Jake réagit quasi-instantanément aux paroles du soldat. Enfin, il fut tout d'abord surpris de sa deuxième phrase. Jamais il n'avait mentionné à John un quelconque père violent. Pourquoi mentionnait-il donc le fait que lui avait eu la chance de ne pas avoir été battu. Il ne pouvait pas tout deviner quand même ? Mais avec un peu de recul, Jake se disait qu'il avait sûrement dû parler de ça pour donner un exemple sur sa propre expérience. En parlant d'expérience d'ailleurs, il exposa la sienne et les infamies causées par son père. Ce qui laissait Jake à sa conclusion : les géniteurs étaient de vrais salauds. La conclusion était trop vite fondée, certes, mais il n'en avait connu qu'un dans sa vie : le sien. Et à présent, il venait d'avoir un deuxième exemple en celui de John et ce n'était pas mieux. La conclusion fut vite faite.

De la chance ? C'était à voir sous différent angle. Selon Jake, il n'y avait pas de hiérarchie dans la souffrance. Le père de John était autant un salaud que le sien, point barre. Mais sinon, on pouvait considérer surtout comme de la chance le fait que le père de Jake n'ai pas eu de carabine dans son salon. Il aurait été capable d'en user, de radier les mutants de son chez lui. Remarquez, ça aurait vite mis fin à une vie de souffrance. Cela aurait peut-être été mieux. Jake détourna le regard au moment où le vétéran l'avait relevé sur lui. Il donna plusieurs exemples des traitements qu'il avait reçu de la part de son paternel. Jake n'avait pas la même vision des choses que John. Là où ce dernier disait que son père lui apprenait à nager en le jetant dans l'eau, l'adolescent n'y voyait qu'une tentative de meurtre, rien de plus.

Jake restait immobile devant son feu. Pourquoi avait-il fallu que la conversation, si on pouvait appeler ça comme ça, débarque sur ce sujet là ? Bon, c'était un peu de la faute de Jake. Il n'avait pas pu tenir sa langue. Mais le thème "père" faisait ressortir en lui une haine qu'il cherchait à tout pris à dissimuler. Il cru même sentir ses multiples cicatrices de son corps le picoter, comme si elles refaisaient surface à leur tour. Lorsqu'il se sentit à nouveau d'attaque à croiser le regard de John, le jeune homme questionna :

- Parce que...vous êtes mutant ?

Ca lui paraissait être une réponse évidente. C'était la seule chose qu'ils avaient en commun : des gènes mutants. A croire que le mixage était tabou.

La condition mutante de John n'y était pour rien dans l'histoire. Tout n'était que tradition familiale. Jake avait du mal à percevoir la chose en vérité. Mais il faut dire que tout comme le père de John, le sien aussi, en réalité, n'avait jamais su la nature mutante de son rejeton. Mais il l'avait juste supposé. Et sur de simples doutes, il avait pris pour acquis le risque d'un mutant né dans la famille et tout s'était enchaîné très vite, tout ça sur de simples suppositions. Véridiques, certes, mais prises par le plus grands des hasards. Visiblement, il ne faisait pas plus bon de naître chez des soldats que chez des mutants. La différence que Jake avait du mal à voir était pourtant bien présence : chez les soldats, le père avait juste voulu donner un avenir prometteur à son fils, en s'y prenant bien mal. Chez l'autre, ce n'était que violence gratuite.

Donc, il fallait revoir la conclusion : mutants ou non, les pères étaient des salauds. Voilà. Et bien sûr, c'était le père qui était vivant et la mère décédée. De plus en plus mal à l'aise, Jake se mordit légèrement la lèvre inférieure. Il ne s'attendait pas à posséder des similitudes de ce genre avec John. Disons qu'il y avait des scènes presque identique, et qu'un ou deux mots changeaient néanmoins la donne. Si John avait été une honte de famille, Jake avait été le paria. Mais John était quelqu'un de fort, de puissant. Si Jake avait eu cette force et encore son père en vie, il y avait de grandes chances pour qu'il se soit nourrit de vengeance. Pour la peine, le fait qu'il soit mort par accident ne lui donnait pas entière satisfaction de sa rancoeur.

- Ce...Ce genre de personne n'ont pas à vivre, lâcha t-il, sombre et froid.

