Trois mois. Trois mois que j'étais ici, à contempler les lieux, à tenter de comprendre pourquoi les élèves étaient si heureux de rester ici. Et cela faisait trois mois que petit à petit, je succombais également au charme de cette institution. Je désirais plus que tout au monde mener à bien la mission qui m'avait été confiée, cependant, quelque chose ici semblait tout faire pour m'en empêcher. Comme chaque étudiant, ou presque la plupart, je commençais à me sentir bien. J'avais des amis, je pouvais rire, sourire, et m'amuser sans que rien ni personne ne puisse m'obliger à arrêter. J'avais le droit d'éprouver, et cela me faisait le plus grand bien.

Et puis, il y avait elle. Evana, la mission en question. Au départ, je ne voyais en elle qu'une petite salope de base, mais en apprenant à la connaître, je fus bien contrains d'admettre qu'elle était en réalité pire que cela. Evana était une salope doublée d'une connasse qui prenait un malin plaisir à me tourmenter. Ce qui compliquait pas mal les choses, étant donné que je devais me rapprocher d'elle.

Il était dix huit heures à présent, et je n'avais de cesse que d'observer la jeune fille assise un peu plus loin, tentant vainement de prendre les cours. Je laissais échapper un rire moqueur, puis lorsque le professeur nous laissa enfin libres de nos mouvements, je m'approchais de la jeune femme avec l'idée de lui proposer mon aide.

Mais alors que j'allais ouvrir ma gueule afin d'engager la conversation. La jeune femme m'envoya son stabylo dans la gueule, histoire de dire clairement : dégages bâtard.

Je fronçais les sourcils, puis m'approcha de la jeune femme. En réalité, je ne savais pas si elle m'appréciait ou si elle me détestait. Mais ce dont j'étais sûr, c'était que ce jet d'objet non contondant était destiné à l'amuser.

- Pourquoi avoir mis une telle chieuse sur mon chemin hein ?!

Je ramassais le stabylo que la jeune femme m'avais envoyé dans la gueule, puis le regarda longuement. Je ne comprenais pas l'engouement de cette dernière pour ce genre de choses. Je voulais bien admettre que les filles avaient des passions fortement étranges pour des stylos de couleurs et de paillettes, mais les stabylos étaient pour moi, quelque chose d'affreusement étrange.

Je lui tendais l'objet du bout des doigts, ne tenant pas à entrer en contact physique direct avec la jeune femme, qui semblait ne me vouloir aucunement du bien. C'est alors qu'elle m'annonça qu'elle souhaitait me déstabiliser, vu que j'étais le petit intello de base.

Je fronçais les sourcils en me disant que je préférais être un intello avec une intelligence en bon état de marche, qu'une sorte de pot de fleur du fond de la classe. La jeune fille n'avait vraiment pas la sciences des mathématiques, cela ne faisait aucun doute. Il n'y avait qu'à regarder ses cours, ainsi que son manuel. Il n'y avait pas grand chose de juste, et à croire ce que j'en voyais, elle n'avait pas compris grand chose.

Je m'asseyais à côté d'elle tout en saisissant le manuel scolaire qu'elle était entrain de feuilleter, puis observa longuement les cours qu'elle tentait de suivre. C'était pourtant élémentaire, peut-être avait-elle d'innombrables qualités, mais le calcul n'en faisait pas partie.

- Je peux t'aider si tu l'souhaites. Comme tu dis, je suis une tête.

Je laissais échapper un soupir alors que la jeune femme reprit son livre et rejeta mon offre. Elle avait décidément un très mauvais caractère. Cette fille finirait définitivement toute seule, vieille fille, avec plusieurs centaines de chats pour combler son manque de vie sociale.

Je roulais des yeux tandis qu'elle m'annonçait qu'elle réussirait toute seule, pour ma part, je pensais réellement qu'elle se planterait en beauté. Elle ne pouvait rien faire, si elle ne comprenait pas les formules de bases, alors il n'y avait aucun espoir. Je me suis alors tourné vers elle le plus simplement du monde, puis l'observa longuement, elle et sa collection complète de stabylo.

- Parce que tu crois que ça m'amuse de faire des maths ? Si tu veux passer ta vie à étudier comme une conne vas y j't'en prie, mais pleures pas si tu passes à côté de ta vie meuf !

