Si Antonella n’avait pas eut une balle lui ayant traversé le pied, elle en aurait presque profité de ce voyage aérien qui était aussi agréable qu’une balade en moto, son moyen de transport favoris. Mais la douleur la ramenait trop souvent à la réalité : ce n’était pas une balade de santé. Fermement accroché au garçon, elle attendit patiemment que le cauchemar prenne fin. Bientôt, normalement. Elle se pensait débarrassée de la créature et la douleur devrait elle aussi disparaitre d’après le garçon et son « infirmerie spéciale ». Sa curiosité était attisée par ce terme. Et bientôt, elle fut rassasiée en entrant dans la fameuse pièce… Ou peut-être pas. Elle semblait si normale.

Bientôt installée sur un lit, le garçon -dont elle ne savait toujours pas le nom d’ailleurs- arriva avec une pommade et une consigne. Enlever la chaussure et toucher son pied. Antonella devint livide. Certes, elle souffrait et quelques larmes continuaient d’exprimer sa douleur mais elle avait peur de voir l’état de son pied. Mais il le fallait. La douleur n’était certes pas agréable. Prenant son courage à deux mains, Antonella défit son lacet et retira sa chaussure, non pas sans grimacer et sans esquisser une plainte. Sa chaussette noire était immaculée d’une tâche encore plus sombre. Prenant une seconde inspiration, elle retira la dernière carapace et vit un triste spectacle devant lequel elle dévia la tête et ferma les yeux en poussant une plainte de peur un peu moins silencieuse. Elle était habituée au sang et s’en fichait bien d’habitude. Mais voir sa chaire fut insupportable, tout comme l’odeur du sang et de la chaire brûlée.

C’est avec les paupières closes qu’elle tâta l’endroit où était déposée la crème, l’ouvrant pour en prendre une noisette et se l’appliquer tout en gardant son statut d’aveugle temporairement. Alors que la pommade était en train de s’étaler d’une main tremblante, une sensation à la fois chaleureuse et froide, ayant l’impression d’avoir déposé une feuille de menthe sur la blessure. Ouvrant ses yeux devant cette étrange sensation, la japonaise n’eut pas vraiment le temps de contempler le miracle qui se passait, car un bruit de verre retentit et la fit sortir de son début de rêverie. Le cri du garçon retentit, arrachant un sursaut à Antonella ainsi qu’un cri également.
La chose était encore là et… Plus féroce qu’auparavant. Elle n’avait pas du apprécier le coup d’électricité. S’étant levée d’un coup, son pied nu lui rappela à nouveau la blessure mais cela ne dérangea pas plus que ça la jeune femme. La pommade devait sûrement déjà faire effet ou bien l’adrénaline à nouveau présente l’aidait encore à dépasser ce mal.

L’impression d’être un aimant destinée à attirer éternellement cette machine traversa l’esprit paniqué d’Antonella…. Et lui donna une idée. Sa main se figea dans les airs, visant les deux silhouettes tandis que ses prunelles prirent à nouveau une teinte sombre. Les différentes tâches présentes sur l’armure recommencèrent à se remodeler, filant sur le bras métallique avant de prendre la forme d’un aimant accompagné de ses vibrations. Le métal des cadres de la fenêtre commença alors à trembler avant que la fenêtre coulissante ne vienne se rabattre sur le bras bourreau du brun, emprisonnant le bras de la machine à l’interieur et le reste de son corps à l’extérieur.

Le choc fit lâcher la machine, laissant à Antonella l’occasion de rejoindre le garçon à terre pour l’attraper par son poignet en lâchant un « Vite ! » pour l’encourager à reprendre la fuite. Aussi loin qu'elle irait et jusqu'à ce que son champ visuel lui permette, la mutante ne lâcherait pas du regard son ennemie, quitte à prendre la fuite lentement et à reculons.

