Pouvoir de clairvoyance ou non, Emily ne pouvait pas dire qu’elle était mal lotie avec son poste de libraire. À vrai dire, peut-être qu’elle avait plus de chances que certains mutants, car même si son don lui faisait parfois des misères, ce qu’elle voyait n’était accessible qu’à elle seule. D’accord, elle faisait parfois des drôles de têtes, mais tout au plus, elle pouvait prétendre avoir l’esprit ailleurs ou sortir une autre excuse, celle d’avoir une migraine, par exemple, ce qui n’était pas souvent faux quand son pouvoir se manifestait. D’une certaine manière, donc, Emily pouvait facilement cacher sa clairvoyance, ce qui était moins le cas quand on était pyrokinésiste, par exemple, et qu’on faisait tout cramer sans le vouloir à cause d’un foutu imbécile ou d’un malheureux concours de circonstances. Disons que c’était dès lors moins discret et un chouia plus embêtant.

Son pouvoir, lui, avait l’avantage de ne pas être perceptible par son entourage, et de fait, la clairvoyante en parlait très peu. Elle avait tout l’air d’une jeune adulte normale, ainsi, et cela lui allait très bien, surtout quand son don prenait quelques vacances. Après, dès fois, il se rappelait à son bon souvenir, mais tout ne pouvait pas être rose non plus, n’est-ce pas ? C’aurait été trop facile. Et moins drôle, aussi, tout dépendait du point de vue.

Quoi qu’il en soit, son travail avait l’avantage de lui ôter quelques soucis de l’esprit, dont celui de retrouver sa sœur. Parce que juste chercher quelqu’un avec un prénom et une petite possibilité que cette personne ait un pouvoir – inconnu évidemment -, ce n’était pas vraiment évident pour mener des recherches approfondies. Aussi il fallait avouer qu’Emily se plongeait souvent avec plaisir dans son métier à temps partiel, juste pour penser à autre chose, et aujourd’hui ne faisait pas exception à la règle. Elle classait une commande lorsqu’un client entra dans la boutique. Elle l’avait déjà aperçu à quelques reprises – il semblait fort aimer les livres et cela faisait bien son affaire, en plus de recevoir sa bénédiction -, mais la jeune femme n’avait jamais fort entamé la discussion avec lui jusque maintenant. Des amabilités, dirons-nous, mais rien de plus profond ou de plus concret non plus.

Cela ne l’empêcha pas de le saluer avec un sourire. D’autant que la journée avait bien commencé jusque maintenant, alors il n’y avait aucune raison pour que cela ne continue pas.

Pendant un moment, Emily le laissa aller où bon lui semblait : de toute manière, elle ne savait pas quel était l’objet de sa visite, et une librairie était faite pour être visitée de toute façon. Ce fut alors qu’elle portait une caisse remplie de livres qu’elle eut le malheur de le frôler : un simple contact, mais suffisant pour déclencher son pouvoir et lui faire perdre le lien avec la réalité.

Toujours dans la librairie, dans un endroit un peu plus reculé de la boutique, Answald Moore semblait vouloir attraper un livre posé sur une des plus hautes étagères. Rien de dramatique jusque-là, sauf que si son client obtint la victoire pendant une courte seconde, le reste des livres s’effondrèrent sur lui dans un bruissement sec. Une jolie pile de bouquins certes insuffisante pour assommer un homme, mais assez large pour lui demander ce qu’il lui arrivait. Surtout quand ce n’est pas un mais une bonne dizaine de livres qui tombe sur vous, voire une partie de la rangée sur l’étagère.

Un instant, Emily fut immobile, avant de déposer prestement la caisse là où elle était pour tourner les talons. Si elle se souvenait bien, il avait tourné par ici et… il était là. En train d’essayer de prendre son livre en s’appuyant sur les étagères.

Bloody hell, elle n’arriverait pas à temps.

