EMPLOI : Responsable & DJ à l'Underground + Professeur à l'Institut
DATE DE NAISSANCE : 27/05/1987
ARRIVE LE : 17/03/2016
Sujet: On embauche vraiment n'importe qui ici Lun 19 Déc 2016 - 14:05
La journée avait pourtant bien commencé. Même la semaine. L’underground était enfin ouvert suite à de nombreuses semaines de travaux pour réparer les dégâts des sentinelles. Tomi essayait tant bien que mal de ne plus penser à tout cela, de ne plus se sentir responsable par la destruction de son lieu de travail. Positiver… Et aider Tyana. En oubliant ces détails. Il n’y était pour rien. Pour rien. Il ne cessait de se le répéter comme pour se convaincre mais l’auto-persuasion n’était pas vraiment son fort, se rendant que très rarement responsable en plus. Souvent, c’était « la faute des autres », mais la gravité de la situation, cette fois-ci, avait certainement atteint un paroxysme dans la vie du DJ.
Heureusement pour lui, une toute nouvelle table de DJ était arrivée. Déjà installée et chouchoutée par son nouveau propriétaire, elle tronait fièrement dans sa salle remise à neuf. Il avait retrouvé de nombreux souvenirs dans des cartons remplis par les anciens ouvriers, mais il n’y avait que du superficiel qui avait résisté à l’attaque des sentinelles, à son grand malheur. Mais il y avait une chose positive : Il avait retrouvé de vieux souvenirs, si vieux, si enfouis, qu’il pensait ne plus les revoir, comme un vieil album photo. Il s’était surpris à s’installer sur son canapé pour le redécouvrir, souriant devant plusieurs photos de sa jeunesse. Avec sa mère, peu de temps avant sa mort. De leur jeunesse. De son adolescence. Et bientôt, ce furent des photos justes détestables qui revinrent à la surface. Une photo sur laquelle il se trouvait avec une jeune femme blonde, partageant tous les deux un sourire, un joint, des yeux rouges, la jeunesse. Cette photo et d’autres le ramenèrent dans un passé qu’il aurait préféré oublié, un passé remplit d’erreurs, d’une imagination débordante, leur ayant fait croire à des pseudos sentiments alors que seuls leurs neurones détruits par des produits illicites donnaient cette illusion.
Tomi entama un sérieux tri dans ses souvenirs et dans son ancien matériel détruit. Si récupérer certaines pièces pourrait être utile, tout le reste, comme ses photos ainsi que des morceaux de plastique et autres bêtises, pouvaient être futiles. Deux cartons. Un qui serait bientôt éparpillé dans toute la pièce… Et l’autre qui rejoindrait bientôt le conteneur poubelle. Il devait être 18heures lorsqu’il termina son tri et qu’il embarqua, fier de son tri, le carton destiné à la benne, débordant ci et là de nombreuses photos. Prudemment, il descendit les escaliers pour ne pas causer une catastrophe. Avant, il aurait utilisé la gravité pour ne pas être gêné par l’immensité de ce carton encombrant, mais de nombreux nouveaux employés étaient plantés dans chaque coin. S’il connaissait quasiment tout le personnel avant l’attaque des sentinelles, aujourd’hui, il ne savait pas qui était quoi. Autant ne pas faire de gaffes. Mais plus le trajet se faisait et plus ses bras tremblaient sous le poids et la largeur encombrante. Observant tout autour de lui… Il finit par s’octroyer un peu d’aide, annulant la gravité de la boite, qui flottaient toute seule, bien que camouflant son pouvoir en entourant encore les déchets de ses bras. Juste ses yeux pouvaient éventuellement le trahir, bien que les néons du club pourraient créer ce tour de passe-passe. Au cas ou, le sorcier avançait tête baissée, esquivant avec habilité les employés, entrant dans une nouvelle pièce. Mais à croire que ses nombreuses semaines lui avaient fait perdre son agilité, parce que le coin du carton rentra dans l’épaule de quelqu’un assez brutalement. Sous le choc, Tomi relâcha même ses bras, laissant le carton flotter peut-être une seconde ou deux… Avant de relâcher l’emprise gravitationnelle qu’il avait dessus en croisant le regard de sa victime, sous le choc. Ses prunelles perdirent leur teinte surnaturelle tandis que les souvenirs se renversèrent par terre dans un fracas, illustrant parfaitement l’état mental et la surprise du DJ face à cette soudaine rencontre. Si quelqu'un pouvait décrypter les pensées du trentenaire, il ressentirait une véritable explosion mentale.
Dernière édition par Tomi S. Hicks le Mar 20 Déc 2016 - 18:56, édité 1 fois
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Sujet: Re: On embauche vraiment n'importe qui ici Lun 19 Déc 2016 - 22:01
« Scars have the strange power to remind us that our past is real. »
ft. Tomi
« Charlie, enfile ce pantalon et arrête de crier, bordel! »
La vie de maman s'annonçait plus compliquée chaque jour. Ce que je rêvais être une vie d'aventures ne se résumait souvent qu'à des missions type réussir à coucher le monstre, la forcer à se brosser les dents, ou encore cette fois lui faire enfiler son pantalon. Alors que Charlie se faufilait entre mes jambes pour fondre sur le canapé où se camoufler sous une large couette, je lâchai un terrible soupir avant d'écraser le tube de nicotine à peine allumé. Foutue journée. Après l'avoir rapidement enroulé dans sa couverture, je la forçai enfin à se rendre sur le sol, lui tendant son bas en précipitation. Elle ignorait. Chantant, tournant autour d'elle-même, tapant du pieds, et dansant en fredonnant un air populaire écouté à la radio, elle évitait mon regard soit en fermant ses paupières soit en couvrant ses yeux de ses paumes de mains. Insupportable enfant. Si j'avais cru que le célibat m'aiderait à gérer cette maternité, je me doutais fort peu que l'aide d'un autre parent me serait utile. A mon grand bonheur, il y avait Alice. Une femme rondelette, aux pommettes et au nez rouges, avec de belles boucles blondes qui dégageaient son visage. Et contrairement à mes mauvaises habitudes, elle était droite. Elle ne fumait pas, ne buvait pas, se tenait correctement trouvant toujours le bon compromis, elle gardait perpétuellement ses mains sur ses hanches sur lequel on pouvait toujours ou presque imaginer son tablier parfaitement blanc et lisse après qu'elle l'eut soigneusement repassé. C'était une mère parfaite. Droite. Elle ne fumait pas, ne buvait pas, se tenait correctement, correspondait aux critères sages de la société, faisait des compromis qui réjouissaient tout le monde. Elle savait chanter, dessiner, parler la langue de Molière avec une habileté qu'on lui vantait, et faire rire d'éclats même les plus timides. Alice la nourrice pour ceux qui ne la connaissaient à peine, et Lice la charmante nounou pour Charlie et moi. Nous avions perdu toute la hiérarchie qui s'était d'abord imposée, elle me tutoyait, je la tutoyais, elle faisait la balance pour équilibrer mon taux de conneries, le tas de merde que j'étais devenue, la mère pourrie qu'on aurait préféré relégué à son voisin.
