Mauvaise compréhension de la part d’Antonella qui passa pour une jeune fille assez nulle en mathématiques. Pour le coup, elle avait juste eu du mal avec les mots employés par Théo. Elle essaya de trouver les mots qui l’avaient piégé après avoir hoché la tête à la correction du blond.

On disait que l’herbe était toujours plus verte dans le champ d’à côté. Peut-être cela était-il vrai, mais Antonella s’en fichait. Sa main gauche se perdait déjà dans la pelouse de plusieurs centimètres tandis que l’autre en profitait moins, accaparée par la main de Théo. Ou plutôt, s’accaparant sa main à lui. Ses sourcils se relevèrent sous ses mots. Mais ne voulant pas le couper, elle se tût, se répétant encore ses paroles pour savoir si elle avait bien compris. Il utilisait le vent depuis ses 2ans ou depuis 2 ans ? L’anglais était assez compliqué par rapport à certains mots, elle trouvait cette langue bourrée de pièges qui semblaient se moquer éternellement de l’espagno-japonaise.

Harnais. Encore un mot contre lequel elle se butta, fronçant cette fois les sourcils. Elle sourit tout de même face à l’idée d’un gamin de 2 ans s’envoler. Ses paroles appuyèrent donc le fait qu’elle avait bien compris. Il maniait le vent depuis sa plus tendre enfance. Elle trouva ça fabuleux, se demandant si ç’aurait été la même chose si ça avait été le cas pour elle. Certainement pas aussi merveilleux.

Des cours jusqu’à la fin du lycée ? Antonella se questionna sur ceux-ci, s’il y avait une réelle nécessité pour elle de les suivre ou non. Elle-même ne savait pas pourquoi elle avait arrêté le lycée à Jacksonville. Peut-être n’avait-elle pas encore accusé le coup de cette nouvelle vie, ne supportant plus tous ces changements, voulant pour une fois suivre ses propres règles. Pensive, se demandant ce qu’elle ferait, elle mit cette question dans un coin se disant qu’elle avait encore un peu de temps. Mais se relancer dans des études lui faisait un peu peur. Une peur qui n’eut pas le temps de naître grâce au mot « glace » entendue. Un sourire remplit de gourmandise apparut tandis qu’elle reporta enfin son regard sur Théo, hochant la tête frénétiquement. Elle n’eut pas le temps de parler que d’autres questions fusèrent reprenant la prise de connaissance de l’autre.

« La stracciatella ! » s’empressa-t-elle de sortir comme gout, salivant d’avance avant de se rapprocher de Théo et de poser sa tête sur son épaule, l’observant d’un regard attendri rien qu’à la vue de son visage. « J’aime très de choses. Comme le chien, le chat, le loup et les…. Euh… Oiseaux noirs et blancs qui adorent tous les objets brillants ? Je n’ai jamais entendu cette race en anglais… Et pour les couleurs, le noir ! A toi ! Et tu n’as pas dit ce que tu aimes dans la vie. »

Ses lèvres se posèrent sur son épaule, déposant un léger baiser, ayant envie de l’en couvrir. Comme pour panser les multiples traces désormais disparues, créée par la sentinelle il y a 2 semaines. Elle n’aurait jamais pensé s’attacher autant à cet inconnu juste à cause de ce robot. Tout comme elle ne se pensait pas assez sotte pour être autant amoureuse, surtout en si peu de temps. L’une de ses mains se baladait sur son bras, offrant toute la tendresse possible chez elle.