Je me renfrognais, pour une fois que j'étais sympa, elle m'envoyait chier comme une grosse merde. Mon père avait raison, le fait d'être sympa n'amenait pas à se faire des amis. La popularité venait lorsque personne ne voulait attirer la sympathie. Cependant, je ne pouvais pas être moi-même, il était beaucoup trop tard. Je m'étais forgé ce personnage étrange, le petit intello aux lunettes rectangulaires énormes, qui faisait des blagues de merdes et qui passait sa vie à parler de choses abrutissantes. J'étais le parfait pecno en toute sa splendeur, le mec qui attirait confiance.

Je laissais échapper un soupir alors que la jeune femme reprit son livre et rejeta Enfoncé dans ma chaise, les bras croisés, et regardant dans le vide, j'entendais une réaction quelconque de la jeune fille. Je savais qu'au fond, mes paroles pleines de délicatesse auraient forcément un impact. Positif, négatif, ça par contre, je n'en avais aucune foutue idée.

Lorsque je l'entendis soupirer, comme un râle qui disait "t'as gagné" un sourire se dessina sur mes lèvres alors que je cachais mon visage de son champ de vision. Elle m'exposa alors l'idée qu'elle voulait effectivement de mon aide, mais qu'elle ne désirait pas rester une seconde de plus ici, et que de ce fait je devais en gros, bouger mon cul pour me diriger vers sa chambre.

Dans un délai immédiat, je me tournai vers elle pour voir si elle était sérieuse, tout en haussant un sourcil, et tout en me pinçant légèrement les lèvres. M'invitait-elle sérieusement dans son nid ? Si oui, avais-je réussi à créer une ouverture entre elle et moi ? Et si elle était bel et bien sérieuse, cela me permettrait d'en savoir un peu plus sur elle. La chambre d'une fille était un endroit sacré, où était entreposée toute sa vie. Ca allait du style des vêtements qu'elle portait aux motifs et aux couleurs des draps de lits. Chaque détail était minutieusement pré établi, et si l'on analysait bien, on pouvait en découvrir long sur la personnalité de l'occupant.

Et alors qu'elle avait remballé ses affaires et s'était levée, apparemment impatiente, elle me sortit un " bon alors tu veux toujours m'aider ? " C'était l'alarme du top départ, doublée d'une alarme qui disait " bon tu t'bouges connard ? " Je remballais mes affaires en vitesse et me leva.

" Ben vas-y bouge ton cul plus vite on commence plus vite on finit et plus vite on fait autre chose "

Une grimace se forgea sur mon visage lorsqu'Evana me dit que c'était à moi de bouger mon gros cul et de ne pas m'arrêter épier les filles en sous-vêtements. "Gna gna gna " Phrase qui n'en était pas une, et surtout, une réaction puérile de ma part qui me fit alors ressentir une sorte de bien être étrange. C'était la première fois qu'une telle chose m'arrivait. Un signe de jeunesse et de libération. J'aimais assez ça.

Cependant là n'était pas la question, la jeune femme me prenait vraiment pour un pervers ? Ou était-ce uniquement destiné à me casser les couilles ? Et quoi qu'il en soit, pourquoi ça m'intéressait de savoir ce qu'elle pensait de moi ? Elle n'était rien d'autre qu'un objectif, pourquoi son avis compterait ?

Peut-être me mettait-elle au même niveau que cette saloperie de Jack (qui était mon meilleur ami donc j'ai le droit de l'insulter, si si parfaitement ) Je laissais échapper un soupir.

- Non mais je suis pas un pervers moi en fait.

Elle me conduisit alors vers sa chambre, qui malheureusement, était trop bien rangée pour ne laisser apparaître quoi que ce soit. Cette satanée femelle se protégeait bien trop bien, et cela en devenait alarmant. Et puis d'un côté, je n'arrivais pas à comprendre pourquoi que me faisais chier à tenter un rapprochement sentimental, étant donné que je pouvais très bien l'assommer, la bâillonner, la mettre dans la voiture, et l'amener à son putain de père qui ne me payait pas assez pour cette putain de mission.

Mais alors qu'elle me demanda si j'attendais le dégel, mon regard se posa sur elle, et je compris alors pourquoi je ne pouvais pas faire ça. Je ne voulais pas que cette vie s'arrête, je ne voulais pas que Jordan Scamender ne soit plus qu'un vieux souvenir. Je voulais que cela continue, pour une raison que j'ignorais encore, mais qui effleurait de temps en temps mon cerveau.

"Qu'est-ce que tu veux apprendre ? "

Je m'asseyais à ses côtés.

Indigné, je laissais échapper un soupir outragé, agrémenté d'une moue exagérée. La jeune fille me prenait réellement pour un pervers ! Et non, je ne fouinais pas dans sa chambre à la recherche de ses soutient-gorges, je voulais simplement.... fouiner pour en apprendre plus. BREF, elle n'était pas censée le savoir.