«MAMAN, J'VEUX PAS ALLER A LA DANSE! Les gens y disent que t'es pas bien. Et j'aime pas ça. - Ecoute. Les gens sont cons. Mets ton pantalon, Lice viendra te chercher, et elle te ramènera à mon boulot. »
Je lui accordai une douce caresse sur la joue avant de la forcer à me cacher la vue de cette maudite culotte blanche. Chaussée, brossée, lavée, habillée, et couverte de son large manteau brun, je lui saisissais fermement la main, la contraignant à me suivre dans cet élan de précipitation. Premier jour de travail, aujourd'hui et presque en retard. J'enfouissais en boule la chemise et l'étiquette que l'on m'avait prescrite en refermant rapidement le large sac de sport avant de l'enfiler sur mon épaule. Nous étions parties dans ce froid hivernal, sous les cris intempestifs de Charlie insatisfaite et sous mes moues boudeuses, les yeux encore cernés, et les lèvres gauchement maquillées d'un modeste baume. Enfonçant mes bottes qui crissaient dans la neige, j'avançai entre les flocons qui virevoltaient tous dans une harmonie muette que seule Charlie brisait en grognant des quelconques critiques sur le système éducatif foireux. Elle était intelligente. Elle avait des arguments parfois puérils mais que je comprenais toujours. Elle était la seule personne que je comprenais, la seule qui me comprenait. Elle n'avait pas hérité de mes talents d'emmerdeuse, et à ma grande joie, elle était un trésor infini aussi pur que l'extase dans laquelle j'étais plongée en regardant ses yeux bleus qui brillaient à la lumière chancelante des réverbères. Elle était belle, et j'étais fière de tenir sa main. Comme un trophée dont j'avais la gloire pour moi-même. Le père de Charlie était rayé de ma carte, c'était un passé que je préférais renier. Nous étions cons, et de notre connerie, je n'avais gardé que la douce récompense d'une grossesse non désirée. Je lâchai sa petite paume froide pour la confier aux doigts presque boudinés de Lice. Le temps me l'emportait encore une fois, comme chaque jour.
Après avoir repris un service calme entrecoupé par mon trajet jusqu'au club de sports, je retirai la chemise blanche sur laquelle j'avais maladroitement mon prénom. Si d'un point de vue sentimental, je peinais à gérer toutes les émotions qui me faisaient chavirer, d'un point de vue financier, je coulai. Je devais travailler, gagner plus d'argent. Après des années passées comme danseuse dans un nightclub, je m'étais finalement proposée comme serveuse à l'Underground. Les nuits passées à rouler des hanches, frotter mes cuisses, et balancer ma poitrine au rythme d'une mélodie assourdissante, étaient enfin résolues, et la honte était désormais un sentiment que je ne ressentais plus lorsque Charlie me demandait les yeux larmoyants pourquoi les parents n'aimaient pas ce que je faisais. Enfin si. Mais, je ne me sentais plus coupable d'un métier perpétuellement traduit comme provocateur. Je fermai les yeux, j'inspirai un bon coup, et je la serrai dans mes bras. Je l'aimais Charlie, et je voulais pas la décevoir. Plus du moins. Je prenais mon débardeur noir, prête à me revêtir pour rejoindre Lice et Charlie. Je retirai donc le haut non sans gêne, avec pour seule compagnie les cartons à déballer lorsqu'un corps tomba contre ma colonne vertébrale. Je ramenai aussitôt le tissu noir pour masquer le soutien-gorge mate dans lequel j'ai été exposée. Je lui hurlai dessus aussitôt, en lisant le prénom inscrit sur son étiquette:
« Hé faut faire attention... Tomi! ... Tomi?! »
Tomi. Je relisais ces syllabes avec incompréhension. Tomi, ce prénom m'était bien trop familier pour que je ne relève pas la tête en arquant un sourcil. Je laissai le débardeur et la chemise glisser sur le sol dans une expression muette de surprise. Je me baissai immédiatement pour ramasser la chemise et l'enfiler en précipitation. Quitte à être confrontée à mon ex-mari, j'aurais préféré ne pas l'être dénudée. Je laissai mon regard se plonger dans le sien. Des yeux bleus comme le ciel. Comme Charlie. S'il savait.
« Qu'est-ce que tu fous ici? Tu-retourne toi, je me change là. Me dis pas que tu bosses ici... » déclarais-je en massant mon front.
Tomi S. Astier
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Sujet: Re: On embauche vraiment n'importe qui ici Mar 20 Déc 2016 - 20:40
Perdu dans ses pensées, Tomi ne s’était pas aperçu de certains détails… Comme le fait qu’il avait pris machinalement le trajet à travers les vestiaires pour atterrir directement devant la benne à ordures. Lorsque son regard se posa donc sur le reste du corps d’Aria… Il se figea. Gêné et étonné par la situation, il obéit directement à la blonde en tournant le regard… Pour finalement pivoter sur le côté, plongeant son visage dans sa main sous le désespoir de cette rencontre. C’était pas possible. Tout mais pas ça. Qu’avait-il fait pour mériter cela ? Qu’avait-il fait au karma pour croiser son ex-femme ? Sa main se plaça finalement sur sa bouche, observant les vestiaires et identifiant clairement… Qu’il était en tord d’être passé par là. C’était sa faute s’il avait croisé cette folle. Mais bon dieu. Pourquoi. L’ampleur de ce pourquoi ne fit qu’accroitre devant les dires de la femme… Mais aussi en vue de sa présence ici. Dans le vestiaire à employées. Avec un badge. Par automatisme, il se mit à lui parler dans leur langue maternelle, le français.
« Et toi me dis pas que t’as pas vu les affiches avec « DJ STEALTH » avec de ma gueule dessus, bon sang... On voit que ça devant le batiment et dans la ville… » dit-il avec une voix basse, déjà fatigué de la future querelle qui se préparait, se frottant les yeux. « Putain mais… » Il balança un regard vers Aria pour vérifier si elle était habillée ou non. « C’est la patronne qui t’as embauchée ici ou c’est un des autres responsables ? Parce que crois-moi, tu vas vite dégager de ton poste si c’est pas Tyana qui t’as fait signer ton contrat ! » enchaina-t-il en haussant le ton de sa voix, se retournant finalement vers la blonde, désireux d’un duel de regards. Mais finalement il trouva mieux à faire, plus important : son regard se posa sur les déchets éparpillés à terre, dévoilant haut et fort leur jeunesse figée sur papier glace. « Et merde… » dit-il précipitamment en se dépêchant de ramasser et cacher ces immondices. Ce scénario était un coup du destin. Il mit en boule les photos et les jeta dans le carton qu’il releva.
Il ne savait pas pourquoi, mais il sentait tout son corps bouillonner. Sa présence lui rappelait sa jeunesse, ce qu’il avait enduré avec son père, cette souffrance physique et mentale constante, sauf lorsqu’il rentrait enfin chez eux pour se lover dans ses bras. Mais tout ça n’avait pas été suffisant pour survivre mentalement à cette fichue vie. Il avait fallu d’un pas. D’un seul mauvais pas pour foutre en l’air ce faux bonheur qui s’était installé entre les deux jeunes. Et il lui en voulait. Il avait tellement placé d’espoirs dans cette relation, tout comme elle certainement, que chacun s’était balancé toute leur rancœur. Sa main en était devenue tremblante, ayant du mal à tout ramasser. Les deux en fait. Tout comme dans sa jeunesse, quand il avait préféré déverser sa rage dans le mur miteux de leur appartement plutôt que de porter la main sur elle, chose qu’il ne se serait jamais pardonné. Sous ses souvenirs remontant à la surface et la difficulté à ramasser les dernières photos, Tomi finit par se relever et donner un grand coup de pied dans le carton qui glissa jusqu’au fond de la pièce. Il avait besoin d'expédier toute cette rage.
