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"Dans toute bibliothèque, à ce qu'on dit, il y a quelque part un livre prêt à répondre à la question qui brûle comme un feu en chacun de nous." [Emily]

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Dans toute bibliothèque...



"Dans toute bibliothèque, à ce qu'on dit, il y a quelque part un livre prêt à répondre à la question qui brûle comme un feu en chacun de nous." [Emily] Tumblr_od8rt5413E1qdtcexo1_500
Crédit : Versperlynds.tumblr.com

Leigh avait toujours aimé la lecture, depuis qu'on lui avait enseigné l'art de lire et d'écrire (une bonne épouse se devait de pouvoir aider son mari à gérer les comptes). A chaque anniversaire et à chaque Noël depuis lors, elle avait supplié pour obtenir un des précieux ouvrages imprimés dans une grande ville des Etats-Unis et qu'il fallait faire venir jusqu'à Jacksonville, en précisant sur l'enveloppe "anciennement Cow Ford" si l'on souhaitait que le colis arrive à destination. Le système de Poste avait rapidement été au point, cependant, et il n'y avait plus de délais d'attente inconcevables comme dans l'ancien temps de la conquête du territoire. La modernité était à nos portes !

Les parents de Leigh acceptèrent un moment son goût pour les longs romans, mais mais les thèmes réalistes et naturalistes les effrayèrent bien vite et elle fut cantonnée aux classiques et aux essais théoriques. Qu'à cela ne tienne, elle dévora tout ce qu'elle put. Elle avait fort à faire avec les tâches de la maison, d'abord à aider sa mère puis à gérer la sienne, et son mari méprisait cette activité. Ce n'est que lorsqu'il fut possédé qu'elle put reprendre sa passion. Pour pouvoir discuter littérature avec lui correctement, elle alla jusqu'à se procurer Les Liaisons Dangereuses sur ses conseils. Choquée, elle le réprimanda pour l'avoir poussée à lire de telles insanités, mais cela le fit rire et à force d'arguments imparables, il la fit avouer que la qualité de la narration était irréprochable.

Les joues rosies par ce souvenir et par la marche, elle poussa la porte de la librairie. Elle salua brièvement la tenancière de la boutique et se glissa immédiatement dans un rayon pour se retrouver entourée par ses chers écrits. Sa mission aujourd'hui était de dénicher de quoi se renseigner sur la société actuelle pour cesser de commettre des impairs. Elle parcourut les rayonnages à la recherche de titres comme "moeurs contemporaines du Sud des Etats-Unis", ou quelque chose d'approchant... Elle tomba sur des livres qui dataient de son vivant ou de peu après et qu'elle avait entendus mentionnés, et cela retint son attention quelques instants. Elle vérifia les prix sur l'étiquette collée à la 4e de couverture comme on lui avait appris à le faire pour tous les produits actuels, au supermarché. La somme était ridiculement basse par rapport à ce à quoi elle s'attendait ! Elle glissa Madame Bovary dans son panier. De quoi s'étaient donc scandalisés les français quelques années après sa mort ? Pouvait-elle encore être perturbée par ces anciens récits alors qu'elle devait se conformer à un monde beaucoup plus étrange que tout ce que les auteurs de son époque auraient pu imaginer ?

Elle finit par tomber sur quelques titres prometteurs pour sa quête. Une histoire de Jacksonville, des Etats-Unis de la guerre de Sécession "à nos jours", un livre pour aider les parents à comprendre leur adolescent qui pourrait peut-être lui en apprendre plus aussi bien sur les jeunes gens que sur leurs tuteurs, et la biographie d'un entrepreneur américain contemporain qui lui montrerait à quoi pouvait ressembler une vie actuelle, d'autant qu'on lui avait expliqué l'importance du commerce et la complexité de l'économie récente. Elle laissa de côté les ouvrages traitant de sujets trop précis ("La Crise de Cuba : le choc des deux blocs"), et étudia longuement le rayon "self-help" avant de décider de s'y atteler plus tard.

Aussi discrète qu'une petite souris, elle fit un dernier tour avant de se diriger vers le comptoir et de déposer délicatement les livres à la reliure fine sur le dessus du meuble. Son regard croisa celui de la caissière et elle se souvint qu'il était poli de sourire en toutes circonstances pour ces nouveaux américains, elle le fit donc, et lui tendit la somme précise qu'elle lui devait, en liquide, du bout des doigts. Elle aurait préféré porter un gant léger, justement pour éviter le contact, mais après tout par bonheur la vendeuse était une femme, le geste n'était donc pas si choquant. Et les limites semblaient s'être dissoutes, reculant comme la mer près du débouché d'un fleuve, dont les alluvions finissent par avoir raison mètre après mètre, année après année.
Elle frissonna néanmoins quand leurs doigts se frôlèrent.