" Je suis pas un pervers ! Je ne fais pas le curieux, je suis juste.... surpris par le manque de déco, on dirait genre, que personne ne vit ici c'est... surprenant. "

Chiant tu veux dire ! M'interpela ma conscience, qui reflétait ma voix intérieure. Je me grattais la tête, puis fit un sourire à la jeune fille qui m'expliqua que Jack lui expliquait déjà les mathématiques. Je me renfrognais, saloperie de Jack. Il avait beau être mon meilleur pote en ces lieux, il s'avérait que là, il était incroyablement chiant, le bro' code interdisait de voler les copines des copains. Certes, Evana n'était pas ma copine, mais j'avais bien l'intention de faire d'elle celle qui partageait mon existence en plus ou moins long terme !

C'est alors qu'elle déclara qu'elle souhaitait mon aide en Biologie, je souriais, j'aimais bien cette matière, et je la trouvais assez passionnante. Aussitôt, je sortais mon livre de Biologie tout en lui demandant ce qu'elle devait étudier. Mais alors que je disais cela, elle avait enchaînée avec le sujet de la reproduction humaine. Je me figeais, arrêtant de tourner les pages de mon manuel. Allongé à ses côtés, je sentais la respiration de la jeune fille se faufiler à mon cou, le réchauffant d'une certaine façon, un frisson me parcourant à présent la colonne vertébrale. Elle t'a amené dans sa chambre et maintenant elle te parle de cul. Est-elle vraiment aussi innocente, ou voulait-elle simplement t'entraîner ici pour baiser ? " Baiser, je ne sais pas si le mot était approprié en ce qui concernait la jeune fille qui se trouvait à mes côtés.

Je tournais alors la tête, puis me plongea dans son regard. Ses longs cils bruns caressaient ses joues, et son regard, semblait me transpercer de toutes parts. Je déglutis.

" Alors heu... les... les bébés... ou juste... l'acte en lui même. "

Je n'arrivais pas à savoir ce que je pouvais lui dire ou non, je ne savais pas réellement comment lui expliquer une chose pareille... Comment expliquer à une fille comme elle la reproduction humaine. Elle n'avait jamais ressenti le moindre sentiment, le moindre désirs sexuel. Elle puait l'innocence à plein nez.

Moi, je savais ce qu'était le désir, je savais ce qu'était l'amour... Mais je ne savais pas comment faire cela. Comment le lui dire... C'est alors qu'elle me demanda de regarder dans le livre de biologie. Je l'ouvris et observa longuement les dessins et les explications, tout en sentant de plus en plus le malaise s'installer. Elle était si proche de moi, que son souffle caressait mon cou, me faisant frissonner quelques peu. Et nous étions seuls, tout les deux, un homme, et une... presque femme, sur un lit, parlant de sexualité, comme si tout était normal.

" Ah heu... fonctionnement... la conception... donc heu... oui... la pé... la péné... enfin.... ouais... ok. "

C'est alors qu'elle se pencha vers moi, automatiquement je me figeai, tandis qu'elle m'annonça que je puais le mal à l'aise. Je cessais presque de respirer. En même temps, elle s'attendait à quoi ? Elle avait un look où on voyait presque tout ! Et elle était là, allongée presque sur moi, sur un matelas confortable ! La prochaine fois, on irait chez moi... là au moins, il y avait une table et des chaises ! Et puis alors que j'observais la chambre, je vis le bureau. ELLE AVAIT UN BUREAU ! Alors pourquoi m'avait-elle trainé sur ce putain de lit  qui appelait au sexe comme si une pancarte clignotait avec le mot pénétration en gros au milieu !

" Je... heu... disons que... tu n'es pas... si... mal... "

Je sentis alors cet étrange picotement au niveau de mon bassin. Je ne savais pas quoi faire, je ne savais pas ce que je devais faire, et je n'arrivais plus vraiment à penser. Les cils de la jeune fille caressant ses joues de manières subtiles me paraissaient si beaux. Son regard, si intense... tout semblait bon, tout semblait beau.

Elle était belle... C'est alors que je pensais à mon père. Mon père qui voulait que je ramène cette fille à son père à lui... Mais au diable mon père. Au diable cette mission de merde... J'étais là... c'était tout. Et alors que le picotement de mon bassin remontait dans mon corps entiers, je sentis cette chaleur ardente parcourir mon coeur jusqu'à mes lèvres... Et alors qu'elles brûlaient, je l'embrassais.