Ainsi, j'ai un ami
Edriss & Gregory

Edriss eut un sourire arrogant en entendant Gregory lui dire qu'il n'était pas un sorcier normal. De fait il aimait qu'on flatte son ego alors cela lui allait parfaitement.
mais c'est vrai qu'il n'était pas un sorcier normal. Après tout, il était un maître des potions implacable.

Par la suite, il écouta ce que Gregory avait à dire sur ses raisons qui pouvaient le pousser à faire ça.
Edriss ne comprenait pas. En somme il 'y avait pas vraiment de raison sinon celle de vouloir aider Edriss. Chose que le sorcier peinait clairement à comprendre.
Il passa une main sur son visage, du côté blessé. Quand Greg demanda si Edriss avait peur de lui, le sorcier se rassenera et le fusilla un peu du regard. Edriss, avoir peur de quelque chose ? Jamais ! Et surtout pas d'un autre sorcier.
Même si Gregory avait dit ça en riant, Edriss ne trouvait pas ça drôle.

- Je n'ai pas peur de toi. Je m'interroge juste. La dernière fois qu'on m'a proposé de l'aide ça s'est très mal fini.

D'ailleurs s'il attrapait cette maudite Annabelle... il lui ferait la peau sur le champ. C'était la faute de cette fille depuis le début. Terminant sa tasse avec rage à cette pensée, Edriss songea au fait que deux cafés suffiraient pour le moment. Il se cala contre sa chaise en observant Gregory.

- Alors j'espère pour toi que tu ne feras pas la même chose. Ce pourquoi je m'interroge sur les raisons de cette aide. C'est tout. Pour être sûr que je peux croire que tu me seras utile.

Il était clair qu'Edriss refusait d'utiliser le mot "confiance" dans ce genre de cas.

- Maintenant peut on changer de sujet ? Celui là m'irrite réellement.

Ainsi, j'ai un ami
Edriss & Gregory

En fait, à bien y réfléchir, Edriss était fatigué. Cela faisait soixante douze ans que ses pieds frôlaient cette Terre, et jamais il n’avait pensé à rien d’autre qu’à conquérir le trône des enfers, et à s’en amuser. A présent que le trône avait retrouvé son roi implacable et invincible, et qu’Edriss se savait loin d’être en mesure de l’affronter…Et bien, c’était comme si toute sa détermination s’était envolée. Il se faisait las. Et à moins d’être tenu par cette envie de survie qui l’empêchait de s’ennuyer…Edriss s’ennuyait.

Il écoutait vaguement Gregory, le nez dans sa tasse vide, l’air ailleurs. Il l’entendit lui parler de vacances. C’est vrai. Des vacances permettaient toujours à la personne de repartir soudain d’un meilleur pied. Des vacances. Où il n’aurait rien d’autre à faire qu’à se détendre sans personne pour l’enquiquiner. Ni élève stupide, ni élève intelligente ou insolente, ni démone roublarde ou père enquiquinant. Personne.
Penser à lui. Il était étrange pour Edriss de se dire qu’il n’avait de cesse de penser à lui, et que pourtant, sur le coup, cela faisait longtemps qu’il ne l’avait pas fait. Il laissa échapper un soupir de fatigue :

- …Oui. Des vacances seraient parfaites… Si j’avais le temps.

Parce qu’à chaque fois qu’il pensait pouvoir se reposer il se retrouvait à devoir faire face à un obstacle, ou bien, il se consacrait à son travail, à ses recherches, à ses études, à son apprentissage. En soixante-douze ans de vie, il n’avait jamais eu guère de vacances. Mais à présent qu’il se sentait las de tout ce qui l’entourait, cela pourrait peut-être le détendre, oui.

- Il faut que j’y pense… Peut-être. Quand je me serais débarrassé de toutes mes contraintes.

Il regarda Gregory, tournant enfin son regard vers lui, alors qu’il se trouvait juste en face :

- Mais je sais qu’il y aura toujours un abruti pour venir les briser.

Comme une élève insistante et un peu trop présente dans ses pensées. Ou son père. Tout simplement.

- C’est vrai que je suis fatigué, néanmoins. Fatigué de tout ce qui me tombe sur la tête, et de tout ce à quoi je me consacre depuis tant d’années.

Parce que ça ne menait plus à rien. Mais qu’Edriss n’avait pas envie de se renouveler, de renoncer à ce trône qu’il désirait depuis trop longtemps.

- Si seulement Lucifer ne s’était pas réveillé.

