Observant tantôt la crème, tantôt Théo, elle ne put s’empêcher d’afficher un sourire moqueur quand le garçon pensa qu’elle voulait garder la crème. Donc ce n’était pas une crème normale. Elle qui pensait que ce n’était qu’un produit humain amélioré à l’aide de la magie du garçon… C’était encore mieux. C’était tellement… Magique. C’était des petits éléments aussi insignifiants qui pourrait la faire craquer. Baigner dans un environnement féerique, avec différents pouvoirs, différentes solutions. Sortir des normes. Du naturel.

Elle sortit de ses pensées quand Théo la rassura avec son état. Pas grand-chose, certes, mais un peu. Pendant qu’il expliquait éviter de voler dans les heures qui suivait, les yeux clairs de la japonaise se posèrent sur l’épaule rouge au tissus déchiré. Préoccupée par la blessure, même minime, elle répondit avec un « hm », ne relevant son regard que lorsqu’il se rapprocha, lui obligeant à lever la tête. Si elle n’était pas sous le coup de plusieurs émotions, Antonella était persuadé que le garçon tentait de la séduire. Sérieusement ? Il n’avait pas vécu la même chose que lui pendant plus d’une demie heure éprouvante ? Qu’est-ce qu’il avait à être aussi fleur bleue ?

« Avec plaisir. » dit-elle en baissant le regard, sentant ses lèvres s’étirer encore plus et sa mâchoire la tirailler par tant d’implication demandées à ses muscles de la bouche. Deux fleurs bleues dans la pièce. Dont une qui venait à peine de s’épanouir, de s’ouvrir, de naître. Elle-même fut surprise par ses propres réactions, par son sourire débile qui ne cessait d’apparaitre et de s’accroitre quand elle rencontrait celui de Théo, ou bien même seulement son regard. Elle se sentait à la fois hypnotisée et gênée à l’idée de les rencontrer à nouveau.

« Je… » commença-t-elle, sortant de sa rêverie, fouillant dans sa poche pour trouver son téléphone. Allant dans son répertoire, elle entra le prénom de Théophile comme nouveau contact et lui tendit pour qu’il y rentre son numéro. « Tiens. » Dès qu’elle eut les mains libres, Antonella se permit de prendre une noisette de crème sur son index et prévint avant de l’appliquer sur la blessure du garçon avec un « Je te met un peu de… ». Une fois fait, elle rajouta : « Plus que du repos maintenant. »

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A son remerciement, Antonella haussa bêtement les épaules, ne voulant ajouter quoi que ce soit. N’était-ce pas normal ? Peut-être était-ce à cause de son métier qu’elle avait pris l’habitude de passer de la pommade sur des plaies ? Théo lui rendit son téléphone, qui retourna à son emplacement dans sa poche, tandis que ses yeux encore gras du baume alla s’essuyer sur l’unique plaie tout juste légère qu’elle avait, elle aussi souvenir d’une balle de cette affreuse sentinelle.

« Bien sûr que je le veux. » le rassura-t-elle. Elle le voyait aussi perdu qu’elle et se mit même à penser à un coup de foudre pour chacun des deux poles. Mais elle n’était pas de ce genre là. Pas elle. Elle n’était pas aussi cruche. Aussi fille. Aussi idiote. Ça devait être la fatigue. Et la peur. Tout cela combiné. Oui, certainement.

« Je… Commence à… fatiguée. Je pense rentrer. » annonça-t-elle, intimidée et embêtée par le fait de le quitter. Elle aurait voulu rester auprès de lui. Ou même lui demander de l’accompagner. De ne pas la laisser seule. De la réconforter, même si elle n’était pas le genre de fille à avoir besoin de réconfort… C’est ce qu’elle se disait. Mais malgré tout ce qu’elle pensait être… Elle voulait vite retrouver de la compagnie pour palier à cette future solitude. En attendant de retrouver son frère et de le prendre dans ses bras, le surprenant certainement au passage… Ou pas, s’il avait vécu les mêmes choses.

Théophile continua d’user de galanterie ainsi que de son charme en la raccompagnant à travers les couloirs à moitié détruits par les évènements de l’heure précédente. Elle marcha, tête baissée, se sentant légèrement coupable par tout cela, mais la vue de la sortie la ravit. Avant qu’elle n’ait le temps de dire quoi que ce soit, Théo entama des excuses, un remerciement puis… Un compliment qui fit dévier le regard de la brune. Elle ne se reconnaissait pas à virer au pivoine à chaque fois qu’il lachait un compliment ou un autre truc aussi débile. Parce que oui, le compliment qu’il avait dit était juste un trait débile de la personnalité de l’apprentie mutante. Et non quelque chose de si fabuleux que ça. Elle aurait pu déblatérer sur ça ou y penser jusqu’à tard si Théo n’avait pas lancé une formule de départ. Ah.

Elle le regarda quelques secondes, clignant des yeux, ébêtée. Mais oui. Il avait raison. Elle devait partir. C’était elle qui avait formulé cette demande. Elle hôcha la tête, avant de lui rendre son « A bientôt Théophile ». Elle hésita quelques secondes, ne partant pas pour autant. Antonella resta figée quelques secondes avant de se rapprocher du brun, et de lui déposer un baiser sur la joue en guise de remerciement pour tout. La brune recula d’un pas, mettant fin au baiser et adressa un dernier sourire au garçon. Reculant de quelques pas vers l’entrée, elle finit par se retourner définitivement et prendre le chemin du retour.

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