Le corps humain était faible. Voilà ce que se disait Morgan en ce moment, qui vivait la nuit et dormait le jour. Avec seulement une nuit blanche, le mutant s’était retrouvé totalement déréglé, vivant à l’inverse de son cher coloc. Ainsi, lorsqu’il se réveillait aux alentours de 23heures, le blond préféra quitter sa chambre pour laisser la petite vermine dormir tranquillement. Même s’il adorait l’embêter, le sommeil était une chose sacrée pour lui. Ce sale gosse avait de la chance. C’est donc dans un silence d’or que le Collins s’empara de sa veste et l’enfila. Alors que ses pas le dirigeaient vers la porte de sa chambre, il se figea, observant William dormir paisiblement. Un sourire s’afficha sur son visage. Will dormait comme un ange. Bon, en fait, vu le nombre de fois ou Morgan se réveillait en sursaut à cause des réveils scrupuleux de ce sale gamin… Le blond s’empara de son coussin avant de le balancer sur le mutant qui dormait. Sans attendre, Morgan sortit de la chambre, fermant doucement la porte, fier de sa bêtise.

L’idée était de rester dans le batiment. De jouer à James Bond, évitant à tout prix les surveillants et leurs heures de colles. Il en avait bien assez en ce moment, avec ce fichu professeur d’arts. Que dire aussi des nombreuses fois ou il s’était fait attraper dans l’enceinte de l’institut en dehors des heures règlementaires. Mais même si ces retenues s’accumulaient, le mutant s’en moquait bien. Rien ne pouvait empêcher cet oiseau d’ouvrir ses ailes et de profiter de sa liberté. C’était virevoltant qu’il foulait les longs couloirs du batiment à la recherche d’une activité. Son téléphone ne semblait pas être décidé à vibrer. Tous les correspondants à qui il avait envoyé un message semblaient déjà profondement endormis. C’était nul. A quoi bon profiter de la nuit s’il devait profiter d’elle seul ?

Bientôt, ses pensées se penchèrent sur son passé. Lors de ses années de chimiste, plus précisement. Lorsque ses doigts agiles manipulaient avec attention une multitude de produits corrosifs, dangereux ou tout simplement bénin. Quand les petits nouveaux de l’entreprise s’étonnait de voir un tel casse-cou entouré de tels expériences. L’atypique même. Et Morgan en jouait. Il faisait l’idiot avec. Faisant semblant de renverser une trop grosse quantité du produit A dans un produit B, faisant semblant de renverser un mélange par terre ou encore, faisant semblant de boire l’une de ses mixtures. Les faux-semblants. Le bon vieux temps. Le sourire gravé sur son visage, il soupira, regrettant son ancienne vie. De chimiste pour le compte du gouvernement, il se retrouvait dans un institut, comme un pauvre élève, devant prendre un nouveau départ dans un nouveau monde. Comme si tous ses anciens diplomes ne signifiaient rien. Comme si toutes ces années n’avaient servi à rien.

Pourquoi pensait-il à ça soudainement ? Bien que rêveur, Morgan était plutôt du genre à penser à ses bêtises et aux bons moments. Pourquoi son cerveau lui renvoyait des images de son regrettable passé ? Son inconscient le savait. C’était avec une certaine facétie que ses pieds avaient marchés en direction de la salle d’étude. Il avait atteint le bout du chemin. Son inconscient l’avait mené là où il le voulait. Il venait de réveiller la conscience du mutant, qui observait l’endroit qui l’entourait. Une telle chose lui arrivait de temps en temps : dans une sorte d’auto-hypnose, il se dirigeait vers un lieu ou un quelque chose d’intéressant. Cette fois, l’Odorat s’était joint à ce plan, le menant jusqu’à une pièce d’où se dégageait une odeur de souffre, odeur bien trop connue.

