Il ne sentit pas une seule parcelle de vent venir vers lui, et eut presque l'impression de perdre un peu plus son air.
Comprenant que de fait, c'était vain il se sentit encore plus mal et Théophile baissa les yeux.
Il ne pouvait pas sortir. Il était coincé la. Et il avait cette impression que ça allait durer.

Théophile vit Gregory paraître reculer et s'éloigner et il l'observa du regard sans bouger.
Jusqu'à comprendre qu'il allait le laisser la. Dans le noir. Dans cette cave. Enfermé.
Il revenait au début donc.
Du moment où il s'était retrouve enfermé.
Parce qu'il avait agit comme un imbécile.

Fermant ses yeux il se sentit minuscule et mal. Il sentait les odeurs acres autour de lui. Il n'entendait presque aucun bruit et n'avait aucune idée de ce que ça pourrait être pour ceux qu'ils entendaient.
Parce qu'après tout.... il ne voyait rien.

Il avait du mal à respirer, toujours autant. Théophile n'avait aucune idée de quoi faire et resta dans son coin immobile.
S'enfonçant en même temps qu'il paniquait.
Sentant le temps passer trop lentement.
Se demandant au fur et à mesure s'il allait rester là. Cherchant à sentir le moindre courant d'air. Toujours autant en vain.
Il avait l'impression de chuter définitivement. Alors qu'il restait toujours au sol.

Est ce qu'il allait rester là à croupir ? Est ce qu'il allait finir par mourir ? Allait on un jour retrouver son cadavre ou Gregory finirait il par le cacher dans un endroit que seul lui connaissait ?
Pouvait on vivre sans air ? Avait il encore des ongles à force de gratter bêtement le sol dans l'espoir idiot d'y trouver une solution ? Le propriétaire de ce manoir savait il qu'il y avait exactement quarante trois briques sur le morceau de mur que Théophile pouvait toucher? Est ce que si une personne de l'extérieur le sentait, il sentirait la mort ? Était il encore vivant ? Quelle tête avait il ? L'air existait il encore ? Est ce que quelqu'un en ce monde s'inquiétait pour lui ? Que faisait la police ? Pourquoi n'avait il prévenu personne de la ou il allait ? Ou était son téléphone ? Combien de temps pouvait on survivre sans manger ? Pourquoi n'avait il plus son bracelet pratique ? Comment allait Max ? La lumière existait elle ? Maintenant que ça faisait un certain temps qu'il avait fini le bol d'eau, allait il en ravoir ? Qu'est ce que c'était, respirer ?
Et surtout.... Quel jour était on ? Depuis quand était il enfermé ? Combien de temps ? Il n'était même pas sur de savoir. Il avait l'impression que ça faisait des siècles. Il peinait à bouger parce que son ventre réclamait à manger. Et que la panique le tordait de douleur quand même.
Théophile avait l'impression parfois de devenir fou. Le moindre bruit devenait un rêve ou un cauchemar mais il n'était même pas sur d'avoir dormi.
Il avait prié pour que même juste un rat vienne lui rendre visite.

Il était arrivé à un point où il aurait été prêt à préférer se faire torturer par Lucifer que de rester une minute de plus dans cette cave. Il s'était même juré secrètement de ne plus jamais, jamais, sortir des choses sous la colère qui pourraient lui faire du tort.

Puis un rai de lumière fit son apparition, et Théophile ferma les yeux, parce que c'était douloureux au début.
Il vit vaguement Gregory apparaître dans son champ de vision pour lui déposer quelque chose qui avait une bonne odeur.
Un repas. Quelque chose qui l'aiderait à survivre. Mais certainement pas à sortir. Mais si Gregory le maintenait vivant c'est peut être qu'il voulait bien le libérer un jour non ?

Mais plutôt que de réfléchir à tout ça, Théophile se précipita vers le repas. L'entendant parler de gentillesse avant de baisser le regard.
L'oiseau rebelle s'était radouci. Il avait appris de ses erreurs.
Et il se mit à genou - bien qu'il le fut déjà presque - devant Gregory pour le supplier

- me...merci...Je suis déso....désolé de...ce...ce...que j'ai...j'ai. ...dit.... Lai...lai...