« Sérieusement, j’ai déjà eu la malchance de te rencontrer à Londres, faut en plus que je me farcisse ta gueule ici à Jacksonville ? Le mode n’est pas assez grand que tu viennes m’emmerder dans ma ville ?! A mon boulot ?! Mais MERDE, ARIA QUOI ! »
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Sujet: Re: On embauche vraiment n'importe qui ici Mar 27 Déc 2016 - 0:55
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DJ STEALTH. Il répétait cela, sans cesse. Dans notre langue maternelle, le français. La douceur des syllabes m'enchantaient, et je me retrouvais bercée dans l'enfance. J'aimais reparler cette langue que je manquais d'oublier. Dommage que ce fut pour écouter de nouvelles complaintes et insultes. Comme si j'en avais déjà eu quelque chose à foutre des affiches qui parcouraient la ville. Jamais. Je passai vigoureusement mes mains sur mon visage, désormais brûlant. Les conneries se payaient, je recevais la facture. Une facture à la belle apparence, aux yeux bleus transportant, à la chevelure blonde soigneuse, et à la mâchoire crispée. Mais une putain de facture qui me faisait serrer les dents. Une erreur qui m'avait certes valu le plus beau des cadeaux, mais aussi la plus forte des douleurs. Celle du silence dans lequel je me confondais quand Charlie suppliait à voir son père. Elle saisissait alors une boussole, et s'affirmait que celle-ci finirait par lui révéler la position exacte de son père. Cela faisait toujours tripler les larmes qui venaient se baigner contre mon édredon. Si il y avait bien une chose que j'étais pas, c'était sensible. Pourtant, cette fille, elle m'attrapait toujours par les sentiments. Par les tripes. Elle se ruait un chemin de mes veines jusqu'à mon coeur, sans que je puisse protester. Cette petite fille était mienne, et quand je revoyais la face de cet abruti, je voyais inconsciemment le sourire attendrissant de Charlie qui se fondait dans le sien. Mes poings qui s'étaient resserrés relâchaient aussitôt la pression, et je décontractai chacun de mes muscles prêts à réduire cet homme en bouillie. Je balayai l'image perpétuelle de cet ange qu'était, étonnement, de mon sang. Fallait que je me calme. Et lui aussi d'ailleurs. Je me plaisais à lui rappeler, en vociférant:
« FERME TA GUEULE TOMI. Je savais pas que t'étais là, donc tu fermes ta gueule. TA PUTAIN DE GUEULE D'EMMERDEUR. » , m'écriais-je avant de longuement soupirer.
Journée de merde. Je prenais une profonde inspiration puis me baisser pour ramasser le tee shirt qui m'était littéralement tombé de surprise. Je l'enfilai en vitesse, pas que je sois gênée devant mon ex-mari, mais cela m'enlevait une certaine prestance que je préférais néanmoins garder. Quant à Charlie, je reconnaissais chacun de ses traits en cet homme, et je m'en voulais aussitôt. Pourquoi fallait-il que les trésors aient une histoire? J'avais l'impression oppressante que si Charlie était une perle, lui, c'était la putain d'huître qui venait salir le décor. Je coulai mon regard jusqu'à ses bras, le laissant descendre jusqu'à ses mains. Il tenait... Des photos de nous? Nan, mais le stalker. J'arquai un sourcil, et ayant sûrement surpris mon regard interrogateur, il roulait en boule les preuves. On était bien cons à l'époque. Je pouvais m'empêcher de me souvenir de ces années passées. On oubliait nos souffrances. On se fondait dans l'alcool, le sexe, et la drogue. Je me collai à lui, il m'enlaçait, et dans ce qu'on aimait appeler la vie à deux, on s'aimait. En quelque sorte. Moi, je l'avais aimé. Assez pour garder notre enfant. Je me souvenais du contact chaud de ses mains contre mes hanches, de mes yeux qui se perdaient dans les siens, de ses lèvres qui venaient combler les miennes. De la musique romantique, et jazzy que je laissais couler en me disant que les messages d'amour dans les paroles étaient ceux que je lui adressai. L'air de Nothing's gonna change my love for you me revenait de plein fouet, et blottie dans un pull, je me souvenais de ces soirées passées dans ses bras. On était jeunes, on était cons. Mais je l'avais aimé ce con. Je me souvenais de mes doigts qui se liaient aux siens, et de nous qui dansions. Si je prétendais m'en être toujours fichue, dans ce regard, je me perdais et alors resurgissaient tout ces sentiments inavoués. Peut-être que si je lui avais dit, on en serait pas là. Peut-être que Charlie saurait qui serait son père. Mais c'était du passé. Voilà qu'il déblatérait à nouveau. Il pouvait pas me laisser tranquille pour un moment? J'avais tellement de choses à dire, je préférais tout taire. Alors lorsqu'il se mit à râler, je raillai en le provocant d'un rictus insolent:
« Qu'est-ce-que tu veux que je te dise? J'ai besoin de ce boulot, et si t'oses tout faire foirer, je préfère pas dire ce que je serais capable de te faire. Tu crois quoi? Que je suis venue pour admirer ta bouille d'ange? T'es minable. T'es qu'un putain d'égoïste, et si le monde est grand, t'en es pas pour autant le centre. RAH, TU ME SOULES. »
Je balançai mon pieds dans les cartons, quitte à casser des verres. Je passai vigoureusement mes mains sur mon front, en grognant. Ouais, je grognais.
« 'Fais chier. »
Tomi S. Astier
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Sujet: Re: On embauche vraiment n'importe qui ici Jeu 29 Déc 2016 - 2:55
Deux humains. Deux blonds aux yeux bleus. Deux ex. Deux hystériques. Quand ce n’était pas Tomi qui s’énervait, c’était la voix d’Aria qui résonnait dans les vestiaires, faisant grogner le sorcier tant ses cordes vocales n’avaient fait qu’évoluer dans les aigues. C’était ça quand on devenait vieille chez une femme ? Il se remercia d’avoir eu le courage de la quitter un jour, ou plutôt, de se rendre compte que tout n’avait été qu’une supercherie de lui-même. Mais même avec cette rupture, à croire que le Karma retombait toujours sur le coin de la gueule, en incluant de vieux souvenirs du passé. Mais pourquoi elle ? pourquoi, juste, elle ? Pourquoi aujourd’hui, alors qu’il avait ressorti ces photos ? Avoir récité une formule faisant appel au passé était beaucoup plus plausible qu’une simple coïncidence. Mais non. Malgré toute la magie qu’avait le sorcier, et le niveau qu’il avait acquis, tout cela lui serait impossible d’imiter aussi parfaitement Aria. Chacun de ses mots, de ses cris, ne firent qu’envenimer la situation. Dans la tête de Tomi, chacun ne faisait qu’envenimer les choses. Aucun n’était assez adulte pour faire table rase du passé, pour couper court à cette discussion idiote, inutile, sans aucun intérêt, à part cracher un venin infini.
La menace d’Aria fit tiquer Tomi qui n’en demanda pas moins pour enchainer leur engueulade. Il était envieux de savoir ce que cette pauvre humaine pouvait faire. Sérieusement. Bien qu’il n’accordait aucune importance aux races de son entourage, il se demandait pourquoi il avait accordé son attention, ses heures, ses nuits, son pseudo amour à cette humaine. En avait-elle vraiment valu la peine un jour ? Il tentait de se remémorer ce qi lui avait plu chez elle. Son sourire gravé sur ses lèvres ? Ses grands yeux brillants de gourmandise ? Sa folie qui avait sauvé le sorcier de nombreux abandons, de nombreux suicides ? Elle avait formé un tout qui lui avait sauvé la vie. Il refusait de l’admettre mais sans elle, il ne serait plus là. Tout comme sans Tyana ou encore Cristal. Chacune des trois avaient fait partie de la vie du professeur à ses heures. Mais tout cela ne freina pas Tomi dans sa rage face à la menace qu’il n’avait pas apprécié. Il y avait une cruelle curiosité dans ses yeux, qui cherchaient à pousser à bout cette femme. Propulsant sa main sur le mur se trouvant derrière Aria, il s’avança vers elle pour la piéger entre elle et le fond de la pièce.
