La faiblesse. Tout le monde sait ce que c'est. Tout le monde y a déjà goûté une fois dans sa vie. Le point de chute.  Le point où l'on tombe avant de s'écraser a terre en prenant conscience des limites de sa force.
Je suis tombé. Une fois. C'était douloureux. Plus que je veux bien le faire croire. Je prétendrais toujours que ça ne m'a rien fait.  C'est faux.
Je prétendrais toujours que je ne regrette pas.

La faiblesse. Se faire endormir par des punaises est une faiblesse. Même après avoir lutté.  Est ce que l'enfer pensait que j'étais faible ? Surement pour certains. Ils avaient du bien rire en se rendant compte de combien j'avais pu me faire avoir aussi facilement.
Mais je n'étais pas faible. Personne ne connaissait l'étendue de ma puissance. Même mes plus fidèles bras droits. C'est en gardant ce mystère que j'avais toujours su me faire respecter.
Mais des faiblesses ? Excusez-moi, mais pouvez-vous m'en citer une seule ? Sans compter celle hasardeuse de ces insectes.

Je n'étais pas faible. Jusqu'à mon réveil en tout cas.
Comme si de fait, celui ci m'avait bloqué dans ce corps stupide. Je ne pouvais m'en défaire. J'étais coincé dedans.
C'était une sensation bien désagréable.
Avez vous déjà quitté votre enveloppe une fois dans votre vie ? Senti la liberté de l'âme qui vaque dans le monde sous une toute autre vision ?
Bien sûr que non. Alors aucun de vous ne saura de quoi je parle.

La faiblesse. Nous y revenons.
Rends moi mon corps
J'avais l'impression que la voix devenait de plus en plus forte.
Je te déteste
J'aurais voulu en rire. Mais ça aurait été perdre ma concentration pendant un instant.
Je devais garder le contrôle malgré la fatigue. Il n'était rien. J'étais tellement.
Je soufflais.  Elle ne devait pas tarder à arriver. Je n'avais qu'à attendre. Rester calme. Maintenir le contrôle jusqu'au bout.
Respirer. Tu ne respires même pas avec tes vrais poumons
Après une gifle mentale je sentis un calme. Et puis, je parvins à arriver au moment propice. Grâce à cet instant de calme. Je la vis s'agenouiller.

- ...J'ai besoin que tu me dises... ce rituel de réveil...

Parler brisait un peu de ma concentration. Je fronçais les sourcils. Je sentais Ray se fondre déjà dans la masse pour reprendre sa place. Il était tout aussi borné que moi et je n'arrivais pas à le tuer.

- Le vaisseau...comment on se débarrasse de son âme...

Je me sentais en sueur. Je m'efforçais de rester debout. Je devais rester debout. Rester fort. J'étais Lucifer, bon Dieu.
La faiblesse, je ne la ressentais jamais !

- ...Parce qu'il me casse vraiment les burnes là....

La réponse qu'elle me donna me déplut clairement. J'étais donc obligatoirement lié à ce maudit vaisseau et je ne pouvais m'en défaire. Je sentis que Ray en était tout aussi ravi que moi et songea au fait que c'était bien la première fois qu'on était d'accord.
Ça serait sûrement la seule fois.

Je vis Lilith me soutenir et lui fit un regard froid. Je détestais être faible. Mais pire encore, je détestais qu'on montre que ça se voyait. J'enlevais ses mains, pour lui montrer que je n'avais pas besoin d'elle. De toute façon je recommençais à ne plus entendre la voix de Ray. Il se taisait enfin.

- Ne dis à personne ce qu'il m'arrive.

J’achevais de faire taire ce maudit vaisseau et tournait mon regard vers la démone, prenant un air sérieux, me relevant complètement, et faisant disparaître toute trace de sueur que j’aurais pu avoir.

- Je veux que tu me dises si tu as touché à quelque chose de la vie de Ray en même temps que de prendre son corps. Le moindre truc qui pourrait lui briser son pauvre petit cœur d’abruti.