- Monsieur Moore, ne prenez pas ce livre ou vous allez…

Un bruit sec l’interrompit. Hum... Il semblait qu’elle était arrivée un peu trop tard sur le coup, et Emily pinça un instant des lèvres. Quitte à être utile, son pouvoir n’aurait pas pu se manifester plus tôt ? Franchement…

En attendant, le pauvre s’était retrouvé à terre et il devait quand même se demander où il était. Emily s’approcha donc et lui tendit la main tandis qu’elle inspectait du regard si lui et ses livres n’étaient pas trop amochés l’un et l’autre. Surtout ses livres, comme son client ne semblait pas trop assommé.

- Vous allez bien ?

Un regard d’excuse apparut sur son visage.

- Désolé, j’ai essayé de vous prévenir, mais il semble que je sois arrivée trop tard…

Comme Emily l’avait deviné, elle avait réagi trop tard. Elle ne pouvait pas véritablement se considérer comme la fautive de ce désordre, mais c’était quand même frustrant d’avoir eu une vision sur laquelle elle n’avait pu avoir aucune influence. Quitte à voir l’avenir, autant qu’elle puisse utiliser son pouvoir à son avantage, ce qui ne semblait pas être du goût de sa psychomancie. Après, il fallait bien des défauts à tout, mais la jeune femme espérait tout de même mieux maîtriser sa clairvoyance au fur et à mesure de son apprentissage à l’Institut. Avoir un temps de recul pour pouvoir passer à l’action avant une catastrophe ne serait notamment pas de refus.

Pour l’heure, la catastrophe était « minime ». En tout cas, elle avait juste un client à terre avec pas mal de livres au sol. Ce serait plus râlant si les livres s’étaient abîmés, bien sûr, mais tous deux auraient pu avoir pire aussi. Au moins, seuls les livres étaient tombés, et l’armoire n’était pas partie avec…

Son client semblait se remettre peu à peu. Il fallait avouer qu’il y avait de quoi être surpris quand plein de livres vous tombaient dessus, elle-même aurait fait une drôle de tête, si elle avait été à sa place. Il faudrait quand même qu’elle jette un coup d’œil à cette étagère : soit il y avait eu trop de bouquins amoncelés les uns sur les autres, soit… soit elle ne savait pas. Mais le plus important était sans doute de ranger plutôt que de chercher à comprendre.

Emily attendit quand même que l’homme lui confirme que tout allait bien, avant d’hocher la tête avec un sourire d’excuse et de se pencher pour ramasser certains livres. Puis, il posa quand même une question assez pertinente. Comment elle avait su ? Eh bien, en ayant eu une charmante vision, bien sûr, pourquoi cette question ?

C’était ce qu’Emily aurait pu répondre, pourtant, c’était quand même un sujet délicat à aborder. Même si les mutants étaient fréquents à Jacksonville, tous les habitants n’étaient pas ainsi et certains ignoraient même l’existence de ces êtres aux pouvoirs surnaturels. Alors soit elle était franche et elle faisait fuir son client dans deux minutes – en tout cas si celui-ci était un « simple humain » qui préférait tout ce qui était rationnel et logique – soit son client était lui-même un mutant et aurait une chance de la comprendre un minimum.

Hum. Peut-être que répondre entre les deux serait plus avisé.

Son client la prit néanmoins de vitesse, s’excusant pour les livres qui étaient tombés. Visiblement, il voulait rattraper son « erreur »,  ce sur quoi Emily n’était pas vraiment d’accord et elle le lui fit remarquer.

- Vous n’y pouvez rien non plus, ce n’est pas comme si vous auriez pu prévoir… « ça ». Par contre, fit-elle, en regardant les livres au sol, avoir un coup de main ne serait pas de refus, je dois admettre qu’il y a une belle pagaille.

Heureusement, il n’y avait pas vraiment de clients, à l’heure actuelle, et ils étaient donc plus « tranquilles » pour ranger les livres. D’ailleurs, pendant une seconde, Emily songea que même si elle avait dit « non », son client serait resté pour lui donner  de l’aide.