De la lumière trahissait –en plus de l’odeur- l’occupant de la salle d’étude. On y faisait de la chimie ? Plutôt des potions, supposa Morgan, se rappelant le contexte de cet établissement. Figé devant la porte, il se questionnait sur le squatteur nocturne. Un professeur ? Dunkle peut-être ? Cette idée partit vite à la poubelle : Il avait son propre laboratoire. Ne trouvant pas d’autres visages, Morgan finit par trahir son enquête en se dévoilant la vérité. Posant sa main sur la poignée, il finit par l’abaisser, priant pour ne pas croiser de surveillants. Il serait très mal dans ce cas. Avançant sa tête dans la pièce, son regard finit par croiser celui d’un autre élève qui était…

« Zyan ! »

Morgan sourit à pleine dents, rassuré de voir qu’il connaissait l’élève. Rentrant totalement dans la pièce, il referma la porte derrière lui et se dirigea vers son ami. Ce n’est qu’après avoir verifié que le sorcier ne faisait rien d’important avec ses mains, que le blond se permit de lui ébouriffer les cheveux.

« Ca fait plaisir d’te voir ! Qu’est-ce que tu fais là ? T’as pas peur de te faire prendre par un surveillant ? T’as le droit de faire des potions comme ça en dehors des cours ? Et c’est quoi d’ailleurs que tu prépares ? » enchaina le curieux, observant soudainement le livre, interessé par celui-ci. « Ca pue le soufre en plus. Tu devrais faire un léger courant d’air tu sais. Ca touche tout et n’importe quoi cette bêtise. Hormones, vision, système immu’, cœur, et j’en passe. T’es trop jeune pour avoir tout ça. T’as même pas de masque en plus. C’est comme ça que le Professeur Dunkle vous fait travailler ? » rajoutait-il, inquiet mais ne perdant pas son éternelle joie de vivre, un brin éreintante.

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Une impression s’immisça petit à petit dans l’esprit de Morgan : l’impression de gêner son ami. Fronçant légèrement les sourcils face à cette pensée qui lui parut bien bête, il fut obligé de constater que tout ça n’était pas que la simple réalité. Morgan eut l’impression d’être un enfant trainant dans les pattes d’un adulte. Qui était vraiment l’adulte dans la pièce ? Zyan apparemment, qui enchaina expressions et gestes assez simples à comprendre. Finalement, le blond n’y fit pas attention, haussant simplement les épaules même si d’un côté, voir son ami désireux de le dégager n’était pas agréable à ressentir et à admettre.

Il avait envie de rester. De profiter de son ami. Même si pour cela, il devait rester silencieux et l’observer. Il ne l’avait pas vu depuis si longtemps après tout. Ou était le mal à ça ? Malgré son âge, Morgan était encore un grand enfant qui avait besoin de ses amis et d’une certaine dose d’attention, même si pour cela, il devait porter l’étiquette du joyeux fanfaron toujours de bonne humeur.

Ainsi, comme toute réponse, Morgan balança un « non, j’me ferai discret, t’en fais pas. ». Suite à quoi il enleva sa veste qu’il déposa contre la porte au sol, empechant ainsi la lumière de s’échapper dans le couloir. Les surveillants seraient moins vigilants ainsi, s’ils l’étaient de temps à autre du moins. Se rapprochant de son ami, Morgan s’installa sur une table, faisant balancer ses jambes dans le vide.

« Tu sais que c’est pas mon genre de coller les gens… Enfin, si, mais seulement mes amis. Et… T’en fais parti et je m’inquiète un peu pour toi. Regarde-toi comme tu te renfermes juste en ma présence Zyan. Combien de temps ça fait qu’on ne s’est plus vraiment vus ? » demanda-t-il avec un petit rictus, seulement présent pour cacher une certaine amertume. Il s’humecta les lèvres, posant son regard sur le livre précédemment fermé par son ami. « Et quand je te retrouve, c’est tard, tu te caches et tu fais des potions qui puent le soufre. Je ne suis certainement pas un sorcier, donc j’ai aucune connaissance en potion mais… Mes anciennes études m’ont apprises que le soufre n’est rarement qu’un simple ingrédient. Le plus bénin que tu puisses en faire serait de l’insecticide. Ou de l’engrais. Du laxatif peut-être aussi. »

Il se gratta l’arrière de la tête, embêté. Lui qui avait promis d’être silencieux, le voilà qu’il s’emportait.