Si elle avait massacré ses parents, buter un de ses profs, je ne sais quoi d’autre, je voulais savoir. Cela pourrait me servir pour calmer ce sale morveux.

- Et bien évidemment, tu as intérêt à trouver le plus vite possible cette solution, pour faire taire l’âme de ce morveux. Que ça soit en me la retirant, en la neutralisant, ou je ne sais quoi d’autre, je m’en fous. Je veux qu’il cesse de me faire chier.

Bien. Le fait qu'elle me dise alors qu'elle ne révélera pas ce moment de... comment appeler ça. Cette petite chute de supériorité temporaire et éphémère, et bien cela me satisfaisait. Je sentais le mensonge, et elle ne mentait pas.

Je l'entendis m'avouer qu'elle n'avait donc pas touché à son entourage. dommage. Mais ça pouvait toujours se faire. Bien que l'idée que l'un d'eux soit possède n'avait rien de palpitant sauf s'il massacrait les autres.
Je sentis comme une douleur. Eh non ! Quand tu te la fermes c'est pour de bon !
Je ressentis une nouvelle... baisse de tension et répliquait par une attaque plus puissante et complètement mentale.

- Pas de possession. Je veux que tu attrapes tout ceux que tu viens de citer et que tu en tues un pour....

Putain. Ce gamin me donnait du fil à retordre. Il venait encore de se manifester malgre ce que je lui avais envoyé. Je souriais. Il réagissait. Je touchais le bon filon.

- ....L'exemple. Que tu le tues devant moi. Devant lui. Et les autres je sais pas. On les laissera croupir....

Et on verra plus tard.

- Une autre remarque. Je voudrais faire assassiner un de ces clebs de l'enfer. Pour le moment le connard de morveux est trop instable en moi pour que je m'en occupe. Peux tu faire en sorte de donner l'ordre à des démons suffisamment compétent pour le faire ?

Ah…En fait ses vieux étaient déjà ici. C’était parfait. Je sentis comme un tiraillement violent, et parvint à maintenir le contact avec le corps. Non je ne laisserais pas Ray reprendre le dessus. Jamais. Sauf…Devant le meurtre de sa mère, là je voulais bien.
Suite à cela, elle me demanda qui je voulais qu’elle tue pour moi. Ah. Finalement, c’était elle qui voulait tuer le clebs ? Je ne lui avais pas demandé à elle, précisément.

- Je ne veux pas que tu tues cette personne, je veux que ça soit quelqu’un d’autre. Toi, je veux que tu te consacres entièrement à ce sort. Tu iras juste faire en sorte de demander à quelqu’un de se charger du meurtre. Je veux qu’il tue le clebs des enfers que j’ai foutu en cloque. Aalyah Cole.

J’avais retenu son nom, c’était déjà ça.

- Amène les parents ici, maintenant.

J’esquissais un sourire, alors que je sentais l’âme de Ray lutter encore. Inépuisable, ce gamin. Mais pour combien de temps ?

- Et ne les tues pas. Attends mes consignes.

Les raisons… Il y en avait des milliers. Enfin, quand même pas, mais presque.

- En gros. Je voulais garder l’enfant, mais maintenant qu’il y en a deux, et qu’ils arrivent plus vite que prévu, ça m’agace. Très fort.

Enfin, je la laissais partir. Je sentais Ray gratter comme il pouvait pour lutter, et je riais aux éclats. Il ne pourrait pas m’arrêter de ce que j’allais faire. Je fis apparaître une épée dans ma main. Une méthode bien archaïque, mais quitte à faire, j’aimais ça. Je sentais ma main trembler, je le sentais vouloir m’arrêter. Je sentais ce qu’il voulait faire, mais je ne le laisserais pas faire Je souriais, et vis alors les parents de ce vaisseau arriver devant moi.
Je les voyais, surpris de voir leur fils là, surpris et à la fois comme rassurés. J’étais persuadé qu’ils croyaient que ce qui se tenait en face d’eux, était Ray, et non pas Lucifer en personne.
Je sentis le vaisseau insister un peu plus, et manquais un instant de perdre le contrôle. Mais il m’en fallait plus. Je commençais à m’habituer à cette lutte.
Je me penchais vers eux, en souriant.