Dans tous les cas, ce dernier lui avait quand même posé une question, et il était quand même juste d’y répondre, en étant dans le vrai, mais peut-être pas non plus dans quelque chose de fort précis.

- Pour les livres, on peut dire que… Eh bien, que j’ai eu un pressentiment ? Ou une sensation que ça allait vous arriver ?

Ok, c’était foireux, comme explication.

Déposant une pile de livres sur une table juste en face de l’étagère, Emily passa une main dans ses cheveux en cherchant maladroitement ses mots. Ca pouvait quand même être chiant d’avoir des visions sur l’avenir qu’on devait expliquer ensuite. Bref.

- En fait, finit-elle par avouer, c’est assez compliqué. Vous avez l’esprit ouvert ?

Suffisamment pour qu’il ne la prenne pas pour une folle ? Non parce que dire « qu’elle avait eu une vision où il s’était tout ramassé dessus mais où elle n’avait pas été assez rapide pour agir », ce n’était pas forcément évident et facile à avaler.

- Et puis-je savoir ce que vous cherchiez, d’ailleurs ?

Sait-on jamais, elle pourrait le conseiller.

Si Emily ne connaissait pas par cœur la disposition de ses livres, elle pouvait néanmoins les remettre dans un ordre acceptable, et son « assistant de fortune » lui facilitait considérablement les choses. Les remettre dans l’ordre alphabétique était ce qu’il y avait de plus simple à faire pour le moment, et si jamais il y avait quelques ouvrages plus spécifiques, elle les rangerait en dernier à leur bon emplacement. Pour l’heure, elle faisait simplement deux ou trois piles : une fois que les livres seraient tous ramassés, elle irait les mettre convenablement en rayon. Ceci dit, être deux serait sans doute plus rapide, et en cela, elle pouvait remercier l’aide de son client qui avait bien failli se faire assommer.

Celui-ci semblait malgré tout bien s’en remettre et il lui révéla d’ailleurs qu’il n’avait pas été si surpris de se prendre des livres en pleine tronche. Un instant, Emily faillit s’arrêter pour le regarder de manière intriguée. Ne pas être surpris quand des livres lui tombait dessus ? C’était bien une première. Elle, de son côté, aurait sans doute pesté si elle avait été à sa place, cela même si elle adorait la lecture et les livres qu’elle possédait. Après, si c’était monnaie courante avec lui… Eh bien, d’office, on pouvait être moins surpris, mais ce n’était jamais agréable quand même.

- Vous avez déjà reçu des livres en pleine figure ? Ma foi, ils doivent avoir une dent contre vous… Pourtant, vu la manière dont vous les traitez, il n’y a vraiment pas de quoi se plaindre…

En tout cas, ce n’était pas tous les visiteurs de sa librairie qui auraient proposé son aide ou qui les aurait rangés de manière alphabétique. Et ce n’était pas non plus comme s’il les jetait sur la table où elle les triait.

Quoi qu’il en soit, il lui montra le livre auquel il s’intéressait. La fantasy. Un genre qui lui plaisait beaucoup, comme le fantastique. Pour ce qui était de l’archéologique, par contre, elle devait avouer que cela l’intéressait moins, mais il fallait bien qu’on s’intéresse à tout, allait-on dire. Et si son client en était passionné, tant mieux pour lui.

Alors qu’elle recherchait un éventuel ouvrage qui pourrait aussi s’intéresser à ce sujet, son client lui demanda ensuite s’ils ne s’étaient pas croisés. Au début, Emily faillit répondre un simple « non », tout simplement parce qu’elle ne semblait pas avoir fait sa connaissance auparavant. Après, peut-être avait été quand même le cas ? Généralement, la jeune femme se souvenait des visages qu’elle rencontrait, mais s’ils s’étaient seulement croisés quelquefois dans la rue, sa mémoire pouvait lui faire défaut.

S’arrêtant de toucher aux livres, Emily fut silencieuse une seconde avant de reprendre la parole.

