Lydia demeurait, et cela avait toujours été le cas, une élève qui travaillait beaucoup. Les efforts récompensés, elle avait vite jouit de notes bonnes à excellentes ainsi que la gloire de se confronter -non sans humilité- aux félicitations des enseignants, et parents.
D'une école humaine à un établissement plus spécifique, les choses n'avaient pas beaucoup évoluées,et cela ne causait pas son déplaisir, au contraire. Elle apprenait au fil des cours, à manier davantage l'art de la potion, des incantations, de la localisation, entre autre tout ce qui faisait d'elle une sorcière. Cependant, il existait bien une capacité dont le contrôle dépassait ses capacités, et cela malgré ses efforts -quoique maigres par mépris pour ce don- : celui de maitriser son pouvoir seconde, à savoir l'électricité.
Se concentrant avec bien plus d'assiduité dans le fait de l'annihiler plutôt que de l'exploiter, le temps se soumettait alors de plus belle aux autres matières plus intimement liées avec la sorcellerie comme elle était connue dans les livres humains.
Cette année encore, malgré un dépaysement total, son parcours se montrait prodigieux, ou du moins acceptable car la perfection était un but encore très lointain qu'elle espérait un jour acquérir tout de même. Néanmoins, en ces jours nouveaux, une autre personne de la même race, semblait lui faire concurrence. A savoir, Lydia ne cherchait pas une quelconque reconnaissance et travaillait avant tout pour elle, pour sa puissance qu'elle voulait faire accroitre. C'est pour cette raison que ce rival ne portait pas sérieusement ce titre. C'était un élève très doué. De temps à autre, ils jouaient un peu sur cette fausse compétitivité.
Zyan, car tel était son prénom, avait déclanché sa curiosité par le biais de provocations, sans pour autant rentrer une fois dans le vif du sujet. Seuls une heure, et un lieu de rendez-vous avait été échangés. Pour en savoir plus sur son projet mystérieux, elle savait à présent où le retrouver. C'était donc en tout hâte qu'elle se pointait devant lui, le regard fixé dans celui du jeune homme comme pour essayer de lire à l'avance, rongée par l'impatience, les paroles qui lui expliqueraient en détail ce qui l'attendait.

- Tu as su me persuader ! Lui répondit-elle lorsqu'il lui avoua sa joua qu'elle n'aie guère fait marche arrière.

Un épais livre fut dévoilé de son sac, qui passa  d'une main à une autre. Page 105, lui avait-il désigné. Défilant les feuilles, Lydia arriva enfin à l'endroit précis. Elle lut l'intitulé tandis que Zyan préférait anticiper sa réaction.
La jeune sorcière resta un moment sans rien dire, à parcourir des yeux les lignes, puis sa première réaction fut de se mordre la lèvre inférieure. Elle attendit encore quelque seconde pour relever la tête et une nouvelle fois planter son regard dans le sien.

- C'est parti.

La jeune fille venait à peine d'accepter, que sur le visage de Zyan se lisait déjà toute une impatience qu'elle connaissait bien. Ses propres yeux pétillaient de curiosité et d'excitation face à cette nouvelle expérience, mais faisant preuve davantage de tempérance, elle reflétait davantage de calme qu'autre chose. Cela dit, elle laissa un sourire, qui lui était habituel, se glisser sur ses lèvres.

C'est lorsqu'ils passèrent la grille du cimetière que la jeune fille se rendit compte de ce qui allait se passer. De stress ou d'envie, son cœur se mit à battre un peu plus vite. Il lui tardait de se laisser aller à ce genre de magie !
Laissant leurs pas les mener entre les diverses pierres tombales, Lydia préférait ignorer les noms, et s’intéresser un peu plus à la beauté du lieu. Ils avançaient jusqu'à une partie de plus en plus vielles du cimetière, où la nature semblait avoir repris ses droits.
Le jeune sorcier s'arrêta enfin, elle ne put s'empêcher d'avoir un pincement dans la poitrine en se demandant à qui appartenait cette tombe, habitée par un petit arbuste. Visait-il cette personne en particulier ? Où ce défunt était-il un malheureux choisit au hasard pour cette expérience ?
En effet, si cela venait à rater, elle craignait de se retrouver avec un zombie sur les bras.