- Papa, maman. Comme je suis content de vous revoir ! J’ai eut peur pour vous, vous savez ?

Arrête de leur mentir ! Ne les touche pas ! Ne les touche pas !
Supplie moi voyons. Supplie moi, et je verrais ensuite. N’essaie même pas de lutter. Tu ne pourras pas m’atteindre. Je suis si puissant comparé à toi. Tu n’es qu’une punaise, certes agaçante, mais une punaise quand même.
Je soulevais celle qui croyait être ma mère.

- Tellement peur…
- Ray…Mon tout petit…Tu sembles étrange….

Je me laissais sourire. Mon sourire le plus cruel.
NE LA TOUCHE PAS ! JE T’EN SUPPLIE Je fronçais les sourcils, ces cris résonnaient dans ma tête, j’avais mal, mais je m’en fichais bien. La douleur n’était pas une faiblesse. Je n’avais pas de faiblesse.
Je refusais d’en avoir une.
J’enfonçais la lame dans le ventre de madame Plancy. Je lui fit mon plus grand sourire en me délectant de sa grimace douloureuse. Je sentais ma main trembler, lâchant l’épée, sentant la pression de Ray. Sentant sa voix s’imposer dans ma bouche :

- Non…Maman….

Je le repoussais un peu plus fort. Je laissais échapper un rire mauvais, et voyais le père paraître dévasté.
J’aimais ça. La destruction. Je donnais plusieurs autres coups d’épées, et alors que je me retrouvais couvert de sang, je voyais la vie de cette femme s’éteindre sous ma main. Sous la main de Ray.
Tu l’as tué….
Non, tu l’as tué. De tes propres mains.
Je sentis avec plaisir le désespoir envahir l’âme de ce vaisseau qui m’importunait. Je sentais aussi la rage, la haine et tant de sentiments négatifs naître en lui.
Je sentis soudain un vertige, comme une grande bourrasque et…

* * *

Je n’aurais jamais le temps qu’il faudra. Mais je ne voulais pas qu’il continue. Je savais qu’après ça, il saurait appuyer sur mes plus grandes faiblesses. Qu’il saurait me rappeler que c’était de ma main que maman était morte.
Mais avant qu’il puisse agir sur mon esprit d’une façon malsaine, je voulais agir. Pouvoir faire quelque chose. Je serrais ma mère contre moi. Je voyais le regard de mon père. Je savais que même si je retrouvais un jour mon corps, il ne me le pardonnerait pas. Parce qu’il ne comprendrait sûrement pas.
Je laissais une larme couler de mon œil, et me redressait. Je levais l’épée en direction de celle qui avait gâché ma vie.
Je fonçais sur elle prêt à lui transpercer le cœur, furieux.

[Wouais du coup Luci a pas donné de consignes *sifflote* mais j'imagine qu'il voulait passer le père à Anna, sans le tuer, mais ila pas pu :'D]