« On attends pour la glace ? »

« Magpie… » répéta-t-elle plusieurs fois à voix basse pour retenir ce mot, comme elle l‘avait déjà fait quelques fois précédemment. Elle finit par ajouter en souriant « C’est mignon, on dirait presque un nom de pokemon ! » ne put-elle s’empêcher d’ajouter en se promettant d’en parler à son frère, trouvant le mot pour son oiseau préféré assez marrant à dire. Quant à sa demande gourmande, Antonella fit un oui rapide et répétitif de la tête. Mais avant de se lever, elle attendit que Théo réponde aux précédentes questions. Elle haussa un sourcil avant de rire face à son « voler avec les oiseaux », phrase qu’elle avait crût mal comprendre d’abord avant de se souvenir de son pouvoir. Il était clair qu’à côté d’elle, il avait des activités un peu plus basiques. Aucun point commun, si ce n’était le cinéma, mais qui n’aimait pas y aller ? Quoi que, la pie et le corbeau n’étaient pas si différents, non ? La brune essayait de rechercher des ressemblances à leur gout. Comme pour se raccrocher toujours un peu plus. Le manque d’intérêt commun lui donna un mauvais gout.

La mutante confirma ses paroles. En effet, ils pourraient continuer éternellement. Elle rigola quand il reposa une même question et finit par l’enjamber quelques secondes, lui faisant face avec un grand sourire.

« J’ai déjà dit pour la couleur ! » se moqua-t-elle gentiment, avant de l’annoncer à nouveau, en prenant ses mèches de cheveux entre ses doigts. « Le noir. Et pour la fleur… Le lotus ! Et euh… J’ai pas de préférence. Montagne et plage, c’est cool. »

Elle se rapprocha un peu plus pour frotter le bout de son nez contre celui du sorcier avant de finalement lui voler un baiser plus calme et sérieux que l’action précédente. Elle le fit durer plusieurs secondes avant d’entendre une vieille sonnerie de téléphone. Soupirant, elle y mit fin à contre-cœur, reculant légèrement tout en sortant son « nouveau » téléphone, qui était une belle antiquité, elle qui était habituée à mieux auparavant.

« Désolée, je dois répondre… » dit-elle en soupirant une seconde fois, décrochant en même temps qu’elle reposa ses fesses sur l’herbe, coupant court au contact entre elle et Théophile.

« Oui ? […] Dehors. […] Hmm. […] Je sais […] D’accord… 30 minutes… Ouais, merci… »

Son doigt appuya sur la touche du vieux nokia, emettant un vieux bruit de caoutchouc désagréable. Son sourire disparu durant l’appel revint timidement, dans une certaine gêne.

« Mon frère a… Besoin de moi à la maison. » fit-elle avec un certain air boudeur. « Si tu veux, pour la glace, on peut la prendre maintenant et on la mange en chemin.. ? Si tu veux me raccompagner un peu. » dit-elle, bien moins enchantée, se levant et offrant une main pour l’aider à se relever à son tour. « Faudra que tu me donnes encore ton numéro… » rappela la brune avec un air amer, ne voulant pas revivre cette mauvaise periode sans lui.

Antonella attendit la réponse à sa proposition avec un peu d’appréhension. Oh, elle ne lui en voudrait pas s’il ne souhaitait pas la raccompagner. D’un côté, tant mieux se dit-elle, ayant proposé ce plan sans penser au fait qu’il puisse voir un échantillon de sa vie rien que par la vue du quartier… Souriant face au projet de manger une glace dans leur dernier instant ensemble, elle se força à garder le sourire quand il lui proposa de la raccompagner complètement. Ce fut le retour sur le sujet du numéro qui l’a fit baisser la tête sur son écran sans couleur, se dépêchant d’aller dans le répertoire et d’y inscrire d’ores-et-déjà son prénom. Ecrivant tout d’une main agile et habituée désormais à cet étrange appareil, caressant le dessus de la main de Théo de l’autre, elle finit par ranger le téléphone dans sa poche et entama la marche. Légèrement soucieuse, elle se demandait si elle lui devait des explications. Soit elle trouverait un moyen de couper court à ce raccompagnement, soit elle devrait justifier ses « anciens loisirs » avec sa « nouvelle vie ». Chose qu’elle ne souhaitait pas réellement aborder, de nature assez discrète sur sa vie privée. Le sujet tournant sur l’Underground, le travail de Théo, elle s’échappa de ses pensées, voulant en revenir à des plus claires.

