J'avais détesté cette ville, parce que chaque lieu où mon pied s'était déjà posé, me rappelait le désastre que j'étais. Je n'évoquais guère par-là ce pétage de câble dont on avait voulu me libérer, mais cette fille que je ne reconnaissais pas, cette innocente gamine, trop gentille, trop studieuse, trop idiote qui avait habité une si longue partie de ma vie. Ce n'était pas sans grimace que ces souvenirs me revenaient. Mais j'avais changé. Ma démarche était à présent plus assurée, la tête haute, avec cette sensation de toute puissance, de liberté. Oh, je le savais bien, que je n'étais pas la plus forte de notre si petit univers, mais j'assurais pourtant ne pas en être la plus faible. J'avais appris à contrôler ce pouvoir, toute cette magie dont j'avais si bêtement été effrayée auparavant. C'en était assez de ces craintes infondés. Un mort, deux morts, ou plus, oui et alors ? Ces individus avaient un fond mauvais, je n'en avais que faire de leur avoir ôté la vie, ils m'avaient provoquée, m'avaient voulu du mal. Je ne supportais plus que l'on me manque de respect, ou la moindre atteinte à ma liberté. J'étais libre de choisir. Et j'avais choisi de les dégager de ma vie, de manière radicale. Restait-il de la nostalgie face à mes états d'âme d'antan ? A présent, et si avant cela avait pu être le cas, je pouvais haut, et fort, distinctement et assurément répondre que non. Je savais ce que je valait, et je pensais bien être sur la bonne voie dans cette quête de moi.

Un but précis en tête, Lydia marchait dans ce quartier dont le luxe dépassait le sien. Mais pour une fois, elle ne jalousait pas l'argent qui avait pu être investi dans de telles bâtisses. Elle possédait encore ce défaut qu'était l'envie, mais davantage comme un désir immatériel. Son confort était psychologique, et elle n'était présente ici non pour baver sur l'alentour, mais pour revoir une certaine personne. Layla, cela faisait longtemps qu'elle ne l'avait pas croisée, mais, comment aurait-elle pu ? Les événements passaient été rythmé par les enfers, puis par cette enlèvement familial. Il n'y avait pas eu d'occasion de se retrouver, jusqu'à ce jour-ci. Cette sorcière ne lui avait jamais de plein gré fait du tort, quoiqu'elle se souvenait de ses attaques échangés, mais restait intimement convaincue qu'une explication révélait la réelle identité d'un si étrange caractère. De toute évidence, elle était passée à autre chose, à condition qu'un tel comportement ne se reproduise guère. Présentement, c'était seulement de bonne humeur qu'elle venait aux nouvelles, en toute courtoisie.
Arrivée devant sa porte, elle frappa et attendit qu'on lui ouvre, pressée de connaître les derniers déroulements dans la vie de son amie. Il est vrai, que sa mémoire lui rappelait l'existence si mouvementée que pouvait vivre Layla, y avait-il une fois où elles se croisaient, et où elles n'avaient aucunes nouvelles à rapporter ? C'était intéressant, et distrayant, amusant également d'entendre et de pouvoir imaginer un quotidien aussi chargé.

Elle ouvrit la porte. Enfin. C'était elle. Cette mine radieuse qu'elle offrait souvent aux gens, son large sourire, la douceur de ses traits, je revoyais cette Layla que j'avais rencontré, et que je retrouvais après de tragiques événements qui nous avaient pousser à nous séparer. Cette gaieté que nos retrouvailles semblaient lui apporter ne me mise que davantage dans ma bonne humeur, qui jusque là m'enveloppait déjà. Et elle m'enlaça. Au début, j'eux comme un bug, cela me semblait presque déplacé comme geste, je n'étais plus habituée à la proximité. J'avais passé  un certain temps à ne même pas pouvoir heurter délicatement une main, et les seuls yeux qui se posaient sur moi étaient plein de mépris, de colère, de tristesse. La douceur, cela faisait longtemps que je l'avais abandonnée, par ailleurs, elle n'avait pas hésité à me lâcher également. Mais là, si brusquement elle revenait vers moi. Rendant sa tendresse à Layla, je pus sentir ce gonflement dans mon estomac, mais qui ne provenait pas de moi. M'écartant progressivement, je baissa les yeux vers le ventre de mon amie, avant de remonter, les paupières grandes ouvertes, vers son regard...