Si on apprend à un enfant uniquement la peur et la souffrance, alors c'est tout ce qu'il sera, tout ce qu'il connaîtra et tout ce qu'il sera capable de montrer à autrui. Peut-être que le pouvoir de Jake se manifeste dans la peur parce que Jake lui même avait grandi dedans. Ce pouvoir s'était véritablement forgé dans cette seule émotion. Pourquoi John ne pouvait-il pas vouloir la mort de son père ? Pour le soldat, il avait la réponse tout à lui, c'était une évidence. Il avait ses raisons. Pour Jake, il trouvait cela incompréhensif. Lui-même ne savait pas pourquoi il prenait l'attitude du père d'un autre tant à coeur au fond de lui. Sûrement parce que sans le faire exprès, il avait vu la similitude et en vain automatique à exprimer les mêmes émotions envers ce père inconnu.

John avait déjà par le passé expliqué à Jake qu'il ne ressentait plus beaucoup de chose à cause de son vécu à la guerre. Jake ne l'avait pas oublié. De même qu'il n'avait pas oublié que John remettait en doute aussi son droit de vivre à cause de ce qu'il a pu commettre sur le champ de bataille. Bizarrement, Jake avait du mal à prendre ce fait en compte. C'était au symbole paternel qu'il en voulait, quand bien même John aurait pu faire les pires atrocités devant son nez. Chose qu'il aurait pu déjà faire lors de l'agression de Jake par les trois voyous. Même s'il les avait tué, Jake ne lui en aurait pas voulu. Il n'aurait pas approuvé l'idée, mais c'est tout. Les pères restaient le blocage. Il ne ressentait pas sans arrêt la haine, contrairement à ce que pourrait penser John. Jake pouvait ronger son frein dans ses ruelles sombres, mais sa hargne du passé, elle ne sortait pas aussi souvent. Uniquement en cas de déclencheur, comme ce soir, le coup de téléphone, ou d'autres jours quand il voit au loin dans une rue un père punissant son enfant. Pas forcément le battre ou le malmener, il suffisait juste que l'homme élève un peu la voix pour faire surgir en l'adolescent une haine qui n'appartenait qu'à lui.

Avoir envie d'en parler ? Certes, ce n'était pas un thème qui lui tenait à coeur. S'il pouvait l'éviter, c'était toujours mieux. Mais c'était plutôt le fait qu'il n'y parvenait pas. Jamais, de toute sa vie, il ne s'était confié. Ce n'était pas une chose qui lui était familier. Plusieurs fois, Jake avait tenté de refaire la connexion avec le regard de John sur sa personne. Mais ce regard sur lui était devenu soudainement lourd, oppressant.

Se confier, ce n'était pas si dur que ça. Il essayait de s'en convaincre. Ca ne marchait pas. Plus rien maintenant n'arrivait à sortir de sa bouche. C'était comme si une boule s'était coincée dans la gorge. Quand il essaya de parler, son cerveau criait une alerte et fermait toutes les issues malgré lui. Bloqué. Totalement bloqué. Au fond, que pouvait-il bien dire désormais ? Son coeur s'entortillait dans sa poitrine. Il se passa une main sur le visage comme pour calmer l'arrivée d'un flux émotif le long de son corps, jusqu'à sa lèvre qui se mit à trembler légèrement, où à ses yeux qui brillèrent d'avantage sous la lueur du feu, soudainement plus humides. Il renifla à nouveau, laissant sa main au niveau de sa bouche avant de la retirer comme si elle était traître, ne sachant même plus où la mettre finalement. Il déglutit difficilement. Visiblement, un nerf avait lâché

Des choses sur le corps, sur son âme, dans sa tête. Ca oui, il en avait des choses et tellement que c'était lourd, très lourd à porter mais dont il ne pouvait se défaire. Il était comme un spectre sur lequel étaient enchaînés des boulets comme lourd fardeau à traîner partout avec lui dans son errance. John se lança dans l'encouragement de s'ouvrir d'avantage. Si c'étaient vraiment les faibles qui se retenaient alors tant pis, Jake passera pour le faible. C'était probablement ce qu'il était puisqu'il ne parvenait pas à se laisser aller. Il l'avait déjà fait, mais toujours quelque part où personne ne le saurait.