« L’Underground ? Je connais, mon voisin est un des… Manager là-bas je crois. C’est le professeur aussi. Tomi ! » dit-elle, ravie de voir que les deux hommes étaient forcément censés se connaitre. D’habitude, elle aurait pu enquêter via le sorcier sur le plus jeune. Elle le faisait avec certain client étrange -comme Lancelot, au début-, mais là… Elle n’en avait pas envie. Elle qui était de nature prudente, voilà que le simple fait d’avoir vécu une matinée éprouvante avec ces saletés de machine permettait à Théo d’avoir une quasi-entière confiance de la part de la brune. Ou en tout cas, une absence de méfiance totale. Elle rigola du hasard, ajoutant :

« Tu dois le connaître alors je pense. Tomi Hicks. »

Son ton baissa quand ils arrivèrent au marchand de glace. Son regard aussi d’ailleurs. Elle n’avait rien sur elle. Même pas l’argent pour ce mafieux d’Anderson ou celui pour acheter son matériel. Elle soupira, se sentant obligée de justifier son non apport.

« J’ai pas pris ma sacoche, désolée… La prochaine fois ça sera moi. » préféra-t-elle prévenir, tripotant le bas de son tee-shirt. Attendant que la glace soit tendue, elle remercia le glacier et en fit de même envers Théo quelques mètres plus loin, l’embrassa sur la joue par la même occasion.

« Et pour me raccompagner… Pas entièrement s’il te plait. » décida Antonella, enfin. Elle garda son regard sur Théo pour voir s’il ne le prenait pas mal.

« Mon frère est… Embêtant. » Ce n’était certes, pas la raison principale mais… Elle aimait bien avoir son jardin secret, ne le partageant qu’avec Adriel. S’ils avaient le malheur de croiser Adrian ou Abby, elle savait qu’elle passerait une soirée envahie par un frère protecteur ou ne sœur curieuse et donneuse de mauvais conseils

« Et une sœur… trop curieuse. » rajouta-t-elle en rigolant cette fois. « Mais tu peux me raccompagner jusqu’à Southside, c’est juste à côté. » Y aller à pied ne durerait qu’une vingtaine de minutes à tout casser. En allant dans ce parc, ils s’en étaient rapprochés. Un peu. D’une dizaine de minutes. Théophile n’aurait pas à marcher loin. Préoccupée par ça, ses pensées allèrent soudainement sur Tomi. Il suffisait que le sorcier connaisse l’adresse du professeur et ç’en était peut-être déjà finit de cette barrière qu’elle mettait…

Ouf, c’était accepté. Dégageant l’idée que Théophile sache où habite Tomi, Antonella se détendit petit à petit en portant toute son attention sur le garçon. Il était difficile pour elle de bien comprendre lorsqu’on enchainait plusieurs phrases, mais elle fut contente de s’apercevoir qu’elle avait plus ou moins compris. Elle se demanda ce qu’il se passait concernant son frère mais ne fit pas plus que ça sa curieuse, trop en savoir ou trop en demander dès le début d’une relation et même d’une connaissance ne se faisait certainement pas. Dans son pays en tout cas. Le Japon avait ce côté très prude et peu curieux. Mais même avec une éducation là-bas, ses quelques années en Espagne avait sû lui offrir une certaine curiosité qu’elle savait tout de même contrôler. Puis même, connaissant différents problèmes dans sa propre fratrie, elle n’était pas spécialement intéressée pour en connaitre d’autre, se sachant plutôt bien lotie.

Le rire d’Antonella se joignit à celui de Théo qu’elle trouva adorable, en plus d’être amusée par l’histoire et d’imaginer une petite tête blonde voler dans les airs. Essayant de garder son sourire quand il lui parla d’être ouvert face à une possible rencontre avec sa famille, elle se passa la main dans la nuque, se demandant si cela arriverait un jour. Bien sûr, dans sa tête, malgré tous ces fourmillements, ses bondissements cardiaques et autres ressentis agréables, elle ne s’imaginait pas lointainement dans le futur, mais elle s’imaginait tout de même avec lui. Ayant l’impression que cette joie ne pourrait pas disparaitre. Alors oui, dans ce cas-là, peut-être un jour. Mais elle n’eut pas le temps d’y répondre que Théophile changea de sujet et entama celui de la communication. Elle en comprit le principal et ne put s’empêcher de grimacer.