« Vas-y, tu vas me faire quoi ? Tu crois que j’ai peur d’une idiote comme toi ? Je n’avais aucun motif jusque là, mais rien que tes minables coups dans les cartons peuvent me donner l’autorisation pour mettre fin à ton contrat avec l’Underground. Faute professionnelle. « Mademoiselle King est incapable de contenir ses émotions et s’en prend au matériel de son travail. » Ca ferait pas super sur ton CV ça hein ? En plus, j’suis pas le centre du monde en effet, mais je suis l’un des responsables de cette boite. » cracha-t-il à voix basse, sa tête proche de celle d’Aria, pour augmenter la pression de son ex femme. Finalement, il dégagea sa main du mur, rendant sa liberté de mouvements à Aria et alla récuperer son carton, lâchant un « pauvre fille. » à l’attention de la blonde, la regardant de de travers. Ses pas le conduire jusqu’à la porte de sortie de secours par laquelle il passa pour jeter le carton dans la poubelle. Cela fait, Tomi retourna dans la pièce.
« C’est quoi ton rôle ici que je rigole ? Y a plus de places de danseurs ici. Et même s’il y en avait, on n’accepte pas des femmes aussi vulgaires. Selon ton poste et la nécessité de t’avoir, je peux éventuellement être clément. Et dans ce cas là, fait attention à ne pas te retrouver dans mon espace vital. Et puis bon… En fin de compte… Je saurai même pas dire si c’est de la clémence ou de la pitié que je risque de ressentir pour toi… » dit-il en réfléchissant sérieusement à cette question. Elle le débectait.
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Sujet: Re: On embauche vraiment n'importe qui ici Sam 14 Jan 2017 - 15:06
« Your words cut deeper than a knife »
ft. Tomi
Le passé resurgissait dangereusement, s'infiltrant dans mes veines pour pourrir à nouveau mon coeur. La douleur vive d'une rupture lointaine m'assaillit comme un coup de poignard à laquelle je ne pouvais résister. L'image de Tomi ravivait des blessures enfouies que j'avais cachées par un sourire contrit. J'haussai les épaules, mimant modestement le désintérêt. Je tentai bien de me convaincre que je ne ressentais rien, rien qu'une faible rancune. Mais c'était bien plus. Comme une épine que je n'avais fait qu'enfoncer de peur d'avoir mal. Et là, j'avais mal. Et voilà, qu'il s'approchait. D'un pas dangereux. D'un pas menaçant. D'un pas qui m'incitait à le fixer avec défi. Ce fut presque d'un sourire arrogant et prétentieux qu'il lâcha la possibilité de me virer. L'étau se resserra encore une fois. Comme si l'idée même de le voir ne me suffisait pas pour me faire frémir. Le visage de Charlie apparaissait dans ma tête, sa voix était renvoyée en écho dans mes pensées. Et il était là, à me dire que j'étais une pauvre fille. Que j'allais être renvoyée. Que j'allais devoir trouver un autre job. Peut-être même quitter la ville. Affrontant son regard, je déclarai sans pâlir:
« Le pire dans tout ça, c'est que tu crois que ça te soulage. »
Il enchaîna en se retournant pour jeter le carton abîmé à la poubelle. Pour quelques assiettes, et un amour déçu, je sentir déjà mes côtes qui tremblaient. Sous un visage neutre, se cachait un corps fébrile qui appréhendait les mots de Tomi. Passant nerveusement ma main sur mon front presque fiévreux, je dégourdissais mes épaules qui avaient évité de justesse la main rabattue sur le mur de Tomi. S'il n'avait jamais été dans ses intentions d'être violent, mes doigts eux n'appelaient qu'à la vengeance. Je contenais aussi difficilement l'envie de lui sauter à la gorge. N'avait-on pas assez souffert ensemble? Notre rose était fanée, était-il si nécessaire de s'en envoyer les piques? Je soufflai, exaspérée. La situation était fatale, et tombait comme une destinée à laquelle je ne pouvais plus échapper.
« Je ne te le pardonnerai pas. Tomi, réfléchis bien. »
Il fit volte face, revenant dans les vestiaires qui semblaient alors si morbides. Comme si dans ce sous-sol, le temps était figé, les sentiments brisés. Je voyais ces yeux clairs qui me rappelaient ceux que je dévorais du regard auparavant. Je revoyais ses lèvres qu'auparavant je ne demandais qu'à appeler. Et je revoyais ce Tomi qu'un jour j'avais osé désirer. Et Charlie. Comme une étoile perdue dans l'ouragan que nous étions, il y avait Charlie. Après notre soleil, et notre pluie, il y avait eu Charlie, notre arc-en-ciel. Celle qu'on voulait terriblement blâmer, mais celle qu'on aimait, plus que tout. Faisant claquer mes baskets usées contre le sol, je m'approchais du grand blond, sans dire mot. J'essayai de trouver des arguments, des raisons, alors que la plus belle raison qui soit devait rester secrète. Aurais-je même un jour le courage de lui présenter sa fille?
« Je me battrais. Je te laisserais pas faire ça. Je te laisserais pas ruiner ma vie une seconde fois. Toi et tes secrets, j'en veux plus. »
Si je trouvais le courage de lui en parler, ce ne serait que pour une chose. Le secret qu'il lui avait légué. Si ma plus grande peur avait toujours été que Charlie se fasse mal, je n'avais pu retenir un cri de terreur lorsque celle-ci volait tranquillement jusqu'au plafond. J'étais normale, moi. Qu'est-ce qu'il lui avait fait?
« Moi aussi, j'ai des choses à balancer. Alors, ne t'avise plus de me toucher. » , concluais-je en m'accordant cependant de le pousser du bout des doigts.
Pas violemment. Juste de quoi montrer que je n'étais pas là pour obéir. Je me retournais, revenant de mes pas jusqu'au mur pour y coller mes hanches, barrant Tomi de mon champ de vision en plantant ma main devant mon front. Serrant la mâchoire pour contenir tout mes doutes, et toutes mes peurs, je pestai:
« Je crois bien que tu as des choses à m'avouer. »
Je relevais simplement le visage pour observer ses yeux. Ses perles, une énième fois, sans m'en lasser. Et, j'aimais à me dire que bientôt je serais bercée par une vérité crue.
Tomi S. Astier
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Sujet: Re: On embauche vraiment n'importe qui ici Dim 15 Jan 2017 - 20:39
Le pire dans tout ça, c’est qu’Aria marquait un point, même si elle pensait faux : Il savait que ça ne le soulagerait pas. Ca le soulagerait de ne plus la voir, de la savoir loin de là, hors de cette ville, de ce pays. Qu’il pourrait se lever et marcher dans la rue, se promener dans sa ville sans croiser son regard à la fois assassin et révélateur de tellement de souvenirs. Dire qu’il n’y en avait que des mauvais serait mentir. Tomi savait particulièrement que malgré l’amour fantôme qu’il avait eu pour elle, il avait vécu de belles choses. Mais une chose en entrainant une autre, tout s’était fini dans les cris des deux fous furieux. Et là, ça n’était pas loin de repartir, les deux ravivant par un certain automatisme les blessures de l’autre. La revoir le fit penser à ses sombres années manipulées par son père. D’ailleurs, celui-ci se gaussait de revoir cette petite furie dont son fils lui avait parlé si souvent. Le retour de baton. Il lui en avait tellement parlé des plus belles manières, pour ensuite être silencieux à son sujet du jour au lendemain. Aujourd’hui, le père découvrait tout ce qui lui avait caché Tomi. Et il s’en délectait, trouvant la scène drôle à mourir, mais ne disant pourtant aucun mot. C’était un spectateur qui savourait les pics de chacun.
Se préoccupant des rires internes et lourds de son père, Tomi releva son regard quand le mot « secrets » fut prononcé. De quoi parlait cette folle ? Il avait ruiné sa vie ? Mais elle était folle au point d’être internée. Ça n’était pas possible. Ils avaient beau avoir passé de nombreuses années ensemble, elle n’était pas capable de passer à autre chose tout comme lui avait réussi à faire avec Crystal auparavant et désormais en s’accrochant à Tyana ?