Il nia d'un signe de tête, dépité, baissant les yeux vers le sol. Son coeur pesait incroyablement lourd. Son âme saignait de chagrin, mais il avait appris depuis longtemps à le dissimuler. Inconsciemment soit-disant passant. Cela faisait partie de cette barrière qui se dressait seule dès qu'il y avait du monde autour de lui. Une larme cependant passa outre les ordres. Elle, l'unique, traça un sillon sur la joue du jeune mutant et s'éclipsa jusqu'au sol. Après cela, plus rien ne vint, bien que le malaise était toujours présent. Il se passa nerveusement une main dans ses cheveux noirs. Le silence lui même devenait encombrant. Et lui se sentait pris au piège. Désormais John avait déjà vu bien plus qu'il n'aurait dû. Jamais il n'aurait dû assister à ça. Jamais personne n'aurait dû voir...Pourtant, ça ne serait pas passé ainsi avec quelqu'un d'autre. C'était passé avec John, et c'était sûrement uniquement parce qu'il était le seul lien humain qu'il avait. Quand bien même il l'avait maintes et maintes fois repoussé. Ce lien était là quand même. Faible, fragile, comme tissé en verre. Mais présent, à peine visible.

- M-Mon...Mon père...commença t-il, toujours dans le même état et même incertain de ce qu'il parviendrait à dire, il...il n'a jamais voulu de moi. Il savait le faire comprendre...tous les jours...

Sa langue s'était finalement déliée. Au fond de lui, il n'en revenait pas lui même. Mais elle était comme un muscle courbaturé et chaque mot lui donnait envie de mettre un terme à cette conversation. Un coureur de marathon mettait moins d'effort que lui n'en usait pour s'exprimer. C'était la première fois. La toute et unique première fois qu'il le faisait. Qu'il s'exprimait réellement et qu'il faisait sortir de l'ombre des choses qu'il aurait aimé gardé au placard. Alors pourquoi ? Pourquoi le faisait-il ? Tout était confus en lui, c'était un peu comme s'il ne savait plus quoi faire. Bien évidemment, il esquivait soigneusement le regard de John et s'aveuglait volontairement dans la plus intense partie du feu, comme si cela allait cautériser les plaies qui s'ouvraient à chaque mot prononcé.

- Lui non plus, il...ne savait pas que j'étais un mutant mais...Il s'en était intimement convaincu...Et il les haïssait...

Pourquoi ? Ca par contre, il n'en savait rien. Strictement rien. Il n'y avait pas que les mots dans tout ça. Les images du passé refaisaient surface, les douleurs aussi. Ces cicatrices le gênaient.

- Il buvait aussi, ajouta t-il, beaucoup...

Quitte à énoncer les points communs, autant le faire. Ca semblait être le sujet principal de la conversation. Il était encore capable d'entendre les cris de colère, il était encore capable de se souvenir de l'odeur de l'alcool qui émanait de cet être. Il était encore capable de ressentit chaque coup porter à son corps. Il sentait la ceinture de cuir, les bras tordus, les larges semelles sur lui, le frottement de tout son poids dans les escaliers, l'eau glacée, ou au contraire bouillante. Par terre, toujours par terre, se soumettre et subir. Les secondes passèrent. Ses yeux commencèrent à piquer. Il les ferma un instant avant de les rouvrir hors du feu. Ca avait eu au moins le mérite d'en retirer l'excès d'humidité. Vidé, Jake laissa ainsi le silence perduré. Soudain, il avait l'impression d'avoir fait quelque chose qu'il n'aurait pas dû faire. Pourquoi avoir raconté ça ? La faiblesse était là celle qu'il voyait, il s'était laissé allé.

Ce n'était pas tellement qu'il se fichait de ce que disait John, mais plutôt qu'il ne partageait pas son avis. Jake ne voyait aucune raison d'être fier pour ce qu'il avait avouer à l'autre mutant. Loin de là. Plus que le courage, il avait avant tout passer outre la douleur de faire remonter tout ceci à la surface et à l'exposer. Il jeta un oeil au soldat. Non décidément, il ne partageait pas son avis.