« Je sais que j’en ai l’air, mais je ne suis pas une si grosse buse que ça Zyan. » Morgan désigna de la tête l’ouvrage. « Si tu me montrais ton bouquin, je pourrais même peut-être t’aider. Un sorcier et un chimiste ne peuvent faire qu’un excellent duo. S'il faut que tu m'entraines dans tes petites magouilles d'Harry Potter pour que je puisse profiter de mon ami... Alors soit.»

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En fait, peut-être aurait-il fallut que Morgan reste dans sa chambre pour la soirée. Ou tout simplement qu’il fasse ce qu’il avait promis à Zyan : garder le silence et être discret. Chose qu’il ne fit pas, noyé par des flots et des flots de mots qui sortaient sans cesse de sa bouche et qui finit par énerver Zyan.

Le blond sursauta lorsque son ami balança une dernière fois son prénom, sur un ton plus qu’agacé. Ton que Zyan n’avait jamais vraiment utilisé face à Morgan, qui s’était tût aussitôt. Et c’est comme un garçonnet ayant fait une bêtise que Morgan commença à se faire sermonner. Les propos furent durs, mettant clairement Morgan dans une autre catégorie : celle des mutants. Tout dans ses mots semblaient vouloir les mettre dans ses cases et univers différents. Choses que Morgan ne faisait pas forcément. Même s’il comprenait les différences entre sorciers et mutants, jamais le blond ne s’était amusé à séparer distinctement ces deux genres là. Zyan, lui, ne se retint pas pour le faire, renvoyant son ami à sa place, place qui n’était pas derrière des potions ni au côté d’un sorcier.

Au fur et à mesure que le sorcier s’énervait, Morgan se sentait perdre son sourire. Son visage effectuait un crescendo de divers sentiments. La surprise, l’incompréhension, la triste puis… La colère. Les mains du mutants resserraient avec agacement le rebord de la table. Son regard ne lâchait pas le regard de Zyan, tout comme le contraire était vrai. Si le blond gardait le silence, son regard en disait long. Ne pas dépasser les limites. Voilà ce qu’ordonnait le regard insistant du blond, accompagné de sourcils froncés. Mais son ami les dépassa. Sans ses deux dernières phrases, le blond serait parti, tout simplement, attristé d’avoir eu affaire au comportement étrange de son ami. Mais là…

Morgan se laissa glisser de la table, posant ses pieds au sol. Réduisant sérieusement la minime distance entre son corps et celui de Zyan par son action, le sorcier et le mutant se retrouvèrent dans un face à face, se frolant l’un l’autre. S’humectant les lèvres, Morgan reprit enfin la parole :

« Mes "préoccupations de mutant". Merci mec. Je ne sais pas qui est le plus con de nous deux en fait. L’imbécile heureux que je suis qui veut juste t’aider ou le pauvre abruti que tu es, à me foutre l’étiquette « mutant » sur la tronche. Vas-y. Qu’est-ce que t’attends ? Fous moi à la porte. »

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Plus les secondes passaient –secondes qui semblaient interminables d’ailleurs- et plus Morgan voyait rouge. Il attendait que les coups commencent à tomber, de la part de son soit disant ami. Il attendait que ça soit lui qui commence. Comme pour se persuader à lui-même, qu’il avait fait le maximum pour rester calme et que si bagarre il y avait, tout cela aurait commencé à cause du sorcier. Mais ce dernier semblait se contrôler, contrairement à Morgan qui était en train de perdre le contrôle de la situation. D’un autre côté… Il regrettait déjà ses mots et la vulgarité employés il y a quelques instants. Dans l’esprit du mutant, actuellement, plusieurs envies s’écorchaient : celle de se battre. Celle de fuir. Et celle de s’excuser, d’arrêter tout ce qui était en train de se passer. Tremblant sous tant d’envies, sous tant de pression, Morgan resta figé face à la réponse du plus jeune.

