Mon domestiquage d’animaux de l’enfer se passait bien. Honnêtement, je m’en portais bien. Papy allait peut-être bien faire des pieds et des mains pour m’arrêter. En attendant, je rigolais bien à voir combien il était facile de manipuler tout ces gardiens qu’il me tendait. Il croyait quoi ? Que j’allais les laisser m’attaquer ? Quelle bonne blague !

En tout cas, voilà que mon toutou voulait me voir. Son domesticage était bientôt terminé. Bientôt, je terminerais de placer la laisse, de serrer le collier, de la condamner à jamais, sans qu’elle ne comprenne quoique ce soit. En attendant…Je me demandais pour quelle raison elle voulait me voir. J’étais bon pour avoir de l’instinct, et je sentais que ça avait quelque chose d’autre à voir qu’un simple rendez-vous.

Squattant dans l’appartement piteux de Ray, que j’avais réussi à garder malgré sa « disparition » aux yeux de tous, tout en faisant en sorte que rien ne ressorte chez lui qui puisse l’identifier comme étant Ray. J’attendais donc patiemment, l’arrivé de mon chienchien, quand j’entendis frapper.
J’allais ouvrir, souriant comme jamais.

- Entre !

Je l’embrassais et compris.
Je savais qu’elle n’aurait besoin de rien dire pour que je sache.
Je m’arrêtais brusquement, sans prendre conscience que ça n'était pas une très bonne chose pour paraître normal, mais qu'importe.

Non. Non. Non et non. Non il en était hors de question. Ce n’était pas pour rien qu’en des milliers et milliers d’années je n’avais eut qu’un seul rejeton. Ce n’était pas pour rien, merde ! Je laissais ça aux autres, moi ! Bordel ! Putain ! Fais chier, nom de Dieu !
Les chiens c’était pour rester sur le paillasson, rester sage, ne pas bouger, et SURTOUT ne pas procréer avec moi putain ! C’était quoi ce délire ? Pourquoi cette fille avait pu tomber enceinte, alors que je baisais à tout va, sans jamais avoir de problème ? C’était ça la vengeance de Papy ? C’était ça hein ?! TU TE FOUS DE MOI LA HAUT ? TU M’ENTENDS ? SALE TYPE !
Reste calme Lucifer. Voyons. Comment cela a-t-il pu se produire ? Comment…. Oh. Oooh… Je vois. Oh putain de merde. Oh bordel de vingt dieux de chiotte. Vous vous foutez de ma gueule.
Je sais. C’est parce que je suis dans un putain de corps d’humain à la con. Bien évidemment. Il a fallu que je ne me méfie pas. Oh bordel…
Et l’autre qui s’excusait, et l’autre qui baissait sa tête. Je rêvais de lui exploser sa tête avant qu’elle n’ose redresser son visage vers moi. Putain, quelle pute. Elle aurait pas pu se retenir, merde ?! Et elle croyait quoi ? que j’allais applaudir, me réjouir ? Bien sûr que non, qu’elle le pensait pas, cette pouffiasse, cette trainée, ce putain de clébard pas capable d’être stérile. Sale chienne.

Bon. Je la tuais maintenant ? Je pouvais la brûler, là, entièrement, cramer tout ce qui osait vivre en elle qui pouvait m’appartenir, qui pouvait venir de mon sang. Je pouvais lui arracher les tripes, me défouler dessus, la voir hurler et pleurer. Hum…Quel délice, rien que d’imaginer cela.
Je bouillonnais intérieurement, et n’arrivais pas à me calmer, tremblant. Bon, et si je terminais le jeu là ?
Je n’avais pas besoin d’un nouveau gosse qui ne sera qu’une véritable plaie parce qu’il sera un crétin fini à adorer des abrutis inutiles et décérébrés.
Bordel de merde, Papy se fout bien de ma gueule là. J’en suis sûr.

- Je vois.

Je dis ça un peu comme si j’étais sous le choc, tentant de peser le pour ou le contre. Honnêtement, je rêve de son corps immaculé de sang. Cela me ferait tellement du bien. Putain. Et après je m’occupe de son frère. Et ensuite, je me fais un petit massacre je ne sais où.
Quand soudain, je me calme. Une minute. Roch est un brouillon. Un raté qui est la cause de toute cette colère.
Mais si j’arrive à récupérer l’enfant avant qu’elle n’ose l’influencer…Je pourrais alors en faire un parfait descendant. L’antéchrist parfait.
Un sourire s’affiche finalement sur son visage. Oui, voilà. Je vais faire ça. Lui arracher son bébé à la naissance. Le prendre. L’avoir. Et faire tout ce qui est dans mon possible pour le rendre aussi mauvais que son père. Qu’il ne sache même pas qu’il naîtra d’une putain de chienne.

- C’est…C’est…C’est une sacrée nouvelle. Mais… Ce n’est pas si mal.

Oui ce n’est pas si mal. Surtout si je peux en faire quelque chose.

