Bien tranquillement en train de faire comprendre à un de mes anciens plus "fidèle" alliés qui vraisemblablement puait réellement la merde, qu'il ferait mieux de me rester fidèle plutôt que de tenter de me prendre le trône, je souriais. Cet imbécile m'avait toujours paru louche mais avait sûrement toujours cru que je ne m'en doutais pas. Sauf que je n'étais pas un idiot, malheureusement pour lui. Ils étaient nombreux dans ce cas-là et mais je m’étais douté qu'à mon réveil j'allais devoir remettre les pendules à l'heure pour la plupart d'entre eux.

Je décrochais soudain mon téléphone, parce qu’il se manifesta, me demandant bien ce que mon chien que j'avais engrossé pouvait bien me vouloir. Je l'entendis m'expliquer une histoire de malaise et du fait qu’elle se trouvait à l'hôpital. Je vis l'imbécile sous mes pieds vouloir se manifester et l'écrasait pour le faire taire.

Je fis celui qui était inquiet pour Aalyah, prévenant que j'arrivais immédiatement. Puis la discussion se termina là.
Un sourire toujours plus grand aux lèvres, je pris quand même le temps de terminer ma rééducation de démon infidèle. Après tout, pour Aalyah je n'étais qu'un mutant muni d'un pouvoir de feu. Même si je n'avais jamais précisé ce que j'étais. Et donc, j’étais censé n’avoir aucun moyen de transport plus rapide que la lumière.

Au bout d'un moment, je pris ma respiration, laissant l'imbécile à un de mes bourreaux favoris et disparu pour réapparaître là où il fallait, juste devant l'hôpital. Je sentis comme une sorte de vertige d'une milliseconde mais mis ca sous le fait que la connerie de ces imbéciles de traitres, m'épuisait.
Je me mis dans la peau de mon personnage. Arrivant affolé dans l'hôpital, je demandais à voir ma petite amie, mère de mon futur enfant.
Je fis en sorte de paraître essoufflé pour donner l'impression d'avoir couru et parvins enfin à elle.

- Aalyah ! Tout va bien ? Tu vas bien ? Et le bébé ?

Il est mort j'espère. Comme ça pouf on en parle plus. Aurais-je pu rajouter. Mais pour des raisons logiques je ne le fis pas.

Je l’entendais me dire de m’asseoir et que tout le monde allait bien. Dommage. Enfin…Je m’assis à ses côtés, et pour suivre le cliché à la noix, je pris sa main, la serrant, doucement quand même.
Je regardais Aalyah, et elle paru soudain vouloir me dire quelque chose. Je la regardais, paraissant reprendre mon souffle en même temps :

- Oui ? Il va vraiment bien ? Que se passe-t-il ?

Je n’aimais pas ça. Je n’aimais pas quand des imprévus débarquaient sans prévenir. Et cette nouvelle avait plutôt intérêt à être positive pour elle.

J’aurais aimé que la personne en charge du destin et de toutes ses conneries cesse de se foutre ouvertement de ma gueule. Mais apparemment, c’était bien trop difficile, hum. Voilà que les choses se compliquaient, et que je n’allais pas me retrouver avec un seul mioche, mais deux. Deux, putain, de gamins. Deux possibilités de m’emmerder un peu plus. Deux sources d’éventuels profits, certes, mais qui pourraient se finir aussi mal que la seule progéniture que je possédais pour le moment.
Je l’entendis s’excuser. Je me voyais bien éclater sa tête baissée contre le mur à côté. A la place, je laissais mon visage transparaître de la surprise qui avait un fond un peu sincère, vu que je ne m’y attendais pas.

- Des jumeaux…

Qu’est-ce que j’étais censé faire dans ce moment-là ? La tuer là sur le champ ? C’était une bonne idée. Pourquoi se retenir ? Je voulais bien enlever un seul enfant. Mais deux ? Trop d’inconnues dans l’équation pour laisser passer ça.

Je sentais ma main se mettre à trembler et la retenait pour ne pas qu’Aalyah capte quelque chose. Je fis en sorte de paraître juste surpris. Je devais. Garder. Mon calme.
Une autre chose m’intriguait néanmoins. Pour qu’on puisse voir dans une échographie le sexe de l’enfant, il fallait si peu de temps… ? C’était étrange.

- ….Je ne pensais pas que ça serait si rapide…

Je réfléchissais encore à la sentence de cette fille. J’étais prêt à la tuer maintenant. Je me demandais même ce qui me retenait.

Quoi ? Comment ça, elle était enceinte de trois mois ?
Je me mis à réfléchir à toute vitesse. Elle n’était pas humaine. Les mutants n’ont pas ce problème. Les sorciers non plus. Les gardiens sont nouveaux, et bien sûr, ca n’allait pas être Papy qui allait me donner toutes les infos nécessaires à ce propos.