Ne pas avoir parlé de sa mère était loin d'être un oubli. Il avait volontairement refusé d'en parler pour le moment. Il s'était contenté de mentionner le père puisque cela était le thème sur laquelle s'était déviée cette conversation. Faire revenir à la surface sa mère était une seconde épreuve qu'il ne se sentait pas capable encore pour le moment d'affronter. Il avait l'impression d'en avoir déjà trop fait en parlant de son père. Sa mère n'avait pas à s'inscrire dans la même conversation que lui. Elle était tout son contraire, un ange incarnée. Jake avait simplement parlé de la responsabilité de son père dans son existence, mais il n'avait fait mention ni de celle de sa mère, ni de la sienne.

La force d'affronter la réalité ? Il l'avait toujours eu pour avoir pu survivre jusque là. Affronter le passé en revanche, c'était une toute autre histoire. A nouveau, le jeune homme n'avait pas la même vision des choses par rapport à John. Il n'avait jamais eu une vision positive de la vie, pourquoi cela changerait maintenant ? Le jeune homme se recula jusqu'au dossier du banc avant de replier les genoux contre lui et de les cerner de ses bras. Il soupira profondément.

- Mouais, peut-être bien, répondit-il d'une voix mal assurée, c'est là votre opinion.

Le feu faiblissait de plus en plus. Sa lumière et sa chaleur bienfaitrice en faisait autant. La hauteur de ses flammes dépassaient presque plus les rebords du vieux barils dans lequel on lui avait donné la vie. Recroquevillé sur lui-même, le jeune mutant s'aider à préserver la chaleur de son propre corps.

- Je n'avais...encore jamais raconté cela à quiconque, ajouta t-il.

A qui aurait-il pu le faire de toute manière ? En plus de ne pas en avoir eu le cran, il n'en avait pas plus vu l’intérêt et n'avait jamais le moindre entourage pour le faire.

- Quand je pense qu'il n'avait même pas tort, poursuivit-il sur un ton plus bas, comme s'il se parlait désormais plus à lui-même qu'à John qu'il ne regardait à nouveau plus, il avait su déceler l'abomination en moi...

Il ne justifiait pas pour autant ce que cet homme lui avait fait subir. A l'époque où il avait vécu tout ça, il n'avait pas encore de raison de se croire réellement un monstre et de devoir encaisser une énorme culpabilité. Il savait que John ne l'entendrait pas de cette oreille. Ce dernier lui avait déjà fait par de son avis sur la question. Mais selon Jake, ce n'était pas parce que John avait cette opinion là qu'il avait raison pour autant. La vision des choses ne dépendait que de chacun. Rien dans la vie de Jake, hormis John récemment, n'avait laissé supposé qu'il était autre chose qu'un monstre. Il avait grandi en étant considéré comme tel. Il s'était tout bonnement laisser convaincre.

- Ma mère...vous savez... elle était comme moi...lâcha t-il d'une voix encore plus tremblante qu'avant, il l'avait découvert...

De nouvelles larmes se mirent à s'étirer en doux sillons depuis ses yeux, jusqu'à disparaître dans ses habits, car il avait posé sa tête sur ses genoux repliés contre lui.

- Elle a été accusée d'avoir engendré un monstre...poursuivit-il avec difficulté avant de renifler, elle aussi...elle en fut un à ces yeux...

Loin de lui l’idée de l’offenser et pourtant ce genre de discours ne pouvait pas être bien pris par le mutant qui n’avait, en aucun cas, visé tous les autres de son espèce. Il ne pouvait pas changer ce qu’il croyait être juste parce qu’un homme sorti de nulle part lui avait dire le contraire. Ce qu’il croyait être depuis maintenant trois ans ne partira pas d’aussitôt de son esprit. Il scruta l’homme d’un sombre regard et serra les poings avant de répliquer :

- Non, certainement pas ! Elle était tout sauf ça ! Et je n’ai jamais prétendu que tous les autres étaient des monstres !