Lorsqu'il prit la parole, elle comprit que le mort n'était pas connu de lui, et au vu de son coin de repos éternel pris par les plantes vertes, plus personne ne devait s'occuper de lui. Elle se sentit mal à l'aise de faire subir ce genre de chose et de troubler le sommeil de l'individu sous leurs pieds.
Et si la solitude entourait sa tombe, ce n'était pas une raison pour bafouer ce qu'il restait d'un corps qui s'était jadis tenu sur ses deux pieds.
Lydia fut, à cette idée, réticente quant aux choses qui allaient arriver.
Mais elle ne se défilerait pas.

Elle regarda son camarade sortir les ingrédients nécessaires. Mais avant de débuter, il mit quelques points au clair. C'était comme si il avait su lire dans ses pensées. Peut-être s'agissait-il de son pouvoir secondaire ?
Lydia hocha la tête.

- Oui, je comprends... Dit-elle hésitante. Et j'accepte ces conditions, mais je n'ai pas accepté pour me défiler ensuite.

En effet, même si elle avait un peu vite décidé de le suivre dans cette aventure, et que le temps de réflexion fut court, elle savait déjà à quoi s'en tenir, et présentement encore, elle maintenait sa décision.

Satisfait de sa réponse, ou en tout cas c'est ce que laissait penser le sourire qu'il lui adressa par la suite, Zyan reprit ses quelques préparations afin de commencer ce rituel, que tous deux semblaient attendre avec beaucoup -trop- de hâte. Tandis que le sorcier vaquait à ses occupations, il laissa à Lydia la responsabilité de se charger de certaines autres tâches sans grande difficulté. Aussi, la demoiselle se chargea de moudre des ingrédients et également de mettre en place les bougies, une sorte d’indispensablement dans le monde de la sorcellerie. Flattée d'être présente en ce moment même pour aider son camarade, mais également très curieuse de se donner à ce genre de magie, l'étudiante accomplissait son travail avec autant de sérieux qu'à l'institut. Le boulot étant facile, c'est à l'aise et confiance qu'elle effectuait ce qu'on lui avait demandé.
Progressivement et sans avoir eu à donner la moindre goutte de sueur, le lieu était prêt à accueillir un rituel. C'est avec un peu de joie et d’impatience sur le visage que Lydia avança pour rejoindre Zyan à l'intérieur d'un cercle. Il lui tendit ensuite un récipient dont il s'était chargé de préparer le contenu, et lui expliqua qu'il fallait le tenir ensemble, pour ensuite le verser. La jeune fille ne connaissait pas les mots que le garçon allait ensuite prononcé, mais il ne lui demanda que de les répéter en lui rappelant de n'écorcher aucune parole. Elle sourit, sans le moindre stress. Elle savait comment se déroulait ce genre d'incantation, et avait conscience qu'une erreur de prononciation pouvait causer pas mal de dégât. Il n'y aurait aucun problème de ce côté là.
Un moment fut donner pour reprendre ses esprits et les laisser tout entier à leur concentration. Hochant la tête, le sorcier donna ainsi le départ.
Il y eu une petite vague d'anxiété dans l'être de la demoiselle, mais bien vite celle-ci s'estompa, et ne laissa que du sérieux dont elle avait l'habitude d'user.