Edriss aurait pu prendre le trône. Edriss n’aurait pas eu de problème avec son père. Quand il se rendit compte qu’il reparlait du mauvais sujet, il grommella.

- Et si au lieu du café, on prenait plutôt de l’alcool.

Il avait envie de se vider l’esprit, quitte à le faire stupidement par l’alcool.

Ainsi, j'ai un ami
Edriss & Gregory

Quand Edriss parla de vouloir de l’alcool, Gregory paru réagir, supposant connaître un endroit où il y en aurait. Le sorcier se rasséréna en se disant qu’il allait pouvoir boire. Au pire des cas, il aurait tout de même trouvé le moyen d’une façon ou d’une autre, pour se procurer de quoi embourber son esprit suffisamment pour être mieux.

Il paya son addition rapidement, opinant de la tête pour la proposition de Gregory. Il se leva, et le suivit jusqu’à l’extérieur, grimpant dans le taxi. Une fois à l’intérieur, il laissa son allié s’adresser au chauffeur pour l’endroit où ils se trouvaient.

- Je vais boire un peu et ensuite…Je reprendrais là où j’en étais.

Parce qu’il n’avait pas de temps à perdre de toute façon. Malheureusement. Il observa le paysage par la vitre, et remis correctement sa cravate – parce qu’Edriss était toujours en costume -. Il regarda sa montre aussi. Calculer le temps qu’il aurait perdu. Calculer celui qu’il allait devoir rattraper en nuit blanches diverses. Le sorcier s’interrogea sur le temps de sommeil qu’il possédait depuis que Paimon l’avait massacré. Il dormait à peine trois heures maximum par nuit… Il était au bord du rouleau, mais se gavait de potions pour tenir.

Seulement, son stock allait bientôt s’épuiser, tout comme son délai si court. Toutes ces mauvaises nouvelles se paraissaient sur son visage soigné, puisqu’il ne cessait de froncer les sourcils, et que tout son corps et sa face étaient tendus au possible. Oui, des vacances seraient vraiment l’idéal, s’il s’en sortait. Il était complètement ailleurs, et n’écouta même pas si Gregory s’adressa à lui ou non.
Le taxi s’arrêta jusqu’à l’endroit dont avait parlé Gregory. Edriss sortit de la voiture et laissa son future partenaire de beuverie, payer.

Il se leva et observa l’endroit, avant de rentrer avec un air tout de même morose. Mais bon, tant qu’il allait pouvoir boire…

Ainsi, j'ai un ami
Edriss & Gregory

Edriss se laissa emmener dans le club. Bon déjà, le choix du lieu était sympathique. Un endroit, en somme calme, et en prime, qui avait un peu de gueule, et qui ne ressemblait pas à un truc de pauvre. Bon, de fait, avec sa tronche défigurée, c’était le sorcier blessé qui abordait une sale face.
Mais qu’importe, tant qu’il pouvait être au calme. Il commanda de quoi se remettre les idées en place tout en les embrouillant en même temps, et resta un peu dans sa tête. Il aimait ce silence, et il appréciait ce lieu. Il entendit Gregory lui parler, et écouta. C’est vrai que c’était un lieu agréable. Il retiendrait l’adresse.

- Ouais… C’est agréable, comme endroit. Je retiens l’adresse.

Edriss se saisit de son verre et le termina d’un seul coup. Prendre un shot dès le début n’était en soit, pas une très bonne idée, mais l’agacement auquel il faisait face, le forçait à boire autant.

- Je préfère les endroits calmes et luxueux, aux tavernes, comme tu dis. Me mêler au peuple, n’est pas mon truc, de base.

A force d’avoir accumulé les richesses, Edriss était devenu un peu un riche. Son appartement tenait sur un étage, et il s’était épris de la gastronomie, et des avantages du luxe. Alors ce lieu, bien qu’il ne fût pas aussi riche qu’il l’aurait pu, lui convenait parfaitement.
Edriss commanda un nouveau verre et se tint la tête avant de consulter sa montre :

]- Bon…encore une vingtaine de minutes, et je retourne dans mes recherches.

Le temps s’écoulait trop vite.

Ainsi, j'ai un ami
Edriss & Gregory

Il était navrant de se dire qu'on ne pouvait même pas se détendre dans un lieu fait pour. Edriss détestait toutes ses sensations de stress mais cela faisait plusieurs jours qu'il vivait avec. Comment aurait-il pu faire différemment ?
Edriss regarda le nouveau verre à sa disposition.
Ce que disait Gregory n'était pas tout à fait faux. Mourir de stress n'était pas réellement la solution.
Il soupira, et s'assit moins droitement que précédemment.