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MessageSujet: Re: "Dans toute bibliothèque, à ce qu'on dit, il y a quelque part un livre prêt à répondre à la question qui brûle comme un feu en chacun de nous." [Emily] "Dans toute bibliothèque, à ce qu'on dit, il y a quelque part un livre prêt à répondre à la question qui brûle comme un feu en chacun de nous." [Emily] EmptyJeu 22 Juin 2017 - 23:15


Dans toute bibliothèque...



Emily et Leigh

[Si tu veux que je change quelque chose, dis-le moi ! ^^]

Autant certaines journées pouvaient s’avérer très calmes, autant d’autres passaient si vite qu’on ne les voyait pas passer avant de se poser le soir. Tout était alors généralement fini, mais pour l’heure, Emily n’avait pas encore terminé sa journée à la librairie. Aujourd’hui, elle avait droit à de nombreux coups de feu, et si elle regardait peut-être de temps à autres les clients qui entraient, sa première priorité était d’en terminer avec les files devant son comptoir.

Il fallait juste de la patience, en soi, et la jeune femme en eut finalement fini après quelques temps. C’était là un court instant de répit durant lequel la clairvoyante se permit de voguer entre les différentes étagères du magasin pour mettre en place les dernières nouveautés de la librairie. Jusqu’à ce que de nouveaux clients arrivent de nouveaux à la caisse. Une plutôt. Une jeune femme blonde que la mutante avait aperçue du coin de l’œil alors qu’elle voguait entre les rayons. Elle avait alors semblé regardé divers ouvrages avec attention et Emily ne l’avait pas dérangée. Si elle avait besoin de son aise, de toute façon, elle ne serait pas loin, et la jeune femme préférait que sa cliente cherche à son aise que de s’immiscer peut-être trop vite dans ses affaires.

Elle regagna finalement la caisse lorsque la cliente vint vers le comptoir, et avec un sourire franc et amical, Emily prit ses livres pour pouvoir les biper et savoir le prix qu’elle demanderait. Son regard glissa sur Madame Bovary, un classique de la littérature qu’elle avait lu et qu’elle avait apprécié, même si ce n’était pas son œuvre préférée. Après, Flaubert avait bien géré ça, pour un livre où il voulait ne traiter de rien, sinon du style.

Pour le reste, sinon… Une histoire de Jacksonville – ce qui était une démarche intéressante, même si la clairvoyante n’avait pas forcément la curiosité d’en savoir plus sur la ville. Encore que, si cette dernière avait un lien avec les mutants, les sorciers, ou même les démons – autant être fou – ça pourrait toujours être une bonne idée d’en savoir plus. Mais il était plus probable que l’auteur du livre en question se soit juste arrêté au domaine historique, social, et économique. C’était à voir. Elle pourrait toujours se renseigner à l’occasion si elle le voulait de toute manière. Elle avait le catalogue, et internet restait souvent notre meilleur ami pour des recherches sur n’importe quel sujet, il fallait dire ce qui était. Quant au dernier ouvrage que sa cliente avait pris, il semblait visiblement tourner vers la vie d’un entrepreneur américain. C’était manifestement des choix qui semblaient un peu ciblés, mais si sa cliente s’intéressait au monde moderne, ce n’était pas Emily qui allait lui en vouloir sur ce point.

Il restait un détail auquel elle n’avait pas pensé, évidemment. Le contact. L’élément souvent déclencheur de son pouvoir. Ce qui lui faisait souvent voir des visions. La clairvoyance.

Et Emily, encore une fois, n’échappa pas à la règle pour ce qui concernait la jeune femme.

Généralement, pourtant, cela relevait de scènes anodines, peu importantes, parfois même assez comiques. De temps en temps, aussi, c’était embarrassant, et la jeune femme essayait de limiter son pouvoir pour ne pas entrer de manière impromptue dans la vie des gens. D’abord parce que ça ne se faisait pas et puis… Il était parfois plus gai de parler normalement que de ressortir d’une vision sans plus savoir quoi dire à son interlocuteur, soit qu’elle était tombée sur un secret bien gardé, soit qu’elle ne savait pas toujours comment bien rebondir ou se situer.

Dans le cas de la jeune femme blonde, Emily devait admettre qu’elle n’était pas sur ses gardes. Aussi, quand sa clairvoyance jaillit ouvertement, la mutante ne se retrouva plus dans sa librairie, mais dans une belle journée ensoleillée, devant une maison apparemment tranquille mais campagnarde, et la jeune femme regarda avec ahurissement la bourgade dans lequel elle se trouvait.

