Youhou, Ysalis partait du fait qu’il ne connaissait rien. Bon, c’était Omaël qui le lui avait demandé hein. Mais ça le faisait un peu plus plonger dans ses pensées et dans ce sentiment détestable d’être perdu et de ne pas être à sa place. Pensées négatives qui s’envolèrent vite de son esprit quand la jeune demoiselle parla de lui comme un ange descendu du ciel. Il rigola doucement. Avant de rire encore plus fort au fur et à mesure qu’elle racontait tout ça. Non, c’était pas possible. Il n’était pas un ange. Mais le sérieux dans les yeux d’Ysalis qu’il finit par croiser à nouveau stoppa nettement son éclat de rire.

« T’es pas sérieuse ? Moi ? Un Ange ? Les tsoins tsoins en robe blanche avec des ailes ? »

Il les aurait senti s’il avait des ailes. Et des protégés ?

« Mais sérieusement ? J’arrive même pas à m’occuper de moi déjà et je dois m’occuper de « protégés » ? Je peux guider personne, j’suis moi-même paumé complètement depuis que je suis là. » commença-t-il à enchainé, se sentant un peu paniqué par les soudaines responsabilités. Responsabilités qu’il ne voulait pas. Oh, non. Il ne s’était jamais occupé de personne. Pas même d’un môme normal. Enfin, il croit. Il n’avait pas les épaules paternelles. Il était égoïste, solitaire. Pas un chaperon.

« Et ouais, enfin, moi j’appelle ça un bourdonnement. On dirait que ça scintille de partout dans mes oreilles, c’est ignoble. C’est quoi ça ? C’est mes protégés ? Me dis pas ça parce je passe des nuits de merde avec ça dans la tête alors si c’est eux mais j’vais rapidement leur apprendre à arrête de me chialer dans les oreilles, hein.»

Omaël sentit son air boudeur se faire dégager par un rire quand Ysalis se moqua de lui. Doucement, il lui offrit un coup d’épaules taquin avant de se stabiliser et de reprendre son nourrissage. Ou plutôt son gavage avec les pigeons. Parler plusieurs langues ? Il ne comprenait pas celles des animaux en attendant. Et c’était peut-être pas plus mal, imaginant bien ses têtes de piafs le traiter de tous les noms lorsqu’il en capturait un pour le manger. Pour les soins, ok, ça, il s’en était aperçu quand il avait malencontreusement soigné une aile alors qu’il cherchait à achever l’animal. Il détestait ça. Ca lui rendait le travail encore plus compliqué…

« Donc je suis obligé d’accepter, c’est ça ? Enfin j’demande ça mais je crois que j’ai déjà ma réponse… Sérieusement, j’ai rien demandé moi. Pourquoi moi et pas un autre ? Je les entend, d’accord, mais je fais comment pour les trouver et les aider ? Et j'ai du mal à m'aider moi, je galère pour attraper un de ces foutus pigeons! Enfin, j'ai de l'argent. Votre dollar. Mais je comprends pas votre système de vie. Je serai plus un boulet pour mes protégés qu'autre chose. »

Malgré le fait qu’il savait que c’était obligé, il ne put s’empêcher d’afficher une moue embêtée. Bon sang. Et sur le coup, Ysalis n’arriva même pas à répondre à son pourquoi lui. Faire une bonne chose ? Il leva son regard au ciel, pensif, essayant de trouver. Oui, certainement, il se savait l’âme assez bonne, mais aucun souvenir lui permettant d’avoir faire une très bonne chose ne lui revint. Soit. Ca reviendrait. Tout comme le reste. Il espérait.
Une piste fut lancée, sur la manière d’aider un protégé et de se téléporter à ses côtés. Ca semblait être logique et presque facile dit comme ça. Il n’y avait plus qu’à tester dès que ça retinterait dans sa pauvre tête qui semblait creuse par l’écho qu’il y avait lors des appels.

« Oh. » ne put-il s’empêcher de s’exclamer quand Ysalis lui proposa un endroit. C’était fou, il venait à peine de la rencontrer et pourtant, il avait déjà extrêmement confiance en elle, tout comme il l’aimait bien déjà. Cette petite était agréable. Il en aurait presque eu envie comme protégée ! Elle ne lui raconta pas monts et merveilles mais du moins, cet endroit semblait être chaleureux par l’existence de plusieurs générations se mêlant. La famille d’Ysalis. Par son caractère, il était facilement imaginable le tempéramment aimant et accueillant de la famille. Lui qui était d’habitude si méfiant, il se jeta corps-et-ame dans la proposition.

« Etonnament, ça me donne envie. Ca veut dire qu’il y aura des sorciers, des anges, des démons et des m… mu-machins choses ? Ca se peut qu’il y ait mes protégés là-bas ? Du coup si tes parents y sont profs, c’est que c’est une école ? Je vais pas aller à l’école à mon âge ? » demanda-t-il, surpris. Mais a force, beaucoup de choses semblaient normales pour ce monde actuel.