Zyan débuta, et Lydia faisait bien attention à chaque son afin de ne pas les prononcer maladroitement. Par chance, ils s'avéraient simple, ce qui lui facilitait la tâche et retirait un peu de responsabilité. Elle avait eu un peu de crainte qu'il ne faille dire des choses trop éloigné de leur accent.
Empoignant le récipient fermement, ce-dernier se mit à réagir à leurs phrases, et bientôt il trembla. Regardant la main de son camarade, il lui semblait que celle-ci devenait plus faible. Son regard se posa discrètement sur lui, en faisant attention à ne pas trop lâcher de sa concentration. Il semblait mal, elle eut peur qu'il ne tienne pas le coup. De son côté, elle sentait la puissance magique résonner dans son corps, c'était comme des ondes qui s'entrechoquaient et tentaient de la faire se déposséder d'elle-même. Elle resserra un peu ses doigts sur l'objet et continuait de répéter ce qu'on lui demandait.
Elle sentit alors la fiole se pencher, c'était donc le moment de verser le contenu, suivant les mouvements de Zyan, le liquide noir se répandit sur le sol. Ce-dernier semblait le boire avec une incroyable vitesse. Concentrée sur ce spectacle, elle fut surprise lorsque les bougies qui les encerclaient explosèrent. Leur cire chaude se déposèrent violemment sur eux.
Lydia sursauta, et recula d'un pas en lâchant le récipient.
Son camarade grogna, puis prit des nouvelles de sa coéquipière. Retirant la cire chaude de sa peau, la demoiselle le regarda ensuite en lui souriant gentiment. Sa tête tournait un peu, mais c'était supportable.

- Ça va. Elle regarda autour d'elle et comme à son habitude, se mordit la lèvre inférieure avant de mettre une mèche derrière son oreille. Ca ne semble pas avoir fonctionné... C'est peut-être ma faute, j'ai lâché de ma concentration car je me suis un peu inquiétée pour toi. Dit-elle en repensant au jeune homme qui donnait l'impression de s'effondrer.

Ne le connaissant pas vraiment, elle ne savait pas s'il allait lui en vouloir pour cet intérêt qu'elle avait mal placé. Il était vrai que ce projet avait réellement l'air de lui tenir, à coeur, et son intérêt pour cela était peut-être trop excessive...

Son camarade ne cherchait même pas à cacher son agacement, et ce mauvais caractère rendit l'atmosphère bien froide. Intimidée par ce genre de personnage, Lydia évitait tout contact visuel avec lui, craignant qu'il ne troque son énervement contre un courroux violent. Son mutisme était la seule réponse qu'elle souhaitait lui donner, les mots pouvaient alimenter un peu plus le malaise persistant entre eux. Un petit moment, la jeune fille crut qu'il allait se calmer, lorsqu'il lâche un "désolé", elle espérait que cela sonne l'arrêt, et qu'ils repartent sur une défaite un peu moins dur à supporter, ou encore qu'ils ne recommencent le rituel. Frottant le sol pour y trouver encore un peu de potion, rien ne paraissait aux yeux de Zyan, et le jeune homme avait vraiment l'air démoralisé. Cette expérience devait par la suite lui servir pour une affaire personnelle, c'était pourquoi il prenait trop à coeur ces mauvais résultats. Enfin, ce n'était qu'une supposition.
Froidement, il décida de s'en aller, sans même porter la moindre attention à la jeune sorcière, qui ne s'en sentait que plus coupable. Il lui avait bien dit que cela n'était pas sa faute, mais elle était comme ça, toujours là à remettre en question ses capacités.
Lâchant un court soupire, elle enchaîna le pas vers la sortie du cimetière. Le suivant d'une petite distance d'écart, elle dut accélérer sa marche pour le rattraper. Néanmoins un bruit derrière elle la fit entreprendre un mouvement de tête pour se retourner. Ce geste fut interrompu avant même qu'il ne soit remarquable, car des rayons de lumières éclaboussèrent ses yeux, qu'elle ferma par réflexe en passant son bras devant pour les protéger. Une voix d'homme retentit, et bien vite ils comprirent qu'il s'agissait du gardien du cimetière. S'il avait mieux fermé les grilles aussi...
Menaçant d'appeler les policiers, les jeunes étaient contraint de s'en aller; C'était un peu l'idée de base, alors peu importait, mais cela aurait été mieux de s'échapper avec autant de discrétion qu'ils n'étaient rentrés.