Voilà que Zyan lui tourna le dos, reprenant son travail comme si de rien n’était. Comme si tout était normal. Morgan eut l’impression d’être nargué, d’être le seul à ressentir une certaine panique face à tout cela. Cette pensée continua d’avantage à le toucher émotionnellement.

L’incompréhension le gagnait. Qu’arrivait-il à son ami ? Ce n’était pas lui. Ce n’était pas Zyan. Il ne le reconnaissait plus. Dans ses gestes. Dans ses mots. Dans son regard.

Pas question de partir. Pas question de l’abandonner. Pas question d’être faible. Pas question de…

« CA SUFFIT BORDEL. »

Il voulait le faire taire. L’empêcher de dire de telles inepties. Ou bien était-ce peut-être la vérité après tout ? Il voulut contourner la table et plaquer Zyan contre le mur, pour le faire taire, pour lui faire regretter ses paroles, pour lui faire peur. Et c’est ce qu’il fit. Mais envahit par tant d’émotions, le déplacement se fit avec sa mutation. Se décomposant en milliards de molécules, celles-ci foncèrent sur Zyan, le propulsant droit contre le mur derrière lui.

La téléportation moléculaire du mutant bouscula de nombreux éléments sur la table. Plusieurs fioles remplies –ou non- étaient désormais renversées, mélangeant différents produits. Des morceaux de verres trainaient ci et là, sur la table comme au sol, entrainant diverses bruits, tandis que le réchaud continuait d’émettre sa flamme, dans le vide cependant.

Le corps du blond à nouveau formé, sa main gauche tenait le col du sorcier, tandis que son poing droit s’élevait en arrière, prêt à s’abattre sur le visage du benjamin. Tremblant, la respiration du mutant était difficile, tandis que sa mâchoire se resserrait. La main fermée du blond restée figée dans les airs, hésitante à s’abattre sur la cible. Cible dont Morgan ne lâchait plus le regard, dans une proximité connue il y a déjà quelques instants déjà.

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Tiraillé entre deux solutions, Morgan était momentanément perdu. L’envie d’abandonner ce combat déjà perdu, et l’envie de l’entamer. Se battre avec ses amis n’était pas dans ses habitudes, mais à vrai dire, le blond ne connaissait personne d’autre que Zyan avec un tel caractère dans son entourage proche. Le personnage qu’il menaçait de taper n’était pas le genre de personnalité avec qui le Collins avait l’habitude de s’acoquiner. D’habitude, c’était lui le mauvais caractère que personne ne voulait énerver. La situation sonnait comme inédite à ses yeux.

C’était l’appel de la rue, du sang, de l’adrénaline, des coups. Face à l’appel de l’amitié et des limites qui allaient avec. Zyan se mit à l’encourager à poursuivre son geste. Non. Il ne devait pas le pousser à commettre l’irréparable. Pourquoi faisait-il cela ? Morgan se sentait de plus en plus perdu face à la situation qui lui échappait totalement. Comment en étaient-ils arrivés là ? De milliards d’interrogations s’empilaient en plus de l’habituel duel du bien contre le mal dans l’esprit torturé.

Alors qu’il allait finalement fuir, le sorcier se rendit compte des dégâts matériels… Et Morgan en prit conscience également. Dans ce genre de situation ou les coups pleuvaient, le fond sonore n’était que facultatif dans l’esprit du mutant qui faisait plutôt attention à son adversaire. Lachant plusieurs secondes le benjamin du regard, il assista au spectacle qui ne pouvait qu’être triste aux yeux du sorcier. De nombreux produits se mélangeaient gaiement, additionnant leurs couleurs mais aussi leurs effets. Fronçant les sourcils devant ce qu’il avait produit, Morgan commença à baisser son poing menaçant. Les regrets commençaient à s’emparer peu à peu de son esprit, chassant toute idée de violence.