- Je ne crois pas… Je me suis installée depuis peu à Jacksonville, donc je ne connais pas encore grand monde… Les endroits où je vais le plus souvent sont cette librairie, où je travaille à temps partiel, et le reste du temps, je vais à l’Institut Parker… Vous connaissez ?

Après tout, c’était bien possible, les mutants étaient fréquents en cette ville. Il fallait juste deviner qu’ils avaient un pouvoir, ce qui était quand même moins évident.

D’ailleurs, en parlant de pouvoir, Emily ne lui avait pas vraiment parlé de sa clairvoyance. Sans doute lui en parlerait-elle s’il était bien inscrit à l’Institut… Ou pas. Elle aviserait en fonction de sa réaction, probablement. Après, s’il était bien quelqu’un qui possédait un certain don, lui expliquer comment elle avait pu anticiper la chute des livres seraient bien plus facile, il fallait l’admettre.

Ramassant un dernier ouvrage tout en écoutant sa réponse, la jeune femme jeta un œil à l’étagère et se déplaça légèrement. Elle voulait bien ranger ces livres, mais autant ne pas le faire sur la pointe des pieds, ce serait moins pratique. La libraire revint donc avec un petit marchepied. Il n’était pas bien grand mais ce serait suffisant pour atteindre les étagères supérieures. Elle serait par contre bien plus rapide si son client pouvait lui tendre les livres dans l’ordre alphabétique.

- Vous pouvez me les passer ? demanda-t-elle avec un léger sourire sur le visage. Je les remettrai à leur place sans devoir tout le temps descendre ainsi.

Elle le laissa réagir comme elle le voulait et plaça une première série de livre au début de la rangée avant de reprendre la parole avec un sourire.

- Si vous faites partie de l’Institut, alors je suppose que nous sommes collègues. Je m’y suis inscrite depuis deux-trois mois à cause de mon pouvoir de clairvoyance. C’est notamment pour ça, et une grimace d’excuse apparut sur son visage, que j’ai pu savoir que vous alliez tout recevoir sur vous… Mais mon pouvoir me laisse très peu de temps pour agir, surtout quand il s’agit d’une vision du futur, alors c’est assez désagréable… et frustrant.

Plus le mal de tête qui s’ensuivait, aussi, mais ça, elle n’allait pas le dire.

- Je m’appelle Emily, finit-elle par ajouter.

Puisqu’ils étaient tous les deux élèves à l’Institut, autant se présenter comme il se devait.

A voir comment son client se présenterait, maintenant : elle l’avait déjà vu à plusieurs reprises ici et connaissait donc son nom grâce aux livres qu’il avait parfois présentés à la caisse, mais elle n’avait jamais non plus fait véritablement connaissance avec lui...

[HRP : Je me suis permise d'anticiper un peu sur ta réponse avec Answald sur l'Institut, parce que je me suis dit que je te laissais vachement peu de de matière pour répondre, mais si la suite de mon post te dérange ou te semble trop rapide, je peux le modifier sans problème ^^]

Visiblement, l’homme semblait connaître l’institut Parker. Ou était-ce elle ? En tout cas, son expression avait changé lorsqu’Emily lui avait annoncé qu’elle s’y rendait, et à voir son regard, il semblait qu’il appréciait l’établissement.  En soi, c’était une bonne nouvelle, la libraire préférait cela que l’inverse. C’aurait quand même été plus délicat si l’homme avait détesté l’institut : non seulement ils auraient eu des avis opposés, mais en plus, ç’aurait pu créer un léger embarras dans leur conversation. Toutes des choses que la jeune femme préférait éviter à l’heure actuelle. Enfin, actuellement, il n’y avait pas grand-chose à craindre, visiblement, et Emily écouta Answald se présenter et parler de son propre pouvoir.

La téléportation d’objet. C’était assez intéressant, d’autant que l’étudiante à l’institut n’avait jamais envisagé qu’on puisse téléporter autre chose que soi-même. Généralement, dans les films ou même les livres, la téléportation se limitait à son propre corps et pas à ce qui nous entourait. Le pouvoir d’Answald pouvait donc être intéressant, pour autant que ce pouvoir obéissait réellement à ce qu’on voulait. Si on prenait un bouquin pour l’envoyer sur une table et qu’à l’inverse, il tombait sur notre tête… Cela ne serait pas très pratique.

