Je l’observais boire avec délectation. J’avais hâte de voir quel effet cela aurait. Si cela allait la toucher. Si cela toucherait sa progéniture – qui était aussi la mienne -.
Je l’entendis me demander ce qu’on pouvait faire de plus. Genre, j’en savais quelque chose. Le seul môme que j’avais eut, ce n’était déjà pas moi qui l’avait géré. Et puis, apparemment, être enceinte rendait cruche. Les humains ne savaient-ils donc rien faire quand ils se retrouvaient avec un bébé sous le bras ?
Elle me remercia et s’excusa, et je refermais mon emprise envers elle une fois qu’elle revint :

- C’est rien. Je pense que c’est normal…Il va falloir acheter du matériel non ?

Que j’étais clément, je l’aidais. Elle allait dépenser pour pleins de trucs qui ne lui serviraient finalement à rien, vu qu’elle allait se faire ravir son mioche.

- Je ne sais pas trop… Je n’ai jamais eut à faire face à cette situation non plus… Qu’est ce qu’un père doit faire….Tout ça.

Ouais ouais. Elle chercherait sur Internet tout ça… Je l’observais tandis qu’elle terminait son verre. Je la serrais un peu beaucoup. Elle semblait si mal. Cela me faisait sourire. C’était parfait. Elle ne voudrait pas de ce bébé. Elle n’en voudrait pas, et comme ça elle ne me saoulerait pas à le chercher. Et si elle avortait même contre mon gré, elle pouvait aussi.

- Oui… Et puis, on sera tous les deux. Juste tous les deux. Je te promets que tu n’auras besoin de personne d’autre. Ne compte sur moi, tu verras.

L’obscurité m’était lié, bien évidemment. L’obscurité était mon domaine, mon élément et ma vie. Nous étions intiment lié par une relation de force invisible. Elle était moi autant que j’étais elle – je parle de l’obscurité, hum, des ténèbres, du mal, tout ça, pas d’Aalyah -. Alors prononcer ces paroles n’était pas anodin.

Qu’est ce que je m’en foutais, du sexe de l’enfant. Tant qu’il naissait et que je le récupérais. Et même s’il ne naissait pas, je m’en foutais aussi. Je m’en foutais tout court. Du moment que j’obtenais ce que je voulais.
Si c’était des jumeaux, j’allais devoir prendre deux fois plus de précautions.

- C’est sûr, mais… Ca peut vraiment arriver ? Je ne savais pas…

Je la regardais, puis répondis finalement à sa question :

- Et je ne sais pas…. Je ne sais vraiment pas. Tu préférais quoi toi ?

Ca, c’était pour meubler la discussion. Parce qu’en vrai, je m’en tapais aussi de ce qu’elle voulait.

Deux enfants ça rendrait tellement le truc plus compliqué. C’est clair qu’un seul c’était largement suffisant. Elle voulait une fille. A sa remarque pleine de narcissisme je manquais de rire, et me retint, la laissant m’embrasser, néanmoins las de ces baisers qui n’avaient franchement rien de passionnant.

- Une fille….C’est comme tu veux… si c’est ce que tu veux.

Tant que tout ça se terminait par la récupération du gosse.

- Et c’est vrai que si elle est aussi belle que toi… Ca sera mieux

J’avais vu mieux qu’Aalyah, et la beauté n’avait aucun sens quand on vivait depuis des millénaires, dans un monde où les principaux habitants changeaient d’avis sur ce concept, au fur et à mesure. Mais je me devais de la flatter, d’attiser son égo…

Je la laissais serrer ma main. De ce que je comprenais, l'enfant était pour bientôt. J'avais intérêt à agir vite. Je l'entend me demander si j’ai quelque chose de prévu pour l'après midi. Honnêtement, passer tout mon temps avec le clébard avait quelque chose d'ennuyant. Je n'avais pas envie de me taper ce boulet toute la journée. Paraissant légèrement déçu, je décidais d'avouer que j'allais avoir des cours cet après midi. Après tout j'étais un superbe étudiant en psychologie, non ? Je pouvais parfaitement prétendre cela.

- Je vais avoir des cours à 15h30... Pour le reste tu peux rester.

Rester pour que j'enfonce toujours mon emprise sur elle, même si pour le moment, ça suffisait largement, je pense.

Mieux à faire ? C’est clair que j’avais mieux à faire. Rester avec elle consistait juste à dresser le chien correctement et puis c’est tout. Mais même si le fait qu’elle parte me dérange pas le moins du monde, après son baiser, je la regarde avec ce sourire que j’aborde tout le temps en sa présence, le sourire genre « ouais t’as vu je t’aime » et qui aurait pu sonner tellement faux si je n’arrivais pas à masquer le fait qu’il n’était qu’un mensonge.

- Tu peux me laisser mais… N’oublie pas que tu comptes pour moi.

C’est ce que je murmurais à son oreille, pour lui faire croire qu’elle avait une quelconque importance à mes yeux.

- Et je veux que tu m’informes… Pour l’avancement de ta grossesse…Après tout… Je veux être là pour te soutenir.

Et pouvoir voler le bébé dès sa naissance.
Je me détachais d’elle, et l’observais toujours.

Ah mais non elle ne me foutait pas dans la merde. Finalement je commençais presque à m’habituer à cette idée d’avoir un deuxième mioche à portée de mains. Mais c’est vrai qu’en tant que « gentil étudiant en psychologie dans la vingtaine » ça foutait la merde.
Enfin, si à culpabiliser comme ça elle me faisait un déni de grossesse ou une fausse couche, je m’en foutrais aussi.
Elle avait plutôt intérêt à me tenir au courant. Je n’avais pas envie de me retrouver avec un imprévu sur le dos.
Je me levais avec elle pour la raccompagner à la porte

- A 3 mois… On sait déjà le sexe de l’enfant, c’est ça ? On pourra savoir à ce moment-là.

Enfin, moi je n’aurais pas besoin d’échographie pour ça. Il me suffirait de bien regarder.

- …C’est dans combien de temps, trois mois ?

Quelle était inutile, cette chienne. Elle ne savait rien, elle était si futile. C'était bien parce que ça ferait chier Papy que je m'occupais d'elle.
Je la laissais librement se coller à moi tandis que je l'imitais en posant mes bras à son cou à mon tour.
Bon. Je n'étais pas prêt de savoir. Enfin pour moi le temps n'était qu'une notion. Trois mois ce n'était rien.

Je me décrochait, embrassant sa bouche un instant

- Très bien. De toute façon, on reste en contact.

J'allais caresser sa joue

- On est ensemble après tout.