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A nouveau, elle se sentit flotter. Damn, Antonella se promit de garder contact avec lui s’ils s’en sortaient vivants. Elle eut un sombre sourire. Était-ce l’idée de penser sortir vivant de tout ça ? Ou le fait de garder contact avec ce garçon, qui a certainement été la plus proche personne au monde, de manière physique, avec elle ?
En comprenant ce que tentait de faire le garçon, Antonella stoppa net son pouvoir. Ses mains fermement agrippées au brun, elle restait quasiment plantée derrière lui, continuant à demander un plan voire une nouvelle attaque à ses neurones. Elle eut même un rire amer quand des excuses lui furent présentées. Un rire nerveux qui continua quand il parla de la difficulté à rester trop longtemps dans les airs.

« Zut, c’est sympa de voler… » ironisa-t-elle, sentant la brise lui chatouiller le visage avec sa chevelure. Se retrouver dehors était beaucoup plus plaisant que d’être enfermé, même dans une telle situation. Ses pensées se chamaillaient, certaines profitant des bons côtés, d’autres lui rappelant la situation critique dans laquelle elle se trouvait. Elle réagissait face à toute cette peur, toute cette angoisse, tout ce subtil mélange de différentes émotions sombres qui faisait craquer Antonella au point de lui offrir des larmes figées au coin de ses yeux. Yeux qui se posèrent d’ailleurs sur le tuyau d’arrosage. Elle le pointa du doigt, usant à nouveau de son imagination dont elle était fière, expliquant les différents plans possibles à son co-équipier :

« Avec la pression on peut l’arrêter ! » commença-t-elle. « Ou le prisonner ! » rajouta la brune avant de reposer ses yeux sur la créature, prête à…

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Antonella haussa un sourcil quand elle vit la machine se mettre soudainement à rouler. Elle était vraiment idiote cette machine. Son comportement n’était pas naturel, elle avait l’impression d’avoir un pion face à elle qui répondait à une télécommande sur laquelle quelqu’un appuyait sur n’importe quel bouton. Restant sur ses gardes, elle fut fière quand elle vit que le tuyau se mit à bouger… Après un bon moment inactif malgré la chanson que chantait le brun encore. Elle eut envie de siffler mais l’ambiance ne la poussait pas vraiment à accompagner le garçon. Juste visuellement le tuyau qui entoura alors la créature.

Elle sursauta lorsqu’elle sentit son pied nu toucher le sol frais. Ils ne volaient plus. Et la pommade faisait bien son rôle puisque le trou n’était plus visible, juste une blessure profonde, mais beaucoup moins impressionnante qu’au départ. Mais même devant cette guérison, l’inquiétude se mit à gagner alors la japonaise qui voyait que le garçon n’avait pas eu tort en parlant d’une réserve. Mais il ne fallait pas paniquer. Pas maintenant. Pas pendant que l’affreuse armure commençait à se débattre, n’appréciant pas d’être ligotée.

Ses mains toujours accrochées à l’épaule masculine, elle s’aperçut que l’eau n’allait pas apparaitre toute seule. Ses doigts quittèrent totalement le garçon pendant qu’elle courrait jusqu’au robinet contre le mur qu’elle s’empressa d’ouvrir. Et pendant que l’eau se mit à parcourir le tuyau, poussé par l’ouverture maximale du robinet, l’idée de ligoter avec une seconde couche traversa l’esprit d’Antonella. C’était certainement la dernière tentative pour elle, sentant sa tête sur le poing d’exploser suite à ses anciennes tentatives. Mais elle y croyait [Comme moi Q_Q]. Ses yeux passèrent pour une énième fois à la couleur noire et bientôt, la tâche présente sur la peau métallique de la créature se divisa en un long filament qui parcourut tout le corps. Les fils barbelés. Encore une fois. En même temps qu’elle se concentrait, Antonella repensa à Adrian. A Abby. Et à Adriel. Elle voulait les revoir. Les serrer dans ses bras. Tout comme ce garçon. Apaiser sa curiosité. Le connaître. Partager autre chose qu’un moment de frayeur.