Il désirait retourner en arrière, ébouriffer une dernière fois la chevelure  du plus jeune avant de prendre la porte. Mais contrôler le temps n’était pas sa mutation. Les choses étaient désormais faites et les fioles étaient cassées métaphorisant leur amitié.  

S’excuser était la meilleure des choses à faire. Réparer les bêtises. Lui promettre qu’il retrouverait tous les ingrédients dès le lendemain. Qu’il ne le dérangerait plus. Lui prouver qu’il leur était possible de retourner en arrière d’une certaine manière. Mais avant que Morgan n’ait eu le temps d’annoncer quoi que ce soit, Zyan envenima encore plus la situation. Si les mots ne firent rien au blond, à par appuyer un peu plus sur le poids de la culpabilité qui l’habitait, ce fut le pouvoir du sorcier qui relança les hostilités.

Le mur contre lequel était plaqué Zyan commençait à s’effriter. Tout comme la peau de Morgan. Ressentant une vive douleur à sa main, bien vite le blond s’aperçut que ce n’était pas l’emprise de Zyan qui procurait ce mal étrange. Descendant son regard vivement vers sa main qui empoignait toujours le sorcier, ses yeux s’écarquillèrent. Un râle surpris et douloureux fut lâché, tandis que le mutant commençait à se recroqueviller par réflexe.

Le défi était lancé. La lutte commençait. Ce fut donc Zyan qui venait de lancer le premier coup, à sa manière. Morgan aurait préféré que cela ne se passe pas ainsi, mais cette attaque le relança dans une certaine rage qui s’était pourtant apaisée sous le poids de la faute.

Malgré la torture qu’offrait le sorcier à la main du mutant, ce dernier ne semblait plus vouloir lâcher prise. Au contraire, l’emprise du le tissus ne se faisait que plus forte, luttant contre les plaies qui apparaissaient et qui s’étendaient de plus en plus. Son regard était plongé dans celui de Zyan. Il le défiait. Il combattait le supplice qu’il lui infligeait, n’avouant qu’auditivement ce qu’il ressentait.

« Hn… Espèce de… » arriva-t-il à prononcer, les sourcils froncés et le visage marqué de plusieurs traits grimaçants. Alors que son avant bras commençait à subir les mêmes ravages que sa main, le contact entre cette dernière et le haut de Zyan finit par être rompu. Mais tout ne fut pas définitivement fini. Car à peine eut-il récupéré sa main lacérée que son autre main intacte retourna à l’attaque. Et la menace précédemment énoncée finit par être mise à exécution. Son poing droit alla s’abattre sur la machoire du sorcier.

Un partout. Mais était-ce suffisant pour que les deux s’en arrêtent là ? Ça l’était pour le blond, qui tenait sa main et son avant bras dépiautés contre son torse, serrant ces membres comme pour apaiser la douleur. Courbé en avant, il abandonna du regard son adversaire, observant le sol, se torturant sa lèvre inférieure comme pour oublier le supplice qu’il endurait plus bas. Garde baissée. Totalement ouvert à n’importe quel coup. Sans défense. Une proie purement accessible.

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Morgan observait la scène. Il semblait spectateur. Il avait l’impression que le temps s’était figé. Temps durant lequel il se demandait si Zyan allait répliquer ou non. La pause sembla se lever soudainement. Et c’est sous un flot de coups de la part du sorcier que Morgan retourna en tant qu’acteur dans la scène, ou plutôt, en tant que victime. Sous la surprise, la douleur due aux multiples frappes fut longue et lente. Son cerveau ne semblait pas comprendre la situation.  Ils avaient vraiment dépassé ce cap là ? Ils en étaient vraiment arrivés à ce stade-là ?