« Qu’est-ce que c’est que ces conneries là encore... » se chuchota-t-il en se frottant nerveusement les yeux. Il sortit de cet état fixe quand il entendit sa voix crispante un peu plus proche de ses pauvres oreilles, suivi d’une pression sur son torse, le faisant reculer d’un pas tant son attention n’était plus portée sur ses gestes mais plutôt sur ses dires. Il la fusilla du regard en dégageant ses doigts de son corps en les repoussant comme un vulgaire mouton de poussière. Juste après ses « ne t’avises plus de me toucher. » Il croyait rêver. On aurait dit des mots d’une ex petite amie maltraitée, que l’on aurait frappé. Ou dont on aurait abusé. Or il n’y avait jamais eu ni l’une ni l’autre comme situation. Que de l’intimidation et qui ne datait à peine que de ce jour. Il cherchait à savoir ce dont elle le reprochait, ayant l’impression d’avoir été coupable d’une bavure. Mais aucune ne venait à son esprit.
« « Fais c’que je dis, pas ce que j’fais » hein. Me demande pas de ne pas te toucher quand toi-même tu te permets de poser tes sales pattes sur moi. Et je t’ai pas touché donc commence pas à faire ta victime, ok ? »
Son regard vit celui d’Aria s’éloigner. Elle lâchait l’affaire ? Elle fuyait après avoir balancé des accusations ? Ah, non. Ca aurait étonné de la part d’Aria, elle n’avait pas la langue dans sa poche et n’était pas du genre à fuir. Quelque chose qu’il avait beaucoup apprécié lorsqu’ils étaient ensemble. Quand ils étaient jeunes. Chose qui l’agaçait prodigieusemet ajourd’hui. Son visage se fronça légèrement quand elle rebalança son accusation. Elle ne manquait pas de toupet. Elle n’avait pas changé. Elle n’avait toujours pas froid aux yeux.
« Putain mais vas-y, c’est quoi que tu me reproches ? Les années te font devenir parano! J’ai rien à t’avouer. NON, je ne t’ai jamais trompé, NON, je ne t’ai jamais menti sur quoi que ce soit ! Je ne t’ai jamais rien fait, je n’ai rien à me reprocher. Donc maintenant, si t’as envie de faire ta victime, vas-y, va gueuler là-haut tout ce que tu veux sur leur responsable. Mais ça marchera pas avec moi ni avec Tyana. Donc à part leur faire croire que t’es une pauvre fille qui se fera bientôt virer pour des putains de calomnies, tes pauvres accusations à deux francs ne te serviront à rien ! Par contre j’peux te traiter de tous les noms qui me viendront en tête rien qu’en te voyant si tu as besoin d’un quelconque motif pour m’accabler. Au moins tu ne passeras pas pour une folle furieuse, j’pense qu’il peut même y avoir des témoins pour soutenir la pauvre fille que tu es, et ça me fera aussi énormement de bien, crois-moi !» balança-t-il, rage au ventre. Elle n’avait rien sur lui. Il était clean. Ou en tout cas, tout ce qui ne l’était pas étaient bien protégés, n’étant sû que par son père et par lui-même. La toisant de haut en bas, sa voix finit par s’abaisser, par retrouver un ton normal tandis que ses pieds le menèrent à la porte qu’il ouvrit.
« J’ai pas de temps à perdre avec une malade comme toi. Va te faire soigner, sérieusement. »
Ni une ni deux, l’homme sortit de la pièce, retrouvant la pièce principale ainsi que de nombreux regards interloqués d’entendre des cris provenant de la pièce d’où sortait leur DJ.
« Retournez à votre boulot au lieu non ? Y a rien à préparer pour ce soir ? » s’énerva-t-il à l’attention des employés qui se dépêchèrent de fuir ce responsable d’habitude si calme.
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Sujet: Re: On embauche vraiment n'importe qui ici Lun 16 Jan 2017 - 22:46
« And I banished every memory you and I have ever made »
ft. Tomi
Je grinçai des dents, en serrant les poings. Et voilà, nous étions les deux enfants qui refusaient toute discussion saine. Si la candeur innocente de Tomi m'avait un jour plu, aujourd'hui, elle me donnait l'abominable envie de le jetter par la fenêtre. Pour me consoler, nous étions au sous-sol. Et je me sentais ridicule, ou presque. Seule, toute seule avec pour réconfort le visage doux de Charlie dans la tête. Comme si personne ne pouvait entendre mon cri. Même pas lui. Je grattais nerveusement ma nuque, en triturant les pans de mon haut. Si j'avais besoin d'aide, il était le plus apte à m'aider. Et j'en avais terriblement besoin lorsque je voyais les petites filles sagement habillées, presque domptées pour paraître si raffinées, avec leur rire intimidé cristallin. Et il y avait Charlie, que je traînais avec son lourd sac presque troué, qui balançait ses bras avec lassitude, l'air de ne vouloir qu'une chose: désespérer. Et si je devais lui en parler? Non. Si? Les questions fusaient dans ma tête, et même en me concentrant, tout les arguments s'opposaient comme des feux d'artifice dans mon esprit qui déjà se fatiguait. Mais je devais la préserver de cette scène, la préserver de ce couple ruiné, de ces insultes irréfléchies. Alors qu'il râlait parce que je faisais ce que je lui interdisais, je murmurai comme une dernière provocation:
« Bravo, t'as tout compris... »
Car oui, quitte à être émue par une telle rencontre, je préférais en faire un jeu. Qui craquerait le premier? Remuer le couteau dans la plaie était si consolant et déchirant. Comme si nous n'en avions pas assez souffert. Voilà, qu'il me faisait le long discours. Qu'il avait été l'amant parfait, l'époux idéal presque. On aurait peut-être pu former notre petite famille tranquille dans la prairie? Il me blâmait de notre rupture, ou quoi? Je le foudroyai du regard avant de trancher, d'un ton glacial:
« C'est ça, tu étais parfait Tomi. Et moi, je suis la pauvre fille hystérique qui a tout gâché. J'en ai plus bavé que toi, sur ce coup là. »
C'était plus que vrai, c'était la réalité rude et dure à laquelle j'avais dû m'adapter. Il était parti, sans laisser de trace ou de signe de vie. Nous étions morts, l'un pour l'autre. Mais j'avais le droit à l'héritage, moi. Si ma langue me titillait, je me retenais néanmoins d'en faire le commentaire. Et les pas s'éloignaient dans un écho qui retentissait comme une tempête. Il partait, ainsi. Sans dire mot, que quelques râlements auxquels me raccrocher comme derniers souvenirs. Alors qu'il s'échappait de la pièce, sans rien demander. J'avais tant de choses à lui dire qui restaient dans mes joues, comme une maladie inévitable. Une putain de fatalité. Et il s'échappait sans me laisser même le doute de tout lui avouer. J'en avais pourtant des choses à avouer. Je voulais tout lui dire, tout déballer, mais me taisais, me contentant de le hâler lorsqu'il s'éclipsait:
« Tomi! Tomi, attend! »
Je bloquai la porte, à l'aide de mon pieds et sortais avec lui hors des vestiaires. Tous les yeux étaient tournés vers nous, et les regards posés sur nous m'écoeuraient. Qu'est-ce qu'ils allaient encore imaginer? Et surtout qu'avaient-ils attendu? Alors que je l'interpellai en vain, ce qui semblait être un autre serveur me fixait avec insistance, me barrant presque le chemin. Si je m'apprêtais à l'insulter en français, langue maternelle par laquelle nous parlions depuis le début, je me corrigeai aussitôt en le reprenant furieusement en anglais:
« Tu veux quoi, toi? Tu t'appelles Tomi, peut-être, hein? »
Je lui bousculai l'épaule sans grande conviction, me faufilant jusqu'à la silhouette de Tomi qui se dissipait au loin. Et, sans réfléchir, je criais dans notre langue:
« Lâche! Espèce de lâche! Tu fuis toute conversation sérieuse depuis qu'on se connait. C'était quoi toi et moi que des conneries! La drogue, l'amour, les rêves, hein? American dream? La vérité, c'est que tu fuis tout ce qui te fait peur alors que tu devrais te battre. »
Qu'importaient alors les yeux ronds et globuleux qui se posaient sur moi. Je n'en avais plus rien à foutre. Le silence régnait, comme si ces mots venaient de trancher l'atmosphère. De figer le moment, là sur ces derniers mots. Dans un timing idéal, mon téléphone se mit à sonner. Une stupide chanson, le pire c'était que c'était la nôtre. Je l'avais mise car je disais toujours à Charlie que c'était la préférée de son père. Voilà ce qu'il était devenu. Je laissai la musique sonner, sans compter les secondes, le regard vitreux posé sur l'écran de mon téléphone. Enfin, je décrochai en faisant demi-tour jusqu'aux vestiaires, espérant que Tomi retournerait malgré tout sur ses pas pour conclure notre "conversation". Ignorant toutes les réactions hébétées des autres employés, je me lançai:
« Allô? Oui, j'y suis. Elle a déjà fini? Rah, putain... Amène la, s'te plaît. Je sais, je sais, je t'avais dit que c'était la dernière fois mais je suis occupée. Je sais ça aussi, s'il te plaît, fais-le. Juste en haut, j'irais la chercher immédiatement. Mais bien sûr que je sais m'occuper de ma fille, fais un effort. Une dernière fois. »
Notre discussion prit fin dans un bip assourdissant, signifiant néanmoins que Charlie nous rejoindrait vite. A mes risques et périls. Je me retournais finalement, jetant un coup d'oeil à Tomi. Etait-ce le temps d'évoquer un passé bien trop présent?
