haut.

Le guérisseur sembla se remettre peu à peu de ses émotions, et quitta le mur contre lequel il s'était adossé, faisant dos à la demoiselle par la suite. Si l'envie de l'attaquer était tentante, elle préféra ne rien faire. Les points remis sur les "i", elle n'avait pour le moment plus aucune raison de lui faire quoique ce soit, à condition qu'il se tienne tranquille, et s'abstienne d'une autre réponse insolente qu'elle ne supporterait pas. Lorsqu'elle se mettait à crier, elle s'attendait à ce que l'autre s'écrase, c'était ainsi.
 

Il y avait, dans ce monde, une quantité de réaction étonnante face à ses propres problèmes. On pouvait ainsi trouver des personnes qui les gardaient pour elles, d'autres qui se confiaient à leurs proches, quelques individus encore les communiquaient à un professionnel là pour cela, et une autre catégorie regroupait ceux qui l'évoquaient librement dans une conversation sans gène, sans barrière entre leur moi intérieur et extérieur. Parfois pour s'en plaindre, pour se montrer différent, par besoin, ou autres justifications. Le jeune homme ici présent, demeurait sans nul doute dans cette dernière case. Il avait ouvert la discussion, en parlant de la violence contre la victime de la sorcière comme si elle lui était destinée. Mettant tout de suite sur le tapis une partie de sa vie, normalement dite "privée". Ensuite, il argumentait sans hésitation, qu'il se trouvait atteint de problème psychologique à cause de son passé. A vrai dire... Lydia n'en revenait pas. Intolérante qu'elle pouvait être, c'était un aspect de personnalité que l'étudiante ne portait guère dans son coeur. Il se démontait lui même, avait un langage mi-soutenu en troquant un bon vieux "ça" contre "cela". Non, définitivement, pour la sorcière ce personnage ne serait pas dans ceux qu'elle appréciait. D'un côté, peu pouvaient jouir d'être dans ce cas.
Ce ne fut pourtant pas d'un ton agressif qu'elle répondit, quoique cela pouvait l'être indirectement, mais il n'y avait pas de colère, de sourcils froncés, ou de dents si serrées qu'elles grinceraient sous le poids de quelques syllabes. Non, il y eut davantage d'amusement, de moquerie dans cette voix-là.

- Attends... Sérieusement ? Tu ne me connais pas, ça ne fait qu'une petit minute que tu découvres mon physique, et je sais déjà que tu es soit-disant "dérangé psychologiquement" et que ton père était violent. Je sais aussi, d'après ce que tu me dis, que t'es quelqu'un de nul et que tu ne vaux rien. T'as pas de pudeur psychologique ? Genre tu te confies easy comme ça à n'importe qui, Andrew ? ... WOW. J'n'ai jamais vu ça hein. Mais bon, j'suppose que chacun fait ce qu'il veut, et étaler ses problèmes est un choix qu'il faut respecter mais... WOW quand même. J'ai l'impression qu'on ma spoiler la fin d'une courte vidéo. Pfeh, de toute façon je ne comptais pas la regarder, cette vidéo, alors qu'importe.

Elle lâcha un long soupire, bon... Le pauvre.

- Mais c'est pas que j't'aime pas, j'veux dire, non c'est vrai j't'aime pas, mais j'te déteste pas non plus, c'est genre... de l'indifférence ? J'te connaissais pas y'a 2 minutes, j'm'en fous c'est tout. Mais si mon prénom te tient à coeur, j'm'appelle Lydia.
 

Sincèrement... Lydia trouvait ce jeune homme désespérant. Il ne lui inspirait rien de bon, ni même de mauvais d'ailleurs, il était juste vraiment bizarre. Mais pas dans un sens attrayant qui donne envie d'apprendre à connaître la personne en question. Sans gêne, il avait jeté son haut, et se baladait ainsi à présent. Pour avoir eu besoin de lui dire de telles choses confidentielles sur lui dès leur première rencontre, c'est bien que la sorcière devait lui inspiré un peu de confiance ? Ou un quelconque je-ne-sais-quoi qui pouvait pousser un inconnu à se confier. Ça aussi, c'était bizarre. L'étudiante eu attendit qu'il finisse son petit dialogue.

- Heu, c'est bon ? T'as fini ta scène dramatique ? Tu sais, tu peux, au pire, tout simplement t'en aller et me laisser gérer ça ? Et la prochainement fois que tu sentiras ce besoin de me parler d'un truc, à moi pauvre inconnue, tu pourras également t'abstenir, merci.

Elle lâcha un long soupire, cette demoiselle n'était pas connue pour être des plus agréables.

- Si tu comptes rester dans les coins, moi, je préfère m'en aller. Tu m'as assez pollué l'air comme ça ! Et si un jour tu me recroises... Tu m'oublies, hein ? Ce ne serait pas de refus. Merci d'avance.

Sur ces dernières paroles, Lydia tourna à son tour les talons pour s'éloigner de ce curieux personnage. Le pauvre aurait pu tomber sur une facette de sa personnalité plus amicale, mais en ce jour elle n'avait eu aucunement envie de s’embarrasser de quelques mots de politesse. Aussi bientôt, avec la même mauvais humeur qu'à l'arrivée, elle disparut dans une foule d'inconnu marchant dans son sens et contre elle-même, se faufilant à ses côtés dans la percuter, de peur qu'à leur tour ils puissent goûter à ce caractère électrique.