Je me demandais d’où sortais ce gosse, pour n’être jamais allé dans les boutiques. Enfin, je n’allais pas trop me poser des questions, vu qu’en fait, je savais d’où il sortait. Il posait tant de questions, c’était agaçant. Ce gosse manquait clairement de confiance. Enfin, au moins, cela le rendait plus facilement dépendant à moi.
Quand il me demande pour venir, je manque de lâcher un soupir agacé, mais me dis que finalement, cela le rendrait toujours plus dépendant.
Alors, j’acceptais.

- Très bien, allons-y.

Je l’attrape par l’épaule et rentre dans le magasin. Je ne sais pas quel jeu il voudrait et lui murmure :

- Choisi le jeu qui t’intéresses. Prend le, fais comme si tu le regardais.

Je commençais déjà à manipuler les caméras en les fixant légèrement du regard.
Il ne serait pas pris.
Je murmurais encore :

- Ensuite, glisse-le dans ton haut. Discrètement. Comme un ninja.

Je supposais qu’il savait ce que c’était les ninjas. Il me semblait en avoir vu quand j’avais appris ce que j’avais raté.

- Enfin…On sors de là.

J’attendais qu’il agisse, pour sortir. Aucune caméra n’allait le voir.

Je sens toute la panique qui suinte contre son corps fébrile. C’est comme ça à chaque fois. Mais je savais qu’il n’allait pas tarder à ressentir le plaisir du vol, celui de posséder sans avoir à passer par la case argent à donner. Le plaisir de la puissance. Ce genre de chose.
Même si j’avais plus l’impression que ce morveux ne voulait que ma fierté que je pouvais éprouver envers lui.

- Oui je suis fier de toi, Eliott. Et ce n’est rien, cette impression. Tu vas voir, après ça va se transformer en joie. Et il faut se cacher parce que pour certains c’est mal, mais c’est parce que ce sont des imbéciles qui pensent avoir raison.

Et quoi, c’était vrai. Les humains étaient des imbéciles qui avaient inventé des lois soi-disant pour contourner le mal, alors qu’ils étaient tous pareils, et que de fait, le mal prônait quand même pour eux.

- Fais moi confiance, après tout, je viens te le dire, je suis fier de toi. Tu pourras recommencer quand tu veux.

Je le pris contre mon épaule, lui insufflant une sorte de « maléfice » bien que ça ne soit pas si mauvais, qui allait faire en sorte qu’il ne soit jamais pris. Plus il volera, plus cela sera amusant.
Normalement il n’allait pas s’en rendre compte, de ce que je venais de lui lancer.

- Et puis, tu n’es pas content d’avoir ce jeu ?

Je le sentis se détendre. Bien, bien, bien. Cela aurait été tellement ennuyant s’il s’était mis à paniquer encore plus. Mais s’il se mettait à croire que le vol c’était bien, c’était parfait. C’était tout ce que je voulais.
Je l’entendis me dire qu’il aurais aimé que je vienne avec lui à l’Institut. Oh, mais ça n’allait pas tarder. Mais même lui n’en réchapperait pas. Je décimerais tout sur mon passage.

Je l’entendis me parler d’avoir des esclaves. Mon sourire se fit grand, tandis que je me penchais très près de lui.

- Cela te dirait, d’avoir des esclaves, alors ? Des gens à tes pieds… Prêt à tout pour faire ce que tu dis…Sinon…

Je ne pus m’empêcher d’esquisser un sourire malsain, et qu’importe si j’effrayais ce gosse.

- Cela peut toujours s’arranger, tu sais… Je peux te montrer des choses…

En fait, peut-être que je ne me trompais pas, en disant que ce gamin serait toujours mieux que Roch.

Je ressentis sa peur, et m’en délecta. Quel petit crétin amusant. Voilà qu’à présent, il se retrouvait effrayé par ma simple réelle présence. Par mon véritable visage. Mais la suite de sa réaction m’amusa d’autant plus.
Il était tellement malléable malgré lui. Il ne cessait de me faire une confiance absolue, si étrangement drôle.