Tomi S. Astier
Admin ₪ Professeur
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CELEBRITE : Skread
EMPLOI : Responsable & DJ à l'Underground + Professeur à l'Institut
DATE DE NAISSANCE : 27/05/1987
ARRIVE LE : 17/03/2016
Sujet: Re: On embauche vraiment n'importe qui ici Jeu 26 Jan 2017 - 15:53
Ce n’était pas possible. C’était un cauchemar. Tomi allait se réveiller. Il devait se réveiller. Dans son lit, loin de l’Underground et de l’existence potentielle de cette femme ou en tout cas de son image. Tout ceci était faux. Elle n’était pas en train de le poursuivre en train d’afficher leur vie privée, ou plutôt, les vestiges qu’il en restait, à son grand désarroi. Il ne se retourna pas une fois quand elle se mit à l’appeler. Il voulait aller dans son bureau. Dans son antre. Ou nulle personne n’avait le droit de s’y inviter sans qu’on lui ait proposé. Un endroit calme, serein, ou il pourrait tapoter nerveusement son clavier pour dissiper toute la frustration de la présence d’Aria dans son nid. Oui. C’était bien. Ou bien débouler dans le bureau de Tyana et demander des explications… Avant de se faire sûrement reprendre par son amie qui serait dans le contexte de ce bureau, sa supérieure hiérarchique, pire encore, son employeuse. Non. S’il devait aller voir Tyana, ça serait avec du calme envers sa personne, afin de récupérer le dit dossier. Quoi que. Vu les hormones qui la travaillaient… Il préféra abandonner la douce idée d’être le responsable du licenciement de la blonde. C’était dommage. Très dommage. Cependant… Elle n’était pas censée le savoir. Et rien que d’en jouer serait jouissif. Pas pour faire ce qu’il en souhaitait. Juste pour conserver la paix. Caractérielle comme il la connaissait, il ne devrait pas être difficile pour elle de faire plusieurs faux pas. Ah, les faux pas. Une mélodie à la fois douce et amère, tout comme la haine qu’ils se portaient.
Elle s’en prenait à un employé ? Mais elle n’était pas possible celle-là ! Il fallait vraiment qu’elle entraine des personnes avec elle dans la descente aux enfers qu’étaient leurs retrouvailles ? Continuant d’un pas déterminé vers sa loge, Tomi se retourna, continuant sa route en reculant, pointant la scène du doigt.
« Vas-y, continue à m’offrir des raisons de te licencier, tu n’as jamais été aussi parfaite dans un domaine ! J’applaudis ! » balança-t-il toujours en français, joignant les gestes à ses derniers mots avant de reprendre une marche normale d’une démarche sèche et déterminée. Aussi déterminée qu’Aria qui le rattrapa, sa voix perçante agressant ses oreilles. L’agressant tout simplement par ses mots. Un lâche ? Sentimentalement. Elle n’avait pas tort. Mais faire une scène devant les autres, dans une langue que personne ne connaissait à part les deux blonds… Non. La mâchoire aussi serrée que ses poings, il se figea et se retourna pour lui faire face. Elle le cherchait clairement avec de tels mots. Elle le savait. Elle savait comment le prendre, comment le toucher. Et elle en profitait. Se battre ? Si seulement Aria avait connu les combats de Tomi. Avec son père. Avec les démons. Tout ce qu’il avait accompli. Et à croire que l’humaine était bien plus effrayante qu’une horde de fous furieux balançant des boules de feu intempestivement. Eux, il ne les avait pas fuis.
« Je-n-ai-pas f… » commença-t-il avant d’être stoppé par la sonnerie d’un téléphone. Ça n’aurait dû offrir aucun impact sur ses mots, mais la chanson fut tellement significative, c’était la leur, leur chanson. Et malgré l’absence actuelle de sentiments pour ce bout de femme, Tomi sentit son cœur rater un battement. Son cerveau fit le reste en ressassant quelques souvenirs, rendant au visage du blond une certaine innocence et pureté par la surprise visible dessus et par l’absence soudaine d’émotions obscures. On n’efface jamais totalement une relation, aussi courte soit-elle. La leur avait duré plusieurs années… ça allait donc être encore plus compliqué. Surtout s’ils partageaient le même lieu de travail.
« Fais chier. » cracha-t-il quand Aria s’éloignait. C’était pas possible. Ça n’allait pas être possible. Il fallait calmer ses ardeurs au plus vite. Il ne voulait pas gâcher sa vie. Ils avaient tous les deux morflés. Pas un plus que l’autre. Et pourtant la cohabitation allait être compliqué. Il avait totalement abandonné l’idée d’un licenciement. Mais pas la menace. Tournant sur ses talons, il rejoignit tout compte fait le bureau de Tyana, là ou l’arme si précieuse se trouvait. Figé devant la porte, il prit une grande inspiration afin de se calmer. Son amie allait se poser des questions si elle voyait quoi que ce soit. Quoi que. Vu les hormones la chamboulant… ça devrait aller. Ses phalanges toquèrent tandis qu’il s’annonçait avant de rentrer.
« Je viens prendre un truc. Je ne licencie personne mais pour ma santé mentale, laisse-moi prendre un exemplaire… » balança-t-il d’une voix légèrement basse. Il essayait de contenir les tremblements dans sa voix, aux côtés de sa patronne préoccupée qui se ficha bien des affaires du DJ. Comme quoi, chacun avait ses problèmes en ce moment. Ses lèvres se permirent de déposer un baiser sur sa joue avant de repartir. En quittant son bureau, formulaire de licenciement à la main, il eut l’impression de quitter un paradis et son ange pour rejoindre l’enfer avec son démon. Aria et Tyana étaient si différentes. L’une était son passé et l’autre… Qu’une bête illusion. Rien de plus. Mais rêve ou pas, il restait agréable.