Pour la fin du discours il fit une grimace. Il détestait qu'on se moque de lui ainsi mais pour le coup, il était vrai que ces jours ci, même marcher devenait difficile.
Néanmoins, Edriss résista à l'envie de balancer le contenu du verre sur Gregory.
Il l'enviait de pouvoir vivre sans panique. De pouvoir en ce moment même se détendre sans trop de problèmes. Edriss termina son verre aussi rapidement que le précédent et il posa sa tête contre le dossier du fauteuil, observant le plafond.

Lui qui avait tout obtenu en un claquement de doigt, détestait tellement cette sensation de ne rien pouvoir obtenir. Lui qui avait passé tout son temps à se détendre et à se moquer des gens, se retrouvait bien puni à présent.
Edriss enleva soudainement sa montre et la jeta plus loin. Avec ça il saurait se détendre du moment qu'il ne regardait pas son téléphone. Sa montre avait un certain prix, mais qu'importe.

- Arrête de te foutre de moi et buvons quitte à faire.

Edriss fit en sortir d'obtenir un nouveau verre. De toute façon qu'importe le prix, il pourrait le payer.

Il vida son nouveau verre tout aussi vite que les autres et sentit que l'alcool commençait enfin à sérieusement s'infiltrer dans son sang.
Oh...tant pis. Il dénoua soudain sa cravate, comme pris d'un ras le bol de devoir la porter et ouvrit même légèrement sa chemise d'un ou deux boutons. Là il était détendu. L’alcool devait légèrement aider.
Son regard se tourna vers Gregory. Edriss avait fait en sorte de se détendre. Il ne savait même plus qu'elle heure il était. Il craquait un peu mais sûrement qu'entendre Gregory lui dire de se détendre l'aidait à se détendre justement.

(Ou le fait que je sois fut coincé dans un bus à cause de bouchon et que ça fasse faisait une heure que je suis j’étais debout, doit aider un peu aussi (Au final, je suis resté dans ce foutu bus pendant 2h30 environ :’D J’ai fini par m’asseoir (c’était ce matin))

Ainsi, j'ai un ami
Edriss & Gregory

Alors qu’Edriss se détendait, un autre sujet de stress revint sur le tapis. Le travail. L’image de Lydia lui revint en tête. Cette élève insolente, qui paraissait pourtant timide de base… Il n’écouta pas vraiment le reste de ce que Gregory pouvait bien raconter, trop préoccupé à repenser à Lydia. Alors qu’il se rendit compte que cette fille restait dans sa tête, il secoua la tête, mécontent d’y penser, et entendit la question le peace’n’love… Il hocha un peu la tête.

- Oui. Il faut faire le bien, tout ça… J’apprends à ces débiles à faire des potions de soin, de bienfaisances… Enfin, au moins je garde mes recettes sur les poisons pour moi. Mais certains sont plus intéressants que d’autre. J’ai même un apprenti.

L’image de Zyan lui revint en tête. C’était un apprenti sympathique dans la mesure où il n’était pas turbulent, qu’il était calme, et avait de bonnes idées. En somme, partager des choses avec lui, avait quelque chose d’agréable. Edriss repensa au fait que Zyan faisait partie des gens qu’il avait aidé à être enlevé pour le réveil de Lucifer…Et forcément cette connexion ne lui plu pas, aussi fit il la tête pendant un instant avant de repenser à Lydia. Même lui se demanda pourquoi elle revenait si souvent dans ses pensées. Il secoua à nouveau la tête, se pinçant le nez :

- Certains savent très bien se défendre…Grinça-t-il en songeant à sa dernière rencontre avec Lydia. Et d’autres, sont tellement nuls…Surtout dans mon cours… J’en ai…Mais ils sont tellement médiocres. Pas capable de même faire une potion de base quoi. Ca demande juste à mélanger deux ingrédients, mais non. Y en a un, il a réussi à oublier qu’il devait surveiller l’heure, alors que c’était la seule contrainte… Mais ce gamin passe son temps à pas venir en cours, ça aussi c’est irritant…

Edriss se rendit compte qu’avec Gregory, il pouvait parler de ce qui le dérangeait en cours, et finalement, songea au fait que cela l’aidait à se détendre, et que ce n’était pas si mal…

Ainsi, j'ai un ami
Edriss & Gregory

Edriss fut tout aussi surpris d’apprendre que Gregory avait un apprenti. Il savait que tous les deux avaient un sacré caractère qu’il fallait se supporter, mais Edriss était plus « tendre » en tant que professeur. Alors que Gregory ne faisait pas partie de l’Institut, donc il se fichait bien de faire souffrir les gens autour de lui.
En plus, son allié paraissait avoir récolté une chose pas très bonne, si son apprenti n’était pas très doué. Même avec du potentiel, il arrivait que ce potentiel ne se développe jamais.
Edriss songea à son propre apprenti, qui pouvait se permettre de porter ce terme, vu qu’il avait des conseils intéressants.