- …Je vois…

Je ne pouvais plus rester calme. Si tout ça signifiait que dans deux mois j’allais me retrouver avec deux enfants dans les pattes, cela mettrait fin à mes idées actuelles, cela gacherait mes plans.
Et il n’y avait qu’une seule solution. Une solution qui me fit sourire.
Je n’avais qu’à la tuer maintenant. Un chien inutile et plein de contraintes. Ca ne servait à rien.
Je réfléchissais déjà à la manière dont j’allais bien pouvoir me débarrasser d’elle.
En avouant la vérité, déjà. Qu’elle comprenne qui j’étais, et qu’elle me craigne.
Ensuite… Hum… Tant d’idées me survenaient dans l’esprit. Pas ça
Pas ça ? Pas elle Pas elle ? Ne la touche pas, elle ne le mérite pas Quoi ?
Une impression de déjà-vu me souleva, tandis qu’une douleur à la tête survint soudainement. Je connaissais cette sensation. Je l’avais déjà eu. Je l’avais déjà vu. Je m’en rappelais, et je la détestais. Je savais d’où elle venait, ou tout du moins je m’en doutais. Ca n’était pas normal. J’étais trop puissant pour qu’il puisse agir. Il n’était rien. Il devrait être mort sous ma force. Je ne suis pas mort.
Je sentis comme un vertige, et serrait les dents.
Je me levais d’un coup :

- …J’ai besoin de… Prendre… l’ai

Je vis noir, un instant. Je me vis. A l’intérieur de ce corps.
Je vis Ray. Je vis l’âme de ce vaisseau voir à travers son corps, reprendre place, imposer son regard inquiété et compatissant qui me donnait envie de gerber.
Je m’imposais. Ca n’était pas un petit humain qui allait m’avoir. Surtout pas lui.
Je me repris. Ressentis à nouveau, vis à travers les yeux de ce corps de nouveau. Je soufflais. Cette lutte m’exténuait.

- …Je reviens…

Je me précipitais vers la porte, me sentant tituber, je devais sortir. Je devais l’arrêter.

Je sortis et disparu dans un endroit peu éloigné où je pouvais me ressourcer. Je sentais toujours l'âme de ce vaisseau de pacotille s'agiter en moi. J'aurais voulu le trucider mais je ne pouvais pas. Bien évidemment. C'était plus difficile que prévu.
Je tâchais de rester calme et commençais plus sérieusement à me battre contre lui. J'étais Lucifer et il n'était rien qu'un grain de poussière inutile. Il ne pouvait pas lutter contre moi. Il ne pouvait pas gagner.
Tu n'as pas le droit
Pas le droit ? Gamin, je suis celui qui a brisé toutes les lois.
Je ne savais pas à quoi le corps devait ressembler de l'extérieur pendant ce combat mais je pense qu'il était bien que je me sois éloigné.
Rends moi mon corps
Alors que tu es censé être mort ?
La lutte était acharnée. S'il croyait que j'allais le laisser faire... mais comment se faisait-il que je devais autant lutter juste pour....
Non !

* * *

Je vis le monde de mes yeux. Je n'avais pas beaucoup de temps. Je me sentais épuisé mentalement. Je me sentais fier en même temps. Si on m'avait dit que je pouvais gagner contre un démon, contre le diable en personne... mais je savais que ça ne durait pas.
Je me dépêchais de rejoindre la chambre d'Aalyah. Je ne voulais pas qu'il la touche. Ce n'était pas moi qui était sorti avec, qui avait partagé des moments d'intimité avec. Mais elle portait en elle un peu de moi. Et moi qui avait assisté à bien des choses en restant la plupart du temps impuissant, je voulais au moins l'aider elle.
Je m'approchais d'elle. Je n'avais plus beaucoup de temps. Je sentais déjà le démon s'imposer.

- Aalyah. Écoute moi je n'ai... Tu dois te méfier de moi ! Tu ne dois pas croire en ce que je vais te dire ni t...

Je le sentais revenir. Je n'avais plus de temps. Et je savais qu'après ça je n'arriverais plus à m'imposer.

- Je veux te tu...

Je sentais que je m'effondrais déjà.

- Luci....

* * *

Je clignais des yeux et repris ma respiration. Putain de merde. J'allais trouver le moyen de tuer cette pourriture. Je sentis mes jambes se dérober sous moi. Génial. Voilà que ce corps ne supportait plus les batailles mentales.
Et en prime je devais être passé pour un fou devant cette fille. Comme si j'avais envie de ça.

Je me sentais fatigué. Et quand on s’appelait Lucifer, qu’on était roi des enfers, qu’on guérissait tout seul, qu’on n’avait peur de rien…Être fatigué, était une sensation désagréable. Je songeais au sommeil que j’avais passé pendant des années. Un goût amer et acide dans la bouche.
Je me redressais. Oui c’était de sa faute. J’allais la tuer. J’allais la tuer. Je n’allais pas la laisser vivre. Je m’en fichais bien de l’inquiéter. Il fallait que je la tue. Je fis apparaître une lame dans ma main, que je gardais cacher.

- Tout va bien…Ce n’est rien…Un vertige.

Je déversais un poison mortel sur la lame. Un poison foudroyant, ne laissant pas le temps à la guérison. Je devais bien avouer que je n’avais aucune idée de si cela suffirait, mais si jamais…J’avais une autre idée. D’autres idées.
Je sentis pourtant une pulsion dans mon esprit. Encore une fois. Ray luttait encore. Bordel de merde. Ma main tremblait, je n’arrivais pas à la bouger.

- …Ca va aller… Je vais…

Y arriver. J’allais y arriver. J’allais réussir à… Je n’abandonnerais pas. Putain. Putain. PUTAIN. Je fronçais les sourcils de colère.
C’en était trop. Je me fichais bien de ce qu’elle pouvait penser, de l’état d’Aalyah. Je m’en fichais. Je ne pouvais pas continuer comme ça.

- …Je crois que je vais y aller… Je me sens mal…

Je paraissais épuisé. Le plus frustrant, était que je l’étais un peu.
Je me relevai, ne la touchant même pas, rangeant la lame. Je partis en vitesse de la chambre, disparaissant immédiatement. Je devais trouver un moyen d’arrêter cette pourriture. Je ne m’arrêterais jamais Oh que si…
Et pour le coup…La seule personne qui pouvait au moins m’aiguiller sur quelques informations, était… Celle qui m’avait réveillé.