« Etoooo… » commença-t-elle avant de froncer les sourcils en voyant que ses émotions prenaient assez le dessus pour lui faire parler sa langue maternelle.

« Je n’ai pas beaucoup de … D’argent sur mon compte de téléphone. Je ne vais pas être trop bavarde par messages… Et je réponds pas souvent… Mais je ferai un effort ! Et pour rencontrer ma famille… J’ai mon triplé avec qui je suis très proche. Avec lui c’est bon ! » dit-elle soudainement toute joyeuse en imaginant les deux se rencontrer. Avec un sourire un peu gêné, elle rajouta :

« Je lui ai déjà parlé de toi… Comme je n’allais pas bien… C’est un peu bête d’avoir parlé de toi à Adriel mais on se dit tout. Donc lui, prochainement, d’accord. Mais ça va etre compliqué parce qu’il va encore à l’école et est souvent avec Abby la 3ème de nous. » dit-elle en maintenant sa bouche de travers à la fin de ses paroles, pensive.

« Et pour ta sœur, elle est à Jacksonville ? »

Profitant de sa glace, Antonella offrait des petits coups de langues pensifs, essayant de situer le village d’où provenait Théophile, mais rien. Elle n’était là que depuis moins d’un an et même si la géographie était une de ses matières préférées, aimant découvrir les divers villes et villages autour de ses habitations, il lui faudrait un peu plus de temps pour l’étudier ici. Déjà, fallait-il qu’elle aime cet endroit pour s’y intéresser et qu’elle se voit y rester. Plus ses 18 ans approchaient et plus elle se voyait déjà quitter cette ville et le foyer familial. Peut-être sans aller loin, avec l’institut qui débutera bientôt d’ici quelques jours… Peut-être même que cela annulait ses plans de s’éloigner de son frère, qui sait. Par le rire de Théophile qui contamina la brune, elle comprit bien vite que les deux devaient être proches, si la sœur était véritablement capable d’arriver à peine l’appel aurait été lancé. Pour la suite, la mutante s’aperçut qu’elle et lui semblaient partager les mêmes soucis familiaux avec l’ainé. Peut-être pas au même degré, mais tout de même. Elle resserra un peu plus la main de Théophile, en prenant garde à sa force que l’on traitait souvent de brute. Juste histoire de rappeler sa présence au sorcier, pour lui montrait qu’elle était là. Pour lui. Elle ne préféra pas demander plus de détails que ça concernant l’ainé et posa sa tête contre son épaule durant la marche, finalement, quand la conversation retourna sur leurs petites personnes.
Elle souriait bêtement, naivement.

« C’est pas idiot. » dit-elle aussitôt. Bon, si, ça l’était, elle aurait même été la première à la dire face à un autre couple, mais ça, ç’aurait été avant de comprendre ce qu’un couple pouvait ressentir, à l’égard l’un de l’autre. Elle soupira en pensant à Adrian. Il n’aimait pas réellement la voir trainer dehors et n’hésitait pas à l’appeler dès qu’il y avait besoin pour voir sa cadette retourner aussitôt à la maison à sa « rescousse ».