Attends, attends, attends. Qu’est-ce qu’il était en train de se passer, là ? Pourquoi elle avait des champs de maïs à sa gauche ? Ou est-ce qu’elle était ? Pourquoi tous les gens qu’elle voyait semblaient avoir des habits d’un autre siècle ? Pourquoi… se retrouvait-elle dans une zone campagnarde sans aucun préavis ? Ou est-ce que sa clairvoyance l’avait emmenée cette fois ?

Ce fut au bout de ce qui lui parut de longues secondes qu’elle aperçut un panneau en bois où il était marché « Jacksonville ». Que son cerveau se remit en marche péniblement, car le lieu où elle était n’était manifestement pas la ville du XXIe siècle. Elle tressaillit aussi lorsque la jeune femme blonde passa à côté d’elle sans la voir pour entrer dans la maison en face d’elle – quelque chose qui ne l’aurait peut-être pas étonnée si elle n’avait pas été jetée dans un lieu inconnu dans lequel elle ne savait pas se repérer..

Un instant interdite, Emily la suivit spontanément sans trop réfléchir. Un instant, un court instant, elle ouvrit la bouche pour l’interpeler, mais elle connaissait quand même suffisamment son pouvoir pour savoir que cela ne marcherait pas. Elle pouvait voir le passé et le futur, mais pas interagir avec ces deux temporalités. C’aurait été trop puissant, et trop dangereux aussi.

Résultat, elle entra dans une salle commune, ce qui lui confirma sans doute qu’elle n’était pas dans une maison des temps modernes. Trop de choses différaient avec son époque actuelle. La table était en bois, il semblait y avoir non loin une vaisselle rustique, et surtout, les habits de la dame étaient marquants. Son panier, au sein duquel il y avait des fruits et qui pendait à son bras, avait de quoi attirer les regards aussi. Qui portait encore ça aujourd’hui ?

Se tournant pour observer la pièce, Emily chercha vainement un objet qui lui servirait de repères pour savoir où elle se trouvait exactement dans le temps. Mais sa clairvoyance ne lui laissa pas le temps de trouver quelque chose de vraiment satisfaisant : le paysage fondit, pour laisser apparaître une autre scène. La mutante fronça des sourcils, ne tardant pas à comprendre qu’elle était toujours dans la même pièce, mais avec une ambiance différente, cette fois. La même dame était ici assise, sans plus de panier près d’elle, avec seulement un calice au centre de la table. Indécise, Emily nota son air soucieux, plus décomposé et triste qu’autre chose, et elle sursauta finalement quand un homme apparut au seuil de la porte. Dire que la clairvoyante aurait compris quelque chose aurait été trop loin ; elle vit juste le nouveau venu rejoindre la jeune femme devant elle pour la serrer dans une longue étreinte.

Ce fut sous cette dernière vision qu’Emily rejoignit brusquement la réalité et se rendit compte qu’elle avait saisi dans ses mains l’argent de la dame depuis trop longtemps sans le prendre. Sa clairvoyance la faisait voir des choses très rapidement, mais la mutante avait parfois du mal à rejoindre le monde réel sans rien montrer, et tel était le cas aujourd’hui. Elle avait vu trop de choses, et surtout, elle ne comprenait pas. Ou est-ce qu’elle avait été ? Pourquoi la clairvoyante s’était trouvé dans des lieux comme ça ? Pourquoi, surtout, la blonde devant elle, avait des souvenirs d’une campagne si… rustique ?  Qu’est-ce qu’il s’était passé dans la dernière scène ? Ils avaient connu un drame ? Un accident ? Quelque chose de grave ?

Non, elle ne comprenait pas…

- … Excusez-moi, fit Emily d’une voix peut-être un peu blanche à cause de la manière brusque dont son pouvoir avait surgi. Euh… C’est peut-être délicat mais… Je ne sais pas…

« Je ne sais pas » ? Mais qu’est-ce qu’elle lui balançait là ? Il fallait qu’elle se reprenne, qu’elle lui dise quelque chose de cohérent, et peut-être fasse semblant de n’avoir rien vu. Alors pourquoi ne pouvait-elle pas s’empêcher de s’arrêter sur ça ?

- Je… Je vous ai vue avec un homme. Vous semblez triste…

Sa voix était hésitante, comme si elle parlait de choses qu’elle aurait dû taire, ou en tout cas passer outre.