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La jeune fille semblait forcer, les sourcils froncés, la machoire serrée, les yeux plissés pour ordonner aux fils barbelés dessinés de se resserrer. Encore et encore. Toujours plus. La machine sembla soudainement blessée par l’attaque. Pas de sang, pas de liquide, juste des bruitages et une impression. Une impression qui redonna du baume au cœur d’Antonella qui continua à forcer, à s’épuiser, à vider la quasi-totalité de son énergie. Mais elle en avait marre. Quitte à mourir, autant emmener cette créature sortie des enfers avec elle.

Mais sa concentration ultime se freina lorsque la voix du garçon retentit. Elle sursauta, posa son regard sur lui puis se dépêcha de fixer à nouveau la créature, ayant perdu son attention et son emprise sur elle. Antonella ragea intérieurement et paniqua, tentant de reprendre le contrôle de l’encre. Mais ses efforts furent vains par cette habituelle barre dans la tête qui lançait, lui faisant ressentir chaque battement de son cœur comme un coup de poignard dans sa tête. Ses yeux à nouveau clairs, avec une teinte de larmes, elle observa l’élève avant d’annoncer la couleur :

« J’ai… trop mal au tête… Je peux plus utiliser mon encre… Plus rien faire… » se lamenta-t-elle, essayant de retenir ses larmes « Veux partir d’ici… Nous protéger de lui… » rajouta l’adolescente, s’accrochant fermement au haut du garçon, étant épuisée.

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Craquer était normal dans ce genre de cas. Surtout lorsque pour la première fois, on se retrouvait propulsés dans un monde qui nous était quasiment inconnu jusqu’à il y a quelques semaines. Mais pour Antonella, à ce moment-là, c’était clairement une preuve de sa faiblesse. Faiblesse qu’elle ne voulait pas trop dévoiler, retenant ses larmes en essayant de canaliser sa douleur, sa peur et sa détresse. Oubliant quasiment l’armure au sol, la japonaise se contracta quand elle la vit se rapprocher d’eux pour les pousser. Paupières closes, elle sentit un haut le cœur soudainement, lui faisant aussitôt rouvrir ses yeux. Et boum. L’atterrissage fut difficile. Surtout pour le garçon, qu’elle plaignait intérieurement et certainement sur son visage, se mordant la lèvre, se sentant coupable de cette situation. Elle regrettait amèrement d’être entrée dans cette affaire et de ne pas avoir simplement fui avec le brun.

Antonella écouta attentivement le garçon. Lui-même semblait perdu… Ou semblait réfléchir, baragouinant des phrases qui semblaient sans queue ni tête, mais dont elle comprenait le sens. Ne faisant rien d’autre que hocher la tête, elle se prépara à quelque chose lorsqu’il se remit à chanter. S’y attardant, la brunette se surprit à penser dans une telle situation qu’il avait une voix assez mélodieuse, ce qui l’a renvoya aussitôt à Adrian et aux chansons qu’il lui chantait auparavant. Se perdant quelques secondes dans ses pensées, la brunette ressentit à nouveau un haut le cœur en même temps qu’elle se sentit un peu plus soutenue par le garçon. L’adrénaline surprit la jeune fille qui s’était aussitôt aveuglée sous la peur. Et à nouveau, ils furent dans les airs… Mais trop longtemps. Ils atterrissaient plus rapidement d’habitude. La sensation était étrange, peut-être désagréable au début mais bientôt, ce fut presque reposant, même si ça n’avait pas vraiment amélioré sa migraine, la renforçant même.

«N-no… c’est ok… » dit-elle s’accrochant plus que jamais au garçon à qui il eut l’impression de devoir des excuses : « P-perdòn… » dit-elle, n’osant pas vraiment le regarder à cause du rapprochement corporel mais aussi par rapport au paysage qui lui était donné d’observer. Une fraicheur sur son pied se fit sentir. Quand elle posa enfin son regard dessus, la mutante put s’apercevoir que la cicatrisation était terminée. Bougeant son pied légèrement, elle put se le confirmer : la douleur n’existait plus.

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