Amour. Mélange de trois hormones savamment dosé pour causer de l'aveuglement, des papillons dans le ventre et des pensées irrationnellement romantiques. À trop forte dose, ses hormones peuvent rendre fou. Il semblerait que j'en ai déjà trop eu vu ce que je prépare. J'ai l'impression d'être un cinglé échappé de son asile. Je donne des indications à mes chefs et mes domestiques, je m'assure qu'une servante aille bien repasser mon plus bel habit, je vais même jusqu'à appeler le meilleur fleuriste de la ville pour qu'il me fasse parvenir ce dont j'ai besoin. Tout doit être parfait. Je ne veux pas d'un autre échec comme la dernière fois. Je suis sûr que, cette fois, ça sera un vrai rendez-vous galant. Beaucoup plus agréable... et plus galant.

Je dois simplement contacter Edriss et espérer qu'il accepte mon offre. Je vais dans mon salon, sentant l'anxiété me tordre le ventre. Allez, Gregory. Tu es capable. J'inspire profondément, vais pour composer son numéro.... avant de rapidement effacer et m'effondrer sur mon sofa. Non, non, non... Ça ne marchera pas. Et s'il dit non? Quelle question, il va dire non. Il ne voudra probablement pas de moi, surtout après ce qui c'est passé la dernière fois. C'est peine perdu, je ne sais même pas pourquoi je m'acharne comme ça. Qui ne risque rien n'a rien. Je suis un conquérant. Je suis puissant! Je ne peux pas rester dans mon coin comme ça! Je dois tenter quelque chose! Je laisse échapper un soupire pour me ressaisir avant de commencer à lui écrire un texto. Non, ça ne marche pas. C'est absurde et... Oh, non. Non, non, non, NON, NON! MERDE!

Je regarde la petite note ''Délivrée'' à côté de mon message. Pourquoi le bouton pour effacer est aussi près du bouton pour envoyer?! Stupide compagnie de téléphone! Je passe une main sur mon visage avant de relire ce stupide message de merde. Vraiment, l'amour rend les pensées irrationnellement romantiques.

''Edriss,
Je sais qu'il est plutôt tôt depuis notre dernier rendez-vous et que tu n'es probablement pas prêt pour ce que je vais te demander, mais je souhaite vraiment me rattraper pour la soirée dernière. Je ne cesse de penser à toi et de regretter ce qui c'est passé. J'aurais tant voulu te montrer tout le bonheur que peut amener une personne qui t'aime sincèrement. C'est pour cette raison que je souhaite d'inviter à un rendez-vous, à mon manoir. J'attends ta réponse,

Une personne qui t'aime sincèrement,
Gregory''

Le message c'est envoyé, mais la réponse n'est pas reçu. J'attends et attends, là, étendu sur mon sofa en me rongeant pratiquement les ongles. Je fixe mon cellulaire comme un chevreuil fixe les lumières d'une voiture sur la route. Je m'attends au pire vu le temps que ça prend à répondre. Peut-être qu'il ne va même pas me répondre? Peut-être qu'il est en train de rire de ma gueule en ce moment même devant la stupidité de mon message? Peut-être que... DING! Je regarde mon téléphone, un nouveau message... Il accepte. Je sens un large sourire éclairer mon visage avant de me relever de mon sofa. Il est temps de finir les préparations.

Le grand jour arrive enfin. Tout est impeccable. Sur la table, il y a des agapanthes, des agapanthes, et des coréopsis, tous dans des teintes orangés ou jaune, alors qu'au centre du bouquet se trouve une rose rose. Je replace ma cravate pour le millième fois et lance un regard dur à Théophile pour lui faire comprendre de bien se tenir. Il a un habit de maid qui devrait alléger les tensions de la part d'Edriss. Enfin... j'espère. On sonne a la porte et le majordome va répondre. J'attends dans le couloir, l'air solennel, alors que mon employé m'amène Edriss. Je souris doucement en le voyant et m'approche lentement. Toutes mes craintes s'envole rien qu'à sa vue et mon regard est doux comme la brise du printemps. Je m'arrête en face de lui et lui offre mon plus charmant sourire

-Bonsoir, Edriss. Je suis vraiment... ravi que tu ailles accepté mon invitation. Tu... n'as pas idée. C'est peut-être pas un restaurant chic, mais... j'ai un chef renommé à mon service. Alors... j'espère que le repas va te plaire.

Mon invité semble toujours aussi... sur les nerfs qu'avant. Comme une souris face à un chat. Il ne semble pas très à l'aise en ma présence. Est-ce que ça va être encore un échec? Est-ce qu'il va encore être rigide et sur ses gardes toute la soirée? J'ai pas envie de ça. Je veux le Edriss fier et sûr de lui, confident et prêt à pêter des gueules s'il le faut! Pas.... ça. Ce n'est pas d'une proie que je suis tomber amoureux, mais d'un prédateur comme moi. Peut-être que ça serait mieux d'abandonner. De le laisser faire sa vie loin de moi puisque, de toute manière, il semble toujours effrayé par ma présence. Puis, soudainement, il sourit et semble bien plus détendu. Je lui rends son sourire en entendant sa question et lui fait signe de me suivre à la salle à manger.

-Oui, c'est tout à fait normal. J'espérais... pouvoir désamorcer la tension grâce à cela. Il semble que ça fonctionner.

Je lui tire sa chaise galamment, n'arrêtant pas de sourire, avant d'aller m'assoir dans la mienne.

-Tu es plutôt occupé à l'école à ce que tu m'as dit? Beaucoup de correction de travaux et ce genre de trucs...?

