Une question revient sans cesse dans ma tête : et si pour lui, tout ceci n'était qu'un jeu ? Il torture mon corps, certes sans me faire de mal mais, ça reste de la torture. Peut-être bien que je me suis trompé depuis le début, qu'il m'a simplement fait miroiter de belles choses parce que je suis bien trop naïf, bien trop stupide pour voir la vérité. Et lorsqu'il me demande si je sais ce qu'est le sexe gentil, j'hésite à répondre. Je ne sais pas ce que c'est mais j'ai peur que ce moment devient un cauchemar.

N...non...

D'aussi loin que je m'en souvienne, j'ai toujours souffert. Mon Maître se servait de moi comme d'un cendrier ou comme un punching-ball. Le plaisir, la douceur, je ne sais pas du tout à quoi ça ressemble. Et je doute de plus en plus qu'un jour je ressente ça.

Il brûlait... il frappait... c'est tout...

Mes oreilles se baissent tristement et je ferme les yeux. Je ne veux pas voir sa pitié. Je ne veux pas voir ce qu'il pense.

J'ai toujours autant de mal à maîtriser mes tremblements et pourtant, j'essaye de toutes mes forces. Je sens mes baisers de Phen dans mon cou, douceur et affection pourraient bien être ce que je ressens de ma part du jeune pompier. Peut-être que je me berce d'illusions comme à chaque fois. Mon coeur bat de plus en plus vite, je suis excité mais en même temps apeuré. J'ouvre finalement les yeux et tourne la tête vers lui. Je le regarde dans les yeux et l'embrasse amoureusement. Oui, j'ai bien dit amoureusement...

Je veux... j'aimerais... j'ai besoin de toi... je veux... je veux que tu me montres c'est quoi de faire l'amour sans avoir mal... je... j'ai le droit de le demander...?

Oui bon, ma phrase n'est pas très bien faite mais j'ai dit l'essentiel, il me comprendra j'en suis sûr.

Il me desire, pour de vrai ? C’est la première fois que ça m’arrive, c’est très étrange mais, cette sensation est plaisante parce que j’ai l’impression que je compte réellement pour lui. Je peux sentir son désir, oui. Je sens très bien son membre dressé et ce n’est pas de la simulation. Je me laisse manipuler sans craintes à present. Phen ne me fera pas de mal, je le sais, je le sens. Il est doux et affectueux, deux choses que je n’avais pas ressenti depuis un très long moment, bien que le soir de notre rencontre, il s’est passé certains trucs interdits aux moins de dix-huit ans.

…Maître Phen…
Détend toi, respire.

Il me demande de me détendre et je le fais. En fait, je suis détendu quand il est près de moi même si parfois, on pourrait penser le contraire. Mon corps se cambre délicieusement et je gémis sans honte. Il va me falloir encore un peu de temps pour faire pleinement confiance à Phen.

Je t’en prie… viens… s’il te plait…

Ma main griffue se pose sur sa joue que je caresse avec douceur. Je lui souris et l’embrasse. Je crois qu’en fait, la raison pour laquelle j’ai besoin de lui c’est parce que je ressens de l’amour, du vrai amour. Comment est-ce possible ? Et pourquoi lui et pas un autre ? Quand je ferme les yeux, c’est lui que je vois. Quand je ne vais pas bien, c’est à lui que je pense et ça me redonne le sourire. Quand je suis malade, c’est lui que je réclame. Il y a tellement d’indices, je ne peux pas fermer les yeux sur ça. Je ne peux pas le nier. Je ne peux plus me mentir à moi-même. La solution à tous mes problems c’est Phen, et puis c’est tout.

C'est bizarre comme sensation. Personne n'a jamais prit le temps de faire ce que Phen me fait. Personne n'a jamais pensé à moi dans ces moments là, ils pensaient juste à leur propre plaisir. Mais avec Phen, tout est différent et j'aime ça. Je me sens vraiment désiré, aimé même. Je gémis à chacun de ses mouvements alors qu'avant je simulais un quelconque plaisir avec mon ancien maître. Je suis totalement mis à nu, mon âme, mon coeur, mon corps... tout de moi se dévoile pour la première fois à quelqu’un. Je réponds à son baiser et plonge mon regard plein de désir dans celui de Phen.

O...oui... je vais bien...

C'est aussi la première fois que je désire autant un homme, j'en rougis.

C'est la première fois que... je veux quelqu'un... pour de vrai...

Je pense que Phen sait de quoi j'ai besoin sans que je n’ai à lui dire. Je lui souris, un peu timide.

Je perds ma tête, c’est définitif. Ses baisers dans mon cou, ses caresses sur mon corps… tous les éléments sont réunis pour que je me perde dans un dédale de douces sensations. Je rougis quand il me dit que je suis très beau, une fois de plus, je n’ai pas l’habitude que l’on me dise ce genre de choses, c’est agréables de se sentir un tant soit peu aimé par quelqu’un pour de vrai. Et en plus je lui plais, que demander de plus pour un chat de gouttières comme moi ?

