Adrian voulait partir. S’éloigner. Pour la protéger. Pour s’empêcher d’évacuer sa haine et toute sa rancœur autrement que par des mots. Il lui en voulait. Elle ne comprenait pas. Ils ne partageaient clairement pas le même avis quant à l’ancien Adrian et ses anciennes relations. Ou en tout cas, les différents points de vue ne leur permettaient pas de comprendre l’avis de l’autre. Quand elle commença à lui répondre, l’espagnol détourna le regard, tandis que sa mâchoire se resserrait tous comme ses poings précédemment. A ses yeux, toute son ancienne personnalité sonnait faible. La faiblesse rimait avec les sentiments et les émotions, c’était bien connu. La preuve, il se voyait apparaitre puis disparaitre sans cesse sous le coup de tout ce qu’il ressentait à ce moment là. Des doutes. D’innombrables doutes illustrés par son nouveau pouvoir qui n’en faisait qu’à sa tête.

Le rapprochement que créa Lucy permit à Adrian de reposer ses prunelles sur elle. Les deux étaient dans un bel état, pleurant chaudement des tonnes de larmes. S’il se les était permises quelques minutes auparavant sous la fuite d’une trop grande pression, ces larmes actuelles étaient des preuves de perte de contrôle. D’impuissance, d’incertitude, de fragilité. L’un de ses poings vint s’écraser sur la joue la plus noyée, avant d’à nouveau détourner le regard. Merde. Il n’arrivait pas à soutenir son regard. Sa détresse. Encore la preuve de sa pauvreté d’esprit. Même ses coups indolores et ces trois mots prononcés, attendus il y a quelques mois, ne l’aidèrent pas à recroiser leurs regards. Sinon agrandir la pression sur sa pomme d’adam et son léger tremblement.

« S’il te plait quoi… ? » demanda-t-il d’une voix beaucoup plus faible et d’un ton moins agressif. « Je ne peux pas retourner en arrière… Je ne veux pas redevenir ce garçon que j’étais. » commença l’espagnol avant de poser ses mains sur celles de Lucy, les immobilisant contre son torse pour arrêter ses coups. «L’institut et mon père m’ont protégés, m’ont empêché de mûrir et d’apprendre à me défendre moi-même. Comme toi. L’ancien Adrian n’aurait pas survécu à tout ça… » dit-il en parlant de leur précédente demi-heure passée à fuir et à se protéger.

« Tout ça… » Il déglutit, posant enfin son regard sur Lucy, s’y forçant. L'une de ses mains s'empara des deux mains de Lucy, tandis que son index libre alla effleurer son visage. « … C’est derrière moi. Je suis heureux d’être ce que je suis en ce moment parce que… C’est ce qui m’a permis de rester vivant… Et de t’avoir protégé. J’ai toujours des sentiments… Ils sont juste moins infantiles et… Plus… Restreints. Et si c’est ainsi que je dois être pour pouvoir assumer et protéger les personnes que j’aime… Je ne peux que m’excuser en disant que l’Adrian que tu as vu aujourd’hui, celui que je suis devenu… N’en est qu’à son début. »

[*violon* ralala j’en peux plus de lui xD *va se pendre*]

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Continuant inlassablement d’apparaitre puis de disparaitre, Adrian sentait ce pouvoir comme épuisant. Cela, mélangé aux précédents événements n’arrangeait rien. Il était fatigué. Las de tout ça. Et Lucy ne l’aidait pas. Un soupir s’échappa lorsqu’elle lui répondit. Elle lui demandait des choses. Beaucoup trop de choses. Des choses incertaines, que lui-même ne pouvait pas promettre, ne sachant pas si tout cela était possible. Lui apprendre à devenir plus forte ? L’espagnol ne voulait pas l’arracher de l’institut, même s’il détestait cet endroit. Mais de l’autre, il le savait cible du Projet. Le Projet qui avait engendré toute cette terreur. N’était-ce pas ce qu’il souhaitait ? Se venger ? Pourquoi toute cette misère le touchait-il ? De nombreuses personnes qu’il avait appréciées se trouvaient encore et toujours à l’institut. Et s’il avait déjà du mal à supporter tout ce qui venait de se passer, comment se sentirait-il le jour où les murs de l’école se seront effondrés sur les habitants ? Rien que son dégout envers lui-même, de faire parti du Projet Shadow, actuellement, lui donnait envie de vomir.

Avant de répondre négativement à tout cela, la main plantée sur le visage de Lucy passa dans sa chevelure pour la rapprocher de lui et ainsi l’attirer contre lui pour l’enlacer. Sa première main resta dans sa nuque, caressant doucement sa chevelure tandis qu’il enfouit sa tête dans son cou, la serrant contre lui. C’est à ce moment-là que son corps arrêta enfin de n’en faire qu’à sa tête, réapparaissant entièrement, laissant le mutant dans une phase d’épuisement.

« Je ne peux rien te promettre Lucy… Et je refuse de t’attirer avec moi dans toutes ces conneries. » commença-t-il, la voix étouffée. « Je n’ai le temps pour personne. » Il lâcha un soupir à nouveau avant de desserrer son étreinte. « Rentrons. C’est à cinq minutes d’ici… » reprit-il, désireux de changer de sujet et de retrouver au plus vite son appartement et son strict confort. « Tu tiendras ou… Si tu diminues ta taille, je pourrais nous y faire parvenir sans que tu n’ais à marcher. »

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