Prêt à rejoindre son ex-femme, il fit un dernier détour par sa loge, récupérant un dernier carton de poubelle. Autant lier l’utile au désagréable. Ça lui donnait quelques minutes supplémentaires avant de la retrouver et de recommencer à partir dans une énième dispute et dans des énièmes cris.
« Tomi ? »
« Quoi ? »
« Tu connais une Aria King ? »
Le blond se figea à la demande d’une de ses employés à qui il avait répondu sans vraiment freiner son chemin jusqu’à ce qu’une identité soit donnée.
« Ouais. C’est pour quoi ? »
« Une dame est venue la déposer. Elle a dit être déjà en retard et qu’elle ne pouvait pas attendre plus tard. »
Sourcils froncés, il allait demander ce que cette elle avait bien pu apporter… Jusqu’à ce que ses yeux se posent sur une petite silhouette cachée derrière l’employée. Prêt à balancer un « d’accord » bref, il se retint, bouche entrouverte, redescendant ses yeux sur la demoiselle.
« Aria King hein ? »
Les deux hochèrent la tête. Merde. Enfin, non, pas merde. Ça dépendant. De quoi, il ne savait pas. Le regard entre les deux blonds perdura de longues secondes avant que l’employée n’annonce son départ. Quel âge pouvait-elle bien avoir ? De multiples doutes le prirent. Lui demander ? Ne pas lui demander ? Esperer ? Ne pas savoir comment réagir ? Ça n’était pas possible. Il sentit une boule s’installer dans sa gorge tandis que la demoiselle sembla s’impatienter. Il fallait en être sûr.
« Viens. » dit-il en anglais, retournant aux vestiaires, bras chargés. Prenant les devants, ses pas étaient suivis de ceux des petits pieds, obligée de presser le pas sous le rythme rapide du DJ. Escaliers descendus, ce fut l’épaule de Tomi qui ouvrit la porte et qui la retint, laissant retrouver la mère et sa fille. Il lança un regard de défi à Aria. Mais emplis de doutes et d’interrogations quand ses yeux passaient de la grande taille à la miniature. L’air était familier. Mais il y avait un quelque chose… De lui. Et il était quasiment sûr que ça n’était pas sa secrète envie de paternité qui offrait cette impression. Reprenant sa marche, il se débarrassa du carton qui rejoignit le premier et retourna sur ses pas, parlant dans un mélange de français et d’américain, ne savant pas la langue qu’utilisait la petite.
« On va aller dans ma loge, on sera plus tranquilles. » annonça-t-il sans concession, la feuille de licenciement ayant finalement été mise en boule et balancée dans la poubelle. Sans attendre quoi que ce soit, le responsable remonta les escaliers.
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Sujet: Re: On embauche vraiment n'importe qui ici Mer 1 Fév 2017 - 14:03
« You can't take back what you said »
ft. Tomi
Tomi. Le nom m'écorchait jusqu'aux entrailles. Infiltré dans les veines pour me faire grimacer de douleur dès que je repensais à tout. A un nous qui n'en avait jamais vraiment été un. A un ensemble qui nous avait plongé dans la solitude. A un amour qui s'était transformé en peine. Et, en résultait un trésor inexplicable et inexpliqué. Nous n'aurions dû en garder que les cendres, pas la lumière d'une flamme pourtant éteinte. J'avais aimé, j'avais ri et j'avais pleuré aux côtés de cet homme. Maintenant, je lui dévouais une rancune insensée. Celle de me faire sentir seule, encore et encore. Incomprise, pour toujours. Et, j'allais être licenciée. Pour couronner le tout. J'en masquai ma peine sous une expression muette, mais ses mots me piquaient d'une vivacité terrifiante. Je me retournais vers les vestiaires, ne lui accordant plus qu'une pensée néfaste et nostalgique. Je m'asseyais enfin sur les bancs d'un plastique gris, d'un propre curieux. Nos disputes resurgissaient. La dernière. Les mots avaient été si crûs, si violents. Si nous ne nous étions jamais vraiment aimé, alors nous ne nous étions jamais haï. Nous n'étions l'un pour l'autre qu'un prétexte pour exprimer des sentiments cachés. Enfouis, et secrets. Notre amour, nous nous le donnions car nous n'avions personne à qui l'offrir et que nous étions bien trop cons pour le garder.
Je posais mes coudes sur mes genoux, et courbant mon dos, j'entourais mon visage de mes deux mains frémissantes. Et une seule question me hantait: Pourquoi? Pourquoi nous étions nous infligés cela? Nous avions peur d'être seuls, sûrement. Lui,il avait dû reconstruire sa vie. Peut-être même se remarier? Avoir des enfants, fonder sa famille heureuse et complète. Moi, je me plongeais dans les débris de notre relation passée, des briques effondrées. J'avais perdu la force de tout reconstruire. Je soufflai, réfléchissant à la suite. A un futur qui n'était que passé. Cette rencontre chamboulait mon plan de vie foireux. Et là, pour enfoncer le couteau dans la plaie, des pas qui se rapprochaient. Certainement Tomi, ou pire, celle qui m'avait embauché. J'observais mon carton d'affaires, le ramassant déjà pour le poser sur mes genoux, en relevant le nez avec méfiance. Tomi s'affichait donc, le dos droit, le visage impassible. Et derrière ses jambes, se dessinait une silhouette d'enfant. Mon enfant. Elle était là, m'interrogeant d'un regard accusateur. Ses cheveux blonds se dandinaient en un chignon défait, et elle n'osait à peine avancer. Je l'interpellai aussitôt en anglais, en lui tendant mes bras:
« Qu'est-ce que tu fais là? Viens, viens. »
Et elle accourait, se ruant contre ma poitrine en me heurtant d'une violence câline. Son petits corps frêle se fondait contre mes bras qui l'entouraient. Je l'étreignais d'une force, dans l'espoir vain de la garder mienne pour toujours. Mais quand je relevais les yeux, Tomi nous observait de ces mêmes yeux bleus que Charlie possédait. D'un mouvement gêné, elle finit par s'échapper de mes avants bras, en jetant un bref coup d'oeil à cet inconnu. Inconnu dont elle avait hérité les gênes. Lointain, et proche. Cet homme dont elle ne connaissait pas même le nom. Ils étaient pourtant liés de ce lien indestructible. Un lien du sang que j'avais tu. Charlie se redressait timidement pour affronter les prunelles translucides de Tomi, en espérant le reconnaître. Rien n'y fit. Puis, le désignant du doigt, je me décidai à les présenter formellement:
« Charlie, c'est, hum-Tomi. Un vieil ami. »
Ami, non. Vieille connaissance, oui. Et indirectement, elle venait de rencontrer son père. Je raffermis ma poigne sur le carton d'où on pouvait encore lire d'une écriture maladroite Aria, tandis que Charlie s'approchait avec méfiance de Tomi. Comme si les traits de son visage en diraient soudainement plus. Comme si une étrange force la menait à en savoir plus. Comme si le terme de vieil ami n'était pas suffisant. Nous nous levions jusqu'à sa loge, où je m'assis, Charlie se tenant debout quelques pas plus loin, hésitante et timide. Brandissant finalement une de ses poupées hors du carton, je la halai d'un bref geste du menton à laisser le responsable tranquille. Et s'il avait compris? Je plongeai mon regard dans le sien, à la recherche d'indices, de doutes. Avais-je besoin de lui en faire part maintenant? La petite blonde haussa les épaules, lassée par le silence, et se précipita vers sa poupée pour la saisir et lui en caresser les cheveux raides. Ses doigts fins entouraient les hanches de l'effigie féminine, prenant une voix plus fluette pour s'en approprier les paroles. Et, elle jouait, comprenant bien comme ces millions de fois que j'avais merdé. Que je devais rester plus longtemps pour des affaires, ou des embrouilles. Et même si j'avais toujours la priver de tout ça, je savais que j'en étais incapable. Notre