- Mais je ne comprends pas. Vous étiez dans la campagne, vous portiez des vêtements qui ne sont pas ceux d’aujourd’hui… Et la ville… Ce n’était même pas une ville… Plutôt une bourgade…

Bien, maintenant, soit la jeune femme allait la prendre pour une folle et lui intimer de se taire d’un ton sec, soit elle allait peut-être se montrer empathique. Pourtant, c’était des souvenirs de la dame qu’elle avait vu. Et jusqu’ici, sa clairvoyance ne l’avait jamais trompée quant à la véracité de ses visions, surtout quand il s’agissait du passé des personnes qu’elle touchait par son pouvoir.

- Excusez-moi si ça peut vous paraître étrange… C’est juste que tout est venu d’un coup et je n’ai pas su vraiment maîtriser les choses cette fois…
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Dans toute bibliothèque...



Au moment où ses doigts touchèrent ceux de la libraire pour lui verser dans la main la monnaie que réclamait la vente, elle se figea un instant. Elle ne vit pas les réminiscences auxquelles Emily eut accès dans toute leur acuité. Elle eut simplement la sensation fugace de revivre précisément une des fois où elle était rentrée chez elle, chez eux, après quelques courses, pour être surprise d'y trouver son amant et mari déjà présent.

"Dans toute bibliothèque, à ce qu'on dit, il y a quelque part un livre prêt à répondre à la question qui brûle comme un feu en chacun de nous." [Emily] Tumblr_nt0xjzfZkD1thj7ndo1_500

Avoir ce rare privilège de lui sauter dans les bras de joie, tout en voyant en miroir sur son visage à quel point il était satisfait de lui-même pour avoir provoqué cet élan d'enthousiasme... Si cette presque-hallucination avait duré une seconde de plus, elle aurait cru y être.

Elle se réveilla quelques instants avant Emily, et la fixité du regard de la jeune femme lui indiqua immédiatement qu'elle était liée au phénomène étrange qui venait de se produire. Mais elle eut à peine le temps de commencer à paniquer lorsqu'en face d'elle, la libraire reprit difficilement ses esprits, parvenant au bout de quelques essais à formuler enfin des phrases compréhensibles et informatives. Leigh rougit vivement à la mention de son amant, et subit la suite jusqu'à ce que son interlocutrice se mette à parler de maîtriser ses visions. Elle fronça les sourcils, se retourna vivement pour vérifier que personne ne les observait, et tendit le bras d'un geste souple mais ferme pour poser ses doigts sur les lèvres de l'imprudente. Un ange passa avant qu'elle ne considère que le message était passé et qu'elle laisse retomber sa main et entreprenne de s'expliquer.

"Si vous voulez discuter de ça, il vaudrait mieux que ce soit en privé, vous ne croyez pas ?"


Elle appuya sa suggestion d'un regard insistant. Hors de question qu'elles se mettent à discuter surnaturel et vies passées en plein milieu d'une boutique. C'était déjà en temps ordinaire le foyer de toutes les rumeurs les plus folles... Elle s'en passerait bien volontiers.
Elle entreprit de ranger les livres qu'elle venait d'acquérir dans son sac, bien ordonnés en fonction de leur taille pour ne pas risquer de les abîmer.
Après un nouveau coup d'oeil aux alentours pour vérifier qu'elle était la seules cliente présente, et prête à s'arrêter net à tout moment si jamais elle entendait quelqu'un pousser la porte de la petite échoppe, elle consenti malgré tout à se pencher vers la jolie libraire pour lui glisser à mi-voix :

"Je devine que vous êtes... particulière. Je le suis aussi. Je suis une Gardienne, et j'habitais déjà à Jacksonville... Il y a longtemps."


Sur ces mots, elle considéra qu'elle en avait déjà bien trop dit pour un échange au beau milieu d'un lieu public, et elle se redressa, attrapant dans son sac un papier et un stylo, l'invention la plus utile de l'Histoire de l'Humanité.

"Je peux vous laisser mes coordonnées si vous n'êtes pas disponible pour l'instant et que vous souhaitez convenir d'un rendez-vous. J'admets que je ne connais pas encore grand-monde en ville... Enfin, en ce moment. Je serais ravie de vous revoir dans des circonstances moins... professionnelles."


Elle déboucha le stylo, mais attendit l'aval de la libraire avant de se mettre à noter son nom, son adresse postale et son numéro de téléphone suivi de son e-mail étudiant. N'oubliait-elle rien dans sa petite liste mentale des informations qu'elle devrait transmettre dans l'éventualité où elle confierait à quelqu'un de quoi la joindre ? Il existait tellement de moyens différents de se contacter à présent... Elle s'y perdait un peu. Au moins pensait-elle parvenir à répondre si on la contactait par ces biais.




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