Ouf, Alec avait sagement écouté Morgan et se mit à lui parler doucement. Sur le coup, le blond se rapprocha un peu plus de la table –et donc d’Alec- car certains mots pouvaient être plus difficiles à comprendre. En fait, l’adolescent écoutait plutôt bien ce qu’on lui demandait. C’était fou cette docilité. Bon, il répondait encore des fois à côté de ce qu’attendait le blond, ou même n’y répondait pas du tout car il ne connaissait pas lui-même les réponses aux questions du Collins. Mais le mutant en apprenait tout de même. Pourquoi fallait-il qu’il rencontre un mutant par hasard, pour lui poser des questions sur ce monde ? N’y avait-il pas assez de mutants à l’institut, qu’il se renseignait en dehors des murs ?

Un petit rire amusé s’échappa de la bouche de Morgan devant sa question. Elle était mignonne sa question. Soufflant sur sa tasse, tout en tournant le liquide avec la touillette qui lui était donnée, la réponse finit par être dite :

« Et bien… Certains ne sont pas au courant de l’existence des mutants. D’autres nous déteste, car nous sommes… -le mot eut du mal à sortir, perdant un peu sa bonne humeur – Différents d’eux. On leur fait peur. Il y a aussi un conflit entre les mutants, les sorciers et les démons, si j’ai bien compris ce qu’on m’a vaguement dit. Je ne sais pas quel est ton pouvoir mais… Si quelqu’un nous identifie comme deux mutants, on pourrait passer un sale quart d’heure. Et c’est pas avec ma mutation que je pourrais nous défendre… » ajouta-t-il avec un rire amer, avant d’apporter son chocolat à ses lèvres, buvant plusieurs gorgées d’affilés. C’était bête mais il avait l’impression que la chaleur de la boisson le réconfortait et l’enfermait dans un douillet cocon invincible. Une véritable drogue qu’était cette graine moulue. Deposant sa tasse sur la trace qu’il avait fait en renversant quelques gouttes lors du premier chocolat, il reprit :

« C’est cool de voir que l’on peut manipuler son pouvoir sans l’aide de l’institut. Tu y es arrivé seul ? Ou quelqu’un t’as aidé pour progresser ? » Tout compte fait, il rebut une rapide gorgée, pour ensuite ajouter « Comme ton père par exemple ? Tu as l’air proche de lui, ça fait chaud au cœur de voir un ado aussi attaché à son géniteur. Beaucoup qui sont dans l’âge con sont en conflit permanent avec leurs parents. Surtout avec la figure paternelle. C’est aussi un mutant, ton père d’ailleurs ? »

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Morgan semblait avoir touché de plein fouet la passion d’Alec : son paternel. C’en était vraiment touchant. Aux yeux du Collins, ce père avait l’air d’être un père vraiment formidable, malgré le fait que son fils soit un mutant. Bon, le blond avait aussi cette chance d’avoir des parents formidables. Entierement humains, mais aimant de tout leur cœur leur fils, malgré une mutation étrange. Bien des mutants semblaient être rejetés par leurs géniteurs, et c’était bien triste. Ainsi, Alec complétait la biographie qu’avait créé Morgan dans sa tête. Fils d’un humain, aidé par son père, a découvert son pouvoir à 9ans. Bientôt, la partie biographie se transforma en partie interrogative, faisant éclater de rire Morgan. Il adorait ce gamin et sa spontanéité. Il avait une sorte de naturel, que ça en était presque déroutant pour Morgan. Tentant de se calmer, gardant un immense sourire, il se gratta la joue, voulant réponse mais Alec continua assez rapidement après une gorgée. Son père revint sur le tapis, avouant l’importance qu’il avait pour lui. Il finit même par dire que la boule dans sa gorge était apparue après qu’il ait déçu son père.

Perdant entièrement la trace de son ancien rire, Morgan tordit sa bouche devant la situation. Il comprenait à présent. Lui-même avait déjà déçu ses parents durant son adolescence et s’était toujours senti mal. Heureusement pour lui et ses parents, ce genre de situation ne s’était jamais trop répétées. Un drôle de sourire apparut sur le visage d’Alec. Ah, un deuxième sourire ! Morgan se sentait fier de lui, se disant que ce sourire, c’était quelque part lui qui l’avait fait exister.