Sa voix était enrouée et il peinait à en faire quelque chose.

- Laissez moi...Sortir...je vous...vous...en supplie... je...au secours...

Théophile n'avait même pas honte de ses paroles. Il n'essayait même pas de l'insulter parce qu'il avait trop peur des conséquences.

- J'au...aurais pas du...dire ce que j'ai dit...alors.... pi...pitié....

Si le rire qui surgit suite à ses paroles fit naître en lui un sentiment de colère, celui ci fut vite étouffé par la peur qui le gagna, l'obligeant presque à reculer encore un peu alors que Théophile aurait préféré manger et sortir de la.
Il vit Gregory l'observer, et avait du mal à soutenir son regard, apeuré à l'idée qu'il s'emporte d'un coup et le laisse croupir pour de bon ici.
Il s'attendit à de la méchanceté, de la moquerie, quelque chose. Mais à la place, Gregory lui somma juste de se taire et de se nourrir.
Chose qu'il commença lentement à faire parce qu'il en avait le besoin. Théophile ne comprenait pas de quel programme Gregory parlait ni de quelle première étape il avait pu réussir. Réussir à survivre enfermer dans une cave quand on est claustrophobe ?

Il l'entendit parler d'être un aigle et n'avait pas envie de le contredire en lui disant que jamais pour rien au monde il ne serait ça.
Mais l'autre lui posa une question à ce propos et Théophile n'osa pas le regarder pour répondre, préférant d'abord se nourrir.
Après avoir avalé quelques bouchées, il laissa sa voix un peu plus claire transparaître

- ...Je ne sais pas...Si je suis prêt...Je veux...Juste sortir.... Je... Suppose que si je ne fais pas.... Ce que tu...vous dites...Je...

Son corps trembla à la seule idée de ce qu'il allait dire

- Resterais enfermé...

Et ça, ça le tuerait sûrement. Ou le rendrait suffisamment fou pour le tuer de l'intérieur.
En attendant, même s'il detesterait ça, il allait devoir faire ce que Gregory lui dirait. Parce que celui ci venait d'ouvrir la cage et que ça signifiait que Théophile allait pouvoir sortir.
Il se demanda s'il pourrait quand même trouver l'occasion de s'enfuir, une fois à la "surface"

Bien, au moins c'était clair et précis. Théophile comprit que dans tous les cas, s'il n'obéissait pas et ne se laissais pas faire, sa mort viendrait.
Purement et simplement.
Il baissa les yeux en signe de soumission. Mourir reviendrait à ne trouver aucun moyen de s'enfuir. Simplement à mourir. Pas très pratique en somme.

Il entendit Gregory lui dire de le suivre pour le nettoyer. Et pendant un instant Théophile se demanda pourquoi un type pareil était aussi sympathique avec lui.
Peut être qu'il ne lui voulait pas tant de mal que ça... Mais à peine cette pensée germa dans son esprit que Théophile préféra s'en débarrasser.

Pourtant, tout ce que Gregory lui disait semblait désigner Théophile comme quelque chose de pas si mauvais que ça, à présent. Alors qu'avant il le traitait d'idiot.
Théophile était un peu perdu mais se laissa se relever, éprouvant a nouveau cette étrange sensation de marcher.

Il se laissa emmener dans la salle de bains. Il supposa qu'il allait devoir se mettre nu. Mais, si ça pouvait permettre de laisser l'air le toucher de partout.... Cette sensation agréable d'antan lui revint en mémoire et pendant un instant il se sentit heureux. Il sentait l'air. Enfin.
Il était à présent nu, ses habits pleins de poussière et d'autres choses moins ragoutantes au sol.

Théophile ne regarda pas Gregory, mais rentra dans l'eau chaude qui, si au début le brûla, fini par lui faire un bien fou.
Il s'installa dans la baignoire et se sentit détendu. Mieux.
Parce qu'il avait survécu à une cave humide, poussiéreuse. Il voyait ça comme une récompense un peu.
Et bientôt il sortirait peut être de la.
Ses mains arrêtèrent de trembler. Et il s'enfonça un peu dans l'eau pour s'immerger presque totalement ne laissant que son visage dépasser.

