Les temps étaient compliqués pour le Collins en ce moment. S’il savait pertinemment qu’il y avait pire comme situation, il savait aussi que lui, n’avait jamais connu une telle période.  Entre la disparition de son ancienne petite amie, de son cousin et celle de son meilleur ami aka son colocataire, Morgan vivait de loin les pires jours de sa vie. Et la situation n’allait qu’empirer.

Des insomnies le prenaient, le fatiguant physiquement et mentalement.  Morgane prenait alors souvent le dessus sur lui, tout comme son second pouvoir qui l’emmenait un peu n’importe où et surtout, à n’importe quelle heure. C’est donc en pleine nuit que Morgane se retrouva dehors, en simple boxer et débardeur, allongée dans l’herbe d’un endroit inconnu. La fraîcheur présente fit frémir la blonde qui se frottait les bras énergiquement pour récupérer quelques degrés, trop fatiguée et déprimer pour s’énerver et insulter sa mutation devant ce genre de blagues pas vraiment marrantes. Divaguant de longues minutes, ses pieds nus finirent par rejoindre le bitume et ses prunelles finirent par reconnaître l’endroit. A une vingtaine de minutes de marche de l’institut, tout au plus. Soupirant et priant pour ne croiser personne, la mutante entama sa triste marche, jusqu’à entendre des bruits dans une ruelle.

Oubliant sa condition féminine, la curieuse s’y aventura doucement, évitant les quelques éclats de verre avant de se figer. Au loin, ses yeux purent identifier deux silhouettes… Dont une qui s’effondra sous ses yeux, comme morte. Un cri de surprise s’échappa de sa bouche, horrifiée devant ce qu’il se passait. Sa main se plaqua sur sa bouche, pour ne plus sortir un seul son, tandis que son corps se cacha derrière une poubelle.

Depuis cet instant, Morgan avait encore cette boule au ventre. Durant tout le cours, le blond essayait de ne pas penser à tout ce qu’il avait vu hier. Il ne devait pas penser à ce meurtre. Il ne devait pas penser à la victime. Il ne devait pas penser à la silhouette de Zyan, se penchant sur le corps vide. Mais chaque détail le ramenait à la nuit de la veille. Ce besoin de se cacher de ce Zyan en pleine nuit, tout fraichement revenu à l’institut, comme s’il était un monstre. Comme si les deux hommes n’avaient jamais connu d’amitié.

La sonnerie retentit enfin, au grand soulagement du mutant cerné et encore frigorifié de la nuit dernière. C’est tel un zombie déprimé qu’il avançait dans le couloir, légèrement cambré sur lui-même, mains dans les poches. Ne faisait pas attention à ce qui l’entourait, après plusieurs minutes de marche, Morgan sentit quelqu’un lui rentrer dedans par la côté. Sourcils froncés par la fatigue, il tourna la tête en même temps que des excuses commencèrent à se faire entendre. Et en moins de temps qu’il n’en fallut, les deux garçons se reconnurent, laissant quelques secondes à chacun pour encaisser le choc.

Le blond resta muet de longues secondes, tandis que Zyan semblait exprimer à lui seul l’état et le choc émotionnel des deux par ses paroles et son regard fuyant. D’ailleurs, ce ne fut pas que le regard de fuyant puisque Zyan commençait déjà à vouloir s’éloigner. Glacé de peur jusqu’à présent, le blond finit par désamorcer la situation.

« Je… » commença le mutant, ayant déjà trouvé la force de balancer un premier mot. La suite devait venir, il le savait. Il voulait cette suite, mais elle se fit plus difficile. Leur ancienne amitié lui donnait l’envie d’aller lui parler, de s’inquiéter pour lui, de mettre les choses au clair par rapport à leur très vieille dispute. Mais ce qui s’était passé la veille revint au grand galop dans son esprit. Layla l’avait prévenu qu’il avait vécut des mois difficiles, mais il était partagé. Il avait peur. Peur de Zyan. Peur de se retrouver à la place du cadavre.

