La réponse du garçon ne tarda pas à franchir les oreilles d’Antonella. Pas à s’excuser ? Elle fronça les sourcils, trouvant cette réponse hypocrite à ses yeux. Si. C’était de sa faute. Mais elle ne continua pas dans les sujet, semblant ne pas avoir le même point de vue sur la question. Après, il était vrai que d’un côté… Peut-être que cette saleté d’armure les aurait quand même poursuivi même sans qu’Antonella ne cherche à faire la grande. Qui sait ? Dans tous les cas, les deux se trouvaient désormais dans les airs à tenter de s’enfuir.

Mais la chose fut apparemment vaine : Leur ennemie venait de se présenter à eux. S’ils se stoppèrent net, crispant la brunette, le garçon l’attaqua assez rapidement. Et l’armure l’esquiva tout aussi rapidement. Elle eut à peine le temps d’entendre l’avertissement du garçon qu’ils plongèrent soudainement.
Antonella ne put s’empêcher de crier, ne s’y attendant pas vraiment. Elle n’avait jamais vraiment ressenti une telle chute libre et l’adrénaline lui coupa nette la respiration, lui donnant une soudaine nausée en même temps que sa migraine empira. Sous la peur, des larmes coulèrent de ses yeux mais firent aussitôt demi-tour dans ses cheveux et contre le garçon à gauche de la vitesse.

Tentant de se calmer, Antonella crut se souvenir que dans ce genre de malaise, il valait mieux regarder le paysage, que le mal de « transport » si on pouvait appeler ce qu’il lui arrivait ainsi, était dû à l’oreille interne qui n’était pas sur la même longueur d’onde que le cerveau… Et que la vision. Elle se força à ouvrir les yeux. Chose difficile qu’elle arriva à faire… Et qui leur sauva certainement d’une certaine attaque, son regard s’étant posé sur la sentinelle qui les suivait.

« Attencion ! Là ! » cria-t-elle en voyant l’armure foncer droit sur eux, prête à…

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Crier. Respirer. Re-crier. Prévenir. Avoir peur. Fermer les yeux. Tenter de reprendre une respiration normale. Antonella avait l’impression d’être dans de véritables montagnes russes, sauf que là, elle ne pouvait pas deviner où est-ce que son wagon allait. Mieux encore : elle détestait les parcs d’attraction. Enfin, surtout les attractions et les sensations que ça entrainait. Ses yeux se closent à nouveau quand elle vit la sentinelle faire une roulade dans les airs dans leur direction. Elle commençait désormais à avoir confiance en l’esquive de ce garçon, mais les attaques étaient toujours impressionnantes et les réactions du brun, toujours très « vives ». C’est donc les yeux fermés qu’elle se laissa trainer dans les airs, trop apeurée par cette vitesse non voulue pour oser les rouvrir. Même durant la chute libre. Un rêve. Elle se répétait que ce n’était qu’un rêve, que son coeur n’allait pas lâcher, que bientôt, tout ça serait fini.

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Les paupières d’Antonella continuaient d’être fermement fermées, quasiment impossible à rouvrir par elle ou par quelqu’un d’autre, même sous la menace. Ce ne fut que lorsqu’elle se sentit glisser des bras du garçon qu’elle retint un cri et se cramponnant encore plus, l’obligeant finalement à avoir du courage et à observer ce qu’il se passait. Si le garçon était fatigué et que la chute libre n’était pas voulue… Autant observer le paysage une dernière fois, un joli paysage aérien avant de sombrer dans les ténèbres.

Mais il n’en fut rien. La chute se ralentit et fut plus douce, plus agréable. Comme « retenue ». Le garçon avait diminué le rythme de chute et bientôt, leurs pieds touchèrent le sol, tout comme leurs fesses. Toujours fermement accrochée au garçon, Antonella finit par s’en défaire doucement, ses yeux plantés sur le drôle de cadavre qui ne bougeait désormais plus. Par souci de sécurité, son pied chaussé alla toucher du bout de la chaussure la tête inerte, qui le resta. Elle sentit en même temps le garçon relâcher la pression sur elle, avant qu’il ne conclue cette sombre aventure qu’elle aurait préféré évité. Elle n’ajouta rien à ça, ni à sa remarque qui portait sur le fait de dormir trois jours. Les américains abusaient, aux yeux de la brunette qui l’observa perplexe, avant de s’apercevoir que ses larmes coulaient toute seule sous la soudaine absence de pression et de peur. Face à ce calme plat. A ce paroxysme du silence. Elle observait autour d’elle en même temps que ses mains écrasaient ses larmes qui ne voulaient pas cesser. C’était la honte. Sa tête pivota vers le garçon qui donna un prénom et qui demanda pour son pied.

« Tout neuf. » dit-elle en essayant de sourire, avant d’ajouter, toujours légèrement tremblante « Antonella Tsumi… »

Peu bavarde. Telle était sa nature qui revenait au galop. Se mettant à 4 pattes, elle s’approcha doucement de l’ignoble chose grise qu’elle maudissait et qu’elle maudirait jusqu’à la fin de sa vie avant de poser sa main toujours avec crainte dessus. Doucement, l’encre se faufila jusqu’à sa main, retournant dans son corps d’origine, allant se cacher dans son bras.