- Un de mes élèves…Un sorcier prometteur, au vu de la qualité de ses potions, et du fait qu’il y mette sa propre touche…

Gregory demanda à Edriss s’il y avait des autres choses qui l’énervaient. Il réfléchit un instant. Il eut un petit sourire en entendant Greg parler de ses collègues. Comme il le comprenait.
Alors qu’il réfléchissait à ce dont il pouvait bien parler, l’image de Lydia lui revint en tête.

- …Ce n’est pas que ça m’énerve, quoique ça m’énerve carrément…Mais il y a cette élève, qui paraissait timide, et qui s’avère être plus insolente que jamais et qui… A ce don pour virer dans un côté mauvais qui… Me plait.

On sentait toute l’appréhension qu’Edriss pouvait ressentir envers cette fille qu’il ne voulait pas apprécier. Parce qu’elle l’amusait, mais elle l’avait quand même traité comme rien, et méprisé, lui qui détestait ça. Lui qui aimait qu’on le respecte, qu’on soit apeuré par sa prestance.

- Même si c’est une insupportable fille qui a osé me mépriser et me désobéir.

Il cracha ses mots, pourtant avec un plaisir non dissimulé dans ses yeux. Mais sûrement ne prenait-il pas conscience de ça.

Ainsi, j'ai un ami
Edriss & Gregory

D’accord, ce qu’il éprouvait pour Lydia avait quelque chose de particulièrement ambigu. Mais les réactions de la demoiselle, son étrange mépris, son étrange changement, avait quelque chose qui savait lui plaire sans trop réfléchir. C’est vrai qu’Edriss avait tenté de se faire obéir de cette fille, lui vidant la moitié de son sang, la faisant souffrir le martyr. Mais rien de tout cela n’avait paru marcher, puisqu’elle avait tenu jusqu’au bout, avec cette lueur de défi qui ne semblait pas vouloir partir de ses yeux. Quand Gregory parla des lois de l’école, Edriss se rappelait du passage où elle lui avait dit qu’elle ne dirait rien. En fait, il se rendit vite compte que Lydia semblait avoir pris la plupart de la place de ses pensées, et il n’aimait vraiment pas ça.

Et puis…Gregory continua dans sa lancée. Quand il parla du fait qu’Edriss ne la punissait pas parce qu’elle l’intéressait, c’était faux. Il avait tenté de la punir, mais avait échoué. Seulement, son allié n’en resta pas là.

- Tu serais pas tombé sous le charme de cette rebelle?

Ce fut comme si suite à cette phrase, Edriss cessa d’écouter. Il ouvrit grand les yeux, un frisson d’horreur le parcourant de long en large en travers, tandis qu’une désagréable impression le poursuivait. Tomber sous le charme de Lydia ? Jamais ! Jamais au grand jamais, Edriss ne s’abaisserait à tomber sous le charme de quelqu’un. Surtout pas maintenant, surtout pas en ce moment, surtout pas…Parce que ça ne servait à rien, sinon à rendre plus faible.
Edriss secoua la tête, mais au lieu d’en rire, il semblait clairement énervé :

- Je ne suis pas sous le charme de cette fille.

Elle l’intéressait c’est tout. Il n’y avait que ça. Rien que ça. Pas plus. Pas moins. Pourquoi aurais-ce été différent ?

- Je ne vais pas coucher avec elle, elle a un peu d’intérêt à mes yeux, mais je m’en fiche complètement.

Edriss ne s’en rendait sûrement pas compte, mais on pouvait lire dans ses yeux, une toute autre chose. Cette appréhension d’aimer, cette colère d’aimer, cette haine de devoir aimer. Aimer n’était pas fait pour lui, alors mieux valait-qu’il fasse tout pour ne jamais aimer. Non ?
Il prit un nouveau verre, et l’acheva d’une traite, sentant un peu plus l’alcool filtrer dans son esprit, commençant lentement, mais sûrement, à l’embrumer.

- Regarde, avec tes conneries, je suis en train de me saoûler.

Son ton était plus sec qu’il n’aurait pu l’être, mais le sujet de Lydia l’énervait à présent. Il n’avait pas envie d’y penser.