- Oui, oui, c'est bon pardonnez-nous ..! S'excusa Lydia, de sa voix à la fois douce et légèrement agacée. C'est-à-dire que se faire engueuler tout en prenant une forte lumière dans les yeux, ce n'était pas une manière de la mettre de très bonne humeur. Rajoutez à cela l'attitude de Zyan. La demoiselle n'avait qu'une envie : retrouver sa chambre, et ne plus parler de cette histoire.

Une drôle d'odeur se fit sentir, sensible à son entourage, la sorcière était certaine qu'elle n'y était pas avant. Par ailleurs, une telle puanteur se remarquait assez vite. C'était un mélange d'humidité, de vieux, d'ordure. Intriguée, la sorcière se retourna encore un peu aveuglée. Elle ne vit rien, mais peu à peu son regard se réhabitua à l'obscurité, d'autant plus que la lampe torche du vieillard laissait une meilleure visibilité sur l'horizon.
Au loin, elle ne distinguait pas grand chose, mais de plus en plus elle pouvait remarquer une forme. Sûrement un animal. Cela bougeait, se tordait, grandissait. Elle agrippa le bras de son camarade afin qu'il ne se retourne également et arrive à mettre des mots sur ce qui était en train de se déployer là-bas.

Une forte inquiétude commençait à croître en Lydia, elle regardait cette chose désarticulée, maigre, au loin, se tordre et s'élever peu à peu dans l'obscurité du cimetière à l'endroit même où l'incantation avait été prononcée. Une sorte de chimère, bientôt, s'était dressée devant eux, le dos voûté, le buste qui ne tenait pas droit. Puis enfin, ce corps ne bougea plus. Les deux sorciers échangèrent un regard inquiet. La jeune femme se surprise même à planter un peu ses ongles dans le bras de Zyan, s'y cramponnant de peur. S'en rendant compte, elle relâcha de son emprise légèrement, et lorsqu'elle redressa le regard vers l'horizon, il n'y avait plus rien. L'odeur était toujours présent, mais un calme angoissant avait pris place en maître dans le cimetière. La gorge de la demoiselle se noua, c'était à peine si elle osait lâcher la moindre respiration. Il n'y avait plus rien, juste le calme de la nuit...

Soudainement, un hurlement déchira la tranquillité, et d'un bond violent l'étudiante se retourna. Devant elle, le monstre avait agrippé entre ses crocs et ses griffes, le corps tremblant du gardien. Prise d'une terreur sans nom, les yeux de la sorcière s'écarquillèrent, et sa bouche fut trouée par la peur, sans pour autant que le moindre son ne parvienne à en sortir. Ses pieds semblaient coller au sol, tout son être tremblait et ne répondait plus. Les mouvements étaient devenus trop pénibles, voire impossibles. Elle était aliénée par l'horreur de la scène. Mais une touche de fascination percutait son esprit, devant cette bestiole hostile qui déchirait la chair du malheureux et s'en délectait. Cette erreur faite de pourriture et d'une puissance sans nom, et insoupçonnée de part la maigreur de ses membres nus.
Et cette chose explosa l'homme de son étreinte, le laissant s'échapper en gicler de sang et de boyaux. Gardant entre ses ongles et ses dents jaunâtres des filaments de sa chair et de ses organes éparpillés, jonchant presque entièrement le sol, juste là, à leurs pieds.