Oui, la douceur et la tendresse n'avaient été que trop négligé dans le quotidien de Lydia. Si bien, que lorsqu'elle fut revenu en un enlacement vers elle, il lui fallu un temps avant d'y répondre. Mais cette amitié qu'on lui offrait, cette douceur ne suffisait pas à guérir et chasser l'obscurité qu'elle portait en elle. Par ailleurs, elle pouvait encore se réjouir pour autrui, d'autant plus s'il s'agissait de Layla, qui depuis ses débuts dans cette ville s'était montrée d'une bonne compagnie.
Le second choc fut cependant lorsqu'elle découvrit ce ventre rond, ce n'était pas une surprise à laquelle elle s'attendait en venait toquer à cette porte. Mais au vu de l'humeur de la sorcière, ce ne pouvait être qu'une bonne nouvelle que cette petit progéniture. Aussi, son devoir n'était-il pas de la féliciter ?
La jeune fille ne portait pas un avis bien tranché sur le sujet, elle ne se voyait tout simplement pas enceinte, un gamin dans les pattes était loin d'être une chose à laquelle elle rêvait. Mais il était clair que certaines personnes possédaient un instinct maternel beaucoup plus développé que d'autre. Son amie était de ces gens-là.
Aussi, après avoir inspecté cette nouveauté, l'étudiante avait relevé le regard vers celui de la future maman.

- T'as mangé trop de connerie ou c'est vraiment un petit monstre qu'il y a là-dedans ?

En réalité, un sourire s'était dessiné sur son visage, il est vrai que le bonheur se montrait assez communicatif, et cette chose implantée dans une personne en procurait énormément. C'était à ne pas en croire ses yeux, totalement inattendu. Non, Lydia n'en revenait pas, mais la joie l'envahissait tout de même.

Layla était bien enceinte, de toute évidence, même au premier coup d'oeil il n'y avait plus de doute à cela. Elle allait faire naître cette chose de son union avec Ryan, et en semblait particulièrement fière. Dans le fond, Lydia s'attendait bien à être aussi surprise, comme elle l'avait déjà pensé durant le trajet vers cette villa, son amie avait une vie très mouvementée, et donc riche en nouveautés. Pour l'heure, elle ne pouvait que la féliciter pour cet heureux événements.

- Alors félicitations !

Je déteste pourtant les parents, ceux qui donnent la vie mais d'une manière ou d'une autre la gâche aussi. Bien sûr, j'ai conscience qu'ils ne sont pas tous comme ça, et sans aucun doute que Layla fera une merveilleuse mère, mais je ne peux m'empêcher de repenser aux miens. De fil en aiguille, la discussion m'a menée vers cette pensées. Je sens mon corps se charger d'électricité à cette idée même, à cette image de leur visage. Je respire calmement. Je peux encore me contrôler, et ils ne seront plus jamais capable de me faire du tort.

Les deux femmes passèrent la porte, en effet, depuis le temps, chacune avait vécu de son côté et ainsi amassé quelques nouvelles à communiquer. Mais pour l'heure, Lydia préférait écouter son amie débattre de ce qui avait bien pu se passer dans sa vie depuis leur dernière rencontre, plutôt mouvementée.

Quant à moi, je n'avais aucunement envie d'aborder le sujet de ma disparition. Que pouvais-je conter là-dessus ? Mes parents m'ont droguée, enchaînée, épuisée physiquement et mentalement dans le but de me rééduquer ? Parce que j'étais devenue un monstre à leur yeux ? Allais-je devoir évoquer la manière dont j'ai pu m'enfuir de leur oppression ? Non, je n'allais pas aborder ce sujet, trop sensible, trop dangereux. J'aurais été fichue d'accueillir un grand sourire pendant que je raconterais leur sort. De faire jaillir mon pouvoir au rythme de mes pulsions, qu'elles soient pleines de sadisme, ou de colère.
J'étais seulement partie retrouver ma grand-mère suite à ce besoin criant de me ressourcer, de me reposer. De ce fait, je n'avais pas pris le temps de donner la moindre de mes nouvelles. Mais elle, avait-elle cherché à en avoir de moi ? Je n'avais aucun moyens de le savoir, si ce n'était ses aveux, ou des excuses fuyantes qu'elle pourrait me faire. Je n'avais cela dit aucune rancœur, puisqu'elle aurait pu penser la même chose de moi. En effet, pour elle, il était possible que je n'eus donné pas plus de mes nouvelles, ou pire, se pouvait-il qu'elle m'en eut envoyés mais qui m'ont échappé suite à ma captivité ? Je n'étais pas en mesure de lui en vouloir, puisque je ne savais pas.

