Omaël et le tact. Il l’oubliait souvent, qu’il était un peu trop terre à terre et un peu trop direct des fois, pensant tout haut ce qu’il disait, même lorsqu’il ne le voulait pas. Mais a son gout, bien que ce petit semblait être adorable, il lui paraissait aussi faible. Faible au point de déchainer ses pouvoirs. Faible au point de se faire des illusions concernant une jeune femme rencontré l’espace de quelques apparemment. Etait-ce de la faute du gardien s’il l’avait fait grimacer, ou bien était-ce de la faute des parents de Théophile et de toute sa vie qui l’avait mené à être le garçon d’aujourd’hui ? Quand bien même Omael était son gardien, quel droit avait-il au final de juger ? Se disant finalement qu’il devait peut-être y aller mollo avec lui concernant tout ce qui était sentiment et fleurs bleues, il écouta attentivement la fabuleuse histoire de leur rencontre, digne d’un conte. Il ne fit que hausser les sourcils quand le sorcier parla du fait que toute son histoire ne s’était pas passé dans le « meilleur environnement au monde ». Tu parles Charles, c’était idéal, il ne manquerait plus qu’un dragon pour peaufiner son histoire et Omaël aurait eu droit à la plus niaise des histoires d’amour. Retiens toi vieille branche, laisse le petit vivre sa vie. Les deux siècles étaient trop différents niveau train de vie et confort pour les comparer. S’il avait quoi que ce soit à comparer déjà, avec sa mémoire branlante…

« Garde-le, l’espoir fait vivre. » dit-il sans sarcasme ni méchanceté. C’est une phrase qu’on lui avait souvent dite. Se rendant compte encore de son fabuleux tact, Omael posa sa main sur son visage, se maugréant à lui-même de se taire. Le petit allait déjà assez mal pour lui massacrer le moral. Bon sang, lui, devant prendre des pincettes. Omael le bourru. C’en était n’importe quoi.

Sa main glissa vers le bas de son visage, ayant fait mine de se frotter les yeux au final pour ne pas être observé étrangement et attirer l’incompréhension de Théophile. Ses yeux roulèrent sur lui d’ailleurs, pour l’écouter. Ok, c’était le langage du XXIème siècle ça, à n’en pas douter. Plusieurs fois, son visage se tordit dans des grimaces d’incompréhension.

« Geek ? » demanda-t-il, curieux d’apprendre la définition de ce mot. Il avait plus ou moins compris avec le contexte de la phrase mais le vieillard voulait en être sûr, pour améliorer ses connaissances et son camouflage ici. Après tout, il allait y rester. Longtemps. Sans jamais retourner à son époque. A cette idée-là, son regard mélancolique se tourna vers le feu, comme pris d’un malaise mental. Cette idée venait à peine de lui parcourir l’esprit. Et deux hommes déprimés dans une même pièce, deux.

« J’me fous un peu des piafs, donc je ne pense pas venir te courir sur le haricot pour ça. Et à vrai dire, j’essaye surtout de comprendre ce qu’il m’arrive, ce que je suis… Devenu. Ce qui m’entoure m’importe peu pour l’instant. » avoua l’ange gardien sur un ton perdu. Mais hey, il ne voulait pas le rembarrer ce petiot. Tous les deux faisaient un pas dans la direction de l’autre, et c’était pas mal, pas question de mettre une barrière entre lui et son protégé. Il finit par ajouter quelques secondes après, souriant en se pinçant les lèvres :

« Mais dès que je serais un peu mieux sûr de ce que je suis et de la raison pour laquelle votre grand puissant m’a foutu dans votre patelin, oui, là j’aurai besoin d’un guide pour comprendre ce qui m’entoure. C’est sympa vos mélanges de générations et vos manies à vous entre-aider. J’sais pas si c’est tout le monde qui est comme ça mais… J’trouve ça sympathique d’être tombé sur un petit gars comme toi. J’sais pas si tu as cette chance de m’avoir par contre. » Il rigola. Pour rehausser la bonne humeur de cette pièce. Pour retrouver le sourire qu’il avait vu naitre quelques minutes avant sur sa face d’enfant.