- J’ai découvert ce pouvoir il y a seulement un an… Alors j’ai encore quelques difficultés.

- Ne vous inquiétez pas, on est deux. J’ai beau avoir des visions, il est très rare qu’elles arrivent par ma propre volonté. C’est plus quand je touche les gens ou des objets qu’elles se déclenchent sans prévenir, mais parfois, je dois avouer que j’aimerais bien de rien voir du tout.

Prenant les derniers livres que lui tendait Answald, elle les remit en place pour descendre ensuite de son marchepied. Elle l’écouta lui souhaiter la bienvenue avec un sourire et hocha la tête quand il lui dit qu’il serait là si jamais elle avait besoin d’aide.

- Je n’hésiterai pas.

Et effectivement, ils avaient fini de tout ranger. Une bonne chose de faite. Elle secoua la tête lorsqu’Answald s’excusa à nouveau, montrant que ce n’était rien. Ca l’aurait plus embêtée si la librairie avait été bondée, mais il n’y avait pas encore eu de coup de feu, heureusement pour elle.

- Vous cherchiez donc un livre sur l’architecture ? C’est pour un projet ?

Anwald avait effectivement été dans la bonne section pour cet type de sujet, encore que le livre qu’il avait pris était plus centré sur la fantasy. Allant au bout de la rangée, la jeune femme s’agenouilla tout en cherchant le titre d’un livre. Elle était loin d’être une fan d’architecture, mais si elle se souvenait bien…

- Celui-là pourrait vous plaire aussi. Cela fait quelque temps que je l’ai lu, et il est aussi centré sur la fantasy, mais l’auteur s’est beaucoup centré sur ses descriptions… Et les bâtiments n’y ont pas échappé.

Un petit remerciement de sa part, en somme, même si son collègue ou son camarade n’était absolument pas obligé de le prendre. Emily le laissa le consulter à son aise en passant à un client qui recherchait un livre, puis, elle revint plus dans les environs, le laissant aussi aller vers un autre endroit s’il le désirait, qu’il s’agisse de la caisse ou d’un autre endroit du magasin.

- Du coup, lança-t-elle, sans doute un peu curieuse de rencontrer quelqu’un qui était aussi un mutant, votre pouvoir se déclenche parfois de manière involontaire ? Et vous arrivez toujours à faire parvenir les objets que vous téléportez à la bonne… destination ? Parce que si votre pouvoir est aussi capricieux que le mien, vous avez dû en voir de toutes les couleurs…

Puis, s’il téléportait un objet, et que paf, ça tombait sur la tête d’autrui, ça ne devait pas faire vraiment rire. Enfin, sauf si la victime était une personne qu’on ne supportait pas ou qu’on détestait par-dessus-tout, là, ça pouvait être un peu plus drôle quand même.

- Et vous arrivez à téléporter des objets de grandes taille ?

Bon, elle ne le voyait pas téléporter un truc énorme non plus, mais si cela lui était possible, ça devait être sympa quand on voulait déplacer certaines choses... [/color][/color]

[… Oups ? Oui, désolé, j’aurais dû écrire archéologie mais j’ai pas trop fait gaffe en écrivant ma réponse, j’ai plus pensé à un bouquin de fantasy où on se retrouve plus dans une époque médiévale assez ancienne, tout ça tout ça, et j’ai écrit architecture… Mea culpa, je ferai plus attention la prochaine fois, promis ! :p]

Si Emily n’avait jamais eu une forte passion pour l’archéologie, elle pouvait comprendre que d’autres soient intéressé par ce domaine. Dans un sens, tant mieux. Il était vrai que l’Histoire avait ses secrets qu’il était toujours « gai » de découvrir, mais la jeune femme préférait quand même se limiter aux livres, pour ce qui la concernait. Pour être plus honnête, elle préférait carrément la fantasy à un récit scientifique où on disait toutes les dernières découvertes. Mais ça ne lui avait jamais déplu d’aller visiter certains monuments anciens, lorsqu’elle avait en tout cas pu faire des voyages.