« Par … Rapport à cette nu-… D-dispute, je… »

Ce ne fut pas la gêne qui stoppa Morgan mais plutôt son propre sursaut, devant la destruction d’un mur de l’institut. Si le bruit fut assez surprenant, le reste, lui, fut terrifiant. Loin devant lui, une silhouette surhumaine apparut depuis le trou causé dans le mur. Restant d’abord quelques secondes choqué devant cette entrée fracassante, son instinct de survie le somma de fuir mais ce ne fut que lorsque la créature se fit menaçante, les fixant que Morgan sût enfin réagir.

« COURS ! »  

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A peine eut-il « conseillé » son partenaire, Morgan fit volte-face et commença à courir, lançant un regard en arrière pour voir si Zyan suivait bel et bien son conseil. Rassuré de le voir suivi, il perdit cependant cette assurance en voyant que la créature se mit à les poursuivre. Augmentant du mieux qu’il pouvait sa vitesse, il eut l’impression d’être la tortue d’une célèbre fable française, quand la sorte d’androïde les dépassa avec une facilité déconcertante… Avant de se stopper net, leur barrant le chemin. Le freinage fut un peu brutal, sentant qu’il fut aussi difficile pour Zyan.

Les deux élèves se croisèrent dans un regard beaucoup plus accrocheur qu’il y a une minute. Il lui sembla bon de préciser que la conversation serait retardée. A cette affirmation, Morgan haussa un sourcil et lança un sourire forcé « Moi qui pensait qu’on pouvait prendre le thé… » chuchota le blond à Zyan, juste avant que celui-ci n’affirme son envie d’attaquer. Ouvrant de grands yeux, le mutant n’eut pas le temps de répliquer qu’un sort fut lancé… Et échoua. Peut-être n’était-ce qu’une impression, mais Morgane crût voir le caractère de l’armure empirer.

« Et qu’on meurt ?! Je te rappelle que mon pouvoir ne sert à rien ! » grogna une voix soudainement féminine, les dents serrés, apeurée par la situation. Sa propre voix parvint à ses oreilles, annonçant sa transformation. Un « Et meeeeeeeerde… » fut sifflé, tandis qu’elle commençait à reculer, attrapant la manche de Zyan, ayant peur qu’il refuse de prendre la fuite devant l’armure qui semblait les identifier, ou en tout cas, identifier la situation pour une prochaine attaque. « Viens on se caaaaaaasse… Demi tour… » implora la mutante dans un chuchotement quasi suppliant. Pas vraiment courageux de nature –ou en tout cas, bagarreur envers une machine non identifiée-, son apparence soudainement féminine n’arrangeait rien à la situation, perdant de la force sans pour autant gagner en agilité. Pire encore, ses petites jambes ne feraient que la ralentir à l’avenir.

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C’est ensemble à nouveau que Zyan et Morgane reprirent leur course, retournant à la case départ. Mais comme prévu, suivre le sorcier fut difficile. La poigne qu’avait abandonnée la blonde sur la manche du garçon reprit à l’inverse, aidant grandement l’âme en peine qui se sentait s’essouffler beaucoup plus rapidement. Si sa vitesse augmentait, celle du sorcier, elle, avait diminué devant ce poids boulet. Un boulet qui eut un freinage compliqué quand l’arrêt fut imminent par Zyan, lui rentrant quasiment dedans. La créature était à nouveau devant eux, les ayant dépassés avec une facilité déconcertante. Elle semblait s’amuser à les faire courir comme deux âmes en peine, comme deux lapins prédestinés à être chassé jusqu’à épuisement. Morgane savait qu’à un moment, la fuite ne servirait à rien. Tout comme les deux précédentes tentatives de fuite.

La gravité de la situation faisait perdre le contrôle de Morgane, ainsi que sa capacité à trouver une solution sous la panique. Et ce ne fut qu’à l’instant ou Zyan se prit une attaque de plein fouet, que l’existence de son second pouvoir lui revint en tête. Sous la peur, la jeune femme cria le nom du garçon projeté à de nombreux mètres derrière elle, à terre et se dépêcha de le rejoindre, s’agenouillant devant lui, se figeant quelques secondes sur le sang que crachait le sorcier. Mais elle n’eut pas le temps de s’inquiéter d’avantage que l’armure recommença à foncer vers eux. Prise d’une vague de rage, Morgane se décomposa en milliards de molécules et fonça droit vers la créature qui se désintégra à son tour, triplant la taille du nuage. La vitesse ne fit qu’augmenter, tout comme la distance entre la mutante du sorcier.