Bientôt, les mains d’Omael furent vidées de la mie qu’elles contenaient précédemment. Les pigeons guettaient les dernières miettes à terre, s’en piquant les uns aux autres, roucoulant devant leur nourrisseur qui ne faisait pourtant attention qu’à Ysalis, bien que son regard ne fût pas porté sur elle. A l’annonce des démons ne pouvant rentrer dans l’institut, il fut d’abord surpris avant de se dire que finalement, ça ne pouvait être que bien… Et normal, non ? Il bouda cependant un peu plus la réponse d’Ysalis face à sa question sur les protégés. Ca faisait des semaines qu’il errait… Il esperait bien être aidé par l’institut pour trouver ces fichus gosses. S’il n’y avait que des gosses comme « protégés ». Omael se voyait mal devoir s’occuper d’adultes en vérité… Et en vérité, l’histoire des cours ne lui plut pas réellement. La suite lui fit donc assez agréable à entendre. Il en rigola même quand elle parla de le faire devenir professeur.

« Ça sera avec une joie que je rencontrerai ton grand-père adoptif. Mais pour le statut de professeur… Je n’ai rien à offrir à mon prochain. Le peu de savoir que j’ai… Ou du moins ce dont je me souviens… Ne servira pas. » Il tapota ses mains entre elles pour se débarrasser des miettes avant de les figer et de les fixer. « Après… Je peux proposer mon aide en tant que soigneur. Ca me plairait d’apporter ma pierre à l’édifice. Et être là-bas sans offrir quoi que ce soit me dérangerait. Surtout que j’imagine, s’il y a une barrière contre vos démons, que ça ne doit pas être la joie avec eux… »

C’est sagement et en silence qu’Omaël hocha la tête face à la proposition de parler d’être soigneur… Enfin, infirmier du coup. Il ne connaissait pas ce terme à vrai dire. Il l’analysa rapidement. De la racine infirme ? Il ne voulait pas s’occuper des infirmes. Il fronça quelques secondes les sourcils en pensant cela avant de croire Ysalis sur le fait que c’était la même chose.

Omaël fixa la jeune fille quelques secondes avec un léger sourire. Elle lui rappelait… Quelqu’un. Ne pouvant mettre de nom à la personne qu’elle lui faisait rappeler, il soupira. En même temps qu’elle annonça son départ. Toute bonne chose avait une fin. Il fit un mouvement de tête en se pinçant les lèvres, regrettant d’avoir perdu du temps avec elle au début de la conversation, lorsqu’il y avait une once de méfiance en lui. Une méfiance totalement envolée.

« Bien sûr, je comprends. Je n’en parlerai à personne, je te le promets. Fais attention à toi et à ce que tu modifies surtout. » dit-il en se levant et en s’étirant de manière grotesque, grimaçant lorsque son dos claqua.

« Pour l’institut… C’est possible que l’on se donne rendez-vous ici, quand tu le peux ? Je ne connais pas ton village, il est très grand. Et je ne pense pas pouvoir demander mon chemin à n’importe qui ici… »

Elle rigolait là, la petite dame ? Omael fut presque contrarié du fait qu’elle ne le croit pas. Mais d’un côté, c’était normal, c’était qu’un inconnu pour elle. Même si elle le connaissait du futur. Et qu’elle venait de lui donner un endroit ou vivre. Woah, la logique de cette fille.

« Si tu me connais de ton présent, je pense que tu n’as pas à t’inquiéter de ça. Je pense pas être un très grand bavard, même dans quelques années… » dit-il à Ysalis, quoi que, à lui-même au fond. Son regard finit par se poser sur le bracelet qu’elle détechait de son poignet. Encore un cadeau ? Cette fois-ci, ça ne lui appartenait pas. C’est ce qu’il comptait dire avant que l’ex propriétaire de la pierre qui semblait précieuse n’explique tout.

« Woah… Vous avez connu une sacrée avancée… » Il tendit sa main et réceptionna le bracelet qu’il mit à son poignet. « Merci. Parker. D’accord. D’une élève. Je ne donne pas ton nom. Très bien. » ajouta-t-il en tripotant le nouveau bijou, déclipsant et re-clipsant la pierre plusieurs fois avant de relever la tête.

« J’ai une dette envers toi Ysalis. » dit-il en la fixant droit dans les yeux, étant le plus sérieux du monde. « Je promets sur mes dieux de tout faire pour te protéger et pour t’aider à gagner cette guerre. Quoi qu’il advienne. »

Promesse faite, il recula de quelques pas.

« J’aurai aimé t’avoir comme protégé mais je suppose que je l’aurai senti si ç’aurait été le cas…Va rejoindre tes parents et sois prudente. Personnellement, je vais rester encore quelques jours ici pour… Réflechir. Sur ce… »

A peine eut-il terminé ses mots que son corps disparut dans une lumière bleutée, faisant s’envoler les pigeons. Il avait des affaires à empaqueter…