Les gens fans d’informatique… D’informatique… Devant ce mot, un sourcil d’Omael se releva pendant qu’il observait le plafond, réfléchissant. D’informations peut-être voulait-il dire ? Tellement de mots changeaient entre sa propre époque et celle-ci que ça ne l’étonnerait guère. Mais pourquoi y aurait-il des fans d’informations ? Les fans d’informations, oui, il en avait avant. C’était les bardes, à la recherche d’informations, prêt à les transformer en chants pour les conter dans les différents royaumes qu’ils traversaient. Donc s’il avait bien compris, un barde était un geek à cette époque ? Drôle de changement. Ne tenant pas forcément compte de cet immense changement, le whitelighter hôcha sagement la tête, pour confirmer ce nouveau terme. Il espérait tout de même ne pas en croiser, parce que de ce qu’il s’en souvenait, les bardes chantaient souvent faux. Ou en tout cas, pour lui. Pas qu’il soit grand amateur de musique mais il trouvait ses propres chants -allongé sous un pommier ou un grand chêne, en solitaire- bien plus sympathiques et intéressants.

Un regard froncé se dirigea vers Théophile quand il parla de la chance qu’il avait, pouvant le houspiller en case de danger. Il n’avait qu’une envie, c’était de lui balancer un « ah non, à partir de maintenant, t’es gentil, tu restes tranquille, ok ? » Mais il avait l’impression de l’avoir déjà sorti au tout début, juste avant de devoir le téléporter pour se prendre une vague dans la trombine. Bon. Y aller molo avec ce petit, même s’ils semblaient avoir fait ami-ami. Et d’ailleurs, heureusement pour le vieux grincheux, Théophile se reprit, en informant qu’il n’était pas du genre à se mettre dans l’embarras. Bah il espérait bien ! Parce qu’un whitelighter l’avait prévenu que le quotat maximum de protégés était de 5 pour l’un d’entre eux et que ce chiffre n’avait jamais été dépassé. Rien qu’en pensant à 5 Théophile autour de lui, il aurait pu se sentir blêmir. Pitié, pas 5 cornichons comme lui. Aussi bon soit-il.

« Si je m’en souviens, pourquoi pas. » confirma le gardien avec son habituel pessimisme. Il pourrait cependant commencer à dire que lui aussi avait des « geeks » chez lui mais il préférait d’abord aller vérifier s’il avait bien tout compris dans un ouvrage d’aujourd’hui. Puis arriva le moment sur la sympathie de l’institut. Il confirma chacune des phrases de Théophile jusqu’à s’arrêter sur celle du professeur de Potions. Bon, il n’était pas là depuis longtemps, et même s’il connaissait quelques professeurs dont Chelsey et Tomi, il n’était pas du genre à faire causette à tout le monde. Mais la curiosité le poussa à retenir cette matière pour aller un jour y faire un tour. Qui sait, peut-être qu’il pourrait aider l’infirmier avec une potion pour retrouver ses souvenirs ? Peut-être pas, vu le peu de portrait que son protégé en avait tiré. Oh, en fait, il y avait ce bon Tomi, aka le créateur de la cheminée inflammable avec un « bouton », lui aussi était sorcier ! Et il avait même entendu parler d’un gosse qui touchait à la mémoire, mais que de manière très brève.

« J’ai pas besoin que tu ais réponses aux questions me concernant, il suffit juste de les avoir pour celles touchant ton monde. Le reste, je pense devoir me débrouiller seul. Je trouverai bien écoute. J’ai juste besoin que l’institut et son peuple me supporte et ça fera l’affaire. Toujours plus l’affaire que la forêt ou je créchais déjà. »

Le bouclé s’étira une énième fois avant de se relever… Revenant les bras à nouveau chargés de nourriture. C’est devant un nouveau dépôt de bêtises à manger qu’Omael décida finalement de revenir sur la notion d’informatiques. Tant que nourriture il y aurait, il pourrait rester à parler toute l’après-midi avec ce petit jeunot fort sympathique. Une longue après-midi, pas vraiment de tout repos avec la digestion qu’allait se taper le gardien, mais qui allait être enrichissante d’informatique, aux yeux du gardien.

[FIN pour moi !]