Pour Answald, il semblait être bien plus passionné qu’elle, ce qui attira un léger sourire sur ses lèvres. Qui sait, à l’avenir, peut-être qu’il pourrait lui expliquer certaines choses ? D’autant qu’ils étaient tous deux élèves à l’Institut…

- Je ne suis pas une spécialiste dans ce domaine, avoua-t-elle, je dirais même que je suis une inculte à ce sujet, mais si jamais, à l’occasion, je serais ravie d’en découvrir un peu plus, si on se croise une fois à l’Institut. Tant que vous êtes patient et compréhensif si jamais j’ai dû mal à vous suivre

Bah oui, elle aurait pu être un cas désespéré si elle avait été archéologue. Alors bon, autant prévenir, même si c’était dit avec un  ton d’humour.

Quoi qu’il en soit, Answald commença à lui parler de son pouvoir et Emily fut quand même rassurée en l’entendant dire que son don était capricieux. C’était parfait : le sien l’était aussi. Peut-être était-ce un point commun chez tous les mutants, au fond ? C’était difficile à dire, comme chacun essayait de dissimuler plus ou moins ses propres pouvoirs. Mais si tous leurs « dons » apparaissaient sans prévenir et sans aucune volonté de leur part, peut-être que cela était bien un caractère fréquent chez les propriétaires de pouvoir.

Un sourire franc apparut sur le visage d’Emily quand Answald lui révéla que les objets auxquels ils pensaient lui tombaient continuellement sur la tête à l’apparition de son pouvoir.  Ca n’avait pas dû être drôle à expérimenter, surtout quand c’était un rayon de bibliothèque qui tombait sans prévenir, mais il y avait quand même de quoi en rire après un temps. Du reste, une table aussi était quand même assez énorme à déplacer, mais si elle était apparue à la mauvaise place, Answald n’avait pas dû apprécier.

Hum. Dans le doute, elle n’allait pas poser la question.

Il lui raconta aussi qu’il avait téléporté une barre de fer dans l’autre sens, ce qui était quand même intéressant, même s’il conclut que son pouvoir était souvent « une catastrophe ». Tu parles, il ne devait pas être le seul à penser ça. Peut-être était-ce le cas des trois quarts des étudiants de l’Institut. Mais bon, elle exagérait peut-être. Sans doute un peu beaucoup.

- ...J'ai oublié mon argent....mais vu que vous savez pour moi....

Son portefeuille apparut dans ses mains et un léger sifflement admiratif sortit de ses lèvres. Vachement pratique. Elle aurait adoré avoir ça le jour où elle avait oublié ses clés, une fois, sur la table de son appartement.

- Et vous ? Vos visions ? Elles sont longues ? Courtes ? Intrigantes ?

- Hum… J’aimerais bien qu’elles soient intrigantes, parfois, fit Emily  tout en allant derrière le comptoir. Quoique non, en non, ça m’embêterait de ne pas avoir le fin mot de l’histoire. Je suis une éternelle curieuse, après tout. Mais mes visions sont souvent courtes et très claires. Il y a eu votre cas, par exemple, mais j’en ai aussi d’autres où il allait se passer quelque chose sous peu. Généralement, tout se déroule comme je l’ai vu avant que je n’aie dit un mot, et c’est assez désagréable. Après, outre les visions du futur, il y a aussi celles du passé… Celles-ci sont plus rares, quand j’y pense, mais ça vous donne souvent l’impression d’être là où il ne faut pas. Et quand vous voyez par exemple quelque chose d’assez sale, c’est très difficile de continuer la conversation normalement par la suite.

Disons en tout cas qu’on voyait les choses différemment, et parfois, Emily n’était pas sûre d’apprécier. Surtout quand il fallait rester poli sans qu’on puisse dire à la personne ses quatre vérités.