Je n’avais même pas besoin de murmurer à son oreille, et d’imposer ce mal dont j’étais Maître, pour le faire flancher vers le côté que je préférais.
Il posa une ribambelle de questions. L’air amusé, mais certains dirons « de façon malsaine », je tapotais sa tête. C’est bien petit. Un jour, quand ton âme m’appartiendra, je savais que tu me serais utile.

- Bien sûr que je t’aiderais. Mais une fois que tu seras suffisamment fort, tu pourras te débrouiller tout seul.

Je m’approchais de son visage, me mettant toujours à sa hauteur pour cela.

- Je pourrais te montrer comment asservir les gens. Comment les voir te lécher les pieds, te faire le moindre de tes ordres. Je pourrais te montrer comment te faire aimer d’eux, comment gagner leur admiration.

Je pourrais prendre son âme, et lui montrer tout ça, pour qu’il soit un démon plus intéressant que certains qui osaient terminer en Enfer, et qui passaient d’avoir un sacré paquet de temps à flipper et à souffrir avant de pouvoir servir réellement à quelque chose.

- Comme un vrai papa…

Faire comme un vrai papa. En fait je m’en fous de faire comme un vrai papa. Mais lui montrer et lui enseigner combien il est agréable d’avoir des esclaves, peut avoir de quelque chose de terriblement intéressant. Je souriais.

- Oui je peux. Je peux parfaitement…

Je pouvais tellement. Je l’observais, et mon sourire se faisait de plus en plus grand, de plus en plus mauvais. Je mis mes deux mains sur ses épaules :

- Ca va peut-être faire peur au début, mais je peux te montrer combien je suis aimé. Combien je peux dominer les gens. Ensuite…Faire en sorte que tu es aussi des esclaves. Des gens de cet Institut où tu es…

Des gens qui seront hors de l’Institut, pour le moment. Je n’avais pas encore l’intention d’y aller.

- Ca te dit ? Et tu seras comme… oui, comme mon fils, à qui j’apprendrais les « ficelles du métier ».

Qu’il avait l’air bien bête à trembler comme ça. Qu’il semblait si faible.
Il me demandait de ne pas avoir peur. Mais qu’est ce que je m’en foutais, s’il n’aimait pas avoir peur.
Je l’attrapais par les épaules :

- Mais non, tu verras. Tu auras un peu au début, et ensuite…Ca ira mieux.

Je disparu avec lui, l’emmenant en Enfer. Sûr qu’il risquait de se mettre à chialer, mais maintenant c’était trop tard pour lui. Je l’avais emmené avec moi. Immédiatement je fis venir à moi plusieurs démons, suffisamment lèche botte pour venir à mes pieds, faire leurs minaudeurs.

- Regarde. Ces…personnes, me respectent. Il me suffit de leur demander une chose, pour qu’il s’exécute.

Je lui montrai un exemple, en demandant à l’un d’eux de me ramener de quoi nous asseoir, ce qui arriva rapidement. C’était bien une maigre façon de se servir d’eux, alors je demandais à un autre de me ramener des informations sur quelqu’un, et encore à un autre d’aller m’en chercher un autre.
Je regardais Eliott :

- Ils ne pensent même pas à me désobéir. Ils savent qu’ils feraient mieux d’éviter de ne pas obéir. Alors tu vois. Ca te plait ? Te faire obéir, te faire respecter…

Je regardais les démons s’exécuter avec cette crainte que j’adorais. Je savais que certains m’admiraient aussi. J’aimais ce statut que je possédais. Mais après tout, j’étais leur créateur.

