Il y a des journées, comme ça, où les choses ne se passent pas exactement comme prévu. Alors qu'elle avait simplement prévu d'aller manger en ville avec son beau-père, ce dernier l'avait appelé pour lui dire qu'il était retenu au travail, la plantant comme une idiote. Elle n'avait pas vraiment apprécié la démarche, mais elle n'avait pas fait de remarque : elle savait que si son beau-père se tuait au boulot, c'était surtout pour elle et ses études en musicologie. Donc, elle était partie se faire un fast-food en solitaire, en envoyant des textos à une multitude de personnes pour se créer l'illusion de ne pas être seule. Des conversations banales et un hamburger froid comme la mort plus tard, elle avait mis ses écouteurs pour aller se promener, histoire de s'aérer un peu l'esprit. Mais voilà qu'un homme l'avait arrêtée dans la rue, en lui présentant un prospectus, avec un sourire et un « Bonjour Mademoiselle, excusez-moi de vous déranger... » qui avait franchement dérangé Mariama. Elle avait bien hésité à lui faire un sourire désolé et à lui dire qu'elle n'avait pas le temps, mais il semblait tenir à la cause qu'il essayait de défendre.

Alors, la jeune mutante avait enlevé ses écouteurs et avait accordé son attention à l'homme et ses prospectus. Une cause humanitaire, ou quelque chose comme ça. Par politesse, elle écoutait, prête à signer une pétition ou une connerie comme ça, et à donner un petit billet pour aider des enfants en Afrique. Un truc dans le genre. Mais ce qu'il se gardait bien de dire, c'était que la signature l'engageait à verser tous les mois une certaine somme à la soi-disant association. Il l'encourageait, même, jusqu'à ce qu'une petite furie ne débarque de nulle part et fasse sursauter notre blondinette en venant la prendre par les épaules. « Woh, euh... » commença Mariama, avant que sa sauveuse ne prenne la parole et ne révèle le pot-aux-roses. « Qu... quoi ? » La blonde remarqua assez vite que l'expression du soi-disant humaniste avait changé et elle se recula légèrement en le foudroyant du regard. La rouquine continua de l'enfoncer, et lorsqu'elle lâcha l'idée la plus lumineuse de cette journée pourrie, Mariama sauta sur l'occasion pour s'éloigner de l'arnaqueur.

« Euhm. Merci, je suppose ? C'était sympa de ne pas laisser faire avoir, t'aurais juste pu tracer ta route et le laisser me plumer. Comme quoi, tout les gens ne sont pas des connards dans cette ville. » Elle la détailla légèrement du regard, avant de sourire un peu. « Je te paye un verre pour la peine ? Au moins, je saurais dans quoi je mets mon argent. » Et puis, elle était mignonne, pensait Mariama, autant ne pas se le cacher, et boire un verre en sa compagnie serait peut-être la première chose agréable de cette journée. « Je m'appelle Mariama, et toi ? Ça t'arrive souvent de jouer le chevalier servant auprès de demoiselles en détresse, ou c'est juste parce que j'avais un beau cul ? » Petit sourire amusé, franchise trop prononcée, mais Mariama ne pouvait pas s'empêcher d'être elle-même, après tout !