- Mon pouvoir peut aussi marcher sur les objets… Du coup, si je ne voulais plus avoir de visions, je crois que je ne devrais plus rien toucher… Ce serait assez ennuyeux sur le long terme, fit-elle dans un sourire.

Bon, tant que ses visions ne lui montraient pas que des catastrophes, ça allait encore. Mais quand même.

- Et désolé, je parle, je parle, et je vous tiens occupé.

En soi, elle avait tout de même bipé tous ses livres et ils étaient prêts pour être achetés – ou prêtés si telle était l’envie d’Answald. Ceci dit, elle lui avait fait un petit discours, même s’ils étaient seuls, sans personne aux alentours. De toute façon,  il lui avait bien confié différents détails sur son pouvoir alors… Elle pouvait bien le faire à son tour. 

[Je croyais que j'allais te faire une réponse minable et que je me ratrapperais avec Clau, mais ça va encore en fait ^^ J'ai pas relu mes anciens posts, par contre, alors j'espère que je ne me répète pas pour ma clairvoyance, sinon, désolé ^^ Et je pense qu'on peut clôturer là ! :p]

Patiemment, Emily écouta Answald lui faire la remarque que son pouvoir fonctionnait sur les objets. Ses visions avec eux arrivaient moins souvent, peut-être parce qu’ils étaient inanimés, mais ça pouvait lui arriver de temps à autres. Ceci dit, la jeune femme ne voyait pas grand-chose, généralement : peut-être son propriétaire, s’il existait, ou alors l’environnement qui entourait l’objet durant une scène précise.  

- Vous semblez quand même les contrôler un minimum, heureusement.

- Les contrôler, c’est un bien grand mot,, fit-elle avec une légère grimace.   J’aimerais souvent qu’elles me laissent un petit temps de répit avant de se produire. Mais je m’applique. En s’entrainant, on finira bien par s’améliorer à l’Insttut !

Son ton se voulait dynamique, et Emily marqua une petite pause, tandis qu’elle lui rendait les livres qu’elle avait bipé près de son ordinateur de travail.

- N’empêche, même si mes visions peuvent déroutantes et surgir à l’improviste, peut-être que la clairvoyance vous aurait plu. Elles auraient pu vous montrer des scènes en lien avec certains objets ou périodes auxquelles vous vous intéressez, vous qui aimez l’archéologie..

Après, ce n’était qu’une hypothèse. Pour Emily, ses visions du passé lui montraient un temps plus ou moins proche, mais elle ne s’était jamais fort intéressée non plus à tous les vestiges désormais finis et « enterrés ». En revanche, si sa clairvoyance avait été chez Answald, peut-être qu’elle lui aurait montré certaines décors ou lieux auxquels il s’intéressait, s’adaptant ainsi aux activités et aux passions de son propriétaire.

Quoi qu’il en soit, elle ne semblait pas avoir dérangé son collègue avec son bavardage, et c’était tant mieux comme ça. Tout en lui rendant son sourire, elle l’écouta reprendre la parole à propos de leurs capacités et de leurs pouvoirs.

- En plus, je trouve les pouvoirs fascinants, quels qu’ils soient. C’est vraiment nouveau pour moi…Ce monde. Alors en apprendre le plus est la solution que je préfère, quitte à ce qu’on me noie d’informations.

Se noyer d’informations… Emily pouvait comprendre. Elle avait été très réservée, au départ, sur tout ce nouveau monde qui s’offrait à elle, et puis, petit à petit, la jeune femme avait appris à l’accepter, même si l’avenir lui réservait sans doute encore bien des surprises.

- En tout cas, je sais à présent où faire en priorité mes achats de livre…

Un sourire jaillit sur les lèvres d’Emily.

- Ce sera toujours avec grand plaisir. Et si on ne se revoit pas ici, je suppose qu’on se recroisera à l’Institut.

Comme quoi, même des chutes de livres pouvaient provoquer de bonnes rencontres à l’improviste.