« Pour mon frère… Je pense que ça se calmera quand je serais à l’institut. Et s’il continue quand j’y suis, d’ici quelques mois j’ai 18 ans, donc il n’y aura plus de problème à ça. » annonça-t-elle avec un fin sourire, voyant la délivrance se rapprocher à grand pas. « Mais pour l’institut, j’ai un peu peur… Il y était avant. Mais il a du le quitter et il n’aime pas les professeurs ni Parker. J’ai peur de sa réaction… »

Si Théophile connaissait Adrian ? Elle se le demanda. Pas qu’il ait un jour réellement parlé de ce qu’il se passait là-bas, à cette époque, Antonella habitait encore au Japon chez sa mère qui n’était qu’une humaine. Tout comme elle en tout cas. Ou en tout cas, sa mutation ne s’était pas encore révélée. Et le grand frère ne s’amusait donc pas dans tous les cas, à parler des mutants, sorciers et autres choses liés à l’institut. Il profitait plus des promenades dans les parcs avec les trois monstres, rigolant avec eux quand il essayait de retenir les différents kanji. Il n’avait jamais été très bavard à ce niveau-là. Dégageant ces bons souvenirs, parce que désormais, rester avec cet homme était plus une corvée qu’autre chose, elle se demandait si elle devait dévoiler l’identité fraternelle. Les deux avaient côtoyés l’institut pendant tant d’années, mais il avait, d’après leur père, une réputation étrange, à cause de son pouvoir. Pas qu’elle avait peur que Théophile coupe aussitôt les ponts à cause d’un de ses frères, mais peut-être chercherait-il à en savoir plus sur sa famille puis sur les raisons qui faisaient qu’elle habitait chez lui, et bien d’autres détails dont elle ne voudrait pas parler. Mais il n’était pas intrusif. Et elle appréciait cette délicatesse. Délicatesse, ou peut-être était-ce quelque chose de normal pour le garçon, de ne gratter qu’à la surface et de ne pas approfondir. Puis, même, ce n’était que leur « première journée » ensemble, même si elle fut courte et même s’ils avaient déjà passés quelques heures déjà, mais dans une ambiance beaucoup moins… posée.

Si elle voulait réellement aller à l’institut ? Bien sûr. Maintenant elle en était sûre. Même si elle avait failli y perdre la vie. L’endroit avait sût la séduire et l’interdit l’attirait. Mais elle préféra se taire, encore une fois, se faisant de plus en plus silencieuse au fur et à mesure qu’elle se rapprochait du quartier ou allait la déposer Théo. Et puis, à part se montrer comme butée et désobéissante envers une âme familiale, ça n’allait servir à rien. En guise de réponse, elle ne fit qu’attraper sa main. Pour s’accrocher à lui, mais aussi à l’idée d’aller à cet institut.

Sa tête quitta son épaule lorsqu’il annonça avoir failli le quitter. Comment ? Pourquoi ? Adrian était si bien avant que leur père ne disparaisse. Il semblait si merveilleux ! Comment pouvait-on avoir envie de quitter un endroit aussi magique ? Peut-être était-ce à cause de leur forte différence d’âge vis-à-vis de la découverte de ce monde. Lui avait baigné dedans depuis tout jeune tandis que tout ça lui était encore presque inconnu avant l’arrivée de sa mutation. Lui offrant un regard interrogateur, elle se pinça les lèvres quand il parla d’en partir. Elle avait l’impression qu’il ne voyait pas la chance qu’il avait. C’était fou.

« Pour quelqu’un comme moi… ça me suis bizarre de vouloir partir d’un endroit comme l’institut. On doit se sentir bien parmi les notres là-bas. » Un confort auquel Adrian ne faisait pas vraiment attention, ayant mal pris la mutation de sa jeune sœur.

« Après on n’a pas la même vie, donc c’est sûrement logique… »

Elle hésita quelques secondes avant d’ajouter :

« J’espère que c’est pas pour maintenant. Que tu pars. »

Sa main serra un peu plus celle du sorcier, lui offrant un sourire.

« On est deux pour ce qu’on … Sur… qu’on ne sait pas ce qu’on fait plus tard. » Ses sourcils se froncèrent, la fatigue ne l’aidait pas avec son anglais, perdant avec sa perte d’énergie beaucoup de ses capacités avec l’anglais.