Je devais l’atteindre à temps, parce que je me doutais que non seulement Lucifer allait bientôt revenir, mais en prime, elle avait sûrement plus d’un tour dans son sac. Alors que j’allais l’atteindre, elle disparu de mon champ de vision, et alors que je la cherchais, je sentis comme un coup qui me déconcentra.
Comme si tu pouvais tenir
J’avais envie de le faire taire. Je n’avais jamais voulu ça. J’avais envie de les faire taire tous les deux. Je ne voulais pas qu’ils touchent à mon père. Ni même à cette fille. Aalyah. Je ne voulais pas.
Je serrais les poings tandis que je sentais mon esprit s’échapper. Est-ce que je devais abandonner là ? Je savais que si je continuais d’insister là, ils mettraient leurs menaces à exécution, voir pire encore. Tout ce qu’ils voulaient, c’est que je disparaisse de là… J’étais leur talon d’achille, et tout aussi fier que je pouvais l’être, je n’avais pas envie que ça touche mes proches.
Ma mère était morte par ma faute.
Je sentais Lucifer s’accrocher pour revenir, comme s’il griffait mon âme. La douleur était intense. Comment une simple personne comme moi pouvait encore oser lutter ? Peut-être que j’aurais du m’aplatir dès le début.
Mais ce corps m’appartenait. Je ne voulais pas…Rester à jamais enfermé là sans ne pouvoir agir, alors qu’il tuait des milliers de personnes avec mon corps.
Même sans reprendre ma vie, je voulais empêcher ça. Je voulais arrêter ça.
Je regardais l’épée que je tenais encore dans mes mains. Attaquer encore serait une perte de temps, je ne savais même pas si j’aurais encore le temps Oh ça, non.
Je fermais mes yeux, laissant échapper un soupir de résignation.
C’est ça, abandonne gamin. Ca ne sert à rien de lutter de cette façon. Tu ne voudrais quand même pas que ton père rejoigne ta mère ?
Je rouvris mes yeux. Je levais l’épée et je la laissais rentrer dans mon corps, avec le seul espoir que Lucifer puisse mourir avec moi.
Je l’enfonçais aussi profondément que possible dans mon cœur, avant de la lâche,r ne sentant plus rien, sentant du sang couler de ma bouche. Je n’osais même pas regarder si mon père me voyait faire, je n’écoutais même pas si Lucifer en était content ou s’il hurlait tout autant que j’allais peut-être mourir.
Je tombais. En m’accrochant à l’espoir.

Alors que je me sentais tomber j'entendis son rire finalement. Je l'entendais bien distinctement.
Il riait aux éclats et j'entendais celle qui m'avait condamnée à ça me parler. J'étais sur que j'allais bientôt mourir. Mais elle me confirma l'inverse.
Mon âme était liée à. ...

* * *

Oui. A la mienne. Et crois-moi que ça me fait chier aussi. Seulement.... c'est gentil de t'épuiser pour moi. Comme ça, c’est plus facile pour te faire taire.
Je me redressais, retirant l'épée dans un sourire, la faisant disparaître. La plaie provoquée par le stupide coup qu'il s'était donné se mit instantanément à commencer à guérir.
Je sentais tout le désespoir de Ray l'écraser. Une bonne fois pour toute. Ou au moins, pendant un temps suffisamment long. Je supposais qu'il avait compris qu'il devait rester sage s'il tenait à ce que son vieux reste en vie.
Je souriais mais en vérité, j'étais furieux qu'il ait pu à nouveau prendre ma place. J'étais fatigué de ça. Je regardais Lilith. Je me relevais finalement, m'étirant, faisant craquer tout ce corps qui devait m'appartenir, à moi, et à moi seul.

- Je vais me débarrasser du corps de sa très chère mère et ramener l'autre à son cachot. Ce petit spectacle va peut être faire taire Ray pendant quelques temps mais je crains que cet insecte recommence ces conneries. Donc trouve vite une solution.

Je souriais mais ce n'était pas tout à fait de bon cœur.
Je regardais la démone, et en partie pour faire enrager l'imbécile en moi, et pour la "récompenser" d'avoir supporté ce crétin même pendant un temps court, je l'embrassais brusquement, allant dévorer ses lèvres.
Je me retirais :

- Va, maintenant. Et n'oublie pas de prévenir ceux qui s'occuperont du clebs.

Elle avait plutôt intérêt à trouver une solution. Et rapidement.

Je l'avais embrassé pile au moment où elle avait voulu me donner un conseil. Je ne savais pas si c'était bon pour elle qu'elle ose me donner un conseil mais après tout...
Son conseil fut court. Faire attention à cet imbécile résidant en même temps que moi quand le même corps. Oh ça va. Cela serait chose facile.

- Je t'appellerais en effet. Et parfait tu sembles avoir retenu ce que tu devais faire. Mais n'oublie pas le plus important.

Le plus important. Me débarrasser de ce minable rayon de lumière.
Je lui fis signe qu'elle pouvait partir à présent. De toute façon, Ray était calme pour le moment... Heureusement pour lui, comme pour moi.