Cette chimère, comme elle la définissait dans sa tête, était le fruit de leur incantation. L'enfant d'un sort qui allait causer leur perte.
Subitement, la jeune femme se sentit partir. Son camarade tenait fermement sa main et fuyait le plus vite possible. Reprenant le contrôle de ses muscles, Lydia suivait le rythme, surpassait ses capacités, courant aussi rapidement que sa volonté le lui permettait.
Le souffle bruyant de la bestiole derrière eux, et son odeur nauséabonde ne partaient pas. Ils courraient dans un noir quasi-total qui ne faisant qu'angoissait de plus belle la demoiselle, traqués, ils étaient les proies. D'où allait surgir la chose ? Elle la sentait à proximité, rapide, vive malgré son état, et ne savait quand une de ses mains allait les attraper pour ensuite les démembrer. A cette idée, à ces horribles pensées, l'étudiante qui avait joué avec les morts ne supportait plus cette pression, cette horreur, cet effroi. L'épouvante était si forte que son pouvoir commençait à se déchaîner. Son corps entier se mit à lâcher quelques courant électrique mineure et sans grand danger, tandis qu'elle continuait de courir qu'importe son essoufflement.
Le monstre lâcha un bruit un peu plus violent, et d'un sursaut, Lydia ne contrôla plus rien, elle laissa partir un choc électrique. Tenant la main de Zyan, elle lui transmit une décharge soudaine pouvant l'assommer momentanément. Le cauchemar ne faisait que commencer...

La nuit était faite d'incertitudes, et à cette seconde précise, Lydia se demandait si un jour, son camarade et elle, reverraient le soleil. Au moins juste une autre fois, pouvoir contempler à nouveau cette chance de vivre dont on ne se rendait pas compte, pouvoir reparler en au revoir aux personnes que l'on aimaient, déguster un gâteau d'adieu... Oui, présentement, alors qu'elle regardait chuter Zyan, alors que son corps s'écroulait, et semblait le faire au ralenti, elle sentie toute une nostalgie l'envahir. L'espace d'un instant, la jeune fille avait sentie son destin se boucler, elle avait baisser les bras face à la vie, persuadée que celle-ci prendrait fin dans les minutes à venir.
Et le garçon heurta le sol, tandis que son être bondissait de spasmes violents. Les minutes reprirent leur cadence normale, le repos terminé, l'action reprenait.
Dans le même élan, la demoiselle se laissa tomber à genoux à côté du sorcier, n'osant plus le toucher. Un noir inquiétant les entourait à présent, même la lune se cachait timidement derrière des épais feuillages. Mais le silence ne demeurait point. Une dernière fois, Lydia vit le monstre s'approcher, hurlant de souffrance ou de rage. Puis la dernière source de lumière à proximité s’éteignit. C'était la fin... Alors c'est comme ça que tout cela devait s'achever ? Les étudiants étaient punis pour s'être montrés trop curieux dans la sorcellerie ?
Il n'y avait plus rien autour d'elle, si ce n'est l'odeur putride d'une bête bien trop silencieuse. Quelques secondes passèrent tandis que la jeune femme était plongée dans l'obscurité, à coté du corps mal en point de son collègue, et sûrement d'un cadavre éveillé. Elle n'entendait plus rien, et n'osait plus bouger.
Puis soudain, la respiration d'un agonisant reprit, lentement, doucement... Des bruits de pas qui traînaient douloureusement au sol. Prise de peur, et même si sa vision ne pouvait rien reconnaître, la demoiselle ferma les yeux, n'osant ni inspirer, ni expirer.
Allez, qu'on en finisse maintenant ! Cette attente était insupportable ! Pitié, que cette torture cesse !
Puis de nouveau, ce fut le plus grand des calmes. Et cette sérénité s'étendit dans le temps. La bête était partie mais avait laissé un passage de sa visite : cette puanteur écœurante qui avait imprégné les lieux... Rouvrant les yeux, ce fut d'un courant d'espoir que la jeune fille récita une incantation pour faire jaillir une petite source de lumière momentanée, le temps de voir l'état de Zyan, toujours au sol à ses genoux. Affaiblie par la magie dont elle avait fait preuve plus tôt, elle craignait que cela ne dure pas longtemps, mais ce serait bien assez pour le tirer vers une cachette un peu plus sûre que la nuit en elle-même.
Ses paroles dites, une sphère apparue et éclaira aussi faiblement qu'une bougie, ce fut juste assez de temps, pour plonger son regard rassurée, dans les trous noir et pourris qui servaient d'yeux au monstre, là, juste devant elle, à quelques millimètres de son visage.
Un cri d'effroi se faufila dans tous les alentours, et la lumière s'éteignit.