« Je pense trop vite, ma bouche n’arrive pas à aller aussi vite. » dit-elle en rigolant. Il fallait dire qu’elle n’entrainait pas vraiment son anglais, ne le parlant qu’avec Adrian -c’est-à-dire presque jamais- et ses clients. Avec Lancelot aussi. Même s’ils passaient plus de temps à rire qu’à parler. Elle reprit son sujet :

« Je suis plus à l’école de Jacksonville et sais pas quoi faire. Enfin, oui, je sais. J’aime dessiner. Et je fais des tatouages. Mais mon frère ne sait pas et n’aimera pas. Après, il me parle beaucoup du… C… CIO. Pour trouver des études à faire. Mais j’ai pas envie d’étude. Je veux travailler. » Elle soupira discrètement, essayant de garder son sourire.

« Sinon il s’appelle Adrian Tsumi. Il a été plusieurs années dans Parker et n’est parti que y a … 10 mois. Il copie les pouvoirs, peut-être que tu peux reconnaitre comme ça. »

Les yeux d’Antonella observaient de moins en moins Théophile, mais plus les alentours, les reconnaissant bien trop, de mieux en mieux. Mais elle essayait de ne pas y faire attention plus que ça, s’appuyant sur les paroles de son petit ami, préférant tourner ses pensées vers lui plutôt que vers son appartement dont ils se rapprochaient de plus en plus. Et ce fut sans difficulté, trouvant la possibilité de faire des potions, juste extraordinaire. Elle ne put s’empêcher de réagir directement, avec un air choqué.

« Je trouve ça trop cool de faire des potions ! Ca me fait bizarre de voir qu’on peut être pas bon en potion, c’est comme… Ouais, non, c’est comme de la cuisine. Mais faire ce que je veux avec une potion ça serait vraiment bien ! Je crois que je serais la numero un de la classe si les mutants peut faire des potions ! »

Bon, elle n’était pas très forte en cuisine elle-même mais elle pouvait se contenter de conserves, se nourrir n’étant pas une activité importante à ses yeux. Mais si elle pouvait créer des liquides aux pouvoirs magiques, ça serait le rêve. Soupirant devant la chance qu’avait Théo, elle préféra passer à autre chose. Elle confirma le fait de vouloir devenir tatoueuse par un signe de la tête, mine de rien, au black, ça payait bien, surtout avec son pouvoir ! Mais bon, son crédit était tout de même lourd et lui ponctionnait bien 90% de ce qu’elle gagnait, lui offrant à peine de quoi payer son encre. Ce fut finalement un sourire qui apparut quand il trouva leur point commun sur la mince envie de poursuivre leurs études. Ca la rassurait. Elle avait pour l’instant l’habitude de ceux lui faisant la morale et de ceux lui disant de faire ce qu’elle souhaitait faire. Mais pas vraiment d’une autre personne ne désirait pas faire d’études.

Quand la conversation tourna sur Adrian du coup, elle reposa ses mirettes sur son ainé, surprit qu’il ait décroché de l’institut depuis tant d’années, ne comprenant pas. Elle aurait voulu avoir une raison, étant d’une grande curiosité, mais rien. Elle ne fit aucun commentaire dessus. Tout comme le « tout récemment ». Un sacré jardin secret qu’il entretanti. Se pinçant la lèvre, elle apprit donc que les deux garçons ne semblaient visiblement pas se connaitre, bien. Au moins, ils ne se détestaient pas. A vrai dire, il ne savait pas vraiment comment pourrait réagir le Tsumi en apprenant que sa sœur si solitaire avait pu trouver un copain, sorcier qui plus est. Et de l’institut également… Un joli combo gagnant qui ne fit que mettre une pression supplémentaire sur les épaules de la brune qui s’affaissèrent discrètement en même temps qu’un fin soupir.

« Je lui demanderai s’il connait un gars qui plane tout le temps. »

Rester à trouver comment mener la conversation sans qu’il ne comprenne quoi que ce soit de tout ça.