Si les premiers coups furent reçus de plein fouet, les autres furent parés par les bras en croix que Morgan positionna devant lui pour encaisser le moins de coups au visage. Mais sous l’affluence de Zyan, les deux finirent par se retrouver par terre. En plus des nombreux bleus qu’il aurait, Morgan aura donc en plus plusieurs coupures. Ou du moins, un minimum, avec son débardeur qui semblait être assez épais pour ne pas laisser passer tous les morceaux tranchants. D’abord envahi, le Collins put à plusieurs moments reprendre le dessus sur le garçon, avant de récuperer son ancienne place. Peut-être que cela dura quelques minutes, peut-être plus. Tout ce qu’il sût, c’est qu’au bout de plusieurs coups échangés, une longue chevelure blonde se mêla à la bagarre, gênant Morgane.

Mais elle s’en fichait. Zyan n’avait pas interet à arrêter ses coups face à cette apparence féminine involontaire.  Il n’en avait pas le droit. Et heureusement pour les deux, les coups continuèrent.

Perdant une certaine forme par cette transformation, alors que les deux étaient plus ou moins à égalité, ce fut bientôt le sorcier qui prit le dessus. Avec son corps féminin et frêle, Morgane ne pouvait qu’esquiver, se défendre et tenter quelques rares fois à retourner un coup.

Bientôt, tout se calma. Zyan semblait avoir décidé à lâcher prise. S’étant cogné l’arrière de la tête contre le sol, Morgane était sonnée. Plusieurs débris de verres se trouvaient emmêlés à ses cheveux, tandis que plusieurs gouttes de sang perlaient sur son visage, son cou et ses bras. Quelques bleus étaient déjà apparus ci-et là sur ses pommettes. Poussant un gémissement douloureux face au futur acte, la blonde se releva doucement, se mettant d’abord sur les genoux. Des larmes de rage coulaient également sur ses joues, se mêlant au liquide pourpre déjà présent. C’est les poings serrés qu’elle reporta son attention sur son adversaire… Qui était inconscient.

Pensant d’abord à un plan sournois, Morgane fronça les sourcils, grinçant des dents. Il n’avait pas le droit d’abandonner ! Etait-il bête au point de penser pouvoir dormir à côté de son adversaire ?

« T’es pathétique putain… » chuchota-t-elle, la tête lui tournant légèrement encore. Ne voyant aucune réaction de sa part, elle posa sa main sur son épaule, le secouant « Pense pas pouvoir t’en tirer comme ça Zyan ! »

Toujours rien. Une once d’inquiétude se fit sentir chez la Collins avant de se rassurer et d’enfermer loin en elle ce sentiment qu’elle aurait pu avoir face à ce triste spectacle.

Profitant de ce moment de calme, Morgane s’allongea à nouveau dans les débris à ses côtés. Et ce n’est qu’à l’entente de pas suspects dans le couloir qu’elle réagit. C’est abandonnant sa veste que la mutante posa sa main sur l’inconscient et… Egalement sur son livre qui avait été protégé jusque là d’un regard curieux. En moins de temps qu’il n’en fallut, les deux élèves se téléportèrent au second étage, dans la chambre du sorcier plus exactement. Le corps du propriétaire de la chambre reprit forme, tandis que le reste du nuage de molécules s’échappa par en dessous de la porte, filant dans une des pièces voisines.

Faisant attention à ne pas éveiller son propre colocataire, Morgane s’empressa de filer dans la salle de bain, nettoyant tous les dégats visibles, tremblante, la respiration chevrotante. Le lit fut bientôt son meilleur ami et Morphée se dépêcha de la réconforter dans ses bras en moins de temps qu’il n’en fallut. C’est avec l’idée de retrouver tous les ingrédients de cet idiot de sorcier qu’elle se réveilla le lendemain. Et c’est un sachet, remplit de divers produits en grande quantité, qui trouva sa place sous le lit de son ancien ami. Ce ne fut pas des excuses. Morgan réparait juste ses seules erreurs. Il n’était désormais plus redevable de rien envers le Durt.

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