milieu était presque misérable, nous nous fondions dans la masse en tentant désespérément de s'accrocher à la corde de la conformité. Il y avait Tomi, cet homme qui pourrait lui donner bien plus. Du plus beau, du plus propre, du plus riche, du plus sûr. Il était responsable, quand je dansais pour quelques billets. Il était droit quand je gueulais. Il était stable quand je ne l'étais pas. Il était parfait quand j'étais terrible. Pourquoi fallait-il que je l'oblige à garder le mauvais parent? Un jour, viendrait sûrement un choix mais pour l'instant, je devais le dire. Ca me titillait la langue, mon palais en salivait, et au moment où j'allais oser quelque chose après un blanc, ma gorge se noua. Elle allait le préférer. Elle ne pouvait que le préférer. Et l'idée même de lui offrir pour une fois dans sa vie quelque chose de précieux, de rare, et de pur m'emplissait d'un plaisir infini. Vérifiant d'un coup d'oeil qu'elle était prise dans son jeu de poupée et d'aventure, je me relevai en déposant le carton aux côtés de Charlie. J'avançai. Et d'un mouvement de tête pour la montrer, j'annonçai d'un français encore incompréhensible pour l'enfant:
« Elle est à nous. A toi. »
L'envie de pleurer me tirailla. Mais je me devais de rester droite. Mes bras tremblants vinrent pourtant entourer le torse de Tomi pour que je vienne blottir ma tête contre le creux de son épaule. Je ne pleurais pas. Je ne devais pas. En une phrase, je venais de lui dévoiler des années de solitude avec une gosse dans les bras, l'inquiétude. J'en avais sûrement trop dit. Mais pour une fois, pour une fois dans ma putain de vie, j'avais dit ce qui comptait. Pas que des insultes, pas que des râlements. Je respirai bruyamment, et battais des cils en vitesse pour étouffer de foutus sanglots et je murmurai simplement:
« Je-je suis tellement désolée, putain... Aime-la, aime-la s'il te plaît. »
Tomi S. Astier
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Sujet: Re: On embauche vraiment n'importe qui ici Mar 28 Fév 2017 - 19:40
Cette boule ne quitta pas un seul instant la gorge du blond. Elle n’avait cessé de grandir, de se faire plus présente et plus pesante, se faisant plus pertinente à partir du moment ou cette dénommée Charlie l’avait une seconde fois fixée, en se rapprochant de lui cette fois. Son regard était dérangeant. Elle avait ce regard de petite fille, mais à la fois avec une certaine malice et une certaine sévérité dans le regard. Peut-être était-ce pour ça qu’il n’arrêta pas d’y penser tout le long du chemin… Avant de se souvenir des paroles de sa propre mère. Bien souvent, on lui avait reproché le regard froid de son rejeton n’ayant même pas pour autant atteint l’âge ingrat. Mais c’était dans son naturel, ce regard sévère. Ces petites pommettes. Les mêmes. Peut-être moins accentuées chez la petite tête de blonde. Les pommettes de l’adulte étaient bien plus creusées par un jeune passé baignant dans diverses drogues.
* Je suis grand-père donc ? *
Tomi ferma les yeux devant la voix résonnante de son géniteur dans sa tête sous ce coup vicieux. Ce vieux sorcier semblait fourmiller de plaisir à tirailler son propre enfant. Comme s’il reconnaissait à travers les yeux de sa progéniture, la paternité obligatoire. Et même s’il y était habitué, face à de telles paroles révélatrices, Tomi douta de sa capacité à être le seul à les avoir entendu. Comme s’il venait de crier haut et fort un secret que le sorcier n’arrivait pas à s’avouer, dans toute la salle de l’Underground. Quand ses prunelles se rouvrir, elles vérifièrent les alentours. Mais l’ancien couple traversant les lieux dans un silence absolu semblait ne plus autant attirer l’attention que précédemment, quand ils se crachaient tout ce qu’il y avait à évacuer de leur cœur. Les paroles du sombre démon n’avaient que bel et bien résonné dans sa pauvre tête, au grand soulagement du responsable de la boite.
* C’est presque touchant, j’ai l’impression de te retrouver à son âge. On le coupe les cheveux et on obtient un Tomi miniature. *
Les sourcils de Tomi frémissaient sous les paroles stupides que son paternel pouvait bien sortir. Lui sommant de se taire et de ne plus rien ajouter, il fut heureusement écouté et put enfin s’arrêter de s’arracher nerveusement la peau morte de ses lèvres tiraillées depuis un moment. Il venait de monter lentement les marches de sa loge, comme pour retarder leur arrivée au moment fatidique. Et pourtant, même avec cette précaution, bien trop tôt, Aria trouva place sur le nouveau canapé de Tomi pendant que sa fille trouva refuge dans son mental, accompagnée d’une poupée que le blond fixa longuement. Comme s’il voulait finalement fuir le regard d’Aria qu’il n’avait cessé de défier jusque-là. Il préférait ce regard figé à celui qu’il adorait dévorer dans sa jeunesse. Un regard qui finit par se relever, attirant finalement celui du DJ. Comme un aimant. Comme avant. Il sentit tout son corps se contracter, sentant la bombe arriver. Une bombe qui lui fit manquer plusieurs battements. Tout comme lorsque leurs deux corps se rejoignirent après de longues années d’abstinence. Restant stoïque de trop nombreuses secondes, les muscles de ses bras finirent par se contracter autour de ce frêle corps après que leur propriétaire ait lâché un long soupir. Son nez alla s’enfouir dans les longs cheveux blonds d’Aria, baissant totalement les armes, en même temps que sa tête. Ses iris, elles, se posèrent sur Charlie pendant que sa mère quémandait l’amour paternel encore inconnue pour elle.
L’étreinte de Tomi se fit un peu plus coriace. Un peu plus serrée, mais toujours plus tendre, ses lèvres allant déposer un baiser sur le crâne contre lequel sa tête reposait. Ses doigts avaient déjà entamé une lente caresse dans sa chevelure pour l’apaiser. Il n’aimait pas la voir comme ça. Malgré tout ce qu’il lui avait balancé, il resterait une part éternelle de lui accrochée à cette ancienne histoire. Une part enfouie et qui était remontée face à l’annonce de sa paternité, face à l’annonce d’un éternel lien entre lui et son ex-femme.
« Pourquoi tu ne m’en as jamais parlé… » souffla-t-il à voix basse, sans aucune animosité ni sans aucun reproche dans sa voix. De nombreuses questions se bousculaient, mais celle-ci fut la plus forte. Puis ce fut son instinct protecteur qui gagna sur l’instinct égoïste avec lequel cette question était sortie.
« J’vous laisserai pas tomber. Je te le promets. » murmura finalement le géniteur à l’attention de l’unique parent potable en fin de compte. Son absence vaudrait toujours plus que la pire des éducations. Mais sans en avoir des témoignages, il savait que la femme qu’il tenait dans ses bras avait sûrement tout donné à leur progéniture. Progéniture qu’il quitta enfin du regard, se détachant par la suite de seulement quelques centimètres d’Aria. Sans pour autant la lâcher. Juste pour récupérer son regard et pour effacer quelques larmes qui en avait découlé.
« Ça va aller à partir de maintenant. »
Il esquissa un sourire bienveillant. D’une bienveillance comme il était rare d’en voir chez lui. La boule dans sa gorge était toujours présente, mais ravivée plus par cette promesse paternelle que par un sentiment négatif. Plus par le poids d’une responsabilité qui lui tenait à cœur plutôt que par la peur.
« Tu comptes lui dire ou tu préfères que nous attendions un peu ? » demanda-t-il toujours à voix basse malgré leur langue maternelle employée, s’immisçant d’ores et déjà dans son rôle, transformant le singulier au pluriel.