Trouver un appartement lui semblait étrange quant à l’institut, ils étaient nourris et logés apparemment. Sans frais, d’après Adrian et leur père. Mais elle comprenait son envie de s’envoler. Tout comme elle souhaitait s’envoler loin de l’appartement familial. Peut-être en kidnappant Adriel avec, elle ne savait pas si elle pouvait vivre sans son triplé bien aimé. La seule raison pour laquelle elle ne ferait que suivre les cours à l’institut sans y vivre, c’était lui. Son cher décoloré de frère.

« Merci. Ca fait du bien d’entendre ça de toi. Surtout que je crois que on se comprends bien sur beaucoup de points. Je continue mon métier encore longtemps même si Adrian ne voudra pas. Plus que quelques mois. Et après c’est bon. Je sais pas moi si je pars de chez la maison ou non. Et si je prends un appartement, je prends mon triplé avec moi. A l’institut ça va être dur parce qu’il n’a pas de pouvoir. Pas encore. Mais j’espère qu’il en aura un et là, on va vivre à l’école. »

Elle rêvassait. Sans Abby. Sans Adrian. Juste Adriel et elle. Eux contre les autres. Leur phrase préférée.

Le quartier voisin au sien venait tout juste d’être foulé. Des grands batiments encore acceptables visuellement -et certainement intérieurement aussi- étaient debouts devant le couple. La brunette ralentit jusqu’à arrêter sa marche, ne voulant pas avancer plus et montrer à Théo le taudis de quartier où les Tsumi habitait. C’était dur pour son égo.

« Tu peux arrêter ici. On est proches. » annonça-t-elle avec un sourire de travers, triste que leur moment s’arrête là. Elle observait le quartier silencieusement, comme si elle ne voulait pas reprendre sa marche. Rester figé ici, c’était bien, surtout avec Théo. Se collant contre son torse dans un face à face toujours aussi calme, elle entoura son buste. Fichu Adrian.

« J'ai pas envie...»

Une sensation étrange dans sa gorge se faisait ressentir. Comme une boule qui retenait par un procédé illogique les larmes de la brunette. Elle ne voulait pas pleurer. De un, parce que ce n’était pas son genre -à part lorsqu’elle manque de se faire tuer par une machine robotisée- et de deux parce qu’elle ne voulait pas pleurer à chaque fois avec Théo. Ca n’était pas son genre d’habitude. Et elle ne voulait pas que cela en devienne justement une. Elle était une fille forte, en tout cas, c’est ce qu’on ne cessait de lui répéter. Les paroles de Théo la réconfortèrent. Oui, ils allaient se revoir. Et juste à cette idée, elle releva son regard avec un sourire, appréciant les papillons dans son bas ventre qu’elle ressentait juste avec deux fronts collés, deux paires d’yeux qui étaient dans un échange continu et deux bouches ne souhaitant que se retrouver. Qui finirent par se retrouver en fait, tout simplement. Elle se laissa faire, profitant de ses dernières secondes, profitant une dernière fois de la voix de Théophile. Elle hocha la tête lentement, avant de commencer à s’éloigner. Puis non. Elle n’en avait pas assez profité. Revenant rapidement en arrière, elle rendit le baiser auquel elle n’avait pas répondu précédemment. Comme si elle s’en était foutu. Mais non. Si Théophile avait pu penser ça, elle espérait bien dissiper cette pensée par l’ultime baiser qu’elle lui offrit. Ses fines mains se déposèrent autour de son cou, intensifiant tendrement le baiser, ne voulant pas y mettre fin de manière prématurée.

« Dès que je peux, je t’envoie un message pour qu’on se voit. Ou je te réponds. J’ai quelques économies que je vais utiliser pour mon forfait. Je veux pas qu’on ne se voit plus durant aussi longtemps. » exprima-t-elle maladroitement dans un chuchotis, caressant la chevelure tombant dans la nuque du sorcier. Dans un dernier échange visuel, elle recommença ses pas effacés quelques secondes plus tard et prit le chemin de sa triste vie en direction de son cher ainé.

[Terminé pour moi !]