Moi demander plus ? Disons que ça dépendait de lui. Effectivement, s'il me propose deux dollars, il pourra se les enfoncer dans la gorge. Certes. Mais il n'était pas de cette graine là que je sache. Il voulait des garantis ? Cela allait de soi. C'était pareil pour la drogue. D'abord le pognon, ensuite on donnait la dose et il n'y avait de traitement de faveur pour personne. Mais vous n'avez pas idée du nombre d'abruti qui demandaient crédits. Tss. Ces humains, quels phénomènes ! A nouveau, je ne pouvais m'empêcher d'esquisser un faible sourire qui se voulait discret. Bon sang, ce que ce mec est comique.

- Soit, fis-je, nous jouerons sur les prix le moment venu.

Le moment venu, sous entendu quand il y aura quelque chose à payer. Lui seul pourra de toute manière faire la part de ce qui paye bien ou non. Je me contenterais à ce moment là de juger moi également si je méritais plus ou non. Une sorte de jugement à deux. S'il payait bien tout de suite, je n'aurais aucune raison d'en réclamer d'avantage. Enfin, peu importe. Il répondit tout de même ce que je voulais savoir, à savoir ce qu'il était prêt à donner pour cet homme. Donc oui, je n'avais pas tort, il était limite prêt à se ruiner pour ça. Quelle valeur pour un énergumène déchu pareil. Ca faisait pitié. La vengeance était une chose débile, j'en conviens. Mais je n'allais pas me plaindre si ça remplissait les poches. Après tout, il faisait ce qu'il voulait. Il paie puis il joue avec ce mec autant qu'il veut, le reste m'importait peu. Ou presque. Non mais la torture était une chose qui m'intéressait au plus haut point voyez-vous. Il se pourrait même que je reste jeter un oeil à ce qu'il prévoyait de faire à ce mutant...

- J'exige un acompte.

Quitte à négocier, autant le faire jusqu'au bout. Je voulais voir jusqu'où je pouvais l'emmener comme ça. C'était pas la meilleure façon de me faire aimer, je vous l'accorde. Mais ça tombait bien parce que ce n'était pas le but recherché. J'aimais à être détesté moi. Alors qu'il me déteste autant qu'il le désire. Je ne pouvais qu'en être satisfait. Mais il pouvait toujours refuser et aller voir ailleurs. Il trouvera peut-être un ou deux vieux bougres défraîchi pour me remplacer. Par contre je ne vous parle pas de la garantis de travail pour la peine. Ca le ferait royalement chier et cela faisait mon petit plaisir. Ah ne m'en voulez pas. Mais je dominais dans cette ville depuis un sacré bout de temps maintenant que mon instinct dominant avant tendance à prendre le dessus. Vous savez ce que c'est hein !

- Tu le sauras en temps voulu, répondis-je au sujet des informations gratuites.

Parfait, ça n'avait pas l'air de lui poser problème, c'était déjà ça. Je n'avais jamais vraiment chercher à jouer les fouineurs autour de moi, ou du moins, à embaucher quelqu'un pour le faire -enfin quelqu'un de la graine d'Aled en tout cas- Mais ça pouvait toujours servir après tout alors si je l'avais sous la main, ça serait bête de gâcher un ticket gratuit pour quand j'en aurais besoin. Quand aux informations me concernant, elles n'étaient plus privées à partir du moment où il les vendait. Ni même à partir du moment où il les récoltait. Mais il n'y avait pas que lui qui pouvait être capable de jouer les petits espions sur ma personne. Les informations, ça va, ça vient, ça circule, ça va loin. Mais si un jour, Aled recevait ou dénicher une quelconque affaire sur moi, il devrait tout bonnement m'en faire part. Cela pouvait être n'importe quoi, du petit caïd qui essayait de me doubler à un éventuel rival qui menait à bien un complot contre moi. Je vous la fait courte pour vos deux neurones en suspension : Aled serait une sorte de filtre autour de ma personne. Ainsi, ce qui pouvait être une envie de satisfaire ma curiosité pourrait peut-être un jour devenir une sorte de prévention.

Un refus. Quel dommage. Il n'était donc pas prêt à aller aussi loin que ça. Je n'étais pas franchement déçu d'une telle réponse. Soit il acceptait, soit il négociait quelque chose de mieux, soit il refusait. Mais il avait choisi la troisième option. S'il me croyait simple dealer des bas quartiers, c'était à cela qu'il se trompait. Lui qui disait m'avoir longtemps observé, il n'en avait pas tiré les meilleures leçons semblerait-il. Mais c'était lui qui était venu me chercher pour avoir de mes services, et non l'inverse. Ce n'était donc pas à moi de lui courir derrière. Un acompte mérité ? Aurait-il oublié que, par définition du dictionnaire, l'acompte était conçu justement pour payé d'avance un service encore non rendu ? Qu'il revoyait ses classiques alors, je n'allais pas lui faire la classe. Il était assez grand pour comprendre tout seul.

Capricieux ? Oui, sans nul doute que je l'étais. J'étais pourri de vices et ce n'était pas prêt de changer. Mais c'était effectivement décevant. L'affaire avait pourtant été attrayante. Ca m'aurait changé de l'ordinaire. Mais si la vie de John pouvait valoir des millions de dollars, elle n'en valait visiblement pas le moindre acompte. Stupide non ? Lui était prêt à se ruiner au comptant mais n'était pas fichu de mettre son honneur de côté pour sceller l'entente. J'haussais les sourcils à sa réponse, me pinçant légèrement les lèvres de condescendance. Que voulez-vous que je vous dise ? C'était son choix après tout. Rien n'avait prévu à ce qu'on se mette d'accord aujourd'hui après tout. Sur ce, je me levai de la table.

- Dommage...fis-je paisiblement, ce n'était pas loin.

Eh oui, il n'était qu'à quelque millimètre d'avoir ce qu'il voulait. On ne pouvait se planter plus fort que maintenant. Qu'il fasse donc sans moi. Je lui souhaite bien du bonheur. Contournant la table, je m'éloignais au sein de la mezzanine. Ce qu'il pensait de moi, ça m'était bien égal. La faveur, c'était moi qui le lui offrait à la base. Ce n'était pas très malin de s'arrêter sur un pareil détail. Je le croyais beaucoup plus déterminé que cela.