Akio avait ce côté parfois égoïste, qui l’empêchait parfois de se mettre à la place des autres. Peut-être pour ça qu’il se reçu un pique sans prévenir, et qu’il parut un peu surpris. Après, il ne pensait pas à mal dans ses paroles.
- …Je ne serais pas à l’Institut sinon, mais je pensais que tous les professeurs étaient mis au courant alors…
Au fond il n’avait jamais pensé à mal, au final. Sincèrement. D’accord, il était un peu fier d’en savoir plus que les autres, mais sinon…. Soudain, il prit conscience d’une chose. Sa voix. C’était la sienne. Il regarda son corps, toucha ses cheveux, et manqua de se lever brusquement :
- Je suis redevenu moi-même !
Akio paraissait bien heureux de ce fait, vu qu’il ne supportait pas changer d’apparence sans prévenir.
- Ca a vraiment marché !
Il restait assis sur sa chaise, mais c’était avec difficulté, il bu joyeusement ce qui lui restait de boisson, manquant presque de se brûler, vu la vitesse à laquelle il avait saisit son gobelet.
J'suis caché« A quoi te servirait cette imagination féconde si tu ne pouvais l'employer à travestir la dure réalité d'un vilain moment ? » – San-Antonio
Ça y était, il avait enfin réalisé qu'il avait repris forme normale. Chose que Sirom avait déjà remarqué depuis quelques minutes déjà. Seulement... Il n'avait pas pris la peine de l'en informer. Il le laissa s'extasier un peu... quelque part cette joie était belle à voir et communicative mais Sirom gardait encore un petit bout de rancœur en lui. Il ne digérait pas aussi vite les petites remarques pernicieuses même s'il avait conscience qu'en cet instant, c'était peut-être un peu ridicule. Il était prêtre en plus, il était censé prôner le pardon. Pour une chose aussi futile, c'était presque facile, ou trop facile, mais certaines choses... Il ne voyait pas comment les gens pouvaient passer au dessus et pourtant il était censé les guider en ce sens. Avec le monde qui allait à vaux l'eau, c'était de moins en moins facile. Il fallait voir le nombre de gens qui se tournaient encore vers la prêtrise... Tellement peu entraient au séminaire chaque année. Étrangement, les musulmans n'avaient pas ce souci. Chez eux, les gens avaient encore la fierté de leur foi. Lui... il avait parfois du mal à croire en lui-même...
Le professeur se détendit lorsque le jeune lui avoua sans malice aucune qu'il était un bon professeur. Le sourire revient sur ses lèvres. Il se demandait si à cet âge, il avait eu autant de mal à exprimer ce qu'il voulait dire sans blesser... et il se souvint. A son âge il était muet, à son âge... les signes étaient ces seules moyens de communiquer et il était plus souvent seul qu'à son tour. Mal à l'aise, il préféra se concentrer sur son gobelet et terminer son chocolat chaud avec une rapidité moindre que celle de l'asiatique. Enfin il releva son regard et lui sourit en désignant l'horloge murale dont le tic tac n'était pas perceptible de là où ils se trouvaient, à moins que cette dernière ne soit silencieuse.
" Les cours vont se terminer, nous devrions rentrer... Je te ferai un mot pour donner à ton professeur de cette après-midi "
Il n'était pas si chien que cela Sirom, au final et il se leva, repoussant sa chaise et allant jeter son gobelet dans la poubelle non loin avant d'attendre à côté de cette dernière que son élève en fasse de même. Ils partirent ensuite tous deux en direction de l'institut. Il ne fallait pas trop qu'ils s'attardent désormais si Akio comptait rester discret sur son escapade.