Spoiler:

La fin était de plus en plus proche, Lydia pouvait sentir l'étreinte du monstre avant même qu'elle ne l'eut touché. Si de l'espoir restait en elle et ne l'avait pas quitté depuis le début, même le plus camouflé de celui-ci était à présent réduit à néant. La demoiselle avait déjà songé à la mort plus tôt dans la soirée, mais grâce à Zyan, ses songes étaient vite repartis car le sorcier avait réussi à lui donner encore la force de courir pour sa survie. A l'instant présent malheureusement, il était à terre, parcouru par son électricité. La jeune fille allait donc être la propre responsable de sa mort, d'une part, car elle avait joué avec des forces qui la dépassaient, d'autre part, parce qu'elle avait mis au sol son seul allié. Comment allait-elle justifier la disparition du gardien ? Non, la question n'allait pas se poser, puisqu'elle-même ne serait bientôt plus de ce monde. Elle ferma les yeux, se forçant à les garder ainsi pour ne pas avoir peur si elle devait voir ne serait-ce que l'ombre de cette chose lui sauter dessus. C'était trop difficile de laisser ses paupières ouvertes, quand bien même il faisait noir. Sa dernière pensé fut dédiée à son camarade, allait-il y passer après ? Où aurait-il le temps de se remettre de son état pour partir en courant ? Elle n'avait pas fait attention à son corps qui se calmait. Mais, à sa grande surprise, ce ne fut pas la seule chose à s’apaiser. Son esprit partait tellement loin qu'elle n'eut pas remarquer que rien encore ne l'avait attaqué. Mais un bruit immonde l'arracha à son monde et la replaça subitement dans la réalité. C'était comme si une chose se déchirait, cette-dernière semblait visqueuse. L'odeur de pourriture était de plus en plus présente, et la créature était particulièrement silencieuse, seul son corps faisait du bruit. Une mutation ? L'obscurité l'empêchait de voir ce qu'il se passait.

Dans un murmure aux airs douloureux, Zyan lui demanda d'utiliser son pouvoir. Il était réveillé !
Mais cela n'arrangeait rien, comment Lydia allait-elle faire ?! Elle ne commandait rien. L'angoisse se faisait sentir de plus en plus, il fallait réagir, et vite ! Cependant elle était désemparée, ce n'était pas le moment de laisser passer l'occasion de tuer la bête une bonne fois pour toute. Néanmoins la conscience de ce fait ne changeait rien, son électricité ne se laissait pas dompter. Pour faire passer un courant, il fallait du contact. C'était horrible, et dégoûtant, mais la demoiselle se vit obligée de tendre la main pour toucher la carcasse monstrueuse de la bête. Cette idée l’effrayait, mais avait-elle le choix ? Et c'est ce qu'elle fit. Elle ne savait pas quelle partie demeurait sous sa paume, et ne voulait pas en savoir davantage. C'était la fin, l'électricité allait se transmettre et le monstre périrait ! Mais non, rien de tout cela. Rien ne se partagea. Avec le peu de force qu'il devait lui rester, des doigts fins et froids se posèrent sur le poignet de la sorcière. Elle paniqua, non, ils y étaient presque. Elle priait pour que l'électricité sorte d'un coup. Cette chose ne la lâchait plus ! Ses songes partaient à mille à l'heure, son coeur s’accélérait de nouveau, allez, maintenant ! Rien, elle ne contrôlait rien. Non, ce n'était pas possible, il fallait que quelque chose se produise, vite !
Les choses arrivèrent très rapidement, mais le tonnerre d'un coup gronda et une foudre violente déchira le ciel dans un éclat de lumière et s'abattue directement sur la bestiole qui explosa sous le choc. Son corps, ou ce qu'il en restait, gicla sur les deux jeunes gens.
Lydia se leva, la main devant sa bouche et quelques vertiges. Elle ne put que tituber faiblement puis tomba un peu plus loin en essayant de reprendre son souffle coupé par la terreur. C'était fini, enfin. Mais tout cela avait été une épreuve affreuse. La sorcière toussa, elle eut envie de vomir sous le traumatisme. Se calmant peu à peu, elle réussit à se stabiliser et faire partir son dégoût, retirant rapidement les morceaux de cadavre sur elle.