Peut-être qu’il y en avait d’autres, effectivement. Ca, il ne pouvait pas le savoir et s’en moquait un peu à vrai dire. Ce qui lui importait était sa seule condition à lui. Cette nature qu’il croyait sienne. Et au fond, ce n’était pas parce qu’il était vraiment mutant qu’il croyait ça, même si c’était lié. Tout n’était dû qu’à ce crime dont il se jugeait coupable. Il l’aurait fait en tant qu’humain qu’il se serait tout autant vu comme un monstre. Seul son père semblait considérer que c’était être mutant qui posait problème. Jake s’était lié à cette idée car c’était le fait d’être un mutant qui lui avait commettre l’irréparable. Non, jamais il ne pensera le moindre mal de sa mère. Jamais. Cette colère, elle n’était pas forcément destinée à John qui avait tenté le tout pour le tout dans ses propos. Cette haine était toujours vers le même individu, celui qui avait ruiné sa vie.

John supposait pourtant que le père du jeune homme n’avait pas besoin du prétexte de la mutation pour avoir fait ce qu’il a fait. C’était pourtant bien ce qui l’avait dérangé chez sa femme et son fils, leurs gènes non désiré. Ca avait toujours eu l’air d’être une évidence pour Jake mais maintenant que John mentionnait cette autre possibilité, il en vint à douter. Pas longtemps. Ca ne servait à rien, personne ne saura la vérité sur cette question en fait. Le type concerné était mort et enterré depuis longtemps et ne pourra plus jamais justifier sa soif de violence. Une fois encore, John assura au jeune mutant qu’il était loin d’être un monstre, lui en offrant même le descriptif qu’il s’en faisait. D’un revers de la manche, toujours en proie à une certaine colère, Jake répliqua froidement :

- Ce n’est que votre définition ça. Mais vous ne savez encore rien de moi !

Bon, il était vrai que ce soir, John en avait appris au contraire un bon paquet. Mais pour Jake, il ne savait pas ce que lui considérait comme le pire. Ce qui faisait qu’il se considérait comme un monstre. Du coup, pas un monstre comme l’entendait le vétéran en tout cas. Il avait parlé du mal de son père, de sa mère, de lui-même, c’était une chose. Le mal de l’un sur les autres. Mais une autre chose qu’il ne pouvait supporter, le mal que lui-même avait fait sur les autres. Ce qu’il ne se pardonnera jamais.

John s'excusa. Jake laissa retomber ses ardeurs. Les deux jeunes gens étaient têtus, les deux resteront sur leur position quand à savoir la définition d'un véritable monstre. Quoi qu'il en soit, si Jake n'était effectivement pas un monstre, qu'était-il alors ? Parce qu'il avait bien du mal à se considérer comme autre chose. Il ne su que répondre au vétéran qui maintenait ses positions sur la question. De toute façon, il était encore moins d'humeur désormais à se poser en débat.

Toujours recroquevillé sur lui-même, sur le vieux banc en métal, il laissa échapper un profond soupir. Tant de confusion régnait maintenant dans son esprit. Ces émotions se mêlaient ensemble en lui. La frustration, la tristesse, le désespoir. Un frisson parcouru son échine. Les flammes devant lui s'étouffaient dans leurs cendres en chaudes braises incandescentes. Il aurait tellement aimé que ce moment n'arrive pas. Mais curieusement, ça avait paru inévitable. John lui était tombé dessus sur ce mauvais moment. Jake n'avait pas voulu craqué devant lui, mais il n'était pas parvenu à se retenir. Les confidences avaient eut lieu, un peu malgré lui. Comme bloqué sous une enclume, il s'était finalement un peu ouvert. Ca n'avait pas été une partie de plaisir. Il paraît que l'on se sentait toujours mieux lorsque l'on vidé son sac. John en avait fait la remarque avant que Jake ne se dévoile. Mais le jeune homme ne se sentait pas franchement mieux après ça. Pire encore, il se sentait encore plus désemparé d'avoir laisser ses émotions ressortir à ce point. Il avait honte de cette faiblesse et honte de celle qu'il avait avoué à l'homme, celle qui avait fait de lui un enfant maltraité. Ce n'était jamais très glorieux à avouer.

Les souvenirs étaient remontés, les sensations aussi et ce chagrin qu'il réduisait d'ordinaire au silence par tous les moyens également. Quelle nuit épouvantable. Il s'en serait volontiers passé. Dire que tout avait commencé à cause de ce coup de fil, mais aussi parce que Jake n'avait pas pu tenir sa langue. Est-ce qu'il regrettait d'avoir déballé tout ça ? En vérité, pas tant que ça. Ca avait juste été difficilement supportable.