Layla savait accueillir les gens dans sa demeure, elle était de très bonne compagnie, se conduisait de manière douce et calme, proposait le confort et quelques rafraîchissements. C'était réellement reposant. Pourtant à présent, elle était enceinte, de ce fait, les rôles auraient du s'inverser. En effet, elle aurait du être celle qui se faisait dorloter plutôt que de prendre soin des autres.
Installée confortablement sur son canapé, Lydia refusa toute boisson, d'une part, car elle ne voulait pas que son amie se dérange, mais aussi d'autre part, tout simplement car elle n'avait aucune envie particulière.
L'heure de parler du passé approchait, elle allait bientôt sonner. Jadis, l'étudiante aurait pu être très stressée pour ce genre de chose, mais aujourd'hui elle abordait cela avec un grand calme, en effet, mentir, elle savait le faire, elle excellerait si cela avait été son métier.
Aussi, elle se contenta de sourire après avoir décliner l'offre, et enchaîna sur les paroles de son amie.

- Non, ne t'en fais pas, je ne veux rien. Bien, par où commencer ? Ah, je sais... Par ça ! Dit-elle en pointant son ventre gonflé du doigt. Dis moi tout, un garçon ou une fille ? Un prénom ? Il était désiré au moins ? Murmura-t-elle, les yeux complices, au cas où le futur bébé entendrait sa dernière question.

Il était fort probable que ce ne soit de base qu'un accident, et que par la suite, il se soit avérer que cela avait plus un goût de surprise. Mais il était également possible que les deux tourtereaux aient cherché à mettre au monde la petite crapule que Layla devra porter durant neuf longs mois. Par ailleurs, elle n'avait pas vu le temps s'écouler, là où elle était, ainsi, elle ne pouvait savoir avec exactitude combien de temps avait duré son absence. Cela dit, elle restait bien étonnée de voir l'avancé de la grossesse. Persuadée de ne pas avoir quitté la ville un si long moment.
Déboussolée comme elle avait pu l'être, il était fort possible que trois, cinq, ou encore un an ou plus s'écoule sans qu'elle ne s'en soit rendu compte. C'était malheureux, de perdre ainsi une partie de sa vie, d'être dans le flou, et de ne pas savoir depuis quand. Mais la sorcière comptait bien remédier à ce sentiment. Non, le temps perdu ne se rattrape jamais, mais il est clair qu'elle pouvait profiter plus que d'ordinaire des autres minutes qui allaient enfin s'offrir à elle.

Pour Lydia, c'était clair, si elle tombait enceinte elle avorterait. De toute évidence, il n'y avait aucune raison que cela arrive, mais eil était hors de question q'un gamin vienne ruiner sa vie. C'était beaucoup de contrainte qu'elle n'assumerait pas, et ne saurais gérer. Ces choses-là, ça se nourrit, ça se lave, ça se fait éduquer. Puis avec énormément de malchance, il aurait des pouvoirs dont il faudra lui en apprendre le contrôle. Non, impossible. Elle n'avait pas besoin, ni envie de ça dans sa vie, d'un parasite. Elle serait une si mauvaise mère.
Ainsi dont, son amie attendait un garçon, si elle devait choisir, dans le plus grand des désespoirs, elle aurait aussi préféré retrouvé une kekette collé entre les jambes de son gamin qu'autre chose, en effet, elle se voyait davantage apprendre quelques conneries à un garçon teigneux qu'à une fille. Mais la question ne se posait pas.
Puisque le nom était inconnu, il fallait pouvoir le nommer autrement que par "gamin" "monstre" "chose" "truc", avec un grand sourire, qui ne l'avait par ailleurs pas beaucoup quitté, Lydia s'exclama.

- Oh si c'est un secret pas de problème, dans ce cas je le nommerais "Bidule" le temps qu'il porte un prénom. C'était mignon, Bidule, ça sonnait bien, la sorcière trouvait que c'était un joli mot.