Bientôt, le corps de Morgane reprit sa forme dans la course, lançant le reste du nuage qui retrouva également son apparence dès que le contact fut rompu, alors projetée par la vitesse prise et la force à laquelle elle l’avait jeté. Elle alla s’écraser contre le mur visé par la blonde, créant un trou semblable à celui par lequel la créature avait fait son apparition. Pensant la forme ensevelie sous les gravats, la mutante n’en attendit pas plus pour reprendre sa forme moléculaire, retournant auprès de Zyan.

« Ca va Zyan ?! »

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Morgane suivit le mouvement corporel de Zyan, gardant ses mains en l’air, proche de lui pour le rattraper en cas de problème. Elle perdit le fil pendant quelques instants jusqu’à ce que la gravité de la situation transperce les paroles du sorcier. Têtue et brouillon, il est vrai qu’elle n’y avait pas vraiment pensé, à cette possibilité. Serrant les dents, elle tentait d’analyser de quoi était faite la créature avant d’être interrompue par un sombre souvenir. Une journée ou lui-même avait fait apparaître du sang sur ses mains, balançant un homme depuis une dizaine de mètre au dessus du sol. Certes, l’armure semblait plus se rapprocher d’un tas de ferraille que d’un humain, mais c’était à tenter.

« Je reteste un truc… » dit-elle avant de voir que la sentinelle s’était soudainement rapproché d’eux. Rapidement, Morgane plaqua sa main sur le torse de la chose, déterminée à se téléporter en dehors de l’institut, prendre de la hauteur puis la lâcher. Mais son plat fut un échec dès le départ.

Au lieu de se diviser comme précédemment lors de la première attaque, Morgane resta entière. Elle n’eut pas vraiment le temps de réagir face à cette soudaine faille que la créature l’attrapa contre lui, faisant quitter ses jambes du sol en même temps qu’un cri s’échappa de sa part. Écrasée entre ses bras et son torse, la blonde se mit à se débattre sauvagement, donnant des ordres hystériques et bien futiles à l’attention de son agresseur qui augmentait la pression sur elle. La panique était en train de l’envahir tout comme l’immense douleur sur sa cage thoracique. L’impression d’être un pauvre insecte lui vint à l’esprit, aussi fragile et aussi insignifiant.

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[Rah mais… ces lancés de dés à ch… XD genre la sentinelle elle se fait attaquer par un Zyan sauvage par derrière et elle « observe »… XD bon dieu, j’en ai marre… mdr. J'te laisse continuer dans l'autre sujet ? ]

Morgane paniquait de plus en plus, se sentant au bord de l’évanouissement. Mais elle-même ne savait pas si c’était la panique, la situation, la douleur ou le fait est que la créature était en train de la tuer en démolissant son skelette petit à petit. Mais l’étreinte semblait moins prononcée soudainement, offrant une grande bouffée d’air à la blonde. Rouvrant les yeux sous la douleur qui semblait avoir diminué –tout comme la pression- son regard voulut s’emparer visuellement de Zyan. Pour avoir une aide, un souffle d’empathie, pour ressentir qu’il était là, pour savoir qu’elle n’était pas seule. Mais elle ne le vit pas. Prête à se laisser aller, se pensant désormais seule et donc finie, la mutante sentit une vague de soulagement physique quand son corps tomba au sol. Même si la chute fut sèche, la sensation de liberté la rappela.

Sonnée quelques secondes, les paupières de Morgane finirent par s’ouvrir, se posant sur un Zyan sur le dos de l’armure. Pensant d’abord à la suite d’un cauchemar, elle mit plusieurs secondes avant de se remettre dans la situation. Se relevant doucement, sa main s'éleva dans les airs et empoigna la cheville du sorcier pendant que l’armure gesticulait et observait la mutante à terre. C’est en prenant une grande inspiration que la blonde parvint avec beaucoup de chance à se diviser en milliards de cellules, entrainant avec elle dans la continuité de sa main la division du corps de Zyan et… Celui de l’armure. Le nuage formé resta quelques secondes en l’air avant de suivre un chemin tout tracé, Morgane n’étant plus maîtresse de son pouvoir, tout comme cette nuit là.

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