Elle continuait de courir après moi. J'imaginais que c'était logique, si c'était sa fille que je tenais. Je savais qu'une mère était toujours attaché à son enfant. Si j'avais pu voler, cela aurait été plus rapide pour partir.
Chelsey continuait de parler de Papa mais je fronçais les sourcils. Même si "pleins de choses", Papa était revenu me chercher.

- Il est venu me chercher. Peut-être qu'il s'est...Trompé. Il est venu me demander quelque chose. Il n'a jamais dit qu'il ne m'aimait pas.

Non, il ne l'avait jamais dit, alors ça ne voulait pas dire qu'il me détestait. Peut-être qu'il m'aimait vraiment. Non. Il m'aimait. Je crois...
Je commençais à fatiguer à courir, je cherchais une issue. Et en même temps j'hésitais presque un peu.
Et si après ça, Papa repartait et plus rien ? Et si... C'était vrai que le seul intérêt que je représentais à ses yeux, était que...
Je me mis à pousser sur mes jambes pour courir plus vite quand même.

Alors que je courais, elle parvint à se mettre devant moi. Je ne pouvais plus avancer. Je tenais toujours l’enfant, alors qu’elle me demandait de le lui rendre, en montrant ses griffes. Elle m’expliquait que si je ne lui donnais pas ce qu’elle voulait, elle me blesserait vraiment.
Mais Papa voulait que…
Je laissais mes yeux se baisser, ne regardant pas forcément l’enfant, regardant le sol. Je ne voulais pas la croire, mais je savais que c’était vrai.
Seulement… Je commençais à faire demi-tour pour prendre une autre issue et partir le plus vite possible. Je sentis brusquement mes ailes se déployer. Je ne leur avais pas demandé. Je les sentis s’agiter, je ne comprenais pas pourquoi.
Peut-être que si je comprenais.

Je savais que Papa ne ferait rien même si j’étais blessé. Et je ne voulais pas mourir. Papa était revenu, et c’était…Quelque chose qui me rendait heureux, je crois, mais il n’était pas revenu pour me récupérer. Je crois. Il y avait pleins de choses dont je n’étais pas sûr.
Je devais choisir entre obéir et vivre, de mon côté. Je regardais Chelsey.
Je préférais vivre. Parce que je le savais, finalement. Papa ne se préoccuperait pas de moi quoique je fasse.
Je sentis comme si mes ailes me tiraient, cela était toujours étrange, quand ça arrivait. Les ailes grandissaient, à nouveau.. J’ignorais cette étrange sensation, et je tendis l’enfant. Je savais que je risquais d’en pâtir. Mais j’avais pris ma décision.