Mais le sujet s'orienta vers sa personne, elle savait que cela allait arriver, et elle ne redoutait pas vraiment ce moment. S'étirant, et prenant un air un peu fatigué, après tout elle n'avait pas beaucoup dormi, l'étudiante se fit un peu craquer le dos avant de répondre.

- Mes pouvoirs partaient en couille, enfin, en cacahuète, n'apprenons pas de mauvais mots à Bidule. Du coup, je suis soudainement partie chez ma grand-mère, en compagnie de mes parents, histoire de mieux contrôler tout ça une bonne fois pour toute. Puis au vue des événements passés... Il fallait bien que je me ressource. Si ça peut te rassurer c'est bon ! Mon pouvoir est OK, et je le contrôle mieux que jamais, et ça m'a fait beaucoup de bien. D'ailleurs, ça va mieux avec ton pouvoir ?

Elle se souvenait de cette fois où toutes deux s'étaient retrouvées et que Layla craignait sa magie. Depuis, les autres rencontres n'avaient pas prêté le meilleur contexte afin d'en discuter et d'en voir les avancés. Il fallait donc remédier à cela maintenant. Bien que, Lydia pensait fortement que si son amie avait décidé de garder Bidule, 'est qu'il devait être sans danger avec elle, et donc avec sa magie.  

Ce que les parents pouvaient être vieux jeu lorsqu'il s'agissait de leur enfant, d'un côté, il fallait bien avouer que "Bidule" ça ne pouvait pas plaire à tout le monde. Il est vrai que ce mot avait une consonance plaisante, mais ça n'en restait pas moins un synonyme de chose, truc, machin-chouette. Aussi, Layla lui demanda de s'en tenir à "le bébé", qui était plus sobre, et sûrement plus adapté à ce qu'elle avait dans le bide. Quoi qu'à l'heure actuelle, pouvions nous dire que cela ressemblait vraiment à quelque chose ? La sorcière n'y connaissait pas grand chose en maternité, pour elle, dans le ventre il s'agissait d'un bout de chair déformée, et une fois sortie ... Ce n'était pas plus beau non plus. Néanmoins il fallait bien avouer qu'après avoir été lavé et vieilli de quelques jours, ces petites choses possédaient bien un côté attirant, disons même mignon, mais si ce mot lui écorchait les lèvres.

Son histoire passa simplement aux oreilles de son amie, qui continua la conversation en répondant aux questions de Lydia, et ainsi les éloignèrent du sujet qu'elle voulait de toute évidence. Elle pouvait néanmoins se vanter de n'avoir constituer une réponse en réalité vague, et cachant bien la réalité, avec de nombreuses parcelles de vérité.  Le tout dans une enveloppe de cohérence.

Si elle avait pu apprendre à contrôler sa magie, il semblait qu'elle ne fut pas la seule. De plus, Layla pouvait se vanter d'avoir récupérer un autre pouvoir. Les prémonitions plutôt "nocturnes". Sa grand-mère avait également ce type de pouvoir, et elle pouvait se souvenir que c'était à cause de celui-ci qu'elle avait fini par être attrapée. Semblerait-il qu'elle vit à quel point sa petite-fille était devenue instable. Aussi, l'étudiante portait une certaine amertume pour ce don qui lisait au delà de l'intimité du futur.
Le bébé, quant à lui, semblait partager avec sa mère un pouvoir qu'elle jugeait plus intéressant. Ainsi, ce fut davantage de l'émerveillement qu'elle eut dans le regard, lorsqu'elle vit cette flamme glacée sortir de la paume de son amie. Applaudissant le bébé, elle continua de se montrer admirative de ses talents.

- Hey, Bébé s'entraîne déjà dans ton bide ! Il perd pas de temps lui.  