Maître… je veux être à toi… rien qu’à toi… pour toujours…

C’est peut-être un peu précipité mais, c’est bel et bien ce que je ressens pour lui. Je veux être le sien pour toujours, tout du moins, jusqu’à la fin de mes jours de chat. Quand sa main s’installe sur la base de ma queue, je frissonne et gémis, me tortillant à cause du plaisir que je ressens. Mon corps se camber un peu plus contre lui, il connaît mes poings sensibles, il les a déjà testé le jour de notre rencontre. Et ils n’ont pas change depuis. Je me laisse manipuler sans broncher, signe que je lui fais grande confiance, j’espère qu’il ne jouera pas avec. Il m’a parlé de marquage, je ne sais pas vraiment ce que c’est mais, je lui aid it que je voulais lui appartenir et ça ne changera pas, ça non-plus.

Maître… fais-le… je le veux… très fort…

Je suis tout à lui, depuis le début je dirais. Au début c'était un sentiment fugace, celui qu'on ressent du bout des doigts mais qui n'atteint jamais le palpitant. Le serpent a fait son chemin sous mon épiderme, lentement, discrètement. Les picotements sont devenus des coups de couteau profonds. Et puis, le couteau est devenu poignard et le poignard, katana. Une lame qui t'empoisonne vicieusement. Un poison neurologique qui devient physiologique. Il transpire par chacun des pores de ma peau, la douleur est mi-violente mi-douce. Tu sombres petit à petit dans le siphon de ton coeur qui saigne. Même si le mien saigne d’amour pour Phen. J’ai ce besoin d’être près de lui, une sacrée dépendance quand on sait que j’ai presque fuit toute ma vie un quelconque contact avec autrui. Le passé me bouffe encore de l’intérieur parfois. Les cicatrices sont voyantes, encore rougies par le feu du fouet, par la cendre du mégot.

Il pénètre mon antre et je ne peux que gémir de bonheur. Enfin nous sommes un, même si cela ne dure que quelques temps dans l’immédiat. Il se stoppe et je l’invite à reprendre notre chevauchée fantastique.

Maître… Phen…

Deux mots qui ont un sens reel pour moi. Deux mots que je n’ai plus prononcé depuis l’autre. Deux petits mots possiblement insignifiants pour quiconque l’entend. Mais très difficile à prononcer pour moi.

Je suis toujours en train de m’enfoncer dans un dédale de douceurs, de sensations uniques, de sensations plaisantes. Je suis perturbé mais dans le bon sens. Je crois que Phen s’est attaché un peu à moi, sinon il me ferait mal et ce n’est pas le cas. Enfin si un peu mais, c’est supportable, plus ce serait vraiment désagréable et je ne lui pardonnerais pas. Il me pose des questions, me demande de le regarder. Je m’exécute, plongeant mon regard dans le sien alors que ma main s’échoue tendrement dans ses cheveux mi-longs. Je l’aime. Je l’aime d’amour. Je l’aime d’un amour pur et reel, il n’y a rien de sale dans ce que je ressens. Enfin je crois…

M-Maître…!

Je m’accroche à lui comme une âme en peine, serrant mon corps contre le sien. Ma tête part en arrière et j’essaye toujours de ne pas crier de plaisir. Nous sommes peut-être seuls dans ce vestiaire mais, dehors, dans les salles, il y a du monde. Je ne veux pas qu’il perde son travail à cause de ma bêtise. Je ne veux pas qu’il me punisse parce que je voulais le voir, parce que j’étais malheureux sans lui. Non, je ne veux plus jamais être puni parce que, même si je ne suis pas tout à fait humain, je ne suis pas un animal. Je suis simplement Angel MacAllistair, un garcon particulier.

L’orgasme a été puissant et j’aurais vraiment aimé hurler mon plaisir mais, nous ne sommes pas chez Phen, nous sommes sur son lieu de travail. Ma tête retombe sur son épaule et je ferme les yeux, haletant, tremblant. Je le regarde après un bon moment, gémissant une dernière fois lorsqu’il se retire. Heureusement que nous sommes sous la douche, au moins on n’a rien sali. Je réponds à son petit baiser, il me dit que je suis vraiment magnifique, je rougis. Je cache mon visage dans on cou et enlace sa taille avec mes bras. Je donne des coups de langues sur sa peau, rien d’indécent, je lui montre mon affection, les gestes valent mieux que les mots. Dans ce genre de moment, les paroles sont futiles. Je ronronne de bien-être contre lui, continuant de laper sa peau étrangement salée.

Maître… puis-je venir vivre avec toi…? Je veux plus être séparé de toi… s’il te plait… je veux rester à tes côtés… autant que mes vies le permettent…

Je ne voulais pas lui demander de cette façon mais bon, l’ambiance se prête à la confession, je ne sais pas s’il va accepter, je l’espère en tout cas. Bien sûr, j’ai une maison à moi mais, j’aimerais pouvoir me réveiller tous les jours dans ses bras. J’aimerais que l’on fasse l’amour sans retenue, à chaque fois qu’on en a envie. Sentir son odeur, caresser sa peau, et tout le reste.