« C’est quoi ça.. ? » dit-elle avant de reporter son regard sur lui, sentant l'envie irresistible de retourner dans ses bras. Dans le confort. Dans la sécurité.

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A l’entente du nom de l’armure immonde, Antonella fronça les sourcils et observa l’objet visé. Des Sang Tinel ? Elle n’avait jamais entendu ce mot là. Pas question de lui demander, son égo semblait assez bien touché comme ça, ne voulant surtout pas passée encore une fois pour une idiote à ses yeux. Un sursaut la tira de ses pensées, son corps réagissant par automatisme à cette caresse sur la tête. Relevant un peu la tête, elle identifia d’où cela venait et eut un léger sourire. Elle qui n’appréciait pas les contacts… Elle eut l’impression d’y avoir été habituée de force avec lui, à un certain extrême. Du coup, ce geste minimum ne lui fut pas si désagréable que ça. Mais par dignité, elle posa sa main sur la sienne et la dégagea sans sentiment négatif, lui souriant à nouveau pour le remercier et lui signaler que tout allait bien. Elle la relâcha une fois partie de dessus de sa tête, à contre cœur. Sa main chaude fut un véritable confort pour la sienne, qui était gelée. En fait, maintenant qu’elle y pensait, il faisait froid, surtout avec une chaussure et une chaussette en moins. Mais bon, le plus important était que son pied n’avait rien. Même si Adrian n’apprécierait pas de devoir acheter une nouvelle paire. Non. Elle n’en avait pas envie. Elle voulait du calme. Aucune dispute. Juste profiter de la présence de son frère, d’être en vie. Pas question de déclencher un agacement chez son ainé.

« Euh… Je veux… Récuperer ma chaussure. » dit-elle en se sentant bête, continuant à effacer ses larmes et reniflant comme une enfant, ce qu’elle était encore malgré tout. « Je laissé ma chaussure en l’infirmerie. »

En même temps qu’elle exprimait son besoin, l’adolescente se leva et tendit sa main à Théo pour l’aider à se relever. La Antonella intérieure se moqua de ce geste, se moquant de la mutante qui désirait retrouver une certaine chaleur, même quelques secondes… Mais aussi le remercier par des gestes anodins.

« On va laisser le sang… ça là ? »

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Main rendue, Antonella les rangea timidement dans ses poches de jean's avant de faire une moue embêtée par rapport à la sentinelle et à la réponse négative de Théo. Elle avait peur de la laisser là. Elle ne pensait pas qu'elle se réveillerait mais... Et si... Un humain la découvrait ? Cela ne pouvait-il pas avoir de répercussions sur la société si une telle créature était trouvée ? Elle voyait le cadavre comme un extraterrestre, comme quelque chose dont on devait cacher les preuves de leur existence... Un peu comme la mutation et tout ce qui était aussi étrange que le peuple touché. Antonella partit loin dans ses pensées, faisant bientôt quasiment un rapprochement entre elle et ce monstre. Ce monde faisait froid dans le dos. Elle était dans une de ces minutes de doutes durant lesquelles elle hésitait encore sur le meilleur synonyme pour nommer la mutation. Un rêve ou un cadeau empoisonné ?

Ce fut le vent qui la tira de ses sombres pensées. Relevant la tête, elle retrouva sans broncher ce rapprochement antérieur et s'accrocha à son cou, sans rien ajouter, observant le paysage... Puis son visage de temps à autre, quand elle le voyait tourner son regard trop loin du sien.

Le voyage fut plus agréable, et tant mieux. Ses cheveux anciennement martyrisés retrouvèrent un certain calme dans sa danse avec le vent, jusqu'à bientôt retrouver une absence de mouvement, avec un atterrissage encore un peu plus maladroit. Antonella sentit son coeur se serrer, surses gardes, au cas ou une sentinelle fasse son entrée. Plutôt mourir. D'ailleurs, elle s'avançait lentement dans la pièce à moitié détruite, essayant d'aller au même rythme que Théo, se sentant rassurée à ses côtés. Distance de sécurité qu'elle abandonna en voyant sa chaussure au loin. Retrouvant sa chaussure et s'amusant à penser à la similitude entre elle et Cendrillon à cet instant, elle se retourna vers son protecteur quand il prononça une phrase longue mais compréhensible. Phrase qui la fit sourire, étant touché par cette demande. Mais bien vite, ce sourire perdit de son éclat et s'attrista légèrement. Sa main s'empara de la pommade cicatrisante, se rapprochant du brun.

"Ma... Famille a peur de l'institut. Elle ne veut pas. Mais... Merci Théophile." Elle prit une pause, gênée, avant de reprendre en tendant le baume : "ça marche que avec tes mots magiques ?" demanda-t-elle, désireuse de se soigner elle et lui.

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