Je l’observe, réfléchissant déjà au stratagème que j’élaborais pour récupérer l’enfant. Ca allait tellement simple. Et même, elle pourrait presque ne même pas se douter qu’il s’agissait de moi, le kidnappeur. Ou je pourrais simplement l’a tuer ensuite. Une bonne idée, aussi.
Je pouvais encore revenir en arrière, et lui dire d’aller avorter, là maintenant. Mais j’étais décidé. J’allais récupérer le rejeton et en faire un parfait fils qui servira réellement à quelque chose.

- Gardons le. Réellement. On s’occupera de lui à deux.

Ou pas, je m’en occuperais tout seul. Je posais mes mains contre ses hanches, en la regardant.

Je la laissai se coller à moi, tandis que j’élaborais déjà des stratagèmes dans ma tête. J’allais réussir à m’en sortir.
Elle voulu me laisser. Si je la laissais, qu’est ce qu’elle allait faire ? Je me demandais. Je pouvais peut-être en proposer pour resserrer le collier…
Je la retins :

- Déjà ? …Non, ça va aller…Mieux vaut que tu restes avec moi…

Nous avions taaaant de choses à partager.

Oh je rêverais de prendre du temps pour moi, pour m’amusr dans des plaisirs solitaires – de toute sorte, bien sûr -. Mais pour être sûr qu’elle ne me fasse pas faux bond et qu’elle soit persuadée que j’allais bien correctement prendre soin du gamin, je voulais resserrer toujours notre lien.
Je la laissais faire quand elle m’embrassa, ou quand elle me caressa la joue. Comme d’habitude, le chien quémandait des caresses.

Je l’entendis me parler de son crétin de frère qui était censé venir pour s’excuser. Mais oui, mais j’attendais ça avec une certaine hâte, j’allais pouvoir bien m’amuser ! Cela serait tellement drôle. Je l’accueillerais à bras ouverts.

- Quand il est venu chercher ses vêtements ?[b]

Me dit pas que cette conne a laissé trainer son test de maternité partout. Ou bien son déchet de frère l’a senti à l’odeur. Quelle blague. Ou bien encore peut-être qu’elle était entrain de gerber dans les chiottes.

[b]- Mais…Je dois avouer que je suis content s’il s’excuse…

Oh oui. Très content. Gentil toutou.

Mais je savais qu’il s’était fait viré, mais ma question était plutôt du genre : « comment il avait appris ». Non parce qu’il faut le savoir quand la personne est enceinte, hum. A moins de je sais pas, avoir des yeux d’aigle, c’était pas donné à tous les crétins d’humains de voir les gens enceinte sans problème.
Je ne la tiendrais bien sûr pas réellement au courant s’il le faisait. Je n’avais pas envie de l’entendre râler après ce qui pourrait s’avérer être un évènement particulièrement amusant.
Quand elle me demanda à boire, je songeais au fait que je pouvais parfaitement la laisser se démerder et trouver toute seule. Mais j’oubliais que j’étais censé être le gentil Luciano. Je nous sortis donc deux verres :

- J’ai pas mal de trucs. Qu’est ce que tu veux ? Jus de fruit ? Eau ? Limonade ? Soda ? Thé ? Café ? J’ai de tout !

Je ferais apparaître les choses au fur et à mesure, vu qu’en vérité, le frigo était vide depuis la « disparition » de Ray.
Je finis par me servir de mon côté une canette de coca. Beaucoup de sucre, un peu de caféine. Je la pris dans mes deux mains pour y insérer bien plus que de la merde de soda. Genre de la bonne coke – de la vraie – et un peu d’alcool pur. Hum. Délicieux cocktail.

- Tu peux t’asseoir aussi… Et pour…Ton frère. Je me rappelais qu’il était parti, mais comment il a pu l’apprendre rien qu’en rentrant chercher des vêtements ?

Je l'entendis vouloir une limonade. Bien comme elle veut. J'en fis apparaitre dans le frigo. je laissait glisser quelque chose dans la boisson. Un genre de chose qu'on ne peut pas définir si on est humain. De quoi atteindre toute son essence pour la remplir d'obscurité. Je me demandais si cela allait atteindre l’enfant, bien qu’il ne fût sûrement pas vraiment encore formé. J’espérais.
Je lui servis un verre, et revint avec le verre.
J’écoutais Aalyah m’expliquer ce à quoi je pensais. Putain, pas moyen qu’elle cache ça quoi. Mais bon, je m’en fichais, peut-être que cela aurait un avantage finalement. Et apparemment les deux étaient suffisamment liés pour ressentir ce que l’autre ressentait. C’était tellement… Pathétique.
Être tellement lié à une personne. A quoi cela servait-il ? Je la laissais s’installer, lui tendant son verre avec ça, et à sa question, je n’y répondis qu’une fois installé à mon tour, le bras autour d’elle :

- Pourquoi pas ? Je sais qu’il y aura des moments où je ne pourrais pas être là, mais je peux essayer.

Surtout si je contrôlais bien tout. J’attendais qu’elle boive, tandis que je buvais à mon tour, me délectant de ce goût mélangé que certains auraient trouvé immondes.