« L’âge con c’est… En fait, il y a une période de ta vie qui s’appelle puberté. C’est, en moyenne, entre tes 12 et tes 18ans. Ton corps change, grandit beaucoup plus vite, les hommes ont la voix qui change, les femmes ont leur poitrine qui pousse, nos premiers poils, bla bla bla. » commença Morgan, amusé d’expliquer une telle période. « Et durant cette période, les hormones changent ton humeur, donc tu peux être plus sensible. Tre plus triste, plus colérique, plus sensible… Et beaucoup d’adolescents vivent mal cette période et se disputent beaucoup avec leurs parents. Et oui, je suis assez proche de mon père. De ma mère aussi en fait.»

Bientôt, la conversation se termina. Alec annonça qu’il partirait dès que son chocolat serait terminé. Observant la quantité du verre d’Alec, Morgan fronça les sourcils : Il n’en restait que peu. Sans prendre la peine de réfléchir, le blond s’empara de son propre verre, en but une dernière gorgée et versa le reste du contenu (c’est-à-dire à peine un petit quart) dans celui de son compagnon de chocolat chaud.

« Voilà, comme ça, ça retarde un peu ton départ » ajouta-t-il à son action, fier comme un coq de sa bêtise. « Du coup, on peut continuer de parler un peu. Pour ce qui est d’avoir déçu ton père… Je ne sais pas si c’est ce que tu penses ou si c’est ce qu’il t’as dit mais… On déçoit toujours nos parents un jour. Ca arrive. Mais le plus important est de faire attention à ne pas reproduire la même erreur. Puis même, je suis sûr que ton père regrette de t’avoir dit que tu l’avais déçu. Un père s’énerve souvent rapidement et dit les premières choses qui passent dans leur tête. Il ne faut pas forcément se prendre la tête pour aussi peu » continua Morgan, ne connaissait aucunement le père d’Alec, loin de se douter de son identité.

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Morgan pouvait être fier de lui : Alec semblait sûr et certain que son père n’était pas déçu tout compte fait. Les deux étaient bien loin de la réalité encore. Mais bon, le blond était loin de se douter qu’un jour, il ait envie d’étrangler ce paternel. Se remettant à réfléchir, Alec coupa toute sa réflexion en annonçant son obligation de finir le chocolat. Le blond acquiesça, pendant que sa rencontre se levait.

« Ouais, faudra qu’on se refasse ça, ça pourrait être sympa ! » avoua Morgan qui était en train de rassembler les verres et les cuillères, se levant. Alec commença à s’éloigner avant de se retourner et de remercier le blond. Présentant son pouce, le poing fermé, Morgan lui lança un clin d’œil… Avant de se dire que tout ça n’allait peut-être pas être compris par Alec.

« Pas d’quoi, c’était vraiment cool. A bientôt ! »

Alec sortit du batiment, pendant que Morgan ramenait la vaisselle au comptoir. Ce n’est que lorsqu’il observa l’heure sur son téléphone qu’il bugua… Oui, c’était cool de proposer de se revoir mais… ils n’allaient peut-être pas se recroiser avant longtemps. S’emparant de sa sacoche et de son skate, Morgan se dépêcha d’aller dehors mais trop tard. Alec avait déjà disparu. Le blond tenta de se souvenir de l’endroit vers lequel se dirigeait Alec, à la base, avant de se faire tamponner mais la mémoire du mutant n’était pas aussi bonne. Ce n’est que plusieurs secondes après que le Collins abandonna. Peut-être que le hasard ferait bien les choses un jour et que leurs chemins se recroiseront. Balançant son skate sur le sol, celui-ci commença à rouler, bientôt rejoint par le pied gauche de son propriétaire. Poussé par le pied droit qui donnait des impulsions sur le sol, l’élève de l’institut se mit à rouler en sa direction.

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