Mon corps frissonne de nouveau sous ses gestes. Je crois que je ressentirais ça à chaque fois qu’il me touchera. Il y a bien des questions dans ma tête, mais j’essaye de les occulter parce que je suis bien incapable de parler dans cette situation. Je me mords férocement la lèvre, la blessant par ce geste sans m’en rendre compte. Ne pas alarmer le voisinnage, c’est le but premier. Je sais que tout à l’heure j’ai fait beaucoup de bruit, alors cette fois, j’essaye de rester discret alors que ses mouvements me rendent totalement fou. Il me demande si je veux qu’il soit mon Maître, et je me retrouve bien bête. Je crois qu’au fond de moi, j’ai vraiment envie de lui appartenir. Mais d’un autre côté, je n’ai pas envie de retomber sur un Maître méchant. Phen a un humour que je ne comprends pas mais, il sait expliquer et ça me rassure. Avant on me laisser dans l’incompréhension la plus totale, je crois que je m’y suis habitué. Aujourd’hui, je suis dans les bras d’un homme qui me donne du plaisir tout en douceur. Un homme doux et tendre qui prend soin de moi. Comment ne pas être déstabilisé ? Je ne croyais plus vraiment en l’homme mais Phen m’a redonné l’espoir. Il n’a rien à voir avec les autres. Je redresse la tête, haletant et le regarde dans les yeux avant de l’embrasser, ma main posée sur sa joue.

Je veux… rester avec toi… Maître… ; dis-je tout près de ses lèvres avant de l’embrasser de nouveau.

Mes gémissements continuent de se perdre entre nos lèvres scellées et je ne les retiens pas. Je n’ai pas envie de me retenir alors que j’ai atteins une paix intérieure énorme. Je veux profiter de l’instant présent. Je ne sais pas si j’aurais la force de recommencer la même chose que tout à l’heure mais, je me laisse aller contre lui, m’accrochant avec force à son corps pour ne pas qu’il disparaisse.

Il m’a laissé tout seul, je sens la panique s’emparer de moi alors que je reprends mon souffle difficilement. Je me sens bizarre et j’ai la tête qui tourne trop vite. Je suis affalé sur le canapé. Je me lève quand même et me dirige vers la salle de bains. J’ai tellement chaud... J’ai tellement mal… Je me glisse dans la baignoire et branche l’eau froid. Il faut que je sois propre sinon il va me mettre dehors quand il va rentrer. […] J’ai à moitié perdu connaissance mais je me suis ressaisi. Je suis dans la chambre de Phen, tout du moins, je suppose que c’est la sienne et j’ai enfilé une sorte de haut que j’ai trouvé au hasard. Je me suis hissé sur le lit, haletant et fatigué. De nouveaux flashs me reviennent en mémoire et, alors que je pensais avoir fait taire ma panique, la voilà qui revient au grand galop. J’ai l’impression que mon ancien Maître est là, c’est comme si je sentais son odeur, son aura. J’ai l’impression de sentir ses mains se poser sur moi alors que je suis bel et bien seul. Je me suis caché sous le lit, en espérant qu’il ne me trouve pas, mon corps plaqué contre le sol. Ça ne dure pas longtemps et pourtant j’ai l’impression que ça dure une éternité. Il m’a fallu un certain temps avant de retrouver un semblant de quiétude mais, je crois bien que je me suis endormi. […] Mes oreilles aux aguets ont entendu un vague bruit de poignée de porte que l’on abaisse. Je papillonne des yeux et glisse une partie de ma tête hors de ma cachette. J’hume l’air ambiant à la recherche d’une odeur familière. Il y a celle du chat, celle du sexe et je détecte celle de Phen. Je reste là où je suis et ferme de nouveau les yeux. Je suis vraiment fatigué, je n’ai pas la force de bouger et j’ai froid. J’aimerais l’appeler, lui dire que je suis dans la chambre mais, à part un faible miaulement, aucun son ne sort de ma bouche. Finalement, il avait raison, j’aurais dû me reposer plutôt que de faire des folies avec lui sur le canapé. Ça me servira de leçon pour plus tard.

Phen arrive devant moi et il me regarde avec incompréhension. Il me demande si j’ai peur de lui et la réponse serait probablement non ou alors, un petit peu, je ne sais pas vraiment. Je ne sais pratiquement rien de lui alors qu’il sait presque tout de moi, il y a de quoi être méfiant. Bien sûr, sa présence me réconforte et me rassure, tout comme quand il me prend dans ses bras mais, j’ai toujours une petite appréhension. Je pense que d’un certain côté, c’est normal. Il me demande de sortir de sous le lit pour que je vienne près de lui. J’hésite quelques secondes avant de sortir et de me réfugier contre lui, le faisant presque tomber à la renverse.