J'hoche lentement la tête à sa réponse, tout en faisant signe à mes domestiques de commencer avec le service. Ils nous donnent un apéro que je bois un peu avant de me concentrer de nouveau sur Edriss. Aucune boisson ne peut être plus intéressante que ce sorcier.

-Je vois. Je suis ravie de voir que tu recommences à vivre. Après.... ce que Lucifer et compagnie t'a fait subir. C'est bien. Je suis fier de toi, Edriss. Si tu as besoin de quoi que se soit, n'hésite pas. Je suis là pour toi.

Je lui souris de nouveau avant de boire doucement mon verre, attendant le premier plat et cherchant un sujet de conversation.

-Sinon... comment ça va, en général? Pas eu d'autres problèmes démoniaques? J'ai des sigils plutôt intéressant si tu veux tenir les démons à l'écart. Je peux te les enseigner, si tu veux. Ça me ferait plaisir.

Je peux comprendre sa réaction vis-à-vis de son père. Je n'ai qu'à voir le mien... Mais son père ne semble pas un très bon modèle. Il semble même le restreindre plus qu'autre chose. Je ne vois pas pourquoi il s'acharne à vouloir de ce père. Il pourrait simplement le tuer. L'empoisonner, je sais pas moi! Faire n'importe quoi pour s'en débarrasser! Il atteindrait le trône de l'enfer beaucoup plus rapidement, comme ça... Mais je ne dis rien. Ce n'est certainement pas ce qu'il veut entendre après tout. Alors je me tais sur le sujet et saute plutôt sur l'autre.

-Lucifer... je suis sûr qu'il y a un moyen de le vaincre. Certains sorciers ont réussi à l'endormir. Si l'on trouve leur sortilège, je suis certain qu'on pourra le modifier pour obtenir un effet plus puissant. Au pire des cas, tu pourras toujours le rendormir et t'occuper de ses fidèles pour t'assurer une tranquillité d'esprit...

Je souris, fier de mon idée, avant de voir les domestiques entrer avec le premier service, une salade aux couleurs flamboyantes et à l'odeur douce-amère. Je souris et commence à manger avec appétit, savourant chaque bouché.

-Comment trouves-tu la salade?

-Embaucher? Je n'ai embauché personne. Encore moins ce crétin. Je t'expliquerais plus tard.

Un sourire s'étire sur mon visage alors que je finis mon assiette. Je suis plutôt content de moi. J'ai vraiment l'impression qu'Edriss est à l'aise ici. Je laisse les domestiques nous débarrasser une fois nos assiettes finis. Je bois un peu de vin avant de plonger mon regard dans celui d'Edriss. Je pourrais rester comme ça une éternité. Je pourrais me perdre dans ses yeux. Je pourrais mourir en regardant ses yeux. Je ne remarque pas mon petit sourire niais et amoureux qui barre maintenant mes lèvres. Je le perds rapidement en voyant les domestiques arriver avec le plat principal.

-Si tu as apprécié la salade, je suis certain que tu vas aimer ça aussi. C'est un carré d'agneau avec un beurre aux herbes. Que la meilleure viande. Je m'en suis assuré personnellement.

Je commence à manger sans quitter Edriss du regard. Comment le pourrais-je?

-Tu sais, Edriss... Si jamais... tu as besoin de quoique se soit, ma porte t'es toujours ouverte. Tu n'as qu'à venir et je vais t'ouvrir avec plaisir et t'aider, peu importe tes besoins. Tu n'as pas à hésiter. Ici, c'est un peu ta seconde demeure. La chambre que je t'ai passé pendant ton séjour est la tienne. Alors... voilà... Je... c'est tout.

Je regarde mon invité entre amusement et inquiétude. Il est mignon alors qu’il se confond en excuse et tout, mais… ça m’inquiète aussi. Edriss n’est pas du genre à s’excuser ou… se confondre. Est-ce qu’il va bien? Qu’est-ce qui s’est passé pour qu’il soit aussi… mal à l’aise? Il est mal à l’aise? Merde… non, non, non! Je veux pas! J’ai dit quelque chose de mal? Ou de travers? Tout allait bien pourtant… je crois?

Je penche ma tête sur mon assiette, essayant de réfléchir. S’il est mal à l’aise, je dois faire quelque chose pour qu’il soit de nouveau à l’aise! Logique implacable, non? Mais quoi? Qu’estce que je peux bien faire? Qu’est-ce que je peux… essayer pour le rendre à l’aise? Pense, pense, pense, aller Gregory… Tu n’as pas le droit à l’échec cette fois.

-Hey… tout va bien, tu sais… Tu n’as pas à… jouer les fier devant moi. Je veux dire… Tu à le droit à tes raisons de ne pas vouloir revenir ici ou…. Refuser mon aide, ça va, je comprends. Tu n’as pas à t’excuser ou chercher des excuses pour ne pas me le dire. Tu as tes secrets et je les respecte. J’espère qu’un jour… tu auras assez confiance pour me les confier. Et si ce jour n’arrive jamais alors… ce n’est pas si mal. Vraiment.

Je lui souris doucement, presque tendrement. Non. Pas presque. Tendrement point. Je ne peux pas m’en empêcher. Je veux qu’il soit à l’aise… qu’il comprenne que je ne suis pas une menace, que je suis là pour l’aider et que… que je l’aime.

-Pour Théo… disons seulement qu’il ne me croyait pas capable de mette mes menaces à exécution. Je lui ai prouvé le contraire et maintenant, il est un bon petit chien-chien. Ou presque… Il fait encore son difficile, mais ça ne devrait plus tarder… Si tu veux un cobaye pour tes potions, je suis certain que ça lui ferait plaisir.