Qu’il est minable, d’avoir peur comme ça. Ce n’est que l’enfer, ce n’est pas comme s’il y était définitivement. On était en plus dans le coin calme, pas le coin où les démons se donnent à cœur de joie pour faire comprendre aux âmes combien elles ont été « mauvaises » et où on laisse les âmes devenir à leur tour des démons. Honnêtement, là, il aurait été compréhensible qu’il ait peur. Mais sinon ?

Je l’entends me demander si les démons m’aiment, s’ils sont mes amis. C’est sûr qu’ils ont peur de moi, mais c’est comme ça que ça marche. Certains n’ont pas peur, de toute façon. Certains sont suffisamment supérieurs pour que se crée entre eux et moi, quelque chose proche de la confiance, sans en être vraiment. De toute façon, rare sont ceux en qui je peux avoir réellement confiance.
Je l’entends balbutier toujours, voulant que les gens arrêtent de l’ignorer, blablabla. Bien sûr que je pouvais lui apprendre comment faire, mais ça n’était pas sans condition. Et j’allais être plutôt « sympa », j’allais même lui parler des conditions.

- Ils m’aiment. Parfois. Et on n’est pas vraiment amis. Ce sont plus des employés que des réels amis.

Je n’avais pas besoin d’amis. Même les démons à qui je laissais me parler comme à leurs potes, n’avait pas le droit de croire que nous étions amis. Jamais. Je ne m’attachais pas aux humains, ni aux démons.

- Et oui, je peux t’apprendre comment faire que les gens te respectent, mais tu sais Eliott, ça ne sera pas sans condition…

Je me penchais vers lui, l’air assuré :

- Après tout, je dois m’assurer que tu me seras fidèle, si je te montre tout cela. Veux-tu m’être fidèle ? Je t’offrirais ce privilège que de découvrir comment mettre les gens à tes pieds, en échange… Cela te dit ?

[Attention. Ceci est un sous-entendu de pacte. Si Eliott dit oui, Luci va passer le pacte xD (donc tenter de lui faire un zoli bisou]

Ce morveux manque clairement de tendresse, pauvre petiot. Tu parles. Il demande à ce que je sois son vrai papa s’il accepte de m’être fidèle. Bon sang, s’il voulais, je pouvais. Il serait peut-être de toute façon, meilleur que celui que j’avais en ce moment.
Je restais très proche de lui et répondit :

- Mais bien évidemment. Sans problème. Tu dois juste me promettre d’être fidèle, et je serais ton père.

Mon sourire se faisait grand, tandis que je posais mes mains sur ses épaules, prêt à l’embrasser pour sceller notre pacte.
J’attendais juste sa dernière réponse… Ce oui qui ne tarderait sûrement pas à venir.
Quand soudain, je sentis comme une douleur à l’intérieur de moi. Comme si quelqu’un tentait de pénétrer dans mon esprit, de se manifester. J’étais Lucifer, personne n’osait faire ce genre de chose, et encore moins, de survivre après ça. Je m’enlevais d’Eliott :

- Attends juste deux secondes…

Je ne savais pas d’où l’attaque venait et observais les démons autour de moi. Leur sommant par le regard, de se dénoncer. Seulement, j’avais l’impression qu’aucun ne faisais ça. Je sentis comme une vive douleur et vit du noir
Le regard de « Luciano » changea soudainement, devenant plus surpris, plus terrifié, plus déterminé aussi. Son regard changea pendant cinq secondes, avant de redevenir un regard plus sûr, plus mauvais
Je ne savais pas qui s’amusait à tenter de percer dans mon vaisseau mais… J’étais en plein milieu d’un pacte, moi, merde ! Nom de Dieu !
J’oubliais de sourire comme si j’étais « un gentil papa wouhou » et fusillais le morveux du regard.

- Est-ce que ça vient de toi ?

Il ne restait que lui. Je respirais un bon coup, et sentis la douleur s’amoindrir. Je n’avais pas l’impression que ce gamin était la cause, mais il pouvait très bien ne pas le savoir lui-même…