Il avait presque oublié qu'à cet instant, Gregory pouvait le voir nu et qu'il comptait même apparemment s'occuper de ses cheveux. Mais de fait, Théophile essaya de faire abstraction de ce détail et se redressa, cheveux mouillés, prêt à être nettoyer.
Il le fit d'abord tout seul parce qu'il était grand et entama avec ses cheveux qui, mouillés, n'étaient plus du tout aussi boucles qu'ils l'étaient d'habitude.

Après le bain, Théophile sortit avec regret mais se sentait néanmoins beaucoup mieux, l'air extérieur y étant aussi pour beaucoup. Restait à savoir quels habits il allait devoir mettre et ce qui allait lui arriver maintenant...
Enroulé dans une serviette, il tourna son regard vers Gregory, vu que seul lui savait ce qui allait advenir de lui.

Théophile n'avait pas prononcé beaucoup de mots, mais il avait appris que trop parler pouvait vous condamner. Il préférait se la fermer que sortir des mauvaises paroles et se faire tuer.
Ça ne l'empêcha pas de profiter du bain et du vent qu'il sentait à nouveau. Ça ne l'empêchait pas de se sentir bien malgré cet environnement rempli de menaces qu'il voulait fuir à tout prix.

Et maintenant, dans sa serviette, il se sentait quand même un peu tout penaud parce que pour sa survie, il se devait de dépendre de quelqu'un qu'il détestait profondément. Mais pour le momen, rien ne se passait mal. Pour le moment, Théophile avait l'étrange impression d'être choyé. Et quelque part, ça avait quelque chose d'effrayant.

Il mit les habits qu'on lui donna, content de changer un peu d'odeur.
Puis, Gregory sembla lui sommer de venir avec lui. Et, comme un bon petit chien - cette idée était très loin de le ravir -, Théophile le suivit jusqu'à l'endroit où il allait.

Il le vit lui montrer un fauteuil, et se posa dedans. Se rendant soudainement compte que depuis le repas qu'il avait eut, il n'avait même pas appréhendé un éventuel piège dans un breuvage, dans le bain ou ailleurs. Ça le surprenait lui même.
Et comme pour appuyer sur ce point, Gregory lui demanda comment il se sentait et lui rappelait sa générosité.
Théophile hésita beaucoup, mais il décida, avec beaucoup d'appréhension dans le regard, et dans sa voix, de se lancer.

- ...Je me sens...bien.

Déjà, ça. L'admettre le dérangeait un peu et en même temps le ravissait. Tout autant que ça le terrifiait.

- ...Pourquoi...Tu...V...Vous êtes si généreux avec moi ? ...C'est....M'enfermer puis m'offrir tout ça...

Qu'est ce que Gregory avait en tête ? Faire de lui "un prédateur" mais Théophile ne comprenait pas le lien avec tout ça.
Bien qu'il était clair qu'il ne rejeta pas cette attention. Preuve en est qu'il avait admis lui même se sentir bien.

Théophile avait cette désagréable impression que quelque chose clochait dans les attentions de Gregory. Mais pour le moment, il se savait sans choix autre que de l'écouter. Était ce nécessaire qu'il se sente bien avec ce que Gregory comptait faire de lui ? Il n'aurait pas imaginé ça comme ça.
Il lui rappela qu'il avait désobéi et le regret de Théophile l'attaqua un peu. Regret de ne pas juste avoir bu ce qu'il lui donnait et d'avoir fermé sa bouche. Maintenant c'était trop tard.
Il l'entendit lui demander s'il allait désobéir a nouveau et Théophile savait que cette fois il ne pouvait y avoir qu'une seule réponse. Il ne pouvait pas dire "j'attends juste le bon moment pour m'enfuir".
Il baissa le regard. Voilà. Il savait d'où lui venait cette horrible impression qui ne le faisait pas se sentir si bien que ça.
Il était prisonnier de Gregory. Et ne pourrait peut être jamais repartir.

- ...Je ne désobeirais plus.....