Lydia était trop occupée à se concentrer sur son propre état, pour porter de l'intérêt à son camarade. Elle se reprocherait sûrement fortement cela, s'il n'avait pas réussi à aligner ses quelques mots. Sacré soirée... Oui, et le mot était faible. Encore trop secouée pour répondre avec bonne humeur, ou de parole distincte, la sorcière laissa couler la conversation qu'elle ne souhaitait pas continuer pour le moment. Il ne s'agissait que de la conséquence de son état choqué, en aucun cas elle ne voulut se montrer désagréable envers le jeune homme qu'elle avait, par ailleurs, électrocuté plus tôt dans cette "sacré soirée".
Poursuivant, seul, la discussion, il lui fit un semblant d'excuse. L'étudiante leva les yeux vers lui un moment, un peu étonnée. C'était à elle d'avoir ce genre de propos. Lui n'avait fait que réagir comme il le fallait, et ainsi leur permettre de s'en tirer en un seul morceau. Quant à cette idée d'incantation, en effet, elle provenait de lui, mais la demoiselle avait donné son consentement. A présent, elle était autant impliquée que lui, et la responsabilité, de ce fait, lui revenait tout autant. Sur ce point, il n'y avait guère de fautif, et sûrement pas un plus que l'autre. Son inquiétude dériva sur une autre chose, à savoir, qu'il n'y aie pas de fuite par rapport à cette nuit. Pas d'informations baladeuses, pas  de détails, rien seulement un mutisme. Il pouvait lui faire confiance sur ça, elle n'avait aucune envie de répéter cette expérience à qui que ce soit. D'une part, car jouer avec les morts était totalement irrespectueux, dangereux, horrible. Mais aussi car en dire plus à quelqu'un serait, d'une façon ou d'une autre car tout ce sait, balancer Zyan par la même occasion. Enfin, elle pensait à son image. Ce n'était pas une personne très superficielle, mais si ce genre de chose venait à se savoir, elle craignait pour son poster à l'institut en tant que femme de ménage plus qu'en tant qu'élève. Respirant doucement, ses esprits furent entièrement repris.

- Non ne t'inquiète pas, je ne dirais rien. Lâcha-t-elle d'une voix qui se voulait rassurante. Soupirant une fois, elle fit une mine triste et très embarrassée. Je m'en veux vraiment pour tout ça, enfin... De t'avoir électrocuté. Je ne contrôle vraiment rien. Et je te remercie, si tu n'avais pas eu le bon réflexe, au bon moment, on serait mort. Dit-elle en songeant à sa façon d'immobiliser le monstre pour qu'elle puisse le foudroyer -bien que cette magie n'avait pas été prévue comme ça-.

Finissant de retirer, non sans dégoût, les morceaux de cadavres sur elle, elle regarda le ciel, toujours peu rassurée. Lydia n'était pas prête de retourner dans un cimetière la nuit.

- Au moins, ça a un peu marché. Relativisa-t-elle. Si on pouvait juste sortir d'ici, ça me conviendrait. Finit-elle vraiment mal à l'aise, tout en essayant de lui sourire.