Finalement, si avoir un gamin dans son ventre pouvait donner momentanément plus de puissance, ce n'était pas négligeable. Mais il s'agissait bien de sa seule motivation pour accepter de porter ce genre de chose. Dans ses pensées, en imaginant quel nouveau pouvoir cela pourrait lui apporter, elle releva le visage d'un coup pour croiser l'air inquiet de son amie. Peut-être que son nouveau pouvoir de prémonition pouvait faire croître la justesse de ses intuitions, aussi, elle se doutait probablement lorsqu'un individu lui cachait des informations. Mais puisqu'elle ne posait pas de question, et c'était une qualité que de ne pas être trop curieuse et de respecter ce que les personnes voulaient passer sous silence, Lydia ne retourna pas sur le sujet.
Il ne lui semblait pas avoir déjà su que son petit ami était un Hellhound, ou l'avait-elle oublier ?
Dans tous les cas, que pouvait donner un mélange de ces deux races ? Dans quel camp serait davantage l'enfant ? Ce ne fut pas une question qui resta longtemps en sourdine.

- Du coup, il sera quoi ? Plus sorcier ? Je n'ai que très peu entendu parler de la race dont fait parti ton copain, je ne sais pas vraiment ce qu'ils font, ni le poids de leur magie sur l'ADN d'un bébé. Ca va donner quoi tout ça ?

Lydia se sentait un peu à la ramasse, par ailleurs, il était clair qu'elle l'était. En effet, en partant ces espèces étaient encore peu connus pour elle, et après un tel temps d'isolement, elle revenait dans un monde un peu évoluer. Les changements sont rapides, elle ne pouvait pas tout suivre et rattraper son retard si facilement. Il y avait tellement de chose qu'elle ne savait pas. De plus, l'étudiante n'avait pas non plus, ne serait-ce qu'une fois, rencontrer ce Ryan. Aussi, il était difficile de mettre un visage sur ce prénom. Mais il restait tout de même amusant que la glace sorte avec le feu. C'était un sympathique mélange, assez romantique.
Roh, le romantisme, cela faisait bien longtemps qu'elle était passée au-dessus pourtant.

Je n'aimais pas cette façon qu'elle avait de me regarder, comme si elle essayait de lire en moi, de décrypter un code que je lui lançais. C'était agaçant, je ne voulais pas avoir à supporter ces yeux encore longtemps. Je me sentais comme un énigme qu'on voulait percer à jour, et toutes ces suppositions qu'elle devait se faire dans ses pensées... Je ne préférais pas l'imaginer. Je gardais néanmoins un air le plus serein possible, comme si je ne me doutais de rien, comme si tout était normal. Il est vrai que je me sentais normale, je n'étais que moi, le véritable parasite de l'histoire avait été ce que je pus demeurer avant. Ne fallait-il pas se réjouir que je sois si proche du but dans ma quête identitaire, quand bien même mon "moi" serait obscur ? De plus, on ne pouvait pas dire que j'avais l'air bien sadique en ce moment-même, alors que je parlais maternité et fiançailles avec une amie.
Je ne fus pas non plus surprise par cette dernière nouvelle, mais davantage par le fait qu'elle allait avoir besoin de moi. Pourquoi faire ? Je savais qu'un mariage, c'était de la préparation, un enterrement de vie de jeune fille, un témoin, et plein d'autres niaiseries, cependant, alors qu'elle était encore enceinte, et pas dans ses débuts, je ne voyais pas ce que la question allait faire si tôt. Ne serait-ce pas mieux d'attendre de dégonfler avant de rentrer dans une jolie robe de marier ? Quoiqu'un gamin né hors union... Ça pouvait être mal vu aussi. Mais cela ne m'avançait pas.

Lydia regarda la bague de son amie, elle était jolie, raffinée, c'était un beau bijou. Ses mains, quant à elles, n'en portaient pas. Bien sûr, elle aimait enfiler quelques colliers et autres inutilités par moment, mais au quotidien, il s'agissait de choses qu'elle trouvait vite gênante.

- Besoin de moi pour quoi faire ? Demanda-t-elle, comme elle y avait pensé plus tôt, plusieurs possibilités s'ouvraient lorsqu'elle lui annonça cela, aussi, que voulait la future mariée exactement ?

Lydia se sentait jeune, peut-être trop pour penser à tout cela. Il aurait déjà fallu qu'une personne l’intéresse, mais ce n'était pas le cas. Mariée et mère avant 30 ans, cela n'avait rien de dérangeant à ses yeux, ce n'était juste pas ce qu'elle prévoyait pour son avenir, ou pour sa vie entière d'ailleurs. Elle rêvait d'aventure, de sang, de puissance, de danger, pas de couches, d'éducation, et d'amour à donner.