Se sentant soumis à l'homme face à lui, Théophile eut quand même une grimace. Il avait peur de ce que l'autre allait lui faire faire.
Et en même temps il ne voulait pas disparaître. Maintenant qu'il avait cessé de sous estimer Gregory, il savait que sa vie ne tenait que sur son obéissance qu'il aurait envers lui.
Et il ne se sentait plus si bien que ça.

Théophile n’osait pas parler plus. En fait, il n’osait même pas bouger, et prit juste une tasse, même si le thé n’était pas sa tasse de thé, justement, et un biscuit. Pour le biscuit, c’était différent : il avait encore très faim, et tout moineau qu’il était niveau alimentaire, il le dévora assez rapidement.
Laissant pourtant le temps à Gregory de lui parler de sa puissance, et il ferma sa bouche, l’air contrit, peu content.
Combien de fois les gens n’avaient eu de cesse de lui répéter la même chose ? « Tu as du potentiel ». C’était idiot. Enfin, pas tant que ça.

C’était juste que Théophile n’avait jamais eu l’intérêt à essayer autre chose que voler et utiliser des incantations pouvant l’amuser, ou amuser les autres. La puissance ne l’intéressait pas. Il voulait être juste tranquille.
Il se demanda ce qu’il pouvait répondre, craignant encore pour sa vie. Enfin, il avala le biscuit qu’il avait terminé en moins de deux, et soupira :

- La puissance, ce n’est pas mon truc. Je peux voler, ça me suffit. Ou amuser les gens, avec des poissons volants. Je n’ai pas besoin de plus. Je n’en vois pas l’intérêt.

Théophile préféra ne pas en rajouter, en faisant une remarque sur Gregory, et se tut, essayant tout de même de goûter le thé, grimaçant, n’appréciant décidemment pas tant que ça l’eau chaude avec du goût.

- J’aime être tranquille.

Il se permit de rajouter ça, mais se méfia quand même. Il n’avait pas envie de contrarier l’homme face à lui. D’ailleurs, il prit conscience que c’était la seconde fois qu’il buvait une chose qu’il lui donnait, après avoir juré de ne plus jamais rien boire venant de lui. Il reposa sa tasse.

Théophile se sentit reculer alors que Gregory se penchait. Il était collé à son siège. Ca se sentait qu’il n’était finalement pas si à l’aise que ça. Il entendit Gregory lui parler de la puissance, en des mots auquel il ne croyait pas.
Quoiqu’un peu. C’était en prenant Gregory de court et en lui envoyant une incantation offensive, que Théophile avait pu partir, c’était vrai. Mais maintenant, il craignait que l’autre sorcier le retrouve, s’il essayait un seul instant de s’enfuir.
Il serra les dents, il ne voulait pas le croire. Et puis, il n’était sûrement pas aussi puissant que ça. Devant Lucifer, il n’avait rien pu faire. Il avait juste…Volé. Bon. Il ne s’était pas tant défendu non plus. Il avait juste essayé de se débattre et de fuir, sans parvenir à rien.
Et puis, se comparer à Lucifer risquait de ne pas l’aider à pouvoir croire en ses pouvoirs.

Et il détestait devoir reconnaître que Gregory pourrait avoir raison. Au moins pour Lucifer en tout cas. Ou même pour les sentinelles. Mais pour la sentinelle, il s’en était sorti. Alors… Alors c’était bon. N’est-ce pas ?

- Je n’ai pas de potentiel, s’entendit-il pourtant siffler, avec un fond de colère dans la voix.

Pourtant, il savait que c’était faux. Théophile n’était pas idiot : ses deux parents venaient de familles assez anciennes pour offrir une palette de pouvoirs dépassant sûrement un certain nombre de possibilités.

- Je ne veux pas en avoir. Pas pour ce que vous voulez que j’en ai. Je sais esquiver. Je sais fuir. Et ça me suffit.

Se rendant compte de ce qu’il disait, qu’il était en train de protester, il sentit encore sa voix se bloquer par la peur qui ne cessait de le tirailler. En fait, ces deux jours dans la cave, l’avait poussé à être terrifié par Gregory.
Plus qu’il ne l’était déjà avant.