Il était là… il voulait m’attraper… je sais qu’il veut me tuer mais… mais je ne veux pas mourir… j’ai peur… tellement peur qu’il m’attrape… ; dis-je entre deux sanglots en m’accrochant à lui.

Il est loin mon ancien maître, et pourtant j’ai l’impression qu’il est tout près, qu’il attend tapis dans l’ombre le bon moment pour me récupérer. Je me souviens de sa cave malodorante et des cris des autres pensionnaires. Je me souviens de ses coups, de ses brûlures, de toutes les infamies qu’il m’a fait subir et de ses assauts. Je crois que ça restera gravé en moi jusqu’à ma mort. Pourtant, il faudrait que j’arrive à passer au-dessus de ça pour vivre pleinement ma liberté. Je ne sais pas si je vais y arriver un jour. La fatigue me donne probablement des hallucinations et je crois bien que la fièvre qui commence à monter, n’aide en rien à retrouver mon calme d’avant.

Maître Phen… le laisse pas me faire du mal s’il te plaît… ; le suppliais-je sans le lâcher. Je veux rester avec toi…

Mon corps se remet à trembler alors que je peux sentir des perles de sueur glisser le long de ma colonne vertébrale pour s’échouer plus bas. J’espère que Phen ne sera pas comme l’autre… je l’espère de tout mon cœur.

Il me dit que personne ne me fera du mal temps que je serais ici. J’aimerais bien le croire mais, la fièvre ne m’aide en rien. Il m’a quand même fait sortir de sous son lit et il ma gardé quelques minutes contre lui. Je ne sais pas si je suis rassuré ou s’il me faudra un peu plus qu’une simple accolade virile. Je me retrouve sur le lit une fois de plus et je me mets sur le ventre, le visage caché dans le coussin. L’odeur de Phen est bien là et je retrouve un certain calme pendant qu’il sort pour faire je ne sais quoi. Probablement est-il allé chercher de quoi me soigner, je lui en suis reconnaissant. Mon coeur qui s’était affolé, se calme progressivement, j’ai l’impression de flotter ou d’être dans du coton. Je crois que je vais rester ici quelques jours, le temps de me remettre sur pieds et après, je retournerais chaparder du poulet à la rôtisserie ambulante. Et puis, j’irais courir sur les toits de la ville avec les autres, je jouerais avec les oiseaux, j’irais voir ceux du zoo. J’ai des tas de projets en fait. Je suis haletant sur le lit. Je flotte de plus en plus et ma tête n’a pas cessé de tourner, c’est même de pire en pire. J’en ai presque la nausée. Phen revient avec de quoi me soigner et je ne bronche pas, je fais preuve d’une docilité que jamais auparavant je n’accordais au monde qui m’entoure. J’ai toujours été ce chat sauvage, ce petit voleur qui n’apportait que des problèmes à Sully. Mais jamais, Ô grand jamais, il ne m’en a voulu. D’ailleurs, il faudrait peut-être que je le prévienne ? J’ai perdu le portable dans les flammes mais, lui et moi, on est connecté alors il doit bien savoir que je vais bien. Je l’appèlerais quand même demain. Je regarde Phen, ma vue se trouble de plus en plus.

Je vois… plus rien… ; murmurais-je avant de fermer les yeux. Du repos, voilà ce qu’il me faut.

(…) Lorsque je me réveille au matin, je suis bel et bien seul. Je m’y attendais Remarque, quand les humains font des promesses, ils ne les tiennent jamais. Phen n’est pas une exception finalement. J’ai lu son mot, ou plutôt je l’ai survolé. Il me dit de faire comme chez moi mais, il est évident que je ne serais jamais chez moi ici. J’ai pris une douche et j’ai récupéré mes affaires. Pan était là et c’est tout ce qui compte pour moi. J’ai quand même fait comme chez moi et je suis parti. Est-ce que je dois le chercher ? Et si je le trouve, est-ce qu’il fera comme s’il ne me connaissait pas, comme beaucoup avant lui ? Je n’en sais rien. Et pourtant, j’ai décidé de me fier à mes sentiments. Il ne